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Batman & Robin – Tome 7 : Le Retour de Robin

Dernier tome d’une série souvent acclamée (une situation « père-fils » originale et deux tomes particulièrement bons —le quatrième et le cinquième—) mais aussi surestimée — l’ensemble reste inégal et la partie graphique très loin d’être parfaite. Comment se conclut la recherche de Robin ?

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[Histoire]
Batman arrive sur Apokolips et en profite pour libérer quelques esclaves. Il retrouve Godfrey et le somme de lui dire où se trouve le corps de son défunt fils. Kalibak, fils de Darkseid, s’apprête à utiliser le cristal du chaos lié au sarcophage de Damian pour détruire des planètes.

Restés à Gotham pour assurer la sécurité de la ville, Batgirl, Red Hood et Red Robin se retrouvent dans la Bat-Cave avec la complicité d’Alfred pour rejoindre leur mentor sur Apokolips. Dans un premier temps, ils doivent demander à Batwoman (et Batwing) de veiller sur Gotham en leur absence. Dans un second temps, ils vont devoir manipuler Cyborg pour l’utiliser afin de se rendre sur la planète de Darkseid. Mais ce dernier, accompagné du chien Titus, va les suivre malgré eux.

Attention, révélations sur la suite de l’histoire, arrivant à la moitié du tome environ.

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Sans surprise, Damian est ramené à la vie et possède même des super-pouvoirs, il vole, a une force exceptionnel et semble immortel.

[Critique]
On a du mal à croire que Batman et ses quatre équipiers —tous sont de simples humains— s’en sortent sans trop de difficulté sur la planète de Darkseid (à la rigueur Cyborg, pourquoi pas). De même, ce virage opéré laissant place à de l’action et à un registre nettement plus orienté « fantastique / science-fiction » dénature quelque peu le support de base de la série, plus ancré dans « le réel » avec une certaine émotion et humanité (qu’on retrouve tout de même à plusieurs reprises).

La moitié du récit se déroule sur Apokolips, l’autre à Gotham. Ces deux parties se complètent efficacement, après un voyage sous adrénaline et un retour nettement plus « en douceur ». Les retrouvailles entre le père et le fils (mais aussi les proches) sont émouvantes. Qu’on lise tous les tomes à la suite ou au fur et à mesure des publications par chapitre, le résultat est là. Cela aurait pu être davantage intense. Des planches muettes, contributrices à la renommée du titre et dont l’équipe artistique a le secret, auraient été appréciées. Mais globalement ça fonctionne bien quand même.

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À défaut de cela, on retrouve bien vite le Damian à la fois touchant et insupportable. On ignore si ses super-pouvoirs (qu’il perd à la fin de l’histoire) n’étaient qu’une impasse scénaristique le temps de conclure en deux ou trois chapitres ou bien s’il y a un réel enjeu et une « suite » derrière (qu’on ignore pour l’instant). Ce tome étant le dernier de la série, il faudra se pencher vers la suite qui a été publiée en kiosque pour le savoir (la nouvelle série Robin : Son of Batman).

En somme : une lecture rapide avec un Batman plus déchaîné que jamais face à Darkseid (ce qui créé une connexion avec les débuts de la série Justice League mais également sa fin en deux tomes) puis le renouveau du célèbre duo dynamique. Une belle complicité au sein de la Bat-Family et de bonnes séquences d’action, voire d’émotions lorsque Damian libère ses clones (presque plus touchant que lorsque qu’il retrouve son père). Bref, une fin plus que correcte pour une chouette série. L’aventure se poursuit avec Vieille Lune, qui clôt l’ouvrage. C’est le Batman & Robin Annual #3 qui narre l’exploration lunaire du Chevalier Noir et de son fils à la poursuite de parasites métamorphes… C’est (vite) oublié mais les dessins de Juan José Ryp (connu en France pour Black Summer et No Hero) sont somptueux. À lire pour le côté très décalé, mais après les précédents chapitres ça passe bizarrement.

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Robin Rises (titre VO) confirme le talent de Peter J. Tomasi, davantage tourner vers « l’humain » que l’action durant toute sa série. Ce dernier tome est plaisant à lire, un peu émouvant (moins que Requiem, qui avait placé la barre très haute) et offre une belle porte de sortie (même si les chapitres sur les super-pouvoirs auraient pu avoir un sujet de fond un chouilla plus passionnant — on aurait aussi aimé revoir Carrie Kelley, Ra’s et Talia Al Ghul).

Le scénariste a assuré une excellente suite au travail de Grant Morrison tout en devant garder une certaine continuité avec ce qu’imposait Scott Snyder dans sa série mère. C’est finalement Tomasi qui a su le mieux reprendre le concept de Deuil de la Famille et de la confiance brisée au sein de l’entourage de Batman. Le seul (gros) point noir de l’ensemble de Batman & Robin est son aspect visuel, parfois clairement hideux, parfois plus abouti et original. Nul doute qu’avec un autre dessinateur que Patrick Gleason la série aurait pu frôler la perfection par moment. Ne boudons pas notre plaisir de lecteur et de fan : Batman & Robin a apporté un peu de sang neuf à un univers (trop) connu.

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[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 24 février 2017.
Scénario : Peter J. Tomasi
Dessin : Patrick Gleason, Juan José Ryp (Vieille Lune)
Encrage : Mick Gray, Juan José Ryp et Jordi Tarragona (Vieille Lune)
Couleur : John Kalisz, Sonia Oback (Vieille Lune)
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Alex Nikolavitch

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Nightwing – Tome 3 : Hécatombe

Après de bons débuts dans Pièges et Trapèzes puis une petite baisse de qualité dans La République de Demain, Nightwing revient dans un excellent troisième tome : Hécatombe.

Nightwing tome 3 hecatombe[Histoire]
Trois segments spécifiques composent ce volume : La Chasseresse (deux chapitres, faisant suite à l’épisode #0), Hécatombe (le point de vue de Nightwing durant Le Deuil de la Famille, proposé en deux chapitres ainsi qu’un troisième correspondant à celui de la série Batman) et enfin Seul au monde (deux chapitres faisant écho à l’histoire du dernier tome de Grant Morrison présente Batman (qui sort en mai prochain) mais déjà publiée dans Batman Saga Hors-Série #03).

lady shiva nightwingLa Chasseresse. [Nightwing #13-14]
Alors que le Joker est de retour à Gotham City, Nightwing apprend du Pingouin que la redoutable tueuse à gages Lady Shiva y revient également.
Parallèlement Dick Grayson supervise la mise en chantier de l’Amusement Mile, un parc d’attraction dont l’équipe du cirque Haly fait partie. Son investisseur principal est Sonia Zucco-Branch, la fille du tueur des parents de Dick avec qui il entretient une relation ambigüe…

le joker nighting hecatombe

Hécatombe. [Nightwing #15-16 + Batman #17]
Le Joker fait évader l’ex petit-amie de Dick, Raya, de Blackgate. Le Clown du crime va transformer grâce à ses toxines l’ensemble des employés de l’Amusement Mile et tuer un des meilleurs amis de Dick.
Alors que le parc d’attractions est en feu, Nightwing est capturé par le Joker et emmené à un dîner dans la Bat-Cave, autour duquel chaque allié de la Bat-Family est ligoté. Le Joker se prépare à briser la famille du Dark Knight

nightwing robinSeul au monde. [Nightwing #17-18] [risque de spoilers]
Le primeur
(ennemi apparu dans Sombre Reflet, lorsque Dick endossait le costume de Batman) souhaite vendre aux enchères des éléments atypiques du siège du Joker sur la ville et la Bat-Family. Parmi les objets proposés : le costume de cirque du père de Dick, tâché de sang en forme de visage du Joker…
Par ailleurs, le jeune homme est dévasté par la mort de Robin, alias Damian Wayne, le fils de Bruce (survenue dans Batman Incorporated #09 — publié dans Batman Saga HS3 et Grant Morrison présente Batman tome 8).

[Critique]
Trois histoires qui se lisent aisément à la suite et forment un tome relativement émouvant. Le passage avec Lady Shiva est plutôt anecdotique (à moins que l’intérêt final se situe dans la suite des aventures de Nightwing). Toutefois, la construction des liens entre Nightwing avec notamment Sonia et certains employés du cirque Haly est judicieuse et trouvera un écho en fin de volume. La liaison avec Le Deuil de la Famille est extrêmement réussie. Il est d’ailleurs primordial de connaître l’autre série (Batman) pour mieux saisir les enjeux et l’ampleur des manigances du Joker. Les trois chapitres centrés sur cet arc sont déjà connus par les lecteurs de Batman Saga. Pour eux rien de nouveau donc, si ce n’est que cette fois l’ensemble reste très cohérent avec l’avant/après de ce qu’il se passe dans Nightwing. La violence des différentes scènes et la folie destructrice du Clown du Crime sont ravageuses, c’est une véritable hécatombe, à tout point de vue.

L’après Deuil de la Famille, c’est aussi cette cassure dans la confiance que portait Nightwing envers Batman. Il ne supporte pas que le Dark Knight lui cache des choses. L’homme a presque tout perdu : ses amis, ses employés, son cirque et… son petit frère. C’est ainsi qu’il nommait Damian Wayne. Psychologiquement brisé, Dick ne sait plus comment aller de l’avant. La dernière page offre un twist réussi qui relance davantage l’intérêt de la série.

nightwing joker deuil de la famillePlusieurs dessinateurs se succèdent dans Hécatombe, le résultat est donc clairement inégal, les traits de Guinaldo et Barrows (ce dernier officie depuis le début sur la série) sont agréables et dans un style assez proche. En revanche, ceux de Ryp, qui signent les deux derniers chapitres, ne collent pas du tout avec les précédentes publications de Nightwing. Les visages sont totalement différents et peu agréables à regarder.

Ce troisième tome de l’ancien side-kick de Batman est donc particulièrement réussi (excepté les dessins de deux chapitres), on pourrait toutefois regretter la presque « obligation » de devoir suivre la série Batman en même temps (à l’instar du tome précédent avec La Nuit des Hiboux, et ici du Deuil de la Famille). Si ces concordances ne gênent pas le lecteur, celui-ci se réjouira alors de l’écho à l’excellent Sombre Reflet, dont Sonia faisait déjà partie, et dont l’ennemi réapparaît ici. En revanche, la lecture de Batman Incorporated s’avère elle aussi quelque part obligatoire, le tome n’étant pas encore sorti en librairie mais uniquement en kiosque hors-série a de quoi frustrer les non-initiés ou ceux qui s’étaient préservés de toute révélation.

Un combat contre Lady Shiva, la folie destructrice du Joker, des relations professionnelles et sentimentales compliquées pour Dick, une cassure psychologique et un deuil à accomplir, voici donc les principaux ingrédients d’Hécatombe, dont la qualité est nettement supérieure que son prédécesseur. À dévorer avec plaisir.

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Publié en France chez Urban Comics le 21 mars 2014.

Scénario : Tom DeFalco (#13-14), Kyle Higgins (#15-18), Scott Snyder (Batman #17)
Dessin : Andres Guinaldo (#13-14), Eddy Barrows (#15-16), Greg Capullo (Batman #17), Juan José Ryp (#17-18)
Couleur : Rod Reis (#13-15), Peter Pantazis (#14), Fco Plascencia (Batman #17), Brett Smith (#17-18)
Encrage : Mark Irwin (#13-14), Raul Fernandez (#13-14), Eber Ferreira (#15-16), Jonathan Glapion (Batman #17), Roger Bonet (#17-18), Juan Albarran (#18)

Lettrage : Christophe Semal & Laurence Hingray (studio Myrtille)
Traduction : Thomas Davier

À noter que dans Batman Saga #17 et #19, les deux chapitres d’Hécatombe (Nightwing #15 et #16) s’intitulaient Le Grand Nettoyage et Rappel

Publication originale dans Nightwing vol. 3 : Death of the Family (Nightwing #13-18 + Batman #17)

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