Batman Detective Comics – Tome 07 : Batmen Eternal

Suite et fin de la chouette série Batman Detective Comics (ère Rebirth). Le dénouement est-il réussi ? Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Batwoman a commis l’impensable en prenant la tête de la Colonie. En réponse, le Chevalier Noir organise une réunion de crise avec les membres de la Bat-Famille pour la juger et décider quelles mesures prendre suite à sa sédition. Mais le temps est compté, car Ulysses Armstrong a un plan que Batwoman elle-même ignore et ce dernier pourrait bien causer la perte de Gotham toute entière !

[Histoire]
(Pas besoin de détails supplémentaire, le résumé d’Urban évoque pile ce qu’il faut et amorce le début du comic.)

[Critique]
Une conclusion tournée vers le registre de… la science-fiction (pour l’aspect robotique notamment). Effectivement, les chapitres mettent en avant le logiciel surpuissant « l’œil » et des Batmen robotiques contrôlés par Ulysses et son projet OMAC. Pour les fans de DC Comics, on ne peut que déchanter car cette idée a déjà été exploitée plusieurs fois (Infinite Crisis et Convergence par exemple, toutes s’inspirant déjà de la création du super soldat du futur de Jack Kirby, cf. le récit complet O.M.A.C., déjà dépoussiéré dans OMAC : L’arme ultime). Une certaine déception est de mise, surtout après avoir parcouru les aventures de l’équipe hyper attachante autour de Batman, qui brassait déjà à sa manière plusieurs registres, alternant thriller, magie, SF et presque voyages dans le temps, etc.

Si on met de côté ce principal reproche ou, mieux, si on ne connaissait pas OMAC, la bande dessinée reste globalement divertissante et apporte une fin plus ou moins satisfaisante – en fonction de son degré d’exigence, comme souvent. Les protagonistes trouvent ici une « conclusion » plutôt cohérente, Red Robin étant le plus mis en avant afin de réparer ses erreurs, ou plutôt ses obsessions maladives depuis la vision de son avenir. À ce titre, le fameux Ulysses Armstrong officie comme nouvel ennemi, sans que ce soit réellement surprenant après avoir suivi son parcours dans les titres précédents. Malheureusement, le discours est très convenu, assez oubliable… Dommage aussi que le « procès » de Batwoman soit vite balayé dès la fin du premier épisode pour se concentrer sur la suite (les errements de Red Robin, son affrontement avec Ulysses puis les conséquences globales de tout ça et ce qui gravite autour).

On apprécie en revanche l’approche de Batwoman et sa relation avec Batman, tous deux s’étant dirigés vers des chemins différents, la « nouvelle » alliance entre eux fonctionne plutôt bien, permettant de « boucler la boucle » avec ce qui était entamé dans le premier tome. La série pourra d’ailleurs être relue sous un nouveau prisme plus ou moins inédit. La présence de la Bat-Famille plus classique (Nightwing, Batgirl, Red Hood et Robin), en début d’histoire notamment, fait sens et renoue avec une autre forme de complicité bienvenue.

Au rayon des frustrations, James Tynion IV ne nous offre pas la suite de l’arc narratif entre Ra’s al Ghul et le père de Jean-Paul Valley, qui fermait le quatrième tome et promettait un « mystérieux commanditaire ». On a pourtant revu aucun des trois… Si le lectorat suivait Batman Detective Comics au rythme de ses publications mensuelles, il a probablement oublié ce « détail ». Mais quand on lit les sept tomes à la suite, impossible de ne pas y penser ! On imaginait un plan d’envergure, fomenté par Ghul et Azrael Sr., au final il n’en est rien… Sauf si la personne au-dessus d’eux était le Drake du futur mais ça paraît improbable. C’est peut-être pas grand chose pour certains fans, pour d’autres (le cas de l’auteur de ces lignes) c’est LE point noir de ce dernier volume qui générait des attentes légitimes…

Les dessins restent de bonne facture sans faire d’éclats, faute à des visages souvent peu naturels et une flopée d’artistes différents aux pinceaux comme toujours. Ici, Avaro Martinez, Javier Fernandez, Eddie Barrows, Eber Ferreira, Philippe Briones et Scot Eaton se succèdent, soit six dessinateurs aux styles assez similaires (les Batmen robotiques restent les meilleures illustrations de l’ensemble) bénéficiant d’une colorisation toujours aussi riche en tons variées, permettant l’appellation très « comic book » de l’ensemble. Comme dans les volets précédents, ce sont les visages – notamment en gros plan – qui gâchent parfois les planches, la cause à des traits faciaux grossiers. Néanmoins, la plupart des héros œuvrant sous un masque, on n’en croise pas beaucoup donc ça reste globalement de bonne facture, à l’image de l’entièreté de la série.

En somme, ce dernier tome est mi-figue, mi-raisin. La plupart des dénouements (d’arcs narratifs et d’évolutions de protagonistes) sont tenus et corrects, certains sont en revanche décevants ou inexistants. C’est d’autant plus dommage que l’ensemble de la série, à un ou deux tomes près sans compter celui-ci était vraiment une réussite, très originale, profondément attachée à sa dimension humaine et relativement inédite dans l’univers très austère et souvent calibrée du Chevalier Noir. Ne soyons pas trop sévère tout de même, rien que pour sa proposition originale, elle mérite le détour, bien plus que des sagas confuses et indigestes comme Batman Metal, ou des runs trop longs comme Batman Rebirth (malgré ses coups d’éclats bien sûr). Batman Detective Comics apporte aussi une extension alléchante à Batman Eternal mais aurait gagné en qualité si elle avait été amputée d’un ou deux volumes et suivi une direction plus passionnante dans sa dernière ligne droite.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 18 octobre 2019.
Précédemment publié dans Batman Rerbirth #21 à #24, de février à mai 2019.

Contient Detective Comics #975-981

Scénario : James Tynion IV
Dessin : Avaro Martinez, Javier Fernandez, Eddie Barrows, Eber Ferreira, Philippe Briones, Scot Eaton
Encrage : Raul Fernandez, Javier Fernandez, Eddie Barrows, Eber Ferreira, Philippe Briones, Wayne Faucher
Couleur : Brad Anderson, John Kalisz, Adriano Lucas, Allen Passalaqua

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat (studio MAKMA)

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(Pas une illustration de la bande dessinée mais une couverture d’un numéro – Detective Comics #969 par Guillem March –
qui représente bien l’entièreté de l’équipe, pour le plaisir des yeux…)

2 commentaires

  1. C’était vraiment pas fou et là je parle de l’arc dans son ensemble, les 7 tomes. Je déteste le Batman toujours dépassé qu’on nous dépeint. S’en est même à se demander comment il vient à bout des 100 adversaires d’Arkham alors qu’il passe son temps à se faire démolir par absolument tout le monde et je ne veux même pas revenir sur son aveu d’impuissance face à Orphan si celle si venait à l’affronter, ce n’est pas Batman ça, on n’y croit pas, il a vu tellement pire qu’elle, c’est une idée stupide.

    Mention spéciale à Batwoman qui était à la base un personnage que je n’appréciais pas beaucoup et qui vient de passer dans le camp des persos que je déteste. C’est une tête à claque du début à la fin qui n’inspire jamais de sympathie, on dirait une gamine qui souffre d’un gros manque de confiance en elle et qui compense en passant son temps à provoquer tout le monde et en hurlant qu’elle « peut le faire » et le pire que l’auteur semble penser que c’est une bonne chose et que ça fait d’elle un bon personnage. Elle me fait un peu penser à ces personnages typiques des films d’action des années 80 qui en faisait des tonnes en se pensant super cool et qu’on caricature si facilement et si souvent depuis lors.

    En positif je retiens les personnages d’Orphan qui aurait mérité d’être approfondi tant elle est touchante, de Basil et sa tragédie et bien sur de Tim qui est trop souvent le fils de Batman le plus délaissé alors que c’est un personnage tellement différent du reste de laa Bat-family et que personnellement j’adore.

  2. Je n’ai vraiment pas aimé ce run (les 7 livres), Batman y apparait trop faible, trop incapable, le voir déclarer qu’il n’aurait aucune chance si Cass passait du mauvais côté c’est ridicule et symptomatique de tout ce run, c’est Batman, il a vu tellement pire, on n’y croit pas.

    Et pour ne rien arrangé je n’ai jamais été fan du personnage de Batwoman, or tout le run la rend encore plus insupportable à constamment crier sa rébellion, c’est censé être une femme pas une gamine en pleine crise d’adolescence alors pourquoi la faire agir ainsi ? Comme tout ado impulsif elle s’empresse de faire le contraire de ce qu’on lui dit et même d’aller contre le bon sens si ça peut faire penser aux autres qu’elle ait indépendante et courageuse, ça n’a rien de cool contrairement à ce que semble penser l’auteur, ça en fait juste une tête à claque qui aurait bien mérité d’en recevoir une paire pour lui mettre un peu de plomb dans la cervelle.

    Pour les bons points j’ai adoré le développement de Cass et son traumatisme qui rend le personnage touchant, on a envie de la suivre ainsi que le chemin rédempteur arpenté par Gueule d’Argile, d’ailleurs leurs moments en duo font partie des meilleurs moments de l’ensemble.

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