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Injustice 2 – Histoire complète du jeu vidéo

À l’instar du premier jeu vidéo Injustice, les évènements qui se déroulent dans Injustice 2 (le jeu) n’existent étonnamment pas en comics. C’était l’un des points faibles du second opus, un mode histoire  court et un peu frustrant (il existe deux fins qui n’ont pas de suites – ni en jeux vidéo, ni en comics – à défaut d’avoir un jour un Injustice 3 mais les probabilités sont assez faibles). Par ailleurs, le récit occultait des explications bienvenues (le retour de Black Canary, Green Arrow, Wonder Woman et Hal Jordan, la montée en puissance de Gorilla Grood, Supergirl avec Black Adam, etc.), faisant des comics d’Injustice 2 une lecture quasiment indispensable pour bien « comprendre » comment l’univers en était arrivé là.

Bref, une fois la lecture d’Injustice 2 terminée, le lecteur voudra forcément savoir ce qu’il se passe. Comme pour l’opus précédent, il existe plusieurs façons de le savoir. Simplement jouer au jeu vidéo (comptez une poignée d’heures, à peine cinq…), regarder des cinématiques complètes sur YouTube (celle-ci de 2h50 par exemple) ou bien lire le résumé détaillé sur Wikipédia. C’est ce dernier, remanié et augmenté, qui est proposé ci-après. À noter qu’Injustice 2 se divise en douze chapitres, le dernier pouvant être joué du point de vue de Batman ou de Superman, ouvrant sur deux fins radicalement différentes.

Prologue

Des années auparavant sur Krypton, Kara Zor-El, adolescente, assiste impuissante à l’invasion de sa planète par des androïdes et l’extraction des villes par un énorme vaisseau spatial. Sa mère se sacrifie pour qu’elle fuie la planète avant sa destruction, en même temps que Kal-El, alors nourrisson. Les deux navettes quittent Krypton en même temps, mais l’explosion de la planète endommage la navette de Kara, qui dérive dans l’espace…

Chapitre 1. La chute d’un Dieu (Batman)

Il s’agit d’une séquence se déroulant au tout début d’Injustice du point de vue de Batman et Damian Wayne. L’on assiste au moment où Damian décide de rejoindre Superman.

Chapitre 2. La femme qui rit (Harley Quinn)
& Chapitre 3. La cité des gorilles (Green Arrow et Black Canary)

Cinq ans après la défaite de Superman, Batman et ses alliés tentent depuis de réparer les dégâts causés par le Régime de Superman. Cependant, une nouvelle faction ennemie émerge : la Société, composée de super-vilains dirigés par Gorilla Grodd, qui cherche à combler le vide laissé par Superman. Ayant perdu de nombreux alliés, tués ou corrompus par le Régime, Batman est contraint de monter une nouvelle équipe pour y faire face. Il envoie Black Canary, un Green Arrow d’une Terre alternative (l’original ayant été tué par Superman avant les événements de Injustice), et Harley Quinn pour les combattre à Gorilla City, où le Doctor Fate prévient Arrow et Canary d’une nouvelle menace s’approchant de la Terre.

Après avoir vaincu Grodd, le couple est enlevé par Brainiac, le véritable cerveau derrière la Société. Après avoir collecté et détruit Krypton plusieurs années auparavant, il avait dans l’intention de récupérer Superman, le survivant kryptonien, mais a nourri le nouvel intérêt d’ajouter la Terre à sa collection. Alors que Brainiac prend le contrôle de l’Œil, le système de télécommunication planétaire de Batman, ce dernier cherche d’autres alliés pour le combattre, mais refuse l’aide de Superman, enfermé dans sa prison irradiée de rayons solaires rouges.

Chapitre 4. Invasion ! (Flash)
& Chapitre 5. En eaux troubles (Green Lantern)

Catwoman, l’agent double de Batman dans la Société, libère Harley et les deux fuient Gorilla City. Flash et Hal Jordan (redevenu Green Lantern) tous deux en quête de rédemption, se retrouvent et se rallient à Batman, qui envoie Green Lantern à Atlantis pour quérir le soutien d’Aquaman. Ce dernier refuse de prime abord, mais finit par accepter après que Brainiac a attaqué son royaume par le biais d’Atrocitus.

Chapitre 6. L’attaque de l’île Stryker (Blue Beetle et Firestorm)

Pendant ce temps, Black Adam et Wonder Woman, cachés à Kahndaq, s’occupent de Kara, alias Supergirl, récemment arrivée sur Terre, et travaillent secrètement à restaurer le Régime. Lorsqu’ils voient les forces armées de Brainiac attaquer la planète, ils tentent une percée dans la prison de Superman, puis affrontent Firestorm et Blue Beetle pour le libérer. Batman, comprenant qu’il ne peut combattre Brainiac sans aide, décide alors de libérer Superman, et une trêve est établie le temps d’éliminer la menace.

Chapitre 7. Entrée par effraction (Cyborg et Catwoman)

Cyborg, Catwoman et Harley Quinn retournent à la Batcave pour reprendre le contrôle de l’Œil (affrontant Poison Ivy, Bane et Grid au passage) et ainsi coordonner les opérations de secours aux civils.

Chapitre 8. La Déesse de la guerre (Wonder Woman)
& Chapitre 9. Le dernier espoir de Krypton (Supergirl)

Wonder Woman emmène Supergirl à Metropolis, et dévie ouvertement du plan de Batman. Lorsqu’elle est sur le point de tuer Cheetah et Harley Quinn, Supergirl l’arrête, puis se dirige vers la Forteresse de Solitude pour confronter Superman sur les actions de Diana, et apprend la vérité sur le régime de terreur instauré par son cousin. Après avoir collecté plusieurs villes autour du globe, Brainiac décide alors de détruire la planète. L’alliance tente de détruire le vaisseau-mère de Brainiac, mais ses boucliers défont aisément les héros, incapacitant même les deux Kryptoniens, et le vaisseau semble désintégrer Superman dans un énorme rayon chargé. Après l’ultimatum laissé par Brainiac (lui remettre Supergirl ou détruire la planète dans une heure), l’alliance concocte un plan pour affaiblir le vaisseau-mère en utilisant le trident d’Aquaman pour canaliser la foudre magique du Rocher d’Éternité.

Chapitre 10. Les trois rois (Aquaman et Black Adam)

À Kahndaq, Gorilla Grodd s’attaque à Black Adam et Aquaman avec Canary, Arrow et Blue Beetle sous son contrôle mental, mais est finalement tué par Aquaman. Le duo réussit à affaiblir suffisamment le vaisseau pour permettre à Batman et Supergirl d’y pénétrer. Les deux sont capturés, mais Batman est sauvé par Superman, qui n’avait été que téléporté dans le vaisseau-mère.

Chapitre 11. Les meilleurs des meilleurs (Batman et Superman)

Les deux amis d’autrefois s’allient et affrontent successivement Firestorm et Swamp Thing manipulés mentalement, puis un Dr Fate soumis à Brainiac par les Seigneurs de l’Ordre. Ce dernier est vaincu et son casque est brisé, annulant l’influence des Seigneurs. Il est tué quelques instants plus tard par un tentacule de Brainiac, qui sera difficilement maîtrisé par le duo de justiciers. Superman décide de prendre le contrôle mental du vaisseau pour l’empêcher de détruire la planète et restaurer les villes extraites. Il parvient à en restaurer la majorité, mais à cause des dégâts du vaisseau, Metropolis et Coast City semblent définitivement perdues.

La fragile trêve prend fin au moment de déterminer le sort à réserver à Brainiac : Batman, Flash, Green Lantern et Supergirl veulent l’épargner pour restaurer toutes les villes, mais Superman, Wonder Woman, Black Adam et Aquaman veulent éliminer définitivement la menace et prendre le contrôle de la technologie du vaisseau pour asseoir le pouvoir du Régime. Alors que la situation est extrêmement tendue, Batman attaque Superman avec une lame de kryptonite dorée, et une bagarre générale éclate. Batman et Superman battent aisément les alliés de leurs camps ennemis respectifs avant de s’affronter une bonne fois pour toutes dans la Batcave. L’issue du combat final change en fonction du choix du joueur quant au camp à rallier.

  • Chapitre 12. La justice absolue (Batman)
    Si le joueur choisit le camp de Batman, ce dernier affronte et vainc Aquaman, Black Adam et Wonder Woman. Lors de la confrontation finale, il bat Superman, le maîtrise avec des menottes en kryptonite et le bannit dans la Zone Fantôme. Batman décide alors de créer une nouvelle Ligue des Justiciers avec ses alliés, et offre une place de choix à Supergirl.
  • Chapitre 12. Le pouvoir absolu (Superman)
    Si le joueur choisit le camp de Superman, ce dernier affronte Green Lantern, Flash et Supergirl, puis Batman équipé d’une armure de kryptonite verte, et le bat. Il tue Brainiac, se lie mentalement à son vaisseau et entreprend de rétablir le Régime sur Terre avec l’aide des prisonniers de Brainiac. Il offre à Supergirl, enfermée dans son ancienne prison, une chance de rejoindre ses rangs, lui annonçant avoir restauré les villes manquantes ainsi que la paix globale. Alors qu’elle refuse en bloc, Superman lui présente Batman, contrôlé mentalement et lui dit qu’elle se rangera de son côté, d’une manière ou d’une autre.

Batman/Superman – The Archive of Worlds (L’Archive des Mondes)

De fin 2019 à fin 2021, la série Batman/Superman s’est étalée, aux États-Unis, sur presque 25 chapitres (incluant deux annuals). En France, les  cinq premiers épisodes ont été compilés dans Le Batman Qui Rit – Les Infectés (c’était d’ailleurs une des réflexions de la critique : le volume aurait du s’appeler Batman & Superman pour être plus « juste »). Le sixième chapitre est dans Justice League – Doom War : Épilogue (pas encore chroniqué) – s’intercalant ainsi dans la grande saga Metal. Les épisodes #7 à #15 n’ont pas été publiés en France – une succession d’histoires sans grand intérêt, The Kandor Compromise (#7-8), Atomic (#9-11), Planet Brainiac (#12-14) et Snow Fight (#15).

En revanche, les épisodes #16 à #22 ainsi que l’annual 2021 sont inclus dans les magazines Batman Infinite Bimestriel #3 et #4 (novembre 2022 et janvier 2023). Ils sont majoritairement écrits par Gene Luen Yang et dessinés par Ivan Reis. Ils ne sont pas sortis en format librairie par la suite mais sont disponibles en anglais dans Batman/Superman – The Archive of Worlds (cf. première couverture ci-dessous et lien pour acheter tout en bas de la critique). Que vaut L’Archive des Mondes, récit complet sur les deux plus célèbres icônes de DC Comics ?

 

[Résumé de l’éditeur]
Le Détective de la Nuit n’a pas le temps de se reposer car, aux côtés du protecteur de Metropolis, il doit faire face à une tempête multiverselle ; Batman s’allie à Superman pour une nouvelle virée dans le Multivers où différentes versions des héros se télescopent !

[Début de l’histoire]
À Metropolis, tandis que Clark Kent, Lois Lane et Jimmy Olsen assistent à la présentation d’une invention révolutionnaire, l’omnibatterie, un mystérieux Sorcier Inconnu débarque sur des robots volants pour réclamer la paternité de cette singulière et inépuisable énergie. Après une rapide intervention de Superman qui a écarté efficacement le danger, Lois Lane interroge Martha Wayne (!), elle aurait volé l’idée de l’omnibatterie à… Lex Luthor !

À Gotham City, Batman et Robin poursuivent un camion infiltré à Arkham : le Joker, le Pingouin et Waylon Jones (Killer Croc) sont dirigés par L’Araignée, mystérieuse femme fatale criminelle. Le duo dynamique enquête ensuite sur l’étrange directeur de l’asile…

Quand ces étranges mondes convergent, trois super-héros se retrouvent pour former une équipe atypique !

[Critique]
Voilà un récit très singulier, complètement « méta » et une curiosité absolue qui mériterait une seconde publication en librairie ! Tout commence de façon à la fois classique et inédite : deux histoires se déroulent en même temps, une en haut de page centrée sur Superman, une seconde en bas suit Batman et un Robin encore jeune – Dick Grayson (il s’agit des versions « classiques » des célèbres super-héros, donc de l’Âge d’or de DC Comics, reprenant leurs codes des années phare de leur popularité). Le lecteur peut à sa guise lire les deux récits en même temps ou bien d’abord l’un puis l’autre. Évidemment, les deux se rejoignent à la fin et les chapitres suivants sont de forme plus convenue.

Cette introduction atypique séduit d’emblée mais, surtout, propose d’étranges variations des éléments habituels des deux justiciers. Ainsi, dans la fiction sur Superman, l’on apprend que Martha Wayne est en vie, est une criminelle, entretient une liaison avec un Alfred se transformant littéralement comme Bane et que Bruce Wayne est plutôt chétif et peureux ! Côté Batman, ses célèbres ennemis se transforment en monstre et une femme fatale, L’Araignée, semble tirer les ficelles d’une machination. Cette nouvelle antagoniste ressemble furieusement à… Lois Lane.

Sans surprise, l’on plonge dans un multiple elseworld d’une fluidité narrative exemplaire (aucun pré-requis) et amusante. En effet, l’ennemi qui a créé ces chamboulements (ou carrément ces univers – depuis Terre-Zéro, La Thermosphère) est L’Archiviste, qui se voit comme un réalisateur de cinéma ! La plupart des cases sont d’ailleurs entourées de pellicule, visant un montage ou une connexion entre deux morceaux de bobine pour concevoir de nouvelles choses. La bande dessinée ira encore plus loin dans cette approche « méta » lors de sa conclusion.

Entre-temps, elle fait intervenir, au-delà des célèbres justiciers, une poignée de têtes connues qu’elles réinventent de façon inédite, au risque – peut-être – de heurter un lectorat fidèle… Parmi les protagonistes, citons Etrigon, El Diablo… et gravitant autour de(s) Lex Luthor (dont l’un ressemble furieusement à Walter White de Breaking Bad !), Jimmy Olsen et autres Gordon habituels. Le spectacle est réjouissant, un divertissement de qualité sans prétention et plutôt original dans le genre. On apprécie également retrouver l’enthousiasme d’un Robin dans ses premiers pas en costumes et une époque qui semble désormais très lointaine.

L’Archive des Mondes ne vise pas à (re)chambouler l’univers DC ou concevoir une énième crise (cf. index des « crisis ») mais impossible de ne pas songer à certains titres fondateurs, saupoudrés du célèbre run de Grant Morrison. Le rythme est emmené, les dialogues percutants, l’humour fonctionne, la vague investigation fait mouche, il n’y a pas grand chose à dire si l’on fait partie du public qui adhère complètement au rocambolesque de ce genre de narration. Le parti-pris d’emblée ne trompe d’ailleurs jamais son lecteur puisqu’on découvre rapidement de quoi il en retourne avant d’entamer un voyage périphérique aux multiples registres littéraires : action, science-fiction, aventure, enquête, fantastique, etc. C’est souvent difficile d’obtenir un bon résultat équilibré dans ce genre de cas, ici le pari est remporté haut la main.

Entre hommages multiples et ambition modeste, l’auteur Gene Luen Yang tire son épingle du jeu grâce à la fluidité de son écriture, bien aidée par une mise en page parfois détonante et, surtout, les beaux dessins d’Ivan Reis en plutôt bonne forme (remplacé éphémèrement le temps d’un chapitre et cédant sa place au double récit conclusif à Paul Pelletier et Francesco Francavilla). Yang est un auteur plusieurs fois récompensé (pour American Born Chinese notamment, en 2007, qu’il avait dessiné, mais aussi pour Avatar : The Last Airbender). Soucieux des images des asiatiques aux États-Unis, on l’a retrouvé, entre autres, sur Shang-Chi pour Marvel de 2020 à 2022). On le retrouvera sur Planète Lazarus, achèvement de la série Robin Infinite et « suite » du crossover Shadow War, tous récemment chroniqués.

Ivan Reis signe des planches ultra dynamiques et lisibles. Le dessinateur très prolifique chez DC Comics (la série Aquaman période Renaissance, plusieurs tomes de Justice League de la même ère et diverses apparitions un peu partout (Geoff Johns présente Green Lantern, Infinite Crisis…) ou chez Batman (Batman Detective Infinite par exemple) – cf. son nom dans la recherche de ce site) est une valeur sûre pour un titre du genre orienté à la fois grand public et passionnés. Son découpage est fluide, ses personnages et visages reconnaissables et « vivants », bref il n’y a pas grand chose à reprocher à la partie graphique de la BD.

En synthèse, L’Archive des Mondes est une agréable proposition qui ravira autant les amateurs que les aficionados de longue date. Bien sûr, rien de révolutionnaire ici mais on salue la semi-originalité de l’ensemble et ses qualités visuelles. Malheureusement, faute de réédition en librairie, il faut débourser 25,80 € pour lire tout ça, ce qui est évidemment trop onéreux (sauf si les autres récits inclus dans les deux numéros de Batman Infinite Bimestriel intéressent, évidemment – se référer à l’index pour les détails). Comme évoqué en début de critique, l’achat de la version en langue anglaise peut compenser pour avoir un bel objet complet (à découvrir ici en vidéo) mais… cela reviendrait à 29 € environ. On vous laisse trancher ce qui vaut le coup/coût, sachant qu’il y a une forte probabilité d’arriver à trouver en occasion les deux magazines à prix moindre.

[À propos]
Publié chez Urban Comics dans Batman Infinite Bimestriel #3 et #4 (novembre 2022 et janvier 2023)
Contient : Batman / Superman #16-22 + Annual 2021

Scénario : Gene Luen Yang
Dessin : Ivan Reis + Paul Pelletier, Francesco Francavilla + collectif (José Luis, Emanuela Lupacchino, Steve Lieber, Darick Roberton, Kyle Hote
Encrage : Danny Miki, Jonas Trindade, Mick Gray, Francesco Francavilla, Keith Champagne
Couleur : Sabine Rich, Hi-Fi, Francesco Francavilla

Traduction : Benjamin Viette
Lettrage : Gaël Legeard (Studio Makma)

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Batman Infinite Bimestriel #4 (12,90 €)
Batman/Superman – The Archive of Worlds (28,99 €)




 


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Batman Superman World’s Finest – Tome 1 : Le diable Nezha

Le grand retour d’une série consacrée à Batman et Superman ! Affublé du titre historique (World’s Finest), ce premier tome place son intrigue à l’époque où Robin est encore Dick Grayson. Découverte.

[Résumé de l’éditeur]
Depuis une attaque chimique dévastatrice, suite à une confrontation avec Metallo, les pouvoirs de Superman ne sont plus ce qu’ils étaient… Pour retrouver sa force d’antan, l’Homme d’Acier n’a d’autre choix que de se tourner vers le justicier de Gotham : le Chevalier Noir. Ensemble, les deux plus grands super-héros que le monde ait jamais connus vont devoir explorer toutes les pistes possibles pour délivrer l’Homme de Demain de son mal… allant jusqu’à enrôler une nouvelle équipe : la Doom Patrol.

[Début de l’histoire]
Metropolis est attaqué par Poison Ivy et Metallo ! Superman les combat avec l’aide de Batman et Robin (Dick Grayson). Zod ne tarde pas non plus à se montrer face à… la Doom Patrol !

Dans l’ombre, un autre ennemi fait surface : le diable Nezha. Les justiciers vont devoir s’allier et repousser leur limite pour affronter ces multiples menaces.

[Critique]
L’homme d’acier et l’homme chauve-souris en comics, c’est une longue histoire. Elle est résumée dans l’avant-propos du livre mais contentons-nous, sur ce site, de rappeler les quelques sorties existantes en France. Tout d’abord les deux ouvrages de Jeph Loeb, sobrement intitulés Superman Batman (cf. les critiques du tome 1 , pas trop mal au scénario, davantage clivant aux dessins, et du tome 2, moins réussi et plus indigeste). Ensuite, le célèbre récit complet L’étoffe des héros (pas encore chroniqué sur ce site mais assez moyen selon les modestes souvenirs de l’auteur de ces lignes). Enfin, la dernière série en date (avant cette World’s Finest) était tout simplement (en VO) Batman/Superman et s’était répartie en France dans Le Batman Qui Rit – Les Infectés (2020) puis dans les volumes 3 et 4 de Batman Bimestriel Infinite (fin 2022 et début 2023, cf. index – pas encore lu).

Aujourd’hui, la relance d’une aventure commune entre les deux super-héros apporte un vent de fraîcheur où brille notamment une partie graphique haute en couleur, un scénario simpliste mais efficace (contenant une excellente idée mais peu développée – on y reviendra) et une vaste galerie de protagonistes. Supergirl, Robin, la Doom Patrol et quelques autres figures de DC Comics gravitent autour de Batman et Superman. En cinq chapitres, l’équipe va affronter le puissant diable Nezha (titre de ce premier tome) – un sixième épisode un peu déconnecté ferme l’ouvrage. L’intrigue permet surtout à son auteur Mark Waid et au binôme Dan Monra/Tamra Bonvillain (dessinateur/coloriste) de s’éclater. On est dans un pur blockbuster mainstream (comme pouvaient l’être Justice League vs. Suicide Squad dans une moindre mesure).

Mark Waid est un scénariste réputé chez DC qui a signé des titres mémorables. On lui doit un long travail exemplaire (huit ans !) sur Flash par exemple (à découvrir dès juin 2023 dans The Flash Chronicles 1992) mais aussi le chef-d’œuvre Kingdom Come ou encore Superman – Les origines (très conseillé). Il a également travaillé sur l’excellente série 52, se déroulant après Infinite Crisis (cf. index des crises DC) et la série Justice League of America (rééditée en sept volumes après avoir eu droit à des sorties sous forme de récits complets pour La tour de Babel et Ascension).

Un artiste accompli également responsable éditorial chez DC Comics qui a contribué à des créations d’univers comme Gotham by Gaslight par exemple. Après plusieurs années chez Marvel ou ailleurs, Mark Waid a signé son grand retour chez DC et élabore un nouvel univers. Urban Comics le mettra en avant en juin prochain (cf. leur article récapitulatif), en plus de la publication de son début de run sur Flash, le très attendu Planet Lazarus – Tome 1 : Batman vs. Robin sera proposé,  ainsi que le second tome de Batman Superman World’s Finest.

Revenons sur le premier justement. La lecture est limpide, rythmée (on ne s’ennuie pas) et globalement accessible (si vous n’avez pas lu de comics sur la Doom Patrol mais que vous avez vu l’excellente adaptation en série TV ça devrait aller, sinon ce n’est pas très grave). On sent l’amour de Waid pour l’âge d’argent des comics, une époque moins sombre où les super-héros étaient davantage « optimistes ». Succession de combats, stratégies et retournements de situation agrémentées de la fidèle amitié et complicité des deux justiciers et leurs alliés de marque. C’est pile ce qu’on vient chercher dans World’s Finest donc rien à dire de plus à ce niveau-là. Certes le récit n’est pas forcément marquant, il remplit le contrat du fameux « divertissement efficace » (c’est, certes, peu exigeant mais ce n’est pas toujours aussi aisé que ce qu’on pourrait penser pour y arriver – cf. Justice League – Endless Winter qui cumulait poncifs et restait anecdotique, in fine).

Au cours de la fiction (attention aux révélations qui vont suivre – passez au paragraphe suivant et ne descendez pas jusqu’en bas de cette critique pour ne pas voir l’illustration associée), un être improbable fait son apparition : la fusion de Batman et Superman ! Difficile de savoir s’il s’agit d’une sorte de rapprochement mental entre les deux surhommes ou autre chose mais c’est terriblement jouissif ! Malheureusement cela ne dure que quelques planches… On aimerait revoir cet incroyable personnage dans une série entièrement consacrée à « lui ». Les guillemets sont de mise car on lit bien les pensées des deux héros, il y a donc une coexistence simultanée. Une anomalie encore jamais explorée chez DC Comics et qui mériterait un traitement à part.

Du reste, pas grand chose à dire, on apprécie la dynamique globale de l’ensemble et les différentes interactions de groupes, aussi bien celles de Batman et Superman que Batman et Robin, Robin et Supergirl, la Doom Patrol, etc. Il ne faut pas s’attendre à une œuvre « intellectuelle » (ce n’est pas un défaut) ou proposant des réflexions et analyses très poussées (comme beaucoup de comics du genre de toute façon) mais un festival de jolies scènes d’action et figures familières de DC attachantes, au-delà du duo du titre.

Visuellement, l’ensemble du titre est superbe ! Il faut dire qu’il bénéficie du duo de choc évoqué plus haut : Dan Mora et Tamra Bonvillain (déjà en équipe sur la série Once and Future, écrite par Kieron Gillen). L’action est hyper lisible, fluide et dynamique. Les personnages aisément reconnaissables et leurs émotions palpables. Ça fourmille de plein de couleurs vives, c’est soigné, c’est joli, ça fait le taf. Mora gagne en couleurs « vives » grâce à Bonvillain mais perd (peut-être) l’austérité et l’approche plus « réaliste » que lorsqu’il travaille avec Jordie Bellaire pour la colorisation, cf. Batman Detective Comics Infinite. Travis Moore s’occupe de l’épilogue dans un style plus conventionnel (cf. avant-dernière image de cet article). En synthèse, pour 17 € ce premier opus vaut clairement le coup si vous savez ce que vous venez chercher. La suite est alléchante (sortie prévue le 30 juin prochain) car elle verra une personne extraterrestre atterrir sur Terre (comme Superman en son temps) et pris sous l’aile aussi bien par Batman et le kryptonien que… le Joker (et The Key) !

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 6 janvier 2023.
Contient : Batman / Superman World’s Finest #1-6

Scénario : Mark Waid
Dessin & encrage : Dan Mora, Travis Moore
Couleur : Tamra Bonvillain

Traduction : Yann Graf
Lettrage : Makma (Gaël Legeard, Maurine Denoual, Lorine Roy et Stephan Boschat)

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