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Paul Dini présente Batman – Tome 3 : Les rues de Gotham

Après un premier tome sympathique et, surtout, un second nettement meilleur, Paul Dini conclut son run sur Batman et Silence dans un épais ouvrage où l’intégralité des dessins est à nouveau assuré par Dustin Nguyen. Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Avec la disparition de Batman, suite à sa confrontation fatale avec Darkseid, un nouveau Batman fait son apparition à Gotham City. Comment la police de Gotham va-t-elle appréhender ce « nouveau » Chevalier Noir ? Sera-t-il seulement à la hauteur de son modèle ? C’est ce que le commissaire Gordon s’apprête à découvrir alors que Firefly déclenche une série d’incendies dévastateurs dans toute la ville. Au même moment, le milliardaire Bruce Wayne et ses projets de rénovations font les gros titres des journaux, s’attirant inexplicablement l’hostilité de Batman, Robin et des membres de la Justice League.

Inutile de détailler le début de l’histoire, le résumé officiel de l’éditeur suffit.

[Critique]
À l’instar des deux volets précédents, il convient de revenir sur les quatre histoires (qui se suivent) qui composent ce tome. Les quatre premiers épisodes, nommés Incendies pour les trois premiers puis Les affaires sont les affaires (regroupés sous le titre Hush Money en VO – cf. bas de cette critique), suivent le remplacement de Bruce Wayne par Tommy Eliott (Silence) qui arbore désormais le visage du célèbre milliardaire ! On y croise brièvement Firefly et Black Mask mais surtout Victor Zsasz et Le Courtier, nouveau personnage qui propose des lieux abandonnés à différents vilains contre de l’argent.

En parallèle, Eliott distribue l’argent de la fortune Wayne pour bien se faire voir par les médias et la population, le rendant ainsi « intouchable ». Mais Batman et Robin (Dick et Damian) trouvent une combine grâce à leurs alliés justiciers pour le tenir à l’œil et minimiser les dégâts. Ce segment est plutôt singulier, montrant d’un côté le souhait exaucé d’Eliott mais différent de ce qu’il espérait car cadenassé par de nombreux héros qui le surveillent. Une situation donc « en suspens » qui apporte un peu d’humour et d’originalité.

Dans En cage (trois chapitres), Damian s’allie avec le jeune Colin (croisé dans le volume précédent) pour mettre à mal des combats à mort d’enfants clandestins organisés par Zsasz, dans un récit qui met cruellement en avant le célèbre meurtrier aux cicatrices et montre la dangerosité de cet antagoniste assez peu utilisé habituellement. C’est violent, sanglant et sans concession. Zsasz vole même la vedette de « méchant » à ce stade de l’histoire.

Making of est la partie la moins intéressante de l’ouvrage, sur Jenna Duffy, aka Le Charpentier (Carpenter en VO). En deux épisodes on se concentre sur cette semi-antagoniste (rapidement vu dans le tome d’avant – sous le nom plus évident de La Charpentière) qui doit collaborer avec « Le Réalisateur » pour concevoir des pièges mortels à destination des super-héros, lesquels seraient filmés en train d’y succomber et ces vidéos revendues ensuite. Jenna arrive à s’en sortir avec l’aide Batman mais c’est complètement oubliable.

Enfin, La maison de Silence vient conclure ce dernier volet et s’étale sur sept épisodes ! Les flash-backs occupent une place non négligeable et lèvent le voile sur les relations entre Thomas Wayne, Martha Kane, Leslie Thompkins et d’autres (connectés à Eliott à terme) à une époque différente (on rappelle que quelques titres sur le « passé » de Gotham sortent du lot : Curse of the White Knight, Les portes de Gotham, Gotham City : Année Un…). Eliott et d’autres criminels – dont Jane Doe, rarement utilisée, cf. Les Patients d’Arkham, qui avait droit en VO à un arc en back-up, la rendant plus intéressante – sont nettement plus présents que Batman, redevenu le « vrai » Bruce Wayne (le titre se déroule en marge de la fin du run de Morrison, quand Wayne est revenu dans le présent et révèle financer le Chevalier Noir et d’autres Batmen tout en montant Batman Inc.).

Il est un peu dommage d’avoir mis de côté brutalement le duo Dick/Damian qui fonctionnait très bien : Dick se démarquant de son aîné par une sorte de « gentillesse » plus prononcée tout en redevenant brutal et radical trop rapidement (ce qui le déstabilise en premier), Damian n’ayant jamais été aussi intéressant qu’avec son frère de cœur complice qu’est Nightwing plutôt que son paternel. Néanmoins, aucune difficulté à raccrocher les wagons.

La maison de Silence montre (une fois de plus), l’intelligence prononcée d’Eliott, ses plans méthodiques et ses manipulations pour son objectif inchangé : remplacer Wayne et le tuer définitivement. Si ce dernier segment est parfois bavard et confus (avec un autre ennemi étrange qui combat avec des insectes punaises !), il n’en demeure pas pour autant moins palpitant, au contraire. Il « boucle la boucle » de façon pertinente aussi bien le run de Dini sur le personnage que le faible nombre de récits qui lui sont consacrés (cf. index Silence/Hush).

Aux dessins, Dustin Nguyen s’en sort un peu mieux que dans le tome précédent malgré la colorisation toujours assurée par une autre personne que lui : John Kalisz (et Derek Fridolfs à l’encrage) – soit le même trio que sur l’opus précédent. Un résultat graphique globalement convaincant, sans forcément d’éclat mais sans fioriture non plus (deux ou trois pleines planches sympathiques). Les visages manquent de relief et les palettes chromatiques bien que variées sont trop lisses pour rehausser une identité visuelle forte (à l’exception des teintes sépia pour les nombreuses scènes dans le passé). Étonnamment, Nguyen et Fridolfs écrivent le scénario de Making of (sur une histoire de Dini), expliquant peut-être la baisse de régime à ce moment-là.

Les rues de Gotham est évidemment inégal mais reste dans le haut du panier des productions sur le Chevalier Noir, se démarquant aisément par des fictions prenantes et plutôt inédites dans le genre. Bien sûr, on ne peut que conseiller les tomes deux et trois de Paul Dini présente Batman pour avoir l’essentiel de son run le plus important (sur l’antagoniste Silence donc) là où le premier tome est davantage dispensable bien que non déplaisant.

En synthèse, pour une série « à peu près » complète en trois volumes, aucune raison de faire l’impasse sur Paul Dini présente Batman même si les premiers pas semblent un peu trop détachés d’un fil rouge global et que le dernier opus est corrélé à divers évènements (Final Crisis, Grant Morrison présente Batman…) sans que cela gêne à la compréhension. Il manque aussi une certaine conclusion pour des personnages secondaires (Colin/Abuse entre autres – apparemment il revient dans Little Gotham, signé Nguyen et Fridolfs uniquement).

À noter qu’aux États-Unis, la série Batman : Streets of Gotham a été publié en trois volumes. Le premier sous le titre Hush Money regroupe les épisodes #1-4 précédés de Detective Comics #852 et Batman #685 – ces deux chapitres expliquent le (nouveau) retour de Silence mais sont proposés, en France, en conclusion de l’opus Le cœur de Silence. Aparté : soit exactement ce qu’avait proposé Panini Comics en mai 2011 dans son hors-série éponyme (cf. première couverture ci-dessous). Le deuxième opus de Batman : Streets of Gotham, toujours en VO, reprend les épisodes #5-11 et se nomme Leviathan.

Les chapitres #5-6 et #8-9 sont inédits en France car non scénarisés par Dini. Les deux premiers sont signés Chris Yost (Leviathan) et mettent en scène Batman, Huntress et Man-Bat. Les deux suivants sont écrits par Mike Benson (Hardcore Nights) et propulsent Batman et Gordon dans une enquête sordide avec des passages en club SM (!). Les #7 et #10-11 sont inclus dans le troisième et dernier tome de Paul Dini présente Batman (le segment En cage). Enfin, toujours aux États-Unis, le dernier volume se nomme The House of Hush et propose les #12-14 et #16-21, tous également inclus en France (le #15 était écrit par Ivan Brando, centré sur Double-Face et faisant suite aux back-ups d’épisodes précédents). La segmentation sur Hush/Silence est donc plus prononcée côté VO, enchaînant un run de Dini (et Ngugyen) avec Heart of Hush (Le cœur de Silence) puis Hush Money et The House of Hush.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 2 février 2016.
Contient : Batman : Streets of Gotham #1-4, 7, 10-14, 16-21
Nombre de pages : 344

Scénario : Paul Dini, Dustin Nguyen, Derek Fridolfs
Dessin : Dustin Nguyen
Encrage : Derek Fridolfs
Couleur : John Kalisz

Traduction : Mathieu Auverdin
Lettrage : Stephan Boschat (Makma)

Acheter sur amazon.frPaul Dini présente Batman – Tome 3 : Les rues de Gotham (30 €)




Paul Dini présente Batman – Tome 2 : Le cœur de Silence

Après un premier opus sympathique mais peu mémorable, Paul Dini poursuit sa série Detective Comics mais s’accorde, cette fois, un gros fil rouge narratif avec le retour de Tommy Eliott, alias Silence (créé et apparu dans l’excellent et incontournable titre éponyme Silence/Hush). Ce second tome de Paul Dini présente Batman regroupe donc plusieurs épisodes dont certains (ceux sur Batman et Silence justement) ont été repris dans une édition souple à petit prix en 2022. À noter également l’ancienne édition de Panini Comics qui compilait à peu près les mêmes chapitres ainsi que trois inédits (non scénarisés par Dini). Découverte et critique.

[Résumé de l’éditeur]
De nouvelles enquêtes attendent Batman, qui doit faire face à des adversaires inédits et au retour d’un de ses plus redoutables ennemis, Silence. Cette fois-ci, le criminel au visage dissimulé sous des bandages, s’attaque non seulement au Chevalier Noir mais également à la personne la plus chère à son cœur… Selina Kyle, dite Catwoman !

Inutile de détailler le début de l’histoire, le résumé officiel de l’éditeur suffit.

[Critique]
Après un premier épisode anecdotique, Le gang des merveilles (DC #841), centré sur Le Chapelier Fou évidemment, la série poursuit et conclut certains segments découverts dans le volume précédent. Tout ceci se déroule dans Soirée d’ouverture, Rideau puis Insoluble (DC #843-845) avec un court bonus sur Zatanna dans Notâb uo nobnob ? (alias Bâton ou bonbon ?, issu de DC Infinite Halloween Special #1), regroupés en VO sous le titre Batman : Private Casebook. On a ainsi droit à la conclusion de l’histoire sur la nouvelle Ventriloque, quelques connexions éparses avec des évènements vus aussi plus tôt (qu’on ne divulguera pas pour ne rien gâcher) et la suite de la relation entre Zatanna et Bruce. On croise à nouveau le Pingouin, le Sphinx et Catwoman fait également son retour.

Tout ceci est fort plaisant et cohérent et on aurait préféré que l’éditeur ne publie que les épisodes du premier tome et de celui-ci qui sont liés pour former un tout davantage feuilletonesque qu’indépendants (à première vue en tout cas). Cette « suite et fin » de ce qu’on avait découvert dans La mort en cette cité est plutôt réjouissante et permet même de rehausser la critique après coup en constatant que Paul Dini avait plutôt bien anticipé ses pièces scénaristiques en formant un puzzle complet sur le long terme. Il en sera de même avec la suite de l’ouvrage – on en (re)parle plus loin.

En effet, après cette première partie, le cœur (pardon pour le jeu de mots) du livre arrive avec Le cœur de Silence (DC #846-850) puis son épilogue en deux épisodes : Déconstruction (DC #852) et Reconstruction (Batman #685) – tout ce qui sera réédité dans l’édition souple à petit prix d’Urban Comics en été 2022 (cf. seconde couverture en haut de cette critique). Et clairement… c’est un très bon moment centré sur Batman et son ennemi Tommy Eliott ! Une suite quasi directe à Silence/Hush. Autant dire que les aficionados de l’antagoniste en auront pour leur argent : on découvre davantage l’enfance et même l’adolescence de l’ami de Bruce Wayne à travers de nombreux flash-backs centrés sur les deux garçons.

Certes, cet enrichissement « a posteriori » peut sembler facile, voire « retcon » l’œuvre mère de Jeph Loeb (et Jim Lee) mais c’est cette dernière avant tout qui utilisait ce concept de (léger) changement de continuité rétroactivement en insérant dans la chronologie un personnage censé être là depuis des lustres et jamais aperçu auparavant. Aucun problème de cohérence au demeurant et cela a tiré la fiction vers le haut, alors pourquoi s’en priver ? Dans Le cœur de Silence, Batman est une fois de plus mis à rude épreuve. Eliott collabore avec divers alliés pour aboutir à son objectif habituel : détruire Bruce Wayne et Batman, voire le remplacer physiquement (d’où ses bandages cachant sa chirurgie).

Ainsi, Paul Dini convoque L’Épouvantail, cite brièvement Bane (au passage, peut-être le seul ennemi capable de rivaliser cérébralement avec Silence) et met brièvement dans l’équation Mr. Freeze. Silence conserve le premier rôle bien sûr, bougeant habilement ses pions en manipulant des civils/citoyens, en kidnappant Selina Kyle pour toucher en plein cœur (décidément) Bruce/Batman. Le titre ira même à avoir une explication au sens littéral ! Le rythme est emmené et en cinq chapitres, ce « Silence 2 » rempli ses promesses même s’il faudra fermer les yeux sur de grosses improbabilités, même propres au registre du merveilleux et du comic mais ça passe. Mieux : tout ce qu’on a lu avant par Dini, à quelques exceptions près (les histoires qui auraient pu ne pas être dans le volume précédent ou celle introduisant celui-ci) trouvent ici un écho pertinent qui s’insère intelligemment dans le récit, orienté thriller/action et un brin science-fiction. De quoi revoir à la hausse La mort en cette cité quand on lit tout à la suite !

On l’évoquait plus haut, deux épisodes ajoutent un épilogue, toujours sur Tommy/Silence mais aussi Selina/Catwoman, éphémèrement accompagnée de Dick et Tim. Car juste après (les cinq chapitres de) Le cœur de Silence, le sort de Bruce/Batman est corrélé à deux sagas majeures, expliquées dans un interlude textuel par l’éditeur. Tout d’abord, les évènements de Batman R.I.P. mettent à mal le justicier (cf. les débuts du run de Grant Morrison) : il est trahi par sa bien-aimée de l’époque, manipulé par l’organisation le Gant Noir, drogué, hypnotisé, abandonné puis amnésique. Ensuite, son salut viendra de sa « personnalité de secours », le Batman de Zur-En-Arrh (récemment réutilisée par Chip Zdarsky dans sa série Batman Dark City).

Enfin, le Chevalier Noir participe à la « Crise Finale » (alias, Final Crisis – cf. index des crises DC) au sein de laquelle Batman est capturé et torturé par les agents de Darkseid. Après quelques péripéties, le Caped Crusader est téléporté à l’aube de l’humanité sans souvenir de son identité. C’est dans ce contexte que se déroule donc la conclusion de ce second tome (et c’est pourquoi le troisième, Les rues de Gotham, mettra en avant Dick et Damian, et non Bruce et Tim). Ces deux derniers chapitres (issus de Detective Comics et de la série Batman) ajoutent un complément non négligeable pour comprendre la force mentale et les ruses d’Eliott, sans oublier la vengeance de Catwoman. En résulte à la fois une micro-suite, une histoire auto-contenue et une fin semi-ouverte, qui n’appelle pas forcément à une suite « rapidement » mais un moment ou un autre…

Les dessins sont entièrement assurés par un seul artiste : Dustin Nguyen (Robin & Batman, Little Gotham, Les Contes de Gotham…). Une aubaine pour un livre de haute qualité (le découpage de son contenu et sa presque « non indépendance » lui empêche d’être dans les coups de cœur du site) qui conserve ainsi une homogénéité graphique tout le long. L’encrage est lui aussi réservé à une personne, Derek Fridolds et la colorisation est majoritairement de John Kalisz (Guy Major pour l’ultime épisode et Dustin Nguyen lui-même pour le supplément sur Zatanna). Nguyen croque des figures souvent aux mâchoires carrées, virevolte de son trait étonnamment anguleux et ne se trouve, in fine, peut-être pas à la hauteur à cause d’une colorisation manquant un peu de relief, principalement sur les visages (on préfère quand lui-même colorise, comme dans Robin & Batman) Rien de désagréable pour autant même si l’absence d’un style vraiment singulier aurait permis à l’œuvre de se démarquer davantage visuellement.

Le récit en cinq (voire sept) épisodes Le cœur de Silence est quasiment la suite directe de Silence. Entre les deux, il y avait des chapitres inédits sur lui publiés uniquement par Panini Comics (cf. index Silence/Hush) puis les autres de Paul Dini qui ne sont pas si indépendants qu’on pourrait le croire (certains sont mêmes cruciaux pour l’histoire après coup) et clairsemés dans les tomes un et deux de Paul Dini présente Batman. S’il faut presque obligatoirement avoir lu Silence pour apprécier Le cœur de Silence, il n’est pas obligé en revanche de lire La mort en cette cité (c’est toujours mieux mais pas très grave – ce n’est pas pour rien qu’il est sorti à part de façon quasi autonome plus tard). Un plaisir de lecture pour les fins connaisseurs mais qui devrait ravir aussi les néophytes avec une proposition graphique tout à fait correcte et une enquête qui tient en haleine avec de multiples protagonistes charismatiques. Simple, efficace.

On l’évoquait en fin de critique du premier tome, quelques chapitres de Detective Comics sont absents de cette compilation. Ici, il n’y a « que » les #840, #842 et #851 de côté. Le premier est toujours signé par Dini mais introduit La résurrection de Ra’s al Ghul (pas encore chroniqué sur ce site). Le second de Peter Milligan était évoqué en bas du lien juste avant. Enfin, le #851 écrit par Dennis O’Neil (!) est davantage centré sur Nightwing (Bruce/Batman ayant disparu) ainsi que Double Face et Millicent Mayne. Il s’inscrit donc dans la continuité de ce moment, en parallèle du run chapeautée par Grant Morrison. Ce sont d’ailleurs les épisodes « suivants » de Detective Comics (après ceux présents dans ce deuxième opus de Paul Dini présente Batman) qui s’y réfèrent et ne sont pas de Dini (il poursuivra son univers dans la série Streets of Gotham – à découvrir justement dans le troisième et dernier tome de Paul Dini présente Batman). Il y aura un épisode de Neil Gaiman (DC #853) – disponible en France dans Les derniers jours du Chevalier Noir (pas encore chroniqué sur le site) – puis le run de Greg Rucka sur son Batwoman.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 28 août 2015.
Contient : Detective Comics #841, #843-850, #852 + Batman #685 + DC Infinite Halloween Special 
Nombre de pages : 296

Scénario : Paul Dini
Dessin : Dustin Nguyen
Encrage : Derek Fridolfs
Couleur : John Kalisz, Dustin Nguyen, Guy Major

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat (Makma)

Acheter sur amazon.frPaul Dini présente Batman – Tome 2 : Le cœur de Silence (24 €)






Robin & Batman

Robin & Batman est un one-shot sur les débuts de Dick Grayson. Accessible, bien écrit et bien dessiné, on le conseille grandement ! Critique.

[Résumé de l’éditeur]
À la mort de ses parents, Dick Grayson a été recueilli par le milliardaire Bruce Wayne, ignorant la double-identité de son bienfaiteur. À force d’exercices et d’entraînements intensifs, le garçon gagnera sa place et prendra part à la croisade du Chevalier Noir. Mais leur relation n’a pas toujours été simple. Dick reste avant tout un jeune orphelin, un être brisé, victime d’un mal-être profond et perclus de doutes. Au cœur d’une ville sinistrée par la criminalité, l’adolescent devra traverser bien des obstacles avant de devenir le tout premier Robin.

[Début de l’histoire]
Tandis que Dick accompagne Batman dans ses premières missions (sans revêtir dans l’immédiat son costume de Robin), le jeune garçon se montre impulsif et irresponsable. Le Chevalier Noir le stoppe alors dans son début de croisade, le considérant immature.

Vexé, Grayson a du mal à accepter et poursuit tout de même son périple sans se préoccuper de Batman. Il suit d’ailleurs ce dernier dans les égouts de Gotham, au risque de croiser Killer Croc

[Critique]
Voici une œuvre touchante, très accessible, un récit complet et court (trois chapitres d’une quarantaine de pages) qui complémente efficacement Robin – Année Un. Les fans de Dick Grayson seront donc aux anges mais les férus de Batman ne sont pas oubliés pour autant. Dans Robin & Batman (qu’est-ce que ça fait bizarre de le lire/dire dans cet ordre !), on suit évidemment le jeune Dick dans ses premiers pas de justicier, sous l’ombre grandissante de son nouveau tuteur à la sévérité implacable.

C’est là l’un des points forts du titre, au-delà du taciturne Batman (Bruce apparaît moins), c’est avant tout Alfred qui officie comme figure paternelle bienveillante, n’hésite pas à se rendre à l’école de Dick – la Gotham Academy –, à le tirer vers le haut et tenter de le protéger, en vain, face à son maître, quitte à insulter ce dernier ! Cette filiation entre les trois hommes procure une certaine émotion, vers la conclusion du récit notamment. L’aventure, bien que rapide, est assez marquante, découpée grosso modo en trois actes, comme les trois épisodes qui la composent.

Le premier reste assez classique pour exposer ses enjeux et croquer ses protagonistes : Dick est un brin arrogant et impulsif, rappelant ses futurs « frères » Jason et bien sûr Damian. C’est dans son discours subjectif que l’ADN de Grayson ressort : sa soif de vie, son côté lumineux, sa rencontre avec Superman et les Titans en devenir. Ce qui est le cadre du second chapitre, extrêmement coloré (on y reviendra) durant lequel Dick fait connaissance avec la Ligue de Justice et leurs jeunes équipiers, avec qui il sympathise aisément puis partent en missions secrètes.

Cette parenthèse solaire cache pourtant un second enjeu lors des douze ans du garçon, qui reste au service de Batman avant tout ; difficile d’en dire davantage sans divulgâcher. En filigrane, Killer Croc cherche à retrouver Robin dont il connaît le costume, ayant été dans le même cirque mais comme une bête de foire. Une idée originale permettant de mettre en avant un antagoniste souvent très secondaire – on aurait aimé une exploration plus « empathique » envers lui mais ce n’est pas bien grave. C’est (aussi) autour de Croc que graviteront d’autres enjeux narratifs. De quoi mettre à l’épreuve la confiance dans le récent dynamique duo et consolider leur relation.

Pas grand chose à reprocher au scénario, jonglant habilement entre quelques surprises non prévisibles et des dialogues très efficaces dans le trio relationnel que forment Dick, Bruce et Alfred. L’auteur Jeff Lemire est capable chez Batman et la Justice League de bonnes choses (Justice League – Tome 5 : La Guerre des Ligues) comme de moins bonnes (Joker – Killer Smile). On conseille  surtout ses aventures de Green Arrow dans l’excellent run de la période New 52 (disponible en deux tomes intégrales) et, chez Marvel, on le retrouvait sur Wolverine dans la très bonne série Old Man Logan période post Secret Wars. Des titres qu’on recommande donc, en complément de Gideon Falls, création indépendante (disponible chez Urban Comics). Bref, pour Robin & Batman, Lemire livre ici un excellent travail.

Côté dessin et colorisation, on retrouve le style atypique de Danny Nguyen. Déjà connu pour son sympathique Little Gotham puis Les Contes de Gotham notamment mais aussi Le cœur de Silence puis Streets of Gotham (troisième volet de la série Paul Dini présente Batman). Il signe aussi avec Jeff Lemire la passionnante série Descender et sa suite Ascender. Son approche « douce », épurée et parfois distillée, à peine encrée, couplée à une colorisation aquarelle tantôt volontairement inachevée (au détriment des fonds de cases et décors), tantôt fortement détaillée offre une patte visuelle alléchante, presque comme un conte pour enfants. Ce décalage graphique inscrit Robin & Batman dans la liste des coups de cœur du site ! On apprécie également de nombreuses et belles cases « iconiques », cf. quelques exemples illustrant cette critique, et l’habituelle galerie de couvertures alternatives qui ferme l’ouvrage.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 10 juin 2022.
Contient : Robin & Batman #1-3

Scénario : Jeff Lemire
Dessin & couleur : Dustin Nguyen
Traduction : Benjamin Rivière
Lettrage : Moscow Eye

Acheter sur amazon.fr : Robin & Batman (16€)