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Robin & Batman

Robin & Batman est un one-shot sur les débuts de Dick Grayson. Accessible, bien écrit et bien dessiné, on le conseille grandement ! Critique.

[Résumé de l’éditeur]
À la mort de ses parents, Dick Grayson a été recueilli par le milliardaire Bruce Wayne, ignorant la double-identité de son bienfaiteur. À force d’exercices et d’entraînements intensifs, le garçon gagnera sa place et prendra part à la croisade du Chevalier Noir. Mais leur relation n’a pas toujours été simple. Dick reste avant tout un jeune orphelin, un être brisé, victime d’un mal-être profond et perclus de doutes. Au cœur d’une ville sinistrée par la criminalité, l’adolescent devra traverser bien des obstacles avant de devenir le tout premier Robin.

[Début de l’histoire]
Tandis que Dick accompagne Batman dans ses premières missions (sans revêtir dans l’immédiat son costume de Robin), le jeune garçon se montre impulsif et irresponsable. Le Chevalier Noir le stoppe alors dans son début de croisade, le considérant immature.

Vexé, Grayson a du mal à accepter et poursuit tout de même son périple sans se préoccuper de Batman. Il suit d’ailleurs ce dernier dans les égouts de Gotham, au risque de croiser Killer Croc

[Critique]
Voici une œuvre touchante, très accessible, un récit complet et court (trois chapitres d’une quarantaine de pages) qui complémente efficacement Robin – Année Un. Les fans de Dick Grayson seront donc aux anges mais les férus de Batman ne sont pas oubliés pour autant. Dans Robin & Batman (qu’est-ce que ça fait bizarre de le lire/dire dans cet ordre !), on suit évidemment le jeune Dick dans ses premiers pas de justicier, sous l’ombre grandissante de son nouveau tuteur à la sévérité implacable.

C’est là l’un des points forts du titre, au-delà du taciturne Batman (Bruce apparaît moins), c’est avant tout Alfred qui officie comme figure paternelle bienveillante, n’hésite pas à se rendre à l’école de Dick – la Gotham Academy –, à le tirer vers le haut et tenter de le protéger, en vain, face à son maître, quitte à insulter ce dernier ! Cette filiation entre les trois hommes procure une certaine émotion, vers la conclusion du récit notamment. L’aventure, bien que rapide, est assez marquante, découpée grosso modo en trois actes, comme les trois épisodes qui la composent.

Le premier reste assez classique pour exposer ses enjeux et croquer ses protagonistes : Dick est un brin arrogant et impulsif, rappelant ses futurs « frères » Jason et bien sûr Damian. C’est dans son discours subjectif que l’ADN de Grayson ressort : sa soif de vie, son côté lumineux, sa rencontre avec Superman et les Titans en devenir. Ce qui est le cadre du second chapitre, extrêmement coloré (on y reviendra) durant lequel Dick fait connaissance avec la Ligue de Justice et leurs jeunes équipiers, avec qui il sympathise aisément puis partent en missions secrètes.

Cette parenthèse solaire cache pourtant un second enjeu lors des douze ans du garçon, qui reste au service de Batman avant tout ; difficile d’en dire davantage sans divulgâcher. En filigrane, Killer Croc cherche à retrouver Robin dont il connaît le costume, ayant été dans le même cirque mais comme une bête de foire. Une idée originale permettant de mettre en avant un antagoniste souvent très secondaire – on aurait aimé une exploration plus « empathique » envers lui mais ce n’est pas bien grave. C’est (aussi) autour de Croc que graviteront d’autres enjeux narratifs. De quoi mettre à l’épreuve la confiance dans le récent dynamique duo et consolider leur relation.

Pas grand chose à reprocher au scénario, jonglant habilement entre quelques surprises non prévisibles et des dialogues très efficaces dans le trio relationnel que forment Dick, Bruce et Alfred. L’auteur Jeff Lemire est capable chez Batman et la Justice League de bonnes choses (Justice League – Tome 5 : La Guerre des Ligues) comme de moins bonnes (Joker – Killer Smile). On conseille  surtout ses aventures de Green Arrow dans l’excellent run de la période New 52 (disponible en deux tomes intégrales) et, chez Marvel, on le retrouvait sur Wolverine dans la très bonne série Old Man Logan période post Secret Wars. Des titres qu’on recommande donc, en complément de Gideon Falls, création indépendante (disponible chez Urban Comics). Bref, pour Robin & Batman, Lemire livre ici un excellent travail.

Côté dessin et colorisation, on retrouve le style atypique de Danny Nguyen. Déjà connu pour son sympathique Little Gotham puis Les Contes de Gotham notamment mais aussi Streets of Gotham (troisième volet de la série Paul Dini présente Batman). Il signe aussi avec Jeff Lemire la passionnante série Descender et sa suite Ascender. Son approche « douce », épurée et parfois distillée, à peine encrée, couplée à une colorisation aquarelle tantôt volontairement inachevée (au détriment des fonds de cases et décors), tantôt fortement détaillée offre une patte visuelle alléchante, presque comme un conte pour enfants. Ce décalage graphique inscrit Robin & Batman dans la liste des coups de cœur du site ! On apprécie également de nombreuses et belles cases « iconiques », cf. quelques exemples illustrant cette critique, et l’habituelle galerie de couvertures alternatives qui ferme l’ouvrage.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 10 juin 2022.
Contient : Robin & Batman #1-3

Scénario : Jeff Lemire
Dessin & couleur : Dustin Nguyen
Traduction : Benjamin Rivière
Lettrage : Moscow Eye

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Le Vol du Corbeau

Retour sur une mini-série en cinq chapitres (Batman #626-#630) publiée dans les cinq premiers magazines Batman par Panini Comics en 2005.

Le Vol du Corbeau(En haut, les cinq couvertures du magazine, en bas, celles de la série originelle par chapitre. On remarque que la quatrième a été gardée pour l’édition française.)

[Histoire]
Plusieurs malfrats sont tués par une toxine de peur. Derrière celle-ci se cache évidemment L’Épouvantail, mais aussi Le Pingouin. Les deux hommes sont associés mais Copplebot n’hésite pas à être menaçant envers Jonathan Crane.

Batman et Robin (Tim Drake) enquêtent sur ces morts mais au même moment, une « créature » rôde dans Gotham City : « L’Épouvantable ». L’épouvantail nie être derrière cette création qui s’avère incontrôlable et n’hésite pas à détruire tout ce qui se dresse sur son chemin…

Vol de Corbeau Epouvantable[Critique]
Une petite histoire qui se lit rapidement et reste sympathique. Le côté enquête fait mouche, avec en prime des résolutions de mystères pas forcément prévisibles, ce qui est toujours agréable. Le duo Pingouin/Épouvantail fonctionne bien malgré un faible taux de présence en binôme dans la BD. La nouvelle créature a un potentiel exploitable pour la suite (même si elle ne le sera jamais à priori).

Le petit charme de la série provient aussi des prémices du retour de Jason Todd, qui revient sous la forme d’hallucinations à Batman dans un premier temps, mais dont la dernière case du comic laisse planer un doute sur l’authenticité de ce dernier… La suite interviendra officiellement cinq chapitres plus tard (le temps de découvrir Jeux de Guerre) avec Batman #635 : Sous le masque.

Vol de Corbeau BatmanGraphiquement, rien d’extraordinaire, ce n’est pas spécialement joli mais ce n’est pas non plus laid. L’ensemble est homogène, on sent bien les contrastes de nuit et l’ambiance générale assez sombre. Les traits de Dustin Nguyen sont corrects, l’artiste peut parfois se contenter du minimum et bâcler son travail, ce n’est pas le cas ici.

Bref Le Vol du Corbeau (curieux titre) se lit avec facilité et plaisir mais n’est pas inoubliable, loin de là. Un court one-shot qui ne sera sans doute pas réédité par Urban Comics mais ce n’est nullement grave.

Vol de Corbeau Robin[À propos]
Publié en France dans les magazines Batman #1 à #5 (juin à octobre 2005).
Publication originale aux États-Unis dans les Batman #626 à #630 (juin à septembre 2004).

Scénario : Judd Winick
Dessin : Dustin Nguyen
Couleur : Alex Sinclair
Encrage : Richard Friend

Titre des chapitres :
1. Visions (id.)
2. Associations de malfaiteurs (Partners in Crime)
3. L’Épouvantable (Scary Monsters)
4. Hallucination (Shotgun)
5. Invasion (Home Invasion)

Vol de Corbeau Pingouin Epouvantail

Batman Eternal – Tome 01

Page récapitulative ► Batman Eternal

Pour fêter les 75 ans du célèbre Détective, DC Comics a décidé, entre autre, de publier une nouvelle série en avril 2014 : Batman Eternal. Celle-ci a duré un an et s’est achevée au bout de cinquante-deux chapitres (soit un par semaine depuis son lancement). Un rythme très particulier et original qui aura réussi à être tenu et qui permet en France une publication en quatre tomes de treize chapitres. Le premier volume est sorti début mars, le deuxième arrive le 22 mai et le troisième est prévu pour le 25 septembre.

Batman Eternal tome 1[Histoire]
Dans un futur proche : Bruce Wayne est attaché au Bat-Signal, Gotham City est en flammes tout autour de lui. Un ennemi l’informe qu’il a tout perdu.
Dans le présent : en pourchassant le Professeur Pyg dans les couloirs du métro, Gordon commet l’irréparable, il tire sur un homme désarmé et déclenche une collision qui fera plus des dizaines de morts. Gordon jure avoir vu une arme braquée sur lui au moment où il a fait feu. Il se laisse arrêter par une nouvelle recrue qu’il avait lui-même fait venir à Gotham City et dans laquelle il mise beaucoup d’espoir : le jeune Jason Bard. Le policier Jack Forbes, de mèche avec le maire de la ville, prend donc la tête du commissariat. Ce dernier relance l’ordre d’arrêter Batman et laisse agir Carmine Falcone en douce… « Le Romain » est en effet de retour et lance une guerre des gangs, notamment contre Le Pingouin et n’oubliant pas ses cicatrices, causées par Catwoman jadis.

Batman Etnernal Incendie[Critique]
Ce solide premier tome suit énormément de personnages et explore plusieurs intrigues qui ont l’air de converger vers quelque chose de spectaculaire, mais qui n’est pas spécifiquement dévoilé pour l’instant. C’est en effet la force et la faiblesse de cette longue introduction ; on se focalise tour à tour sur Batman, Catwoman, les policiers, la journaliste Vicky Vale, Stéphanie Brown et d’autres protagonistes secondaires, dont certains sont apparus avant le relaunch DC Comics, comme les Batmen alliés de Batman Incorporated, mais les évènements, eux, se déroulent bien dans la continuité après Le Deuil de la Famille, Forever Evil et Nightwing par exemple. Difficile donc pour un lecteur débutant de s’y retrouver. En revanche, le connaisseur ne pourra que se faire plaisir en découvrant foule de clins d’œil, détails et chapitres d’un univers si riche et intriguant qu’est celui de Batman.

Batman Eternal GordonDivers scénaristes officient sur Batman Eternal mais Scott Snyder et James Tynion IV en sont les deux architectes principaux. La promesse d’une série écrite à plusieurs et « à l’avance » (au moins dans les grandes lignes narratives), ainsi que les divers flash-forwards, proposés en introduction du livre ou dans le chapitre #28 de la série Batman, tendent à rassurer vers la direction que va suivre la série. Car, force est de constater, que pour l’instant Batman Eternal suit peut-être trop d’enjeux (dont une partie tend même vers l’occultisme et la magie !) et ne devra pas se louper pour la suite. Néanmoins, le récit reste fluide et bien construit, totalement abordable pour le lecteur qui connaît quelques œuvres (Un Long Halloween, Batman Inc., Sombre Reflet…) ainsi que celle citées plus haut.

Les dessins sont évidemment assurés par une dizaine d’artistes, qui se succèdent chaque semaine depuis un an. En vrac : Jason Fabok, Andy Clarke, Trevor McCarthy, Emanuel Simeoni, Guillem March, Riccardo Burchielli, Ian Bertram, Dustin N’Guyen, Guillermo Ortego. L’ensemble est forcément inégal mais globalement une homogénéité graphique se ressent. Deux dessinateurs sortent, hélas, du lot : Dustin N’Guyen (chapitre #04) tranche radicalement avec des traits plus lisses, proche parfois d’un dessin animé, notamment sur ses visages, exagérément mis en couleurs vives et Ian Bertram (chapitre #11) a un style totalement hors-normes (par rapport à des productions plus mainstream). Son art a un côté tellement indépendant que le découvrir dans ce contexte d’une grosse série dénote. Il serait intéressant de lui confier un one-shot sur le Dark Knight en revanche !

Batman Eternal GCPDBatman Eternal séduit d’emblée par toutes les intrigues qu’elle propose (peut-être un peu trop ?). On a hâte de lire les prochains tomes et de voir les pièces du gigantesque puzzle s’assembler mais attention à bien gérer la suite car, comme trop souvent avec Scott Snyder, les fins de récits et conclusions laissent dubitatifs. Pour l’instant la série divertit intelligemment et c’est le principal.

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