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Le Pingouin – Tome 1 : Bec et ongles

Attention, cette série (en deux tomes) n’est pas tout à fait un titre indépendant mais plutôt la suite de l’histoire d’Oswald entamée dans le premier tome de Batman – Dark City. Elle reste accessible et ne nécessite pas forcément d’avoir lu autre chose avant mais peut décontenancer. Découverte.

[Résumé de l’éditeur]
Le Pingouin est mort. Finie la lutte pour le contrôle des activités criminelles qui rythment les nuits de Gotham. Enfin, c’est ce que tout le monde croit. Chargée de retrouver ses enfants, Catwoman découvre qu’Oswald Cobblepot est en vie, caché sous une fausse identité à Metropolis. Mais lorsqu’elle lui apprend que ses enfants sont en danger, restera-t-il caché comme il se l’était promis ? Ou se laissera-t-il regagner par cette addiction plus forte que toutes les autres : affronter Batman ?

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
Difficile de se passionner pour ce Pingouin à la fois proche et éloigné de sa version habituelle. Il faut déjà contextualiser l’histoire, ce qui est fait via le premier chapitre (The Penguin #0) qui est en fait la compilation des trois épisodes complémentaires (back-ups) de la série Batman de Chip Zdarsky (#125-127) et de son premier opus (Failsafe). Pour les lecteurs français, cela remonte à pile un an et demi (février 2023, août 2024), outch ! Après Catwoman qui retrouvait le Pingouin, on suit donc ce dernier qui veut finalement revenir à Gotham en force. Première déception : tout le sujet sur les enfants et/ou anciennes compagnes d’Oswald est à peine évoqué. C’était pourtant l’une des possibles forces de la fiction, à base de flash-backs par exemple (après tout, c’est Tom King qui l’écrit) mais non, il faut se contenter d’une certaine linéarité peu palpitante.

Le Pingouin se constitue plusieurs bras droits dont la plupart recrutés de force et composés de nouvelles têtes (comprendre : jamais évoquées dans l’univers DC auparavant) et, à ce stade, ils sont vite vus, vite oubliés (même s’ils ne meurent pas). La seule figure connue est le majordome âgé (mais surpuissant) prénommé Aide, que le scénariste avait conçu dans le très moyen Killing Time. Si Aide était la menace la plus dangereuse dans ce comic à l’époque (malgré son côté complètement improbable), le vieux gentleman est ici ridiculisé par le Pingouin puis le rejoint (il n’y a pas vraiment de cohérence avec tout ça mais passons).

Comme toujours, Tom King est bavard, trop. L’auteur prolifique chez DC et clivant, capable du meilleur comme du pire (Batman Rebirth, Heroes in Crisis, Batman/Catwoman, One Bad Day – Le Sphinx…) renoue avec ses tics habituels : langage grossier à outrance et non transposé en alphabet latin, découpage gaufrier, fausse non linéarité mais qui n’apporte rien, personnages interchangeables… On en parlait déjà dans sa dernière publication française récente de juillet (le plutôt chouette bien qu’inégal Joker – The Winning Cards).

Bref, ce n’est pas une lecture palpitante MAIS on a tout de même envie de voir la suite et fin. Le deuxième et dernier volet est prévu pour le 15 novembre prochain et compilera les épisodes #6 à #12 de cette mini-série (quasiment achevée aux États-Unis à l’heure où sont rédigées ses lignes). La confrontation avec Batman semble alléchante et on a du mal à comprendre pourquoi Urban n’a pas sorti d’une salve l’entièreté des chapitres.

Avec sa couverture (une des variantes de la série), son résumé et sa qualification de « polar », il est vrai que Bec et ongles donne de prime abord la sensation d’être un titre complètement indépendant, à destination des novices, un titre peut-être issu du Black Label… Il n’en est rien, comme dit, nous sommes dans le prolongement de l’ère Infinite, à la fois de l’évolution de l’antagoniste dans la continuité officielle mais aussi dans un semblant d’univers partagé des autres créations de Tom King (Killing Time donc). Il faut lire le début de la BD pour le comprendre et, donc, attention si vous vous attendiez à quelque chose de fondamentalement différent.

Côté graphique, l’ensemble demeure relativement agréable, signé Rafael de Latorre, avec une certaine austérité qui renforce la dimension poisseuse et sérieuse du récit (à l’exception du premier chapitre, signé Belén Ortega) davantage haut en couleur mais, comme on le soulignait plus haut, il était complètement décorrélé du reste de la série initialement). Il n’y a pas grand chose à reprocher à la partie visuelle donc, davantage au scénario même si on va attendre la suite et fin pour un avis définitif et voir si ça vaut le coup/coût de passer à l’achat…

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 10 août 2024.
Contient : THE PENGUIN #0-5
Nombre de pages : 160 pages

Scénario : Tom King, Chip Zdarsky
Dessin & encrage : Rafael de Latorre, Belén Ortega
Couleur : Marcelo Maiolo

Traduction : Yann Graf, Jérôme Wicky
Lettrage : MAKMA

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Batman – One Bad Day : Le Pingouin

La collection One Bad Day se poursuit (cf. index). Après le très bon Le Sphinx, le très moyen Double-Face, place au célèbre Pingouin.

[Résumé de l’éditeur]
Autrefois, le Pingouin avait un empire. Alors au sommet de la pègre de Gotham, il avait institué des règles strictes, s’était imposé des limites. Mais pour certains, les limites sont faites pour être franchies. C’est en tout cas ainsi que résonnait Umbrella Man, avant de prendre à son maître tout ce qu’il avait et de répandre le chaos dans la ville. Cobblepot est aujourd’hui un homme brisé, frayant à travers les rues poisseuses de Gotham, un revolver à la main. Muni d’une unique balle, il a bien l’intention de réagir, car l’heure de la vengeance a sonné.

[Critique]
Comme souvent pour les récits courts (64 pages), pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, proche du point de départ annoncé par l’éditeur. On retrouve donc Oswald Cobblepot ruiné et démuni, seul, à l’extérieur de Gotham. Pour renouer avec son ancien empire, le célèbre Pingouin a peu de ressources mais va petit à petit tenter de se venger du mystérieux Umbrella Man. Un parcours sans réelles surprises, un nouvel antagoniste oubliable (Umbrella Man), des seconds couteaux convenus voire improbables (un type un peu énervé fait peur et met en déroute plusieurs hommes armés qui le tenaient en joue)… cet One Bad Day est assez moyen voire décevant.

Bien sûr, les fans du Pingouin seront contents d’avoir un récit (plus ou moins) inédit centré sur ce célèbre ennemi mais – encore une fois – pour 15 € on s’attend à quelque chose de plus consistant… Il faut dire que le concept même de la « mauvaise journée » durant laquelle un ennemi a « basculé » est effleuré ici. Entre deux bulles d’explications d’Oswald et une case de lui enfant, le sujet est cohérent mais expédié. Victime de moqueries et de harcèlement quand il était jeune, Oswald a vécu une fête d’anniversaire pour ses sept ans étonnamment calme et bienveillante ; pour cause, sa mère avait donné cent dollars à chaque participant pour bien se comporter. Un déclic pour le futur criminel qui savait alors qu’il pourrait se faire craindre au lieu d’être respecté et aimé et que l’argent lui serait utile.

Au lieu d’étayer cette double thématique, l’auteur John Ridley (The Authority, Future State – sur Katana et Black Lightning…) poursuit « banalement » le cheminement de la vengeance du Pingouin, croisant éphémèrement Batman. Ridley est surtout connu pour avoir écrit le scénario de Twelve Years a Slave et créé la série American Crime. S’il semble plus à l’aise sur ces médiums, le scénariste propose néanmoins un Pingouin attachant et très courtois, habile stratège. Tout cela donne (à l’instar du OBD sur Double-Face) l’impression de lire un gros chapitre annual luxueux plutôt qu’un récit fondateur puissant…

Pour ne rien arranger, les dessinateurs Giuseppe Camuncoli et Cam Smith (également coloriste) sont peu inspirés, jonglant entre visages caricaturés et mauvaise gestion de l’espace. Comme souvent dans ces cas-là, avec un scénario qui ne décolle pas vraiment et des dessins qui ne tirent pas le titre vers le haut, il est difficile de conseiller ce comic book (surtout pour le prix). À réserver uniquement aux ultra complétistes fanatiques du Pingouin donc…

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 5 mai 2023.
Contient : Batman – One Bad Day : The Penguin #1

Scénario : John Ridley
Dessin : Cam Smith et Giuseppe Camuncoli
Couleur : Cam Smith

Traduction : Hélène Dauniol Remaud
Lettrage : Studio Myrtille (Christophe Semal)

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Gotham – S01E01 : Pilot

Page récapitulative de la série Gotham.

Gotham City

(Premier plan de la métropole, qui rappelle celle des films de Christopher Nolan.)

Difficile de dresser un premier petit bilan après presque cinquante minutes de Gotham, tant il faut prendre en compte plusieurs choses et avoir un léger recul.

Tout d’abord, garder en tête que la série est une adaptation qui puise ses sources dans l’univers général de Batman mais pas dans un comic en particulier (à part peut-être Gotham Central), donc il ne faut pas espérer voir une mise en scène d’un ouvrage spécifique et avoir à l’esprit que les scénaristes sont totalement libres d’adapter à leur convenance les origines d’un protagoniste par exemple (toutes proportions gardées évidemment), un peu à l’instar de Walking Dead. Il faut aussi réussir à séparer sa critique personnelle en tant que « fan de Batman » mais aussi de « série télévisée ». Pas forcément si simple, aux premiers abords, car sans l’habillage Gothamien la série pourrait ressembler à une quelconque série policière. Il faut donc lui trouver une personnalité, un style propre à elle, ce qu’elle réussit plutôt bien en mélangeant les styles, en plus de soigner ses divers protagonistes originaux.

Gotham Gordon

(Ben McKenzie interprète James Gordon, bien mais pas encore au point.)

Cet épisode pilote est pour l’instant très convaincant. Il s’ouvre sur le meurtre des parents de Bruce Wayne (David Mazouz – correct mais sans plus), une scène techniquement ratée, peu émouvante, c’est dommage. Puis l’enquête pour découvrir l’assassin débute. Une investigation menée par le jeune James Gordon (Ben McKenzie – agréablement convaincant mais doit développer une plus grosse palette d’émotions), fraîchement débarqué dans Gotham, et son partenaire Harvey Bullock (Donal Logue – bien à l’aise dans le rôle). Ce dernier est un flic ripoux, corrompu et lâche.

Après une enquête rapidement menée et plutôt convenue, tout s’emballe suite à des déclarations du Pingouin (Robin Taylor – génial dans le rôle) à Renée Montoya (Victoria Cartagena), elle aussi policière mais dans un autre service. Gordon, qui a promis au jeune Bruce d’arrêter l’assassin de ses parents, doit affronter la face cachée de Gotham, les terribles Fish Mooney (Jada Pinkett Smith) et Carmine Falcone (John Doman), et tenter de rester loyal envers ses idéaux et ses convictions, ce qui ne sera pas si simple…

Gotham Fish Bullock

(Bullock et Fish Mooney (Jada Pinkett Smith), personnage conçu pour la série.)

Premier point positif : la corruption, le côté mafieux et les trafics en tout genre sont une réussite. C’est d’ailleurs une tendance dont la ville rend bien écho. La métropole est rongée par le mal, relativement sombre (très peu de scènes ont lieu en journée), son rendu esthétique est proche des films de Nolan, c’est à dire un New-York ténébreux et intemporel.

« En plus des milliers de scènes tournées dans la ville même, j’ai demandé au département des effets spéciaux de créer tout un ensemble d’immeubles dans le style de Dickens et du Londres de l’époque victorienne, explique dans une interview David Cannon. Nous avons donc New York tel que nous la connaissons, mais stylisée, à la fois fantômatique et fantasmagorique, où tout peut arriver». Et le créateur Bruno Heller d’ajouter: « Nous devions nous démarquer des grands films de cinémas et des héros costumés dont on a déjà vu mille interprétations différentes. Sur quoi pouvions-nous alors nous reposer pour construire notre série : la ville ». [Source : Le Figaro]

Gotham Crime Alley

(Scène fondamentale dans la mythologie de Batman. Hélas plutôt ratée.)

Autres bons points : le binôme de flics, fonctionnant sur le schéma classique du jeune idéaliste et du vieux corrompu, fait mouche et l’évolution du duo risque d’être intéressante. Techniquement, au-delà d’une direction photographique bien menée pour une série du genre (et production de ce calibre), la mise en scène est relativement classique mais efficace, avec quelques plans originaux lors d’une course-poursuite. Gotham se doit de séduire un large public, l’équipe ne prend donc pas de risque à tenter des plans plus travaillés ou à tomber dans un scénario plus noir. Quelque part c’est dommage mais l’épisode est tout de même très prometteur ; la série a du potentiel, espérons qu’elle l’utilise intelligemment. La relation entre Bruce et Alfred (Sean Pertwee) est inattendue, plutôt autoritaire l’un envers l’autre. Un aspect inédit également plaisant.

Le casting est efficace dans l’ensemble, quelques doutes tout de même à propos du jeu du jeune Bruce (David Mazouz) et de Barbara (Erin Richards), la compagne de Gordon. Côté déceptions on ajoutera d’éventuelles incohérences (Gordon à priori nouveau venu dans la ville mais son père y était procureur…). L’épisode souffre aussi d’un enchaînement trop rapide de plusieurs éléments : beaucoup d’ennemis, présents ou futurs, sont dévoilés (voir ci-après), ce qui peut en agacer certains, Le Pingouin est déjà affublé de ce surnom sans savoir pourquoi, et la thématique de la peur à surmonter déjà présente chez Bruce. Il y a presque une impasse sur son deuil et la tristesse. Tout s’enchaîne donc un peu trop rapidement en un seul épisode.

Gotham Penguin Pingouin

(Le Pingouin (Robin Taylor – excellent) est l’atout incontestable de cet épisode.)

Vingt-quatre heures après la diffusion du pilote (qui a réuni presque huit millions de téléspectateurs outre-Atlantique, un démarrage correct), beaucoup de critiques saluaient l’ambiance convaincante de la ville, les jeux d’acteurs de Logue et Taylor (Bullock et Le Pingouin) mais dénonçaient un afflux de « fan-service », ces courtes scènes desservant l’intrigue générale de l’épisode uniquement pour faire plaisir aux fans de Batman. Revenons sur les trois séquences concernées.
• La jeune Selina Kyle (Camren Bicondova), déjà voleuse et féline, est témoin du meurtre des parents de Bruce. Elle apparaît en début et fin d’épisode, plutôt en retrait, observant discrètement. Premier changement dans la mythologie du Dark Knight : un témoin oculaire lors de l’assassinat de Thomas et Martha Wayne ! Et pas des moindres puisqu’il s’agit de la future Catwoman. Cela laisse présager un futur intéressant, elle pourrait être capable d’identifier le tueur, d’aider Gordon ou Bruce. Une romance entre elle et le jeune Bruce ne serait en revanche pas forcément pertinente ou alors à très bien construire, ce qui est délicat.
• Seconde scène : l’apparition furtive d’Edward Nygma (Cory Michael Smith), le futur Sphinx/homme-mystère, déjà porté sur les devinettes. L’intérêt ici n’est pas « que d’assurer le fan-service » mais de montrer que Nygma travaille pour la police de Gotham ! Là aussi c’est un aspect du personnage qui est remanié et pourra être intéressant (on pressent un début de haine contre Gordon). Par ailleurs, Nygma sera donc beaucoup plus âgé que Batman, chose aussi inédite jusqu’ici, mais cela n’est pas un problème si la suite est bien écrite.
• Enfin, dernière apparition à priori sans intérêt : Ivy Pepper, nouvelle identité pour une petite fille arrosant les plantes (Poison Ivy donc). Là aussi on pourrait trouver un côté trop facile à cette façon de faire, hors on sait grâce à cela les conditions d’enfance de la future biologiste (si elle le devient) : un père violent, des policiers qui le tuent alors qu’il était innocent, etc. Ce sont des éléments qui sont à prendre en compte et qui devront confirmer leur statut par la suite. Il est évident que si à chaque épisode il y a une apparition ou deux comme celles-ci, et qu’elle tarderaient trop à servir l’intrigue générale de la saison et de la série, il y aurait une petite frustration.

Mais globalement, ces scènes de « fan-service » occupent seulement deux à trois minutes de la durée totale de l’épisode (qui en contient une cinquantaine). Certes il est dommage de ne pas les introduire plus subtilement et lentement, mais n’oublions pas qu’un épisode pilote se doit de séduire en premier la chaîne et les producteurs, avant d’avoir le feu vert pour continuer. Gageons donc que la suite ait une approche plus délicate quant à ces vilains.

Gotham Nygma

(Edward Nygma, futur Sphinx/Homme-mystère, travaille pour la police.)

Autre élément destiné aux fans : un potentiel candidat dans le rôle du Joker (ici, un comique passant une audition chez Fish). Les scénaristes diffuseront dans chaque épisode une référence au Joker, de quoi se creuser les méninges.

Premier bilan plutôt positif donc, beaucoup de bon et un peu de moins bon, mais surtout énormément de potentiel à exploiter. Il est toujours excitant de découvrir sur un nouveau support artistique une de ses passions en bande dessinée, ici c’est bien le cas !

NB : Les prochains articles seront moins longs et rédigés davantage avec le schéma classique du site : Histoire/Résumé sans spoilers puis critique détaillée.

Retrouvez la page consacrée à la série ici : Gotham.

Avez-vous aimé cet épisode ? Plutôt déçu, convaincu ? N’hésitez pas à commenter !

Gotham City Water