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Catwoman à Rome

Catwoman à Rome se déroule pendant Amère Victoire et est inclus dans la compilation des travaux de Jeph Loeb et Tim Sale Des ombres dans la nuit. Attention donc à ne pas acheter en doublon ! Le titre est ressorti en récit complet le 14 janvier 2022 à l’occasion du film The Batman. Il avait déjà été publié en 2006 chez Panini Comics. La critique ci-après est celle déjà présente sur le site pour Des ombres dans la nuit.

BATMAN-OMBRES-DANS-LA-NUIT

[Résumé de l’éditeur]
Depuis qu’il est devenu le vigilant de Gotham City, le jeune Bruce Wayne a eu l’occasion de croiser de nombreux adversaires, mais depuis quelque temps, les mafieux ont cédé la place à un nouveau genre de criminel. À la suite de la Chauve-souris, ce sont des Épouvantails, Pingouins, Chapeliers déments, Chattes et sinistres Clowns qui, chaque nuit, prennent d’assaut la cité de Gotham. Autant de raisons qui obligeront un Chevalier Noir encore en formation à se forger un code d’honneur sans failles.

[Contexte — cf. Un Long Halloween et Amère Victoire pour plus de détails — attention aux révélations si vous ne les avez pas lus]
Dans Un Long Halloween, le tueur Holiday sévissait les jours de fête. Il fut identifié et emprisonné. Cette affaire eut plusieurs dénouements tragiques : le procureur Harvey Dent devint le terrible Double-Face, Carmine Falcone (le parrain intouchable de Gotham City) fut tué par Dent, sa fille Sofia se retrouva paralysée suite à une chute et un combat contre Catwoman.

Dans Amère Victoire, Selina Kyle se rend aux funérailles de Carmine Falcone. Parallèlement, son idylle avec Bruce Wayne vacille : ce dernier est froid et distant. Catwoman propose à Sofia Falcone de retrouver le corps de son père, mystérieusement disparu, contre un million de dollars. Son enquête la pousse à demander de l’aide au Sphinx, tétanisé de peur. La féline est ensuite assommée et sauvée in extremis par Batman. La relation ambigüe entre les deux prend fin et Selina/Catwoman disparaît ensuite (chapitre 5).

Elle réapparaît en fin de récit (chapitre 13 — qui aurait dû être inclus dans Des ombres dans la nuit selon le site de l’éditeur mais qui ne l’est finalement pas) où Batman, qui la suspecte d’être « la tueuse au pendu », l’interroge pour savoir pourquoi elle est proche de Sofia et où elle était passée depuis trois mois (elle quitte Gotham pour l’Italie peu après la Saint Valentin et revient en mai pour la Fête du Travail). Plus tard, on comprend qu’elle était en Italie pour enquêter sur ses origines : elle est persuadée d’être la fille de Carmine Falcone, donc la demi-sœur de Sofia et culpabilise d’avoir causé le handicap et la défiguration de celle-ci. C’est ce voyage de plusieurs semaines, où elle fut accompagné du Sphinx, qui est narré dans Catwoman à Rome.

[Histoire]
Selina Kyle envole pour Rome, accompagné du Sphinx qui — elle en est persuadée — pourra l’aider à résoudre le mystère de sa vie et ses origines. Pourtant, à peine arrivés, des signes rappelant la galerie d’ennemis de Gotham City surgissent…

[Critique]
Voilà un voyage en Italie doublement rafraîchissant. Graphiquement d’une part, grâce à ses teintes plus chaudes car ici la colorisation est assuré par Dave Stewart et non Gregory Wright (à l’œuvre sur Nuits d’Halloween et le diptyque culte). On y retrouve moins le style « à plat » conférant une ambiance sombre. La légèreté de l’ensemble est assurée par l’écriture d’autre part, avec quelques situations absurdes amusantes et des dialogues épicés agréables (le caractère de Selina lui forge une vraie personnalité intéressante).

L’objectif de Selina Kyle se devine aisément si l’on a lu Amère Victoire avant, il est donc conseillé de lire Catwoman à Rome entre Un Long Halloween et sa suite. Cela permet de mieux comprendre sa position en retrait le long de l’histoire d’Amère Victoire. Toutefois, même si l’ensemble est sympathique, on est loin d’atteindre la maestria des autres travaux du binôme artistique.

Quelques défauts sont en effet à mettre en avant : le scénario est un peu confus, le duo original (Catwoman et le Sphinx) a du mal à prendre, l’ennemie Cheetah dénote un peu par sa « fantaisie » dans un univers jusque là assez réaliste et tout va très vite (le récit s’étale sur six chapitres, chacun correspondant à une journée). Le traitement de la femme fatale est plutôt juste, même s’il y a un peu trop de poses sexistes/dénudées gratuites (accompagnées d’un humour redondant assez plombant, voire carrément beauf, sur les formes de la belle)…

L’absence du Chevalier Noir est nullement problématique, d’autant qu’il apparaît plusieurs fois sous formes de fantasme, tant l’obsession envers Batman par Catwoman est très présente. Curieusement, on comprend que Selina Kyle a beau sortir avec Bruce Wayne, elle ne réalise pas qu’il est le Dark Knight, qu’elle croise pourtant souvent sous son alias félin (surtout quand on lit les deux volumes annexes).

Néanmoins Catwoman à Rome est un spin-off intéressant (mais pas indispensable) à Un Long Halloween et surtout Amère Victoire, pour illuminer une zone d’ombre durant ce dernier. Dans un premier temps, on s’agaçait de devoir débourser 35€ pour le lire, avec trois autres histoires one-shot sur la Fête des Morts, un prix peut-être un peu trop élevé… Une édition « à part » semblait plus judicieuse et c’est ce qu’a fait Urban Comics en proposant désormais ce titre pour 16€ le 14 janvier 2022.

[À propos]
Publié le chez Urban Comics  le 14 janvier 2022.
Précédemment publié chez Panini Comics.

Scénario : Jeph Loeb
Dessin : Tim Sale
Couleurs : Gregory Wright et Dave Stewart
Traduction : Alex Nikolavitch Racunica / Ed Tourriol / Makma

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Des Ombres dans la Nuit (+ Catwoman à Rome)

Des ombres dans la nuit compile les premiers travaux du célèbre duo Jeph Loeb/Tim Sale rassemblés sous le nom Nuits d’Halloween : Peur, Folie et Fantômes. Trois histoires sur Batman se déroulant durant Halloween (conçues donc avant Un Long Halloween et publiées en France en deux tomes chez Semic en 2004, sous le titre Batman Halloween).

Le dernier travail commun du binôme, Catwoman à Rome, est aussi inclus. Celui-ci se déroule pendant Amère Victoire (et avait déjà été publié aussi en 2006, mais chez Panini Comics cette fois) et peut donc être considéré comme un spin-off. MàJ 11/2021 : Urban Comics le republie en récit complet le 14 janvier 2022.

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Des ombres dans la nuit, mis en vente par Urban Comics début 2014, est un bon complément du diptyque culte Un Long Halloween/Amère Victoire mais n’est pas indispensable pour autant. Explications.

Batman Halloween(Les couvertures des deux tomes d’Halloween chez Semic
et celle de Catwoman à Rome chez Panini Comics)

NUITS D’HALLOWEEN

[Histoire(s)]

Peur (trois chapitres)
Batman court après l’Épouvantail durant le week-end d’Halloween. En parallèle, il tombe sous le charme d’une séduisante jeune femme. Cette dernière est trop mystérieuse pour le majordome Alfred qui suspecte quelque chose…

Folie (deux chapitres)
Le Chapelier Fou serait responsable de l’enlèvement de plusieurs fugueurs. Batman enquête en repensant au livre Alice au pays des merveilles que lui lisait sa mère enfant… L’affaire prend une nouvelle tournure lorsque Barbara Gordon est à son tour kidnappée pour jouer le rôle d’Alice dans la reconstitution malsaine que souhaite faire le Chapelier.

Fantômes (un chapitre mais au nombre total de pages quasiment équivalent à Folie)
Lors d’une réception mondaine, Le Pingouin débarque et tire sur Bruce Wayne. Batman s’occupe de le pourchasser… Plus tard, le milliardaire navigue entre cauchemars et réalités, où il croise Poison Ivy et le Joker tout en faisant un retour à… Paris !

 

[Critique]
Les dessins de Peur, les premières immersions de l’esthétique de Tim Sale dans l’univers du Chevalier Noir sont une réussite (et remontent à 1993) ! Colorisés par Gregory Wright et oscillant encore entre son style anguleux et ses jeux d’ombre parfaits avec une touche un peu plus réaliste, les planches sont un régal. En revanche l’histoire de Jeph Loeb, moyennement inspiré, est expéditive et un peu convenue. L’Épouvantail ne fait que réciter des comptines sans réellement dévoiler un aspect dangereux et Bruce Wayne se vautre dans les clichés d’une romance un peu trop facile (qui, rétroactivement, peut expliquer pourquoi il sera si sévère envers Selina/Catwoman par la suite, si on considère ce récit comme étant un préquel à Un Long Halloween et Amère Victoire). Quelques écarts dans la psyché de la peur du justicier sont savoureux mais l’ensemble peine toutefois à réellement convaincre.

Folie est plus abouti, meilleur. Les découpages singuliers et les successions de cases sont mieux travaillés, alternant des pleines pages, des enchaînements atypiques, du noir et blanc, du monochrome, diverses couleurs, etc. rendant donc l’ensemble très dynamique, couplé au récit bien rythmé. Un sans faute ! On peut même situer ce récit peu après les débuts de Batman (à l’instar du précédent) tant la partie Gordon/Barbara épouse bien l’héritage d’Année Un. Malheureusement Folie ne s’étale que sur une petite cinquantaine de pages. Bien trop peu pour explorer davantage le traumatisme de Bruce Wayne puis l’éventuelle de Barbara.

Fantômes apporte une introduction plus poussée à Un Long Halloween et surtout l’occasion de croquer trois autres ennemis emblématiques du Chevalier Noir : Le Pingouin, Poison Ivy et le Joker. Un délice graphique avant tout, un scénario correct mais là aussi trop court. On note aussi une sorte d’incohérence flagrante : Wayne se fait tirer dessus par le Pingouin et est censé être mort mais Batman apparaît quelques instants après… Comment le milliardaire a survécu ? Pourquoi personne n’a vu « son corps » bouger et disparaître ? Pourquoi personne n’évoque cette étrange histoire par la suite ? Ce n’est pas forcément très important mais vu la durée du récit et l’entrée en matière avec cette séquence, il est dommage de ne pas revenir dessus.

Les trois histoires non connectées entre elles forment un ensemble particulièrement appréciable ! On peut les intercaler aisément entre Année Un et Un Long Halloween, une aubaine pour s’insérer dans une chronologie toujours complexe du Chevalier Noir. Néanmoins, aucun des trois récits n’est foncièrement indispensable ou mémorable, on les aime surtout pour leur aspect graphique et pour l’introduction plus ou moins officielle dont ils font preuve du diptyque culte à venir.

Le court récit Nuit après nuit, à nouveau dessiné par Tim Sale mais avec cette fois Kelley Puckett au scénario, conclut l’ouvrage (il est proposé après Catwoman à Rome, cf. critique ci-dessous) — il est aussi dans Batman Black & White. Semic l’avait inclus également dans le premier tome de Halloween, accompagné de Quand Clark rencontre Bruce, de Sale et Loeb (absent, en revanche, de la version d’Urban Comics). Le premier est anecdotique là où le second est assez touchant malgré sa très courte durée (deux planches !) mais touche un point sensible efficacement « quand Clark rencontre Bruce » lorsque tous deux sont enfants.

CATWOMAN A ROME


(Nouvelle couverture d’Urban Comics qui a réédité le titre à part le 14 janvier 2022)

[Contexte — cf. Un Long Halloween et Amère Victoire pour plus de détails — attention aux révélations si vous ne les avez pas lus]
Dans Un Long Halloween, le tueur Holiday sévissait les jours de fête. Il fut identifié et emprisonné. Cette affaire eut plusieurs dénouements tragiques : le procureur Harvey Dent devint le terrible Double-Face, Carmine Falcone (le parrain intouchable de Gotham City) fut tué par Dent, sa fille Sofia se retrouva paralysée suite à une chute et un combat contre Catwoman.

Dans Amère Victoire, Selina Kyle se rend aux funérailles de Carmine Falcone. Parallèlement, son idylle avec Bruce Wayne vacille : ce dernier est froid et distant. Catwoman propose à Sofia Falcone de retrouver le corps de son père, mystérieusement disparu, contre un million de dollars. Son enquête la pousse à demander de l’aide au Sphinx, tétanisé de peur. La féline est ensuite assommée et sauvée in extremis par Batman. La relation ambigüe entre les deux prend fin et Selina/Catwoman disparaît ensuite (chapitre 5).

Elle réapparaît en fin de récit (chapitre 13 — qui aurait dû être inclus dans Des ombres dans la nuit selon le site de l’éditeur mais qui ne l’est finalement pas) où Batman, qui la suspecte d’être « la tueuse au pendu », l’interroge pour savoir pourquoi elle est proche de Sofia et où elle était passée depuis trois mois (elle quitte Gotham pour l’Italie peu après la Saint Valentin et revient en mai pour la Fête du Travail). Plus tard, on comprend qu’elle était en Italie pour enquêter sur ses origines : elle est persuadée d’être la fille de Carmine Falcone, donc la demi-sœur de Sofia et culpabilise d’avoir causé le handicap et la défiguration de celle-ci. C’est ce voyage de plusieurs semaines, où elle fut accompagné du Sphinx, qui est narré dans Catwoman à Rome.

[Histoire]
Selina Kyle envole pour Rome, accompagné du Sphinx qui — elle en est persuadée — pourra l’aider à résoudre le mystère de sa vie et ses origines. Pourtant, à peine arrivés, des signes rappelant la galerie d’ennemis de Gotham City surgissent…

[Critique]
Voilà un voyage en Italie doublement rafraîchissant. Graphiquement d’une part, grâce à ses teintes plus chaudes car ici la colorisation est assuré par Dave Stewart et non Gregory Wright (à l’œuvre sur Nuits d’Halloween et le diptyque culte). On y retrouve moins le style « à plat » conférant une ambiance sombre. La légèreté de l’ensemble est assurée par l’écriture d’autre part, avec quelques situations absurdes amusantes et des dialogues épicés agréables (le caractère de Selina lui forge une vraie personnalité intéressante).

L’objectif de Selina Kyle se devine aisément si l’on a lu Amère Victoire avant, il est donc conseillé de lire Catwoman à Rome entre Un Long Halloween et sa suite. Cela permet de mieux comprendre sa position en retrait le long de l’histoire d’Amère Victoire. Toutefois, même si l’ensemble est sympathique, on est loin d’atteindre la maestria des autres travaux du binôme artistique.

Quelques défauts sont en effet à mettre en avant : le scénario est un peu confus, le duo original (Catwoman et le Sphinx) a du mal à prendre, l’ennemie Cheetah dénote un peu par sa « fantaisie » dans un univers jusque là assez réaliste et tout va très vite (le récit s’étale sur six chapitres, chacun correspondant à une journée). Le traitement de la femme fatale est plutôt juste, même s’il y a un peu trop de poses sexistes/dénudées gratuites (accompagnées d’un humour redondant assez plombant, voire carrément beauf, sur les formes de la belle)…

L’absence du Chevalier Noir est nullement problématique, d’autant qu’il apparaît plusieurs fois sous formes de fantasme, tant l’obsession envers Batman par Catwoman est très présente. Curieusement, on comprend que Selina Kyle a beau sortir avec Bruce Wayne, elle ne réalise pas qu’il est le Dark Knight, qu’elle croise pourtant souvent sous son alias félin (surtout quand on lit les deux volumes annexes).

Néanmoins Catwoman à Rome est un spin-off intéressant (mais pas indispensable) à Un Long Halloween et surtout Amère Victoire, pour illuminer une zone d’ombre durant ce dernier. De là à débourser 35€ pour le lire, avec trois autres histoires one-shot sur la Fête des Morts, c’est peut-être un peu trop élevé… Une édition « à part » aurait été plus judicieuse pour scinder les deux segments (Nuits d’Halloween et Catwoman à Rome donc) qui n’ont pas de liens entre eux. L’ancienne version de Panini Comics était vendue à 13€, prix tout à fait correct. En revanche, et c’est une coutume chez cet éditeur, surtout quand il s’occupait de DC Comics, aucune contextualisation ! Ni en introduction ni dans les biographies des auteurs, il n’était absolument pas expliqué l’enjeu ni l’histoire parallèle, un comble.

[Conclusion de l’ensemble]
Des ombres dans la nuit est un très bon comic sur Batman puis Catwoman, indéniablement. Néanmoins il n’est pas aussi indispensable qu’on pourrait le croire (il est souvent qualifié de troisième tome incontournable après Un Long Halloween et Amère Victoire, il n’en est rien). L’ouvrage aurait gagné à être publié en deux tomes complètement distincts : un spécialement sur Halloween, un autre sur Catwoman. Le fait « d’imposer » les deux dans un ouvrage assez onéreux (même si séparés cela revenu à un prix similaire) est un peu dommage, d’autant qu’ils ne sont liés entre eux que par l’équipe artistique et non par la narration (on pourrait même les qualifier de Tome 0 puis de Tome 3 pour correspondre à l’ensemble des aventures conçues par Sale/Loeb — mais comme vu, aucun des deux n’est vraiment incontournable). La logique du marché est toutefois très compréhensible…

L’ensemble se connecte habilement aux origines retravaillées par Frank Miller dans Année Un et se situe donc assez rapidement dans la chronologie des titres à lire. Une galerie de couverture et de croquis ferment l’ouvrage.


[À propos]
Publié le chez Urban Comics  le 10 janvier 2014.
Précédemment publié chez Semic et Panini Comics.

Scénario : Jeph Loeb
Dessin : Tim Sale
Couleurs : Gregory Wright et Dave Stewart
Traduction : Alex Nikolavitch Racunica / Ed Tourriol / Makma (pour Semic)
Première publication originale en 1994, 1995 et 1996 dans Batman: Legends of the Dark Knight Halloween Specials

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Superman / Batman – Tome 02

Suite et fin des aventures de l’Homme d’Acier et de l’Homme Chauve-Souris, entamées dans le premier tome et également scénarisées par Jeph Loeb. Les chapitres #14 à #26 de l’artiste forment son run et conclut cette « mini-série ». *

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[Histoire]
Pouvoir Absolu
Dans ce qui s’apparente à une réalité alternative, Batman et Superman ont été élevés par trois autres personnes, dotées elles-aussi de pouvoirs, et ont fait du célèbre duo de justiciers les hommes les plus puissants du monde, de véritables tyrans dirigeant la Terre sans aucun état d’âme.
Wonder Woman se charge de « réveiller » quelques anciens alliés qui pourraient affronter et venir à bout du binôme dictatorial. Mais chaque fois que l’un des deux anciens justiciers semble être vaincus, les deux frères voyagent dans une autre dimension, totalement différente du monde « classique ».

La Fille d’Acier
Superman et Batman surveillent de loin Kara, la cousine de l’Homme d’Acier, dernière survivante de Krypton. Pour Superman, c’est l’inquiétude qui règne, il veut savoir si cette nouvelle Supergirl peut se débrouiller seule ou s’il doit continuer de la couver. Pour Batman, c’est toujours l’occasion de garder un œil méfiant sur une potentielle force incontrôlable. Mais une autre personne surveille la jolie jeune fille…

Vengeance
Batman et Superman, aussi bien les héros « originels » que leur double maléfique (de Pouvoir Absolu), continuent d’alterner les dimensions et les réalités et croisent d’autres versions d’eux-mêmes plus atypiques : un Batman au féminin, le Superman russe (de Red Son), ou encore Batzarro et Bizarro. Tous ces personnages se combattent et dérivent dans de multiples dimensions, où ils croisent d’autres « héros » : les Maximums notamment, qui seront récurrents, et éphémèrement Jonah Hex, Kamandi, La Légion des Super-Héros, etc. Tour à tour ennemi ou allié. Mais un autre duo se cache derrière ce jeu diabolique, mêlant magie et manipulation…

In Memoriam
Robin se rappelle d’une de ses dernières aventures avec Superboy, quand ils étaient partis à la recherche de Toyman.

Souvenirs de Sam
Le père de Clark Kent se remémore la jeunesse de son fils à Smallville, à l’époque où il côtoyait un de ses amis, Sam, qui était atteint d’un cancer.

superman batman tome 02

[Critique]
Pouvoir Absolu fait partie de ces quelques elseworlds (univers alternatifs) intrigants et réjouissants puisque les figures super-héroïques de Batman et Superman que l’on connaît sont cette fois l’équivalent de dictateurs (leurs anciens alliés sont essentiellement morts, pas forcément par leur faute, et d’autres vont devenir une résistance — ce qui n’est pas sans rappelé la saga Injustice – Les Dieux sont parmi nous). Passé l’effet de surprise, on constate un enchaînement de réalités différentes un peu trop rapide, sans réelles explications suffisantes. La connexion avec le Superman du futur, intervenu en début du premier tome, permet de garder un (léger) lien cohérent entre toutes ces histoires. Même si les cinq chapitres sont largement suffisants pour couvrir ces nouvelles versions du tandem, une plus large exploration de ces univers originaux n’aurait pas été de trop. Au contraire, pour une fois que les « bases » changeaient, il eut été intéressant de les approfondir davantage.

Ce principe sera repris dans Vengance, enchaînant les « tunnel boom » et les voyages dans les dimensions, dans une confusion totale et sans réelle fluidité, avec en prime Bizarro et Batzarro et leur langage vite agaçant (une plongée dans l’absurde trop poussée). Les Maximums sont, quant à eux, clairement revendiqués comme étant une parodie des… Avengers de Marvel (un géant nordique, une femme guêpe petite, un soldat patriote, un enfant se transformant en monstre géant vert, etc.) ! Si l’ensemble est assez indigeste, il est paradoxalement assez « palpitant » car mieux écrit au fur et à mesure, bien rythmé, parfois drôle mais plutôt habile dans sa manière d’amener le lecteur à vouloir connaître la fin et qui tirent les ficelles dans l’ombre. Il s’agit du Joker et de « Mr Mxyztplk », rappelant Empereur Joker, dans lequel le Clown du Crime avait déjà requis à la magie pour satisfaire ses plans. Une œuvre à lire donc de préférence avant ce Superman / Batman. Bourré de références à l’univers DC Comics (de l’âge d’argent) avec tous les rôles tertiaires intervenants, cette Vengeance est tout de même compliquée, dessinée à nouveau par Ed McGuiness qui avait opéré dans la première partie du l’opus précédent. Avec par conséquent son style très cartoonesque, des traits très épais, des musculatures immenses et ainsi de suite. Un parti pris délicat, pas forcément séduisant, au contraire (qui ravira tout de même les adeptes du style, évidemment). La conclusion « définitive », en une seule case, est plutôt décevante.

Maximums Batman Superman

La Fille d’Acier (située entre les deux grands arcs ci-dessus) est un agréable rappel à Le Trésor du tome précédent, extrêmement bien dessiné par Ian Churchill (malgré un corps féminin très longiforme, torse presque élastique et un peu sexué), mais malheureusement la suite sera à découvrir dans Infinite Crisis tome 4 et 5. Sachant que l’histoire de son arrivée sur Terre faisait déjà écho à Infinite Crisis, c’est presque devenu une lecture parallèle obligatoire, dommage.

In Memoriam fait intervenir pléthore d’artistes, avec au scénario : Sam, Jeph et Audrey Loeb, Geoff Johns, Brian K. Vaughan, Allan Heinberg, Paul Levitz, Mark Verheiden, Richard Starkings, Brad Meltzer, Joe Kelly, Joe Casey et Joss Whedon ! Les dessins ne sont pas en reste avec à nouveau Ed McGuiness, Ian Churchill, Carlos Pacheco et Tim Sale, mais aussi Jim Lee, Pat Lee, Mike Kunkel, Duncan Rouleau, Rob Liefeld, Joe Madureira, Art Adams, Joyce Chin, Jeff Matsuda et John Cassaday. Ce concept cache en fait une triste réalité, Sam Loeb, 17 ans, fils de Jeph, avait commencé à scénarisé ce chapitre avant de décéder d’un cancer. Toute la galerie citée ci-dessus est alors intervenue pour achever cette petite histoire (chacun opérant sur une ou deux planches), assez drôle et émouvante par ailleurs, même si la fin nous laisse justement… sur notre faim. L’ouvrage se termine par un autre court récit extrêmement triste, Souvenirs de Sam, qui met à l’honneur un jeune ami de Clark Kent, un certain Sam, forcément, atteint d’un cancer et qui va inexorablement rendre l’âme. Un bel hommage d’un père à son fils, dessiné par le fidèle Tim Sale.

Superman Batman 26

Malgré cette (fausse) fin, plusieurs éléments restent en suspens après ces deux tomes : quid de l’enquête sur le meurtrier des parents de Bruce Wayne ? Comment est mort Superboy ? Que devient Lex Luthor ? Que devient Supergirl ? Pour les deux dernières questions, les réponses sont à priori dans Infinite Crisis, mais peu importe, cela reste assez frustrant. Si le premier tome était une bonne entrée en matière et que celui-ci poursuit efficacement dans la moitié de son récit et les petits chapitres supplémentaires sa route, le contenu total n’est quand même pas « extraordinaire ». Passé la surprise des débuts alternatifs, la suite sera réjouissante par moment (la narration monologue des deux super-héros, toujours efficace ; le retour éphémère de Supergirl et les morceaux d’humour et de tristesse de la fin), mais pénible par d’autres (l’incompréhension globale du second arc, un premier expéditif et mal exploité). Assez inégal donc, de même que pour la partie graphique, plutôt réussie et visuellement attractives dans La Fille d’Acier, In Memoriam et Souvenirs de Sam (soit un quart de l’ouvrage seulement) ce sera moins le cas, pour Pouvoir Absolu, dessinée par Carlos Pacheco, plutôt classique mais parfois inspirée (dans ses découpages notamment), voire l’inverse pour Vengeance, comme évoqué plus haut.

Impression mitigée donc, une lecture à réserver pour ceux qui ont adoré le premier tome, les amoureux de Jeph Loeb ou les inconditionnels des aventures dystopiques, même un peu « farfelues » et confuses, du duo iconique de DC. Pour les autres, une suite originale mais pas forcément réussie et attractive, au contraire, ainsi qu’une certaine frustration sur les fins.

Superman kill Wonder Woman

* la série a continué après le départ de Jeph Loeb et s’est étalée sur près de 90 chapitres jusqu’en 1986. Urban Comics a choisi de ne publier que les 26 premiers chapitres de Superman / Batman, écrit donc par Jeph Loeb.

[A propos]
Publié en France chez Urban Comics le 4 mars 2016
Titre original : Absolute Superman/Batman 2
Scénario : Jeph Loeb (et collectif pour In Memoriam)
Dessin : Carlos Pacheco (Pouvoir Absolu), Ian Churchill (La Fille d’Acier), Ed McGuiness (Vengeance), Tim Sale (Souvenirs de Sam) et collectif (In Memoriam)
Couleur : Laura Martin (Pouvoir Absolu), Christina Strain (La Fille d’Acier) et Lee Loughridge (Vengeance ch. 1 et 2), Dave McCaig (Vengeance ch.3 à 5 + conclusion), Jose Villarrubia (Souvenirs de Sam) et collectif (In Memoriam)
Encrage : Jesus Merino (Pouvoir Absolu), Nrom Rapmund (La Fille d’Acier), Dexter Vines (Vengeance) et collectif (In Memoriam)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)
Traduction : Nicole Duclos et Mathieu Auverdin (Studio Makma)

Titre des chapitres :
Pouvoir Absolu – Chapitre 1 à 4 + conclusion (Superman/Batman #14 à #18)
La Fille d’Acier (Superman/Batman #19)
Vengeance – Chapitre 1 à 5 + conclusion (Superman/Batman #20 à #25)
In Memoriam (Superman/Batman #26)
Souvenirs de Sam (Superman/Batman #26)

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