Batman Detective Infinite – Tome 04 : La Tour d’Arkham | 2ème partie

Suite et fin de La Tour d’Arkham (cf. tome 3) mais aussi de l’entièreté de la série Batman Detective Infinite ; critique et bilan.

[Résumé de l’éditeur]
La tour d’Arkham a tenu ses promesses… pendant quelques jours seulement. Le Dr Wear et le mystérieux Dr Ocean commencent à perdre le contrôle de leurs patients – qui se trouvent être les plus violents meurtriers de Gotham – et des irruptions de violence spontanées éclatent. Qu’ils soient infiltrés à l’intérieur de la tour ou essayant de circonscrire le danger qu’elle représente à l’extérieur, la Bat-Famille a fort à faire pour tenter de percer les secrets de la tour, et d’éviter que sa folie ne se déverse sur la ville.

[Critique]
Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, c’est amplement suffisant. Ce quatrième et dernier opus compile d’ailleurs trois récits : la suite et fin de La Tour d’Arkham (six chapitres), Les Sept (trois épisodes) et House of Gotham (les back-ups poursuivant cet excellent récit entamé dans le tome précédent). La Tour d’Arkham occupe donc une place importante (aussi bien la fiction que le lieu en lui-même dans le livre) et permet de conclure plus ou moins correctement ce qui était annoncé depuis le deuxième opus. En synthèse : la machination orchestrée par Wear et son complice, le fameux Psycho Pirate, est déjouée par les alliés du Chevalier Noir.

On retrouve une narration assez convenue bien qu’elle continue de ne pas être chronologique avec une mise en avant agréable de la Bat-Famille infiltrée de différentes façons dans le fameux bâtiment. Quelques surprises sont au rendez-vous (difficile d’en dire davantage sans gâcher un peu l’immersion) mais la finalité revient toujours à l’éternel statu quo habituel, malgré l’absence de lieux emblématiques (le Manoir Wayne et l’Asile d’Arkham donc) ainsi que ce qui est plus ou moins bien exploré dans les séries Batman Infinite et Batman Detective Infinite depuis quelques temps : Wayne n’est plus milliardaire (mais ça ne change quasiment rien à ses aventures), Gotham tente toujours de se rétablir des milliers de problèmes inhérents à la ville (ses fous, ses meurtriers, ses attentats…). En soit c’est donc mi-figue, mi-raisin.

Mariko Tamari renoue avec ses bons éléments de l’opus précédent : une dimension chaotique et une place importante aux alliés de Batman. Les dialogues fonctionnent bien à défaut de l’intrigue globale toujours plus ou moins « classique » même si on apprécie, par exemple, le retour de l’Épouvantail et son fameux look si singulier de l’ère Infinite. Harley Quinn (on n’a toujours pas compris si c’était la vraie ou non) est présente aussi et ajoute une certaine légèreté bienvenue. Sur les quatre volumes, on conseillerait donc uniquement les deux derniers, formant un tout complet et globalement agréable (malgré la perception peut-être sévère de prime abord de la critique du volet précédent et de celui-ci ; tout n’est pas parfait mais en lecture « à la suite » c’est quand même pas trop mal avec un rythme prenant – mais attention, il faudra débourser 45 € mine de rien !).

Côté dessin, les premiers chapitres sont à nouveau de Max Raynor (deux épisodes) puis Amancay Nahuelpan (cinq chapitres). Ivan Reis s’occupe de la suite (cf. ci-après). L’ensemble est homogène visuellement même si moins soigné que le précédent volume (Reis y occupait une plus grande place) mais Nahuelpan n’a pas à rougir. La partie brutale et (souvent) épique fonctionne bien, que ce soit dans les combats, les chutes ou les poursuites. Quelques poses iconiques font mouche et la colorisation (Luis Gerrero puis Jordie Bellaire) apporte l’aspect « comic book » idéal.

Le titre Les Sept (co-écrit avec Nadia Shammas) place Le Sphinx comme nouvel antagoniste de cette enquête en trois chapitres plutôt intrigante et « indépendante » avant d’être connectée au récit sur la Tour d’Arkham. Une sorte de « seconde conclusion » pas inintéressante mais pas non plus flamboyante ou passionnante. On apprécie en revanche le côté détective de Batman et la présence de Bruce en civil plus prononcé même si l’ensemble est un peu rapide. Comme souvent, il subsiste aussi cette sensation de rester sur notre faim/fin : la fiction devrait amener à une suite (peut-être développée dans Batman Nocturne – premier tome prévu en juillet – mais il s’agira d’un tout autre run d’un nouvel auteur, Ram V, alors cela étonnerait). Quid des conséquences ? Quid de Nakano ? Quid du parasite et de quelques éléments soulevés au début de la série (le fameux parasite) ?

Reste une histoire joliment dessinée (par Ivan Reis, en grande forme – cf. image ci-dessous et, surtout, celles en seconde partie de la sélection sous la critique, les quatres avec Batman) qui devrait satisfaire les fans du Riddler et de Talia al Ghul, revenant éphémèrement aux côtés de Batman pour l’occasion qui, lui, tient à nouveau le premier rôle dans ce segment. On retrouve aussi Deb Donovan, la journaliste assez présente au début de la série. C’est un complément important qui a toute sa légitimité dans le volume même si la position atypique du Sphinx pourrait être tenue par quelqu’un d’autre. Lui aussi bénéficie d’un nouveau look pour le moins amusant.

À l’instar du volume précédent, c’est plutôt la suite (et fin) des back-ups (House of Gotham) qui est pertinente. On retrouve donc le jeune garçon (toujours sans prénom) dont les parents avaient été tués par le Joker « grandir » dans Gotham City. Cette fois, il croise Bane (durant la saga Knightfall) et doit survivre et s’émanciper à sa façon quand la ville est coupée de tous (durant No Man’s Land, évidemment) ; de quoi revisiter les temps forts de la chronologie de Batman en ajoutant d’autres ennemis plus ou moins secondaires (Killer Croc en tête mais d’autres apparaissent) et bien sûr certains alliés ou antagonistes mythique (Jean-Paul Valley, Huntress…). L’adolescent inconnu poursuit sa survie en comprenant mieux les méandres de la ville et son fol espoir d’être à l’équilibre entre le Bien et le Mal (bien sûr, c’est plus complexe que cela).

Les trois Robin (Dick, Jason et Tim) sont également présents, les échanges entre tout ce beau monde sont percutants, la fiction se permet même quelques retournements de situations pas trop prévisibles et seule sa fin un brin abrupte (mais également « forte ») peut décevoir. Comme on le soulignait dans la critique de la première partie, c’est un titre qui mériterait totalement une publication à part ; ce n’est peut-être pas assez « vendeur » pour de la librairie mais en terme de contenant on y retrouve un peu plus de 120 pages (soit… deux One Bad Day !) alors ce n’est pas inenvisageable (et rejoindrait instantanément les coups de cœur du site). À défaut d’être accessible dans un seul livre relié et non en complément d’une autre histoire, délicat de conseiller l’achat de deux volumes (soit 45 € tout de même) pour savourer « principalement » cette histoire connexe si le reste ne vous séduit pas…

Une fois de plus on apprécie fortement les sublimes couvertures des chapitres d’Irvin Rodriguez et cette folle impression de photo-réalisme (cf. première ligne ci-après). Malheureusement Urban en propose moins en fin d’ouvrage dans les traditionnels bonus, il y en a qu’une seule de Lee Bermejo par exemple (non proposée ci-dessous, il s’agit donc de trois VO inédites) – cliquez pour agrandir et sauvegarder si vous le souhaitez 😉
Ce curieux choix provient peut-être du coût de fabrication (et donc de vente) du livre qui aurait passé un palier de nombre de pages additionnelles et, de facto, un prix encore plus élevé…


[À propos]
Publié chez Urban Comics le 3 février 2024.
Contient : Detective Comics 1053-1061 + back-ups

Scénario : Mariko Tamaki, Nadia Shammas, Matthew Rosenberg
Dessin & encrage : Max Raynor, Amancay Nahuelpan, Ivan Reis, Fernando Blanco
Encrage additionnel : Danny Miki
Couleur : Luis Gerrero, Jordie Bellaire, Brad Anderson

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : MAKMA (Gaël Legeard, Michaël et Stephen Boschat)

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(À noter que dessin a été repris pour la couverture de ce quatrième tome
(tout comme celle du troisième était déjà une image provenant de la série – et issue du deuxième volume).)

Un commentaire

  1. Je n’avais pas lu et merci pour ce contenu détaillé.
    Du coup, les deux derniers tomes m’intéresse, on attendra une réduction.
    J’aime beaucoup les histoires intermédiaire de ces récits après elles moins accessibles car il nous faut toujours les avoir dans un run où des kiosques bien mensuels.
    Ceux que j’appréciais plus sont ceux de Paul Dini qui se lisent en aparté mais qui forment un run complet.
    Merci pour le retour

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