Archives de catégorie : Batman

Batman Detective Comics – Tome 02 : Le syndicat des victimes

Après une introduction sympathique mais sans plus – à saluer notamment pour le capital sympathie de son équipe de justiciers et l’ensemble des dessins plutôt corrects mais à déplorer sur son scénario plutôt moyen et prévisible –, que vaut la suite de la série Batman Detective Comics ? Cette seconde salve est nettement plus réjouissante et la série prend son envol avec brio ! Critique et explications.

[Résumé de l’éditeur]
Pour faire face aux nombreuses menaces que doit affronter Gotham, Batman peut à présent compter sur une nouvelle équipe d’alliés. Entraînés par Batwoman – la cousine de Bruce Wayne –, Spoiler, Gueule d’argile et Orphan enchaînent les ennemis. Mais au cours de leur croisade, il arrive qu’il y ait des pertes civiles, et les justiciers vont maintenant devoir en assumer les conséquences, car le Syndicat des Victimes compte bien leur faire payer.

[Critique]
Quel plaisir de savourer cette suite d’aventures qui gomme quasiment tous les défauts du tome précédent. Si l’intégralité de ces deux volumes avaient d’ailleurs été rassemblés en un seul dès le début, l’enthousiaste initial aurait été plus fort. En effet, cette fois on prend le temps de bien suivre chaque protagoniste, leurs échanges au sein de l’équipe permet d’être (enfin) plus familier avec chacun d’entre eux. L’équilibre est plus juste, avec une très intéressante évolution pour Stephanie Brown, alias Spoiler (on retrouve chez la jeune fille son côté « moins héroïque » de la continuité habituelle, cf. période pré-Jeux de Guerre, quand elle désobéissait à Batman).

Le tome se décompose en deux récits : Le syndicat des victimes (cinq chapitres) et Batwoman Begins (deux épisodes). Le premier embarque son lecteur dans la droite lignée des évènements de La nuit des monstres (eux-mêmes suivaient La colonie). Un groupe emmené par des victimes d’anciens affrontements entre le Chevalier Noir et ses ennemis met à mal l’équipe hétéroclite de Gotham : Batman, Batwoman, Spoiler, Orphan, Gueule d’Argile et désormais Batwing (Luke Fox, fils de Lucius) – Red Robin étant toujours considéré comme mort (même si la toute fin de l’épisode précédent révélait son statut, cassant toute dramaturgie possible).

C’est l’un des rares points faibles du titre : ces nouveaux « vilains » sont évacués un peu trop rapidement et leurs motifs restent assez sommaires, in fine. Néanmoins, ces victimes collatérals permettent une réflexion pertinente sur la croisade des encapés, à tel point que Spoiler effectue(ra) une sacrée remise en question. Si les combats sont eux aussi expéditifs, on note une certaine empathie pour deux vilains : leur chef (en couverture du comic) et Gueule de Boue (son nom explique déjà tout). L’intérêt est double puisque les justiciers ont chacun droit à une mise en lumière par le biais de leur parcours ou à travers le fameux Syndicat. Les projecteurs sont tournés vers Spoiler en tête puis Batwing, Orphan et Gueule d’Argile. Batman et Batwoman restent bien sûr sur le devant de la scène mais seront surtout au centre de la seconde histoire, un peu en deçà de la première (naviguant entre flashback et présent autour de la figure paternelle de Batwoman).

La composition de l’équipe était déjà inédite mais propose désormais une diversité bienvenue qu’on avait rarement vu en près de quatre vingt années de publications de comics sur le Dark Knight. Ainsi, les alliés de Batman sont, à ce stade, trois femmes, dont une asiatique (et une lesbienne si cela importe pour le lecteur) et deux hommes, dont un noir et un « difforme ». Une représentation bienvenue car elle n’est absolument pas forcée mais naturelle (et bien écrite, évidemment). Pas d’opportunisme donc (comme c’est parfois le cas) mais une sincère démarche de création artistique. On ajoute les quelques apparitions de Jean-Paul Valley et Renee Montoya en renfort lointain et discret et, davantage présente, Harper Row. Cette dernière a définitivement arrêté ses activités nocturnes (sous l’alias Sialia, anciennement Bluebird). Cela fait plaisir de la retrouver après ses premiers pas sous l’ère Snyder puis quelques séries annexes (au hasard Batgirl). En soutien de taille pour Spoiler, elle complète malgré elle toute cette équipe si hétéroclite.

Entre les convictions des uns, les hésitations des autres, la juvénilité de certains, les stratégies opposées des « anciens », Batman (peinant toujours à faire confiance entièrement à ses alliés) et Batwoman (davantage carrée grâce à son passif militaire et l’éducation de son paternel – toujours emprisonné), l’œuvre est riche en dialogues, une densité qui manquait clairement dans les précédents volets. Une pointe d’émotion – ou d’empathie à minima pour l’ensemble des protagonistes – se fait ressentir. On approuve vraiment tout cet aspect qui permet de livrer une bande dessinée qui sort des sentiers battus, croisant des intrigues et fractures au sein de la team.

Côté dessins, c’est un petit peu la foire : Alvaro Martinez, Eddy Barrows, Al Barrionuevo, Carmen Carnero, Ben Oliver et Szymon Kudranski se succèdent. Heureusement, cela ne change ni la cohésion d’ensemble, ni la beauté de chaque style – parfois mainstream, parfois plus indépendant, toujours soigneusement découpés et, surtout, brillamment colorisé. En synthèse, Le Syndicat des Victimes est une plongée passionnante entre réflexion et action, on espère le revoir ultérieurement car il mérite un traitement sur le long terme. En tout cas, on est plus réjouit de cette lecture que le premier volume et on le conseille, rejoignant même les coups de cœur du site.

[A propos]
Publié chez Urban Comics le 12 janvier 2018.
Également publié dans les magazines Batman Rebirth #4 à #7 (septembre à décembre 2017)

Contenu : Batman Detective Comics #943-949

Scénario : James Tynion IV, Marguerite Bennette (#948-949)
Dessin : Alvaro Martinez, Eddy Barrows, Al Barrionuevo, Carmen Carnero, Ben Oliver, Szymon Kudranski
Encrage : Raul Fernandez, Eber Ferreira, Al Barrionuevo, Scott Hanna, Julio Ferreira, Ben Oliver
Couleurs : Brad Anderson, Adriano Lucas, Ben Oliver

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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Batman – La Nuit des Monstres

Proposé comme un récit complet, La Nuit des Monstres se déroule en réalité juste après les premiers tomes de Batman Rebirth (Mon nom est Gotham), Detective Comics (La Colonie) et Nightwing Rebirth (Plus fort que Batman). La lecture de ces trois autres volumes est-elle obligatoire ? Que vaut La Nuit des Monstres en tant que volume unique et est-ce que ce récit est indispensable dans la mythologie du Chevalier Noir ? Découverte d’un titre publié aussi bien librairie que dans deux numéros du magazine Batman Rebirth (les #3 et #4).

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[Résumé de l’éditeur]
Tandis qu’une tempête aux allures de catastrophe naturelle approche de Gotham City, c’est entouré de ses fidèles alliés, avec Batwoman, Nightwing, Duke Thomas ou encore Spoiler, que Batman s’apprête à affronter une armée titanesque. Des monstres aux ordres d’une puissance inconnue et terriblement ingénieuse.

[Critique]
La nuit des monstres porte extrêmement bien son nom puisque le récit se déroule intégralement dans une nuit où, évidemment, les monstres sont de sortie. Cela permet d’avoir un rythme assez prenant en multipliant les points de vue : d’un côté Batman et Batwoman, d’un autre Orphan, Spoiler et Gueule d’Argile puis Nightwing rejoint par Gotham Girl. Les échanges fonctionnent très bien (Steve Orlando est chargé d’unifier les dialogues en épaulant chaque scénariste des trois séries qui constituent ce cross-over).

S’il n’y a pas spécialement besoin de lire ces fameuses séries (leur numéro un respectifs) pour la compréhension globale, attention à quelques révélations. On pense, entre autres, à la disparation de Red Robin (absent de La Nuit des Monstres) qui trouve son explication dans le premier tome de Batman – Detective Comics (La Colonie), la genèse de la constitution de la team atypique emmenée par Batwoman ou encore l’origine du personnage de Gotham Girl à découvrir dans le premier volume de Batman Rebirth (Mon nom est Gotham) ainsi  que les faits d’armes de Strange (voir plus loin). Peu de connexions avec la série Nightwing Rebirth en revanche.

Des héros, des monstres, une nuit agitée… Comme dit on va à l’essentiel et c’est efficace, chaque petit groupe de justiciers doit combattre une ou plusieurs créatures ou bien sauver des citoyens qui perdent petit à petit leur calme. Pire : il semblerait qu’en étant infecté, n’importe qui puisse se transformer en monstre ! Pour une fois, la couverture n’était pas trompeuse et dévoile même un enjeu intéressant : Nightwing lui-même va devenir une créature cauchemardesque !

Si la narration suit un sentier plus ou moins balisé mais plaisant, elle peine un peu à cerner l’ennemi derrière ces actes, à savoir Hugo Strange (déjà auteur de procédés similaires, cf. le réputé Batman et les Monstres ou La Proie d’Hugo Strange pour explorer ce vilain emblématique). Le célèbre Docteur est montré très rapidement en début d’ouvrage (musclant son corps de façon hallucinante grâce au Venin de Bane) avant de disparaître. Pourtant, le Chevalier Noir sait que Strange se cache derrière les créations des monstres et est évoqué tout le long sans qu’on sache réellement comment et pourquoi Batman l’a su (sauf si on a lu le premier tome de Batman Rebirth bien sûr). C’est probablement le point faible du titre (d’être un peu moins accessible sans les connaissances des tomes précédents de deux séries diverses) car au demeurant, on est séduit par les combats faces aux titans humanoïdes qui, parfois, permettent de belles compositions graphiques !

En effet, malgré les trois dessinateurs différents, l’ensemble n’est pas dénaturé par un style se démarquant trop des autres, à l’exception de Riley Rossmo, davantage épuré et éloigné d’une approche dite mainstream. Roge Antonio et Andy MacDonald confère une approche somme toute très classique mais efficace. L’intérêt se situant dans les impressionnantes pleines pages qui parsèment l’ouvrage (et ses couvertures alternatives et croquis de recherche en bonus à la fin), cf. nombreuses illustrations en fin de cette critique.

Les amoureux du destruction-porn, monstres improbables (on pense un peu à des kaijus) et autres grandiloquences improbables (des Tours Waynes transformées en armes de guerre – modifiées par Batman en prévision d’une attaque de ce genre, quel homme !). Gotham se retrouve une fois de plus à feu et à sang, rappelant les débuts de Batman Eternal (où officiait déjà le scénariste James Tynion IV, à l’œuvre sur la série Batman – Detective Comics  désormais) et quelques segments de Batman période Snyder.

En synthèse, La Nuit des Monstres (Night of the Monster Men) est une aventure nocturne sympathique, qui fait clairement le boulot, ça ne révolutionne rien mais ça change un peu côté équipes de super-héros – la coopération fonctionne plutôt bien ici, incluant Gueule d’Argile dans une métamorphose inédite. On n’a d’ailleurs pas l’impression de suivre trois séries différentes mais bel et bien une histoire cadrée et fluide.

A lire intrinsèquement en tant que récit complet, ça n’a pas trop d’intérêt mais à découvrir en pleine connaissance des autres séries gravitant autour, cela apporte un complément plus ou moins pertinent (notamment après les premiers volumes de Batman Rebirth et Batman – Detective Comics). Un divertissement qui sort un peu des sentiers battus et à prix correct (16€), c’est un donc un grand oui ici !

[A propos]
Publié chez Urban Comics le 20 octobre 2017
Également publié dans les magazines Batman Rebirth #3 et #4 (août/septembre 2017)
Contenu : Batman Rebirth #7-8 + Detective Comics #941-942 + Nightwing Rebirth #5-6

Intrigue : Steve Orlando, Tom King (Batman), Tim Seeley (Nightwing), James Tynion IV (Detective Comics)
Scénario : Steve Orlando
Dessin : Riley Rossmo (Batman), Roge Antonio (Nightwing), Andy MacDonald (Detective Comics)
Couleur : Ivan Plascencia (Batman), Chris Sotomayor (Nightwing), John Rauch (Detective Comics)

Traduction : Jérôme Wicky et Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat (studio MAKMA)

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Prélude à Joker War et autres récits complémentaires

En France, la saga Joker War a été publiée en librairie dans trois tomes. Mais aux États-Unis, d’autres épisodes se greffaient avec plus ou moins d’intérêt autour de ce crossover. Pour les lire, il faut se tourner vers d’autres séries, proposées soit en librairie, soit en semi-kiosque via Batman Bimestriel (les numéros #11 à #13 notamment). Récapitulatif, explications et critiques.

Tout d’abord, voici commence se décompose la saga en VO. en violet les tomes sortis en librairies, en bleus ceux en kiosque/magazine.

ROAD TO JOKER WAR (Prélude à Joker War)

  • Batman #90-94 : publié dans Joker War – Tome 1 et dans Batman Bimestriel #12 (renommé Le Plan D.)
  • Detective Comics #1022-1024 : publié dans Batman : Detective – Tome 04 : Un cœur hideux et dans Batman Bimestriel #13
  • Nightwing #70-73 : publié dans Batman Bimestriel #12

MAIN STORY (histoire principale)

  • Batman #95–100 : publié dans Joker War – Tome 2 et dans Batman Bimestriel #13 et #14

TIE-INS (récits annexes : pas obligatoires de les lire mais compléments parfois utiles)

  • Batgirl #47–50 : publié dans Batman Bimestriel #13 (sauf le chapitre 50)
  • Catwoman #25–26 : publié dans Batman Bimestriel #13
  • Detective Comics #1025–1027 : publié dans Batman : Detective – Tome 04 : Un cœur hideux (et le chapitre 1027 dans Tome 05 : Briser le miroir) et dans Batman Bimestriel #13
  • Nightwing #74–75 : publié dans Batman Bimestriel #12 (sauf le chapitre 75)
  • Red Hood Outlaws #48 : publié dans Batman Bimestriel #12
  • Batman: The Joker Warzone #1 : publié dans Joker War – Tome 2
  • Harley Quinn #75 publié dans Batman Bimestriel #12

Comme on peut le constater, il reste deux chapitres encore non publiés en France, la plupart des autres se trouvant dans les Batman Bimestriel #12 et #13. Tous ces chapitres n’ont pas encore fait l’objet d’une critique sur le site, difficile donc de savoir si on peut les qualifier d’indispensables ou non dans l’immédiat. Pour les plus complétistes, on peut noter que le prologue de trois pages de Joker War n’est pas inclut dans ce listing (Batman #85 (back-up)), il était proposé en guise d’épilogue dans le douzième et dernier volume de Batman Rebirth (on le trouve également en ouverture dans Batman Bimestriel #11).


Tome 1 : Batman #86-92 + Batman Secret Files #3
Tome 2Batman #95-100, Joker War Zone #1, Joker 100 pages Spectacular
Tome 3 : Batman #101-105, Batman Annual #5, Punchline Special #1

Par contre, on peut se tourner vers les trois tomes actuellement disponibles en librairie afin de découvrir Joker War (incluant une bonne partie de son prélude) et tous chroniqués sur ce site (cliquez sur les couvertures ci-dessus). On rappelle que les deux premiers tomes – qui se suffissent largement à eux-mêmes et forment un récit quasiment complet – remportent l’adhésion et sont un véritable coup de cœur (bien aidés par leur proposition graphique). Le troisième volume se compose de Batman #101-105, Batman Annual #5 et Punchline Special #1, des récits qui n’ont plus grand chose de liés à Joker War

Il est vrai que le choix éditorial d’Urban Comics est un peu étrange, cf. composition ci-dessus. Avoir nommé Joker War cette saga en pensant l’étaler sur plusieurs tomes était risqué puisqu’on savait qu’il s’agissait d’une histoire à peu près terminée avant sa publication. Le premier tome propose ainsi des chapitres introductifs (quatre Batman Secret Files #3 et les épisodes #86 à #89 de la série Batman, qu’on trouve également dans Batman Bimestriel #11) et en quatrième de couverture du troisième tome, il est spécifié « série en cours » (on attend donc légitimement un tome 4). Hors, l’éditeur a depuis précisé en réponse à un commentaire sur Facebook que Joker War était bel et bien terminée en trois volumes… La « suite » (les guillemets sont de mises car il s’agit bien de la continuité de la série Batman mais qui n’a plus du tout de lien avec la fameuse guerre du Joker) sera dans Batman Infinite (tome 1 prévu en janvier 2022), qui proposera donc les épisodes #106 à #111 de la série Batman. Tout le monde arrive à suivre ?

Le lecteur français a de quoi être davantage perdu car, plusieurs mois après la publication des tomes en librairies de Joker War, on peut découvrir dans Batman Bimestriel d’autres récits s’y connectant. Certains étaient déjà connus si on lisait la série Batman : Detective, d’autres sont complètement inédits et leur critique sera disponible sur cet article prochainement. Difficile de savoir s’ils vont être publiés ensuite en librairie, il y aurait moyen de constituer un tome 0 ou un 4 avec ce matériel…