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Batman : Joker War – Tome 3

Après deux excellents tomes (surtout le premier, le second baissant très légèrement en qualité), Joker War perd un petit peu de sa superbe dans son troisième volume. Explications et critique.

[Résumé de l’éditeur]
Le Joker est parvenu un temps à ses fins en prenant le contrôle de la ville et en ruinant Bruce Wayne ! Laissé exsangue à l’issue de leur combat, Batman doit désormais rebâtir sa vie et retrouver la confiance de ses alliés comme des citoyens de Gotham. Car de nouveaux ennemis, comme Punchline et le Ghost Maker ne vont pas lui laisser le temps de reprendre son souffle !

[Histoire]
Batman doit changer ses méthodes de travail, à commencer par un nouveau lieu : une résidence en plein centre de Gotham à la place de son traditionnel manoir. Suite aux chutes de l’Empire Wayne, Lucius Fox peut couvrir Bruce Wayne mais moins investir d’argent dans les équipements du Chevalier Noir.

Selina donne une année à son conjoint afin de régler les problèmes de sa ville ; à l’issue de ce temps, ils décideront de la façon de gérer leur vie de couple, c’est-à-dire en quittant Gotham ou en continuant leur double-vie respective.

Dans les rues, quelques zonards sous l’emprise de la toxine du Joker — appelés les Souriards — rôdent. Clownhunter a poursuivi sa vendetta et cherche à nuire à Harley Quinn quand un ancien adversaire de Batman surgit dans la métropole : Ghost-Maker. Ce dernier connaît parfaitement Bruce Wayne et sa double identité depuis des années !

Ghost-Maker et Batman semblent avoir passé un marché, Ghost-Maker ne devait jamais se rendre à Gotham. Oracle (Barbara Gordon) ne trouve rien sur ce mystérieux antagoniste…

[Critique]
Composé de sept chapitres (Batman #101-105, Punchline #1 et Batman Annual #5), cette troisième salve de Joker War est dans l’ensemble convaincante mais en deçà de ses prédécesseures. Les cinq chapitres de la série Batman (un épisode nommé Fini de rire ! puis quatre regroupés sous le titre Histoire de fantômes) forment une étrange narration étant à la fois une conclusion (aux deux tomes d’avant donc), un moment « de transition » (l’impression de stagner entre deux grandes histoires, une passée et une à venir) et… une introduction (la fin est ouverte et relance un peu la saga avec un nouvel allié notamment).

Parmi les trois personnages créés par James Tynion IV depuis le début de Joker War, on déplore l’absence de Punchline (elle sera au centre du récit dans le chapitre d’après qui lui est entièrement consacrée), on apprécie le cheminement de Clownhunter (il n’a pas suivi les directives de Batman, a continué de se venger mais refusera de mener à terme son objectif en écoutant… Harley Quinn — puis il disparaît, inaugurant un futur ambigu, on le souhaite en tout cas… — le dernier épisode du livre lui sera aussi dédié) et l’on est mitigé quant au traitement du fameux Ghost-Maker.

Littéralement sorti de nulle part, c’est un homme que connaît Bruce depuis son apprentissage exilé de Gotham. Ne jamais avoir été mentionné auparavant est toujours un peu risqué (on se souvient de Tommy Elliott dans Silence, davantage ami d’enfance que partenaire d’entraînement durant plusieurs années et donc plus plausible à une incursion de la mythologie du Chevalier Noir). Ici, on a du mal à « croire » que cet énigmatique antagoniste existe depuis des lustres… Techniquement irréprochable, au look futuriste soigné (étrange mélange d’Iron Fist et Moon Knight — donc plutôt chez la concurrence que DC), Ghost-Maker n’est finalement qu’un autre énième ennemi aux ambitions radicales proches d’un Ra’s al Ghul notamment (pas forcément incohérent vu le passif commun entre Bruce Wayne et Ghost-Maker). En gros : on tue les « criminels », pas de place aux sentiments et à l’émotion.

Un peu faible et trop stéréotypé comme caractéristiques, c’est dommage (pour pas dire incompréhensible) de la part d’un talentueux scénariste comme James Tynion IV de se vautrer dans ce genre de facilité d’écriture (que ce soit pour les origines de Ghost-Maker ou celles de Punchline justement — cf. tome 2). Attention à la révélation à venir si vous n’avez pas lu le comic (passez au paragraphe suivant si jamais) : en quelques cases lors de la conclusion de l’aventure, Ghost-Maker décide de rejoindre la croisade de Bruce/Batman et de devenir un de ses alliés ! Pourquoi pas dans le fond (et c’est vrai qu’on a hâte de revoir cet anti-héros — surtout s’il rencontre Red Hood avec qui il partage de nombreux points communs), mais c’est assez mal amené et trop abrupte comme décision.

Le développement de Ghost-Maker laissait un peu à désirer, ce retournement de situation plus ou moins improbable déçoit pas mal, même s’il amène à une situation (un petit peu) excitante quant à l’avenir des justiciers dans Gotham. S’il ne faut retenir que le bon de l’entièreté de ces cinq chapitres, on apprécie le rythme, toujours aussi efficace, les dialogues travaillés du premier épisode surtout (entre Fox et Batman puis entre Catwoman et son mari), une bonne partie des dessins (on y reviendra car une myriade d’artistes opère tour à tour) et un ensemble qui reste correct à défaut d’être réellement marquant (comme le furent davantage les deux premiers volets — après tout il n’y a plus de guerre ni de Joker dans ce qui faisait l’intérêt principale de cette… Joker War).

Le chapitre sur Punchline (Sur le devant de la scène) reprend ce qui avait été vu fin du tome précédent avec la vidéo virale d’Alexis/Punchline clamant son innocence. On retrouve la version civile de cette nouvelle compagne du Joker le temps d’un flash-back puis on la découvre davantage via l’écoute de ses témoignages par… Cullen Row ! Personnage très secondaire apparu dans La Cour puis La nuit des Hiboux (créé par Scott Snyder donc). Le jeune homme est fasciné par Punchline, ce qui inquiète sa sœur, Harper Row, alias Bluebird puis Siala. C’est une agréable surprise, on avait surtout vu cette récente alliée du Chevalier Noir dans la saga Batman Eternal.

A la veille de son procès, difficile de savoir si Alexis/Punchline a été manipulée par le Joker ou si elle était consciente de la gravité de ses actes et donc complice. Leslie Thompkins (proche d’Harper Row) est consultée à titre professionnelle pour analyser la psychologie de l’accusée. Une foule de fans de Punchline clame sa libération et s’organise devant le tribunal où se tient son jugement. L’ensemble se tient bien, reste agréable à lire et n’a qu’un (gros) défaut : il n’y a pas de fin concrète ! C’est même indiqué : « Fin… et commencement. » On a clairement lu une introduction qui a étoffé un personnage intéressant (mieux que dans le tome 2) mais, hélas, se termine trop vite (on ignore le résultat du jugement, ce que font faire Harper et son frère, etc.), c’est très frustrant !

Enfin, l’ultime épisode qui clôt l’ouvrage, Il reste un espoir à Crime Alley (Batman Annual #5) s’attarde sur Bao, alias Clownhunter. La mort de ses parents causée par le Joker est enfin révélée tout en poursuivant son évolution globale puisque l’adolescent se rend chez Leslie Thompkins suite aux recommandations de Batman. En plus d’étoffer un protagoniste plutôt intéressant, le véritable tour de force de ce segment est son approche graphique, signée James Stokoe (aussi bien aux pinceaux qu’aux couleurs). Son style tranche avec les productions comics habituelles, mixant un improbable mélange entre Geof Darrow (The Shaolin Cowboy), Juan Jose Ryp (la trilogie Black Summer – No Hero – Supergod et aperçu dans le tome 7 de Batman & Robin), Franck Quitely (L’Autre Terre) et même un peu de Paul Pope (Batman – Année 100). En résulte un aspect à la frontière du surréalisme et de l’horrifique, un régal (qui ne plaira pas à tout le monde) !

Côté dessins justement, sur ce tome 3, Jorge Jimenez est malheureusement absent, remplacé par quelques valeurs sûres, comme Guillem March (#101, #103, #104) et Carlo Pagulayan par exemple (#102, #103, #105) puis par une armée d’artistes opérant parfois sur les mêmes épisodes : Carlos d’Anda (#102), Alvaro Martinez (#105), Christian Duce (#105), Ryan Benjamin (#104), Bengal, (#104) Mirka Andolfo (Punchline #1) et enfin James Stokoe (Batman Annual #05) ! En conservant Tomeu Morey à la colorisation le temps du premier épisode on retrouve un peu l’univers visuel instauré initialement mais Jimenez manque cruellement à l’ensemble (il reviendra dans le quatrième tome — qui sortira dans un délai plus long, le chapitre #106 étant prévu en mars 2021 après une pause liée à l’évènement Future State). David Baron s’occupe des couleurs d’autres chapitres (#102, #103, #104, #105), secondé par Romulo Fajardo Jr. et James Stokoe pour la suite et fin. Parmi les couvertures alternatives proposées en fin d’ouvrage, on retient celles de Francesco Mattina, superbes à tous points de vue.

En synthèse, ce troisième volet de Joker War 3 se lit très bien mais pêche pas un scénario plus convenu, un manque d’audace et une non-homogénéité graphique globale (qui reste qualitative tout de même — cf. les images illustrant cette critique). Les deux derniers chapitres, nettement plus longs, relèvent le niveau des précédents qui ne sont pas désagréables en soi mais loin d’atteindre les moments épiques des deux premiers tomes, que ce soit à l’écriture ou aux pinceaux. Sorte d’épilogue poussif avec l’insertion maladroite d’un antagoniste (à deux doigts d’une continuité rétroactive), on attend malgré tout ma suite avec impatience, surtout que les premières images sont alléchantes. Rendez-vous probablement fin 2021 pour la découvrir.

[A propos]
Publié chez Urban Comics l 16 avril 2021
Contenu : Batman #101-105, Batman Annual #5, Punchline Special #1

Scénario : James Tynion IV (+ Sam Johns)
Dessins : collectif (cf. article)
Encrage additionnel : Danny Miki
Couleur : collectif (cf. article)

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : MAKMA (Sarah Grassart et Stephan Boschat)

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Batman : Joker War – Tome 1

Se déroulant après la très longue série Batman Rebirth (12 tomes), Joker War se veut accessible (il l’est) et relançant l’univers du Chevalier Noir avec plusieurs nouvelles bases inédites (détaillées dans la critique). Pas besoin de se farcir les tomes de Rebirth pour profiter de cette nouvelle « guerre » mais un rappel d’informations est nécessaire, habilement évoquées en avant-propos par l’auteur James Tynion IV, qui succède à Tom King et Scott Snyder (tout en ayant été un de leur complice par le passé). Critique.

[Résumé de l’éditeur]
À présent que la ville de Gotham est libérée du joug de Bane, Batman et Catwoman ont décidé de s’associer pour rendre la justice dans la ville déchue. Mais une affaire ancienne qui a impliqué la féline cambrioleuse et les plus grands ennemis du Chevalier Noir menace de refaire surface quand le Designer, un super-vilain oublié, fait sa réapparition. Selina va devoir faire un choix entre ses anciennes et ses nouvelles relations.

[Histoire]
Dans un passé plus ou moins proche puis de nos jours, Batman combat quatre mercenaires redoutables : Cheshire, Merlyn, Mr Teeth et Gunsmith. Le Chevalier Noir les « retrouve » ensuite sous l’égide du terrible Deathstroke. Que prépare le fameux Slade Wilson ?

En parallèle, Catwoman, le Pingouin et le Sphinx reprennent contact pour évoquer un mystérieux souvenir incluant le Joker et un certain « Designer ».

Alternant les affrontements et les enquêtes, Batman ne comprend pas où veulent en venir ses ennemis, tous se jouent de lui et restent énigmatique quant à leur objectif.

Le Clown Prince du Crime se cache pourtant derrière ces nouvelles manipulations, aidé par Punchline, sa nouvelle compagne. Le Joker connaît en effet l’identité du justicier de Gotham et compte bien en profiter !

[Critique]
Coup de cœur ! C’est réjouissant de débuter (enfin !) une « nouvelle » aventure du Chevalier Noir avec autant d’intérêt et d’aisance. D’entrée de jeu, on sait que Joker War s’annonce différent de bon nombre de productions récentes (à la qualité variable). En effet, le comic-book propose de multiples nouveautés à tous points de vue. Ainsi, quatre personnages ont été conçus : Mr Teeth (alias Mr Dentition — sic) et Gunsmith, deux mercenaires (peu mis en avant pour l’instant) travaillant avec Deathstroke, le Designer, énigmatique homme de l’ombre tirant certaines ficelles et, surtout, Punchline, la nouvelle muse du Joker qui succède donc à Harley Quinn — celle-ci étant fraîchement émancipée de son Clown (dans à peu près tous les médiums où elle apparaît : comics, films, série animée…).

Lucius Fox remplace Alfred au rôle d’équipier à distance (avec de jolies mentions à l’ancien majordome, des moments qu’on peut qualifier de « deuil » par petites touches, particulièrement réussis). Bullock supplante Gordon (sur la touche lui aussi mais à cause du Batman Qui Rit — cf. le tome Les Infectés). Néanmoins aucune complication pour comprendre l’ensemble, qu’on soit novice ou non.

Certes le récit est assez dense avec foule de personnages mais si on est familier, même un peu, avec l’univers de Batman on s’y retrouve sans trop de problème. Une mention à Doom War est évoquée mais n’a aucune incidence sur la trame narrative globale. Un nouveau véhicule est également de la partie, le Nigthclimber, variante du Batplane et un gadget inédit de Fox permet aussi « l’appropriation » d’automobiles donnant l’illusion d’une Batmobile. L’enjeu scénaristique est lui aussi novateur : le Joker connaît l’identité de Batman et s’attaque à voler la fortune de… Bruce Wayne !

Résumons : d’un côté Batman, épaulé par Catwoman et Lucius, d’un autre les pions du Joker : sa compagne Punchline, Deathstroke et quatre autres mercenaires. Le Pingouin et Nygma gravitent également autour de ces protagonistes. Il semble que ces deux ennemis emblématiques cachent un lourd secret avec deux autres vilains habituels : le Joker, à nouveau, et… Catwoman ! Ils parlent d’un autre antagoniste : l’énigmatique Designer.

De l’aventure, de l’action, des mystères, une touche émouvante par-ci par-là, voilà un livre qui réussit le tour de force de séduire le lectorat habituel tout autant que les néophytes et qui devrait raviver la passion chez les fans du Chevalier Noir qui avaient du mal à s’y retrouver depuis quelques années (les égarements « grandiloquents » et teintés de SF/fantastiques dans la saga Metal, la romance décousue et parfois ennuyante de l’ère Rebirth, le manque de « prise de risque » mais aussi de « renouveau », etc.).

Dans Joker War, Batman se retrouve (presque) seul, quasiment à l’ancienne, face à une galerie de vilains charismatiques, un nouveau jeu de piste qui n’est pas sans rappeler la première saison en quatre volumes de Batman Eternal (qu’on conseille grandement) sur laquelle opérait déjà James Tynion IV. En somme, la bande dessinée est un nouveau départ réussi !

Tout n’est peut-être pas parfait mais on peut aisément fermer les yeux sur les défauts mineurs. Les premières pages de présentation des mercenaires par exemple ne sont pas forcément les plus palpitantes (d’autant qu’ils ne sont pas très bien exploités au long de la fiction, à l’exception d’un(e) — peut-être davantage par la suite) mais l’écriture presque soutenue sort du lot et on prend plaisir à parcourir les pages. Malgré les différents dessinateurs (voir ci-après) on trouve une homogénéité graphique notable et plaisante. Les origines de Punchline (en illustration en fin de cet article) ont été publiées dans le recueil des Joker 80 ans qui est sorti à peu près en même, ce qui est un peu dommage aussi (mais heureusement elles sont proposées dans le deuxième tome de Joker War !).

Du reste, difficile de s’épancher (on aimerait bien mais freinons nous) sans gâcher le plaisir de la découverte ! Entre la froideur et l’intelligence d’un Deathstroke, la complicité entre Harley et Catwoman (et les allusions au nouveau statu quo presque traîtresse de cette dernière), l’intensité des duels verbaux et physiques de Punchline et Harley… il y a vraiment beaucoup d’éléments appréciables, servis dans un mélange des genres très bien équilibré (drame, romance, mystère, aventure, action, légère science-fiction, soupçon de fantastique, etc.). On apprécie aussi les figures féminines parfois sexy mais sans tomber dans un sexisme primaire dont souffrait parfois Rebirth. L’écriture de tous les personnages est relativement soignée, fluide et palpitante.

Pour les passionnés, le tome est construit ainsi dans sa version française. D’abord quatre prologues issus de Batman Secret Files #3 : Cheshire dans Ne retiens pas ton souffle (scénario : Vita Ayala, dessin : Andie Tong), Merlyn dans Prédateurs (Phillip Kennedy Johnson / Victor Ibanez), Mr Teeth dans Muet (Mariko Tamaki / Riley Rossmo) et Gunsmith dans Qui a peur de l’Amérique ? (Dan Watters / John Paul Leon — vu récemment dans Créature de la nuit). Viennent ensuite les chapitres de la série Batman (toujours ère Rebirth depuis 2016) du #86 au #94 (sobrement intitulés Chapitre 1 à 10 contre Dark Design en VO), avec donc James Tynion IV au scénario et principalement aux dessins Tony S. Daniel, Guillem March et surtout Jorge Jimenez, tous trois livrant de superbes planches, des traits fins, un découpage dynamique, des plans épiques, tous servis par les colorisations sublimes de Tomeu Morey, Alejandro Sanchez, Jordie Bellaire et Fco Plascencia. Des noms qui parleront aux familiers de l’industrie et qui sont des « valeurs sûres » pour des productions mainstream de ce genre.

En synthèse, Joker War rejoint la liste des coups de cœur du site, le guide des comics Batman « par où commencer » mais aussi le haut du panier des meilleures nouveautés 2020 presque indispensables (avec Harleen notamment). Il est aussi une porte d’entrée pour les nouveaux venus, cela se faisait rare depuis plusieurs années, c’est donc une bonne chose !

[A propos]
Publié le 18 septembre 2020 chez Urban Comics.
Contenu : Batman #86-94 + Batman Secret Files #3, également publié dans Batman Bimestriel #11 et 12 durant le second semestre 2021 (un an plus tard que la version librairie donc…).

Scénario : James Tynion IV (+ collectif additionnel)
Dessin : Tony S. Daniel, Guillem March, Jorge Jimenez, Carlo Pagulayan, Ragael Albuquerque (+ collectif additionnel)
Encrage additionnel : Danny Miki
Couleur : Tomeu Morey, Alejandro Sanchez, Jordie Bellaire, Fco Plascencia

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : MAKMA (Sabine Maddin et Stephan Boschat)

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