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Batman Dark City – Tome 06 : Cité mourante

Dernier tome de la série Dark City de Chip Zdarsky, souvent moyenne, parfois médiocre, parfois sympathique, globalement oubliable. On était resté sur un cinquième opus quasiment conclusif et espérions que ce sixième serait un peu déconnecté du reste, quasiment une lecture indépendante (à l’instar du dernier tome de Batman Infinite). Est-ce le cas ? Que valent les cinq chapitres de cette fin de run, intitulée Cité mourante ? Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Après une longue et éprouvante absence, Bruce Wayne est de retour à Gotham pour traquer les criminels sous les traits de Batman et continuer d’investir financièrement dans la ville pour la rendre meilleure. C’était sans compter sur le Sphinx qui prétend s’être repenti et souhaite devenir le principal bienfaiteur de la ville… S’agit-il d’un nouveau départ pour l’un des plus grands criminels de Gotham ou bien d’une énigme plus importante que seul Batman peut résoudre ?

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
Ouf ! En cinq épisodes, Cité mourante va à l’essentiel, propose une intrigue qui tient à peu près la route, remet au centre du récit des éléments habituels liés au Chevalier Noir et abouti sur une conclusion plutôt correcte (au détriment de certaines « énormités » – qu’on détaille plus loin). Point fort : ce sixième et dernier tome est (comme anticipé) quasiment indépendant et majoritairement déconnecté de ses cinq prédécesseurs. On peut donc le lire sans connaître l’intégralité de Dark City, c’est une bande dessinée parfaitement abordable, même pour ceux ayant peu de bagage Batmanien. Il se murmure que cet « ajout de fin de run » (le tome précédent pouvait déjà quasiment être considéré comme une fin de série) a été négocié pour laisser le temps à Jim Lee de ne pas avoir trop de retard sur Silence 2… Bref. Revenons à Dark City.

Difficile de parler de l’enquête principale sans en dévoiler des éléments majeurs. Évoquons donc le meurtre d’un personnage pivot ces dernières années dans la continuité – ni très connu, ni très empathique mais au statut important au sein de Gotham City. À partir de là, le Chevalier Noir remonte le fil avec d’évidents suspects : le Sphinx en tête mais aussi une nouvelle figure à la tête de la Cour des Hiboux, potentiellement des candidats à la municipalité, le mystérieux nouveau super-héro le Comandant Star et même Vandal Savage, devenu le commissaire du GCPD ! C’est l’aboutissement de l’investigation qui déroute (un peu). On en parle sous l’image suivante, avec donc des révélations, passez au bloc de texte sous la seconde image (Batman et les Hiboux) pour vous en préserver.

Batman recueille rapidement et efficacement les indices pertinents sur la scène de crime (on renoue avec une dimension « détective » très appréciable). Surprise : le principal suspect et, indirectement, le véritable coupable est… James Gordon ! Il faut accepter que l’ancien policier (reconverti en privé associé avec Bullock) a, à la fois noué une relation avec la femme de la victime (plus jeune que lui et dans une romance assez improbable), et a été manipulé à distance via des lunettes de vue (!), conçues par les technologies Tetch (le Chapelier Fou) et remaniées (en gros) par Nygmatech (alias le Sphinx — qui ne semble pas si innocent que cela, de facto). D’une part, on a donc un meurtre quasiment de sang-froid « à cause d’une puce électronique dans la branche d’une paire de lunettes qui impacte le cerveau », d’autre part cela semble suffire pour innocenter Gordon, car (auto-jugé non responsable de ses actes à cause de cette technologie à mi-chemin entre l’hypnose et la manipulation mentale). Après Failsafe (cf. premier opus éponyme) et tout ce qu’on a vu jusqu’ici, on n’est plus à ça près…

Malgré ce côté un brin ubuesque (sans oublier Gordon qui agresse littéralement Batman de son propre chef cette fois visiblement), on apprécie quelques échanges très « justes » à plusieurs reprises. Comme celui du détective et son amante, cette dernière lui reproche son égoïsme (à l’idée d’être innocenté) au détriment de son enfant, désormais sans père, et d’être malgré tout le tueur de son ex-mari. Ou encore, en toute dernière ligne droite, Batman qui promeut l’idée de faire au mieux pour être un homme bon. Cela peut paraître maigre eu égard du reste mais, comme pour le cinquième opus, ce sont ces touches « humaines » (cruelles ou tendres) qu’on retient davantage que le reste et qui font mouche, comme ce dialogue entre Bruce et un possible « frère » (à découvrir à la toute fin).

En synthèse, c’est une aventure mi-figue, mi-raisin qui officie comme guise de conclusion. Le lecteur exigeant trouvera cela (à juste titre) très moyen, là où le fan peut-être un peu plus optimiste (ou, à l’inverse, blasé et lassé de cette saga), y verra un récit mieux écrit, peut-être plus marquant. Mais ce serait occulter le reste et, peut-être, niveler par le bas – c’est à dire se contenter et apprécier la BD uniquement parce que ce qui était proposé avant était très moyen voire mauvais que Cité mourante en ressort grandit – alors que si c’était une fiction à part et vendue comme un titre Batman en marge du reste on ne l’apprécierait probablement pas davantage : vite lu, vite oublié ?

Côté dessins, on retrouve quatre dessinateurs différents qui se succèdent. Jorge Jiménez, fidèle au titre depuis ses débuts, dont les traits fins permettent d’avoir des cases plutôt détaillées et fournies, des visages reconnaissables aisément et un ensemble richement coloré par Tomeu Morey (qui opère sur tout le livre). Carmine Di Giandomenico ne parvient pas à aboutir à l’élégante patte de Jiménez même si on sent qu’il veut l’égaler, avec plus ou moins de réussite (faute à un encrage vaguement plus grossier, principalement sur les expressions faciales). Jorge Fornès tranche avec ses collègues avec une ambiance pulp, moins comic book mainstream et cela passe étonnamment car il opère sur un épisode quasiment constitué de flash-backs. Tony S. Daniel délivre des séquences d’action dantesque dans les deux derniers chapitres, avec le retour de Jiménez pour cet ultime tour de piste.

La cohérence graphique de Cité mourante est plaisante, l’ensemble des planches est franchement agréable visuellement. C’est l’un des points forts de l’ouvrage (et de la série au global – même si ça ne la sauvait pas forcément). La suite de la série Batman sera double : une première salve en six épisodes de la suite de Silence puis un renouveau à la rentrée septembre (aux États-Unis) avec Matt Fraction au scénario (connu surtout chez Marvel avec ses travaux sur Hawkeye et Iron Man, chez DC on lui doit Superman’s Pal Jimmy Olsen). Jiménez revient pour la partie graphique dans un premier temps avec quelques oscillations de looks, logos et couleurs plutôt alléchantes. On devrait sans doute découvrir tout cela début 2026 en France.

Pour revenir à Dark City, comme répété dans les critiques qui ont accompagné les sorties des six opus, c’est l’une des séries les moins intéressantes du Chevalier Noir. Après un début ultra actionner, vaguement SF et plutôt original, la fiction s’est vautrée en allant dans plusieurs directions improbables (le multivers éphémère, l’éloignement de l’ADN des personnages et leur moral, de nombreux retcons liés aux origines du Joker et, in fine, un fil rouge vaguement singulier – Batman meurtri, affaibli et Wayne dépouillé – sans réels impacts). Une volonté de « déconstruction » fièrement mise en avant par l’éditeur alors que ce statu quo est identique depuis des années. Pour les curieux, on conseillerait donc juste le premier et dernier tome. Passez votre chemin pour les autres (ou sur l’intégralité de la série si vous êtes déjà peu satisfait de la qualité des titres récents de la continuité sur Batman).

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 2 mai 2025.
Contient : Batman #153-157
Nombre de pages : 136

Scénario : Chip Zdarsky
Dessin & encrage : Jorge Jiménez, Carmine Di Giandomenico, Jorge Fornés, Tony S. Daniel
Couleur : Tomeu Morey

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : MAKMA (Gaël Legeard, Emmanuel Touset, Morgane Rossi)

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La vie après la mort (Life after Death) + Devinette • Batman Universe #5-7

En parallèle du run de Grant Morrison et des séries sur lesquelles il officiait, les aventures autour de Batman (Dick Grayson) se poursuivaient sous la plume et les pinceaux de Tony S. Daniel. Après La lutte pour la cape (Battle for the Cowl), le segment dispensable de Judd Winick (Des ombres envahissantes), place à La vie après la mort (Life after Death), un récit en six chapitres (Batman #692 à #697), ainsi qu’à Devinette (Riddle me this), en deux épisodes (Batman #698-699). Ces deux histoires ont été compilées en version librairie aux US (couverture à gauche ci-dessous) et ont été publiées en France dans le magazine Batman Universe #5 à #7 durant le premier semestre 2011. Urban Comics ne les a pas reproposées jusqu’à présent.

[Début de l’histoire]
Batman (Dick) enquête sur les meurtres des « Faux visages », des hommes de main muets et masqués. Le Chevalier Noir soupçonne Black Mask d’être à leur tête mais pense aussi qu’il peut y avoir un lien avec les Falcone.

Dans l’ombre, Hugo Strange, le Dr Death, Frayeur et, justement, Black Mask montent une organisation, le « Ministère de la Science »…

[Critique]
La vie après la mort reprend ce qu’avait instauré Tony S. Daniel dans La lutte pour la cape et, de façon moins prononcée, Des ombres envahissantes (écrit par son confrère Judd Winick). Le long fil rouge (étalé sur six chapitres) mêle aussi bien les « premiers pas » de Dick en Batman qu’un vaste groupe d’ennemis où se télescopent Black Mask, le Pingouin, Hugo Strange, Dr Death, Le Faucheur, l’énigmatique Frayeur/Linda et les mystérieux « Faux visages » ! En plus de ce groupuscule, des alliés comme Catwoman, Huntress et Jeremiah Arkham semblent connectés à des personnes du clan Falcone (tout Un Long Halloween est d’ailleurs résumé durant plusieurs cases). Oracle, Damian/Robin et Alfred sont aussi de la partie.

Clairement, l’histoire est un peu complexe, l’ensemble assez dense et trop de protagonistes interviennent (sans oublier quelques flash-backs, incluant même… des nazis). Le lecteur sera probablement un peu perdu parfois mais l’ensemble reste assez passionnant avec un bon équilibre des genres et des séquences d’action et d’exposition. Mieux : un rebondissement de situation pas forcément prévisible est assez savoureux. Le scénario est riche et bien construit, Tony S. Daniel livre un récit plutôt original qu’il dessine avec un certain talent, notamment sur des pleines pages ou double planches. On découvre aussi les prémices de Catgirl (Kitrina Falcone) même si elle sera peu exploitée ensuite…

Les traits de Daniel, couplés à l’encrage et la colorisation de Sandu Florea et la colorisation de Ian Hannin ajoutent une dimension aussi sombre que riche en couleurs par moment. La cohérence graphique est une force du titre, lui conférant un plaisir visuel là aussi appréciable. Les deux épisodes de Devinette (critique dans le paragraphe suivant) sont en revanche dessinés par Guillem March (Harley Quinn et les Sirènes de Gotham, Catwoman…). Pas trop éloigné du style de Daniel, March livre un travail tout à fait correct aussi, un brin moins élégant mais globalement satisfaisant et une approche visuelle tout aussi « mainstream », comprendre efficace pour le genre.

Sans surprise, Devinette (Riddle me this) replace le Sphinx au centre de la fiction, en coopération avec Dick/Batman dans une enquête et série de meurtres atypiques. De quoi retrouver le célèbre criminel repenti depuis quelques temps en détective privé (cf. Paul Dini présente Batman) et découvrir un nouvel ennemi, Blackspell (oubliable, malheureusement), ainsi que Firefly en personnage secondaire. Tony Daniel propose une conclusion sur le Riddler qui sème le doute quant à la véracité de son amnésie (comme expliqué dans la critique précitée : Nygma avait découvert l’identité de Batman dans Silence puis avait enchaîné plusieurs évènements importants avant d’être dans le coma et perdre une partie de sa mémoire, cf. le bloc Aftermath de la biographie du Riddler sur Wiki (en anglais)). Le vilain reviendra dans la fin du run de Daniel, Eye of the Beholder, inédit en France (cf. bloc de texte suivant).

La vie après la mort n’est pas forcément le titre le plus mémorable de l’artiste mais il n’a pas à rougir de certaines de ses autres production (notamment toute la période Detective Comics de l’ère Renaissance/New 52). En lisant cet arc (après La lutte pour la cape et avant Devinette), cela forme un tout relativement appréciable ! Trois ombres au tableau. Premièrement, le segment entre les deux premiers opus (Des ombres envahissantes) n’est pas inclus dedans (car écrit par Winick) et sa conclusion ouverte (sur l’enquête de Batman sur les Grayson) n’aura jamais de résolution… Deuxièmement, Urban Comics n’a jamais réédité ces titres qui le mériteraient, surtout en comparaison avec certains titres actuels assez moyens voire médiocres.

Troisièmement, le dernier opus, Eye of the Beholder (qu’on pourrait traduire par L’Œil du Spectateur/de l’Observateur ou Question de perception), n’a pas non plus eu droit à une version française, même à l’époque de Panini Comics. Il contient la dernière ligne droite de la série Batman avant le relaunch DC (#704-707, que Daniel écrit et dessine, #710-712, dont il signe uniquement le scénario, les illustrations, moins belles, sont de Steve Scott). En toute logique, tous ces épisodes devraient être dans les derniers volumes Batman Chronicles, des années 2010 et 2011 (la collection s’arrêtera juste avant le relaunch DC de 2011, donc avant la gamme Renaissance/New52) – mais pas avant un paquet d’années vu le rythme de parution de cette série d’intégrales. Néanmoins, Eye of the Beholder (qui met en avant le père de Ra’s al Ghul et Peacock dans sa première partie, Double-Face, le Sphinx et « sa fille » (Enigma), Catgirl… dans sa seconde) n’est pas terrible selon diverses critiques.

Le run de Tony S. Daniel (écriture et dessin) mettant en avant Dick Grayson dans la peau de Batman.
Les deux premiers ont été publiés en France dans les magazines Batman Universe de Panini Comics en 2010 et 2011.
Le troisième et dernier (Eye of the Beholder) est complètement inédit chez nous.

[À propos]
Publié chez Panini Comics dans Batman Universe #5-7 en février, avril et juin 2011.
Contient : Batman #692-699

Scénario : Tony S. Daniel
Dessin : Tony S. Daniel, Guillem March
Encrage : Sandu Florea, Norm Rapmund, Tony S. Daniel
Couleur : Ian Hannin, Tomeu Morey

Traduction : Khaled Tadil
Lettrage : Christophe Semal

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La lutte pour la cape / Battle for the Cowl • Batman Universe #1-2

Battle for the Cowl est le titre (VO) d’un event se déroulant peu après la mort (supposée) de Batman à la fin de Final Crisis et (à peu près) pile entre la première et la deuxième intégrale de Grant Morrison présente Batman (cf. index). C’est aussi le nom de la série principale (en trois chapitres), écrite et dessinée par Tony Daniel, qui montre comment Dick Grayson endosse le costume (et donc la cape) de son ancien mentor pour le remplacer.

Aux États-Unis, il y a eu plusieurs épisodes gravitant autour (on en reparlera) et en France on a pu découvrir ces trois chapitres corrélés à un quatrième (de la série classique de la continuité Batman) – annoncé comme un épilogue – sous le titre La lutte pour la cape. Ils furent publiés dans les deux premiers numéros de Batman Universe, édités par Panini Comics à l’époque (juin et août 2010). Urban Comics ne les a pas reproposés jusqu’à présent.

 

En haut, les couvertures en français des deux numéros qui ont publié La lutte pour la cape
et la version librairie US qui compile la série. En bas, les trois numéros US en single issues.

[Début de l’histoire]
Gotham City est en plein chaos. Les criminels ont pris conscience que Batman avait disparu et sèment la destruction et la violence dans la ville. Le GCPD est dépassé et les alliés du Chevalier Noir peinent à s’en sortir.

Dick Grayson refuse de prendre la cape de son mentor. Tim Drake est hésitant. Alfred, dernière boussole morale, essaie de convaincre les fils de Bruce Wayne de la nécessité de perdurer la croisade du justicier…

Profitant de la catastrophe, Black Mask accroit sa mainmise sur Gotham City, tandis qu’un mystérieux personnage revêt un costume proche de celui de Batman mais aux méthodes bien plus radicales…

[Critique]
Voilà un récit très bien rythmé, avec un départ ultra efficace puis une suite (et conclusion) un peu en dessous mais qui reste globalement très satisfaisante, aussi bien graphiquement que scénaristiquement. Pour cause : Batman est donc mort (en réalité a été propulsé dans le passé, cf. Grant Morrison présente Batman – Intégrale 3) et Dick Grayson/Nightwing ne veut pas reprendre le rôle du justicier. Tim Drake hésite aussi et un usurpateur du Chevalier Noir aux méthodes bien plus violentes s’en accapare. Il s’agit bien sûr de Jason Todd (cela est vite révélé et, de toute façon, une évidence pour quiconque connaît un peu l’univers de Batman).

Il faut dire qu’on n’a pas le temps de se poser (ni le lecteur, ni le citoyen fictif de Gotham) : la ville est à feu et à sang, les criminels ont compris que Batman n’intervenait plus et s’en donnent à cœur joie. Black Mask en profite pour délivrer d’autres fous et les force à travailler pour lui façon Suicide Squad (implant mortel en eux qui explose s’ils désobéissent). Double-Face et le Pingouin augmentent aussi leur différents traffic. De cet état des lieux très « urbain » et, surtout, passionnant débute cette fameuse « lutte pour la cape » interne, au gré des combats et séquences d’action très bien emmenées.

Tony Daniel (la série Detective Comics période Renaissance/New 52, Justice League vs. Suicide Squad…), à l’écriture (et aussi au dessin) maîtrise parfaitement son sujet. Le titre n’est d’ailleurs pas pour les nouveaux venus, compte tenu du contexte et des nombreux protagonistes (incluant Damian). On apprécie le rôle non négligeable d’Alfred dans cette histoire où, effectivement, le quatrième chapitre sert véritablement d’épilogue (les trois principaux auraient laissé un goût d’inachevé). À noter que Judd Winick (Under the Red Hood…) s’occupe du dernier épisode sans dénaturer le style de Daniel.

Quelques défauts toutefois dans la seconde moitié où les malfrats de Gotham passent au second plan voire disparaissent (ils reviendront dans la suite directe, Des ombres envahissantes, au détriment d’enchaînements et combats entre Todd et les différents Robin. Une partie plus faible qui enlève la dimension chaotique globale (géographique) qui prédominait, un peu dommage.

Néanmoins, les fans des trois Robin y trouveront leur compte, Dick en premier mais aussi Tim et bien sûr Jason ; tous trois apparaissent plutôt équitablement avec des moments intéressants. Damian est également présent, ajoutant un peu d’humour dans un contexte assez austère. L’idylle naissante entre Drake et L’Écuyer est également une bonne chose prometteuse mais, malheureusement, vite esquivée par la suite. C’est le point faible de cette lutte pour la cape : les quatre chapitres auraient gagné à être étendus à six pour mieux développer les relations et la montée en puissance du Réseau (nom donné à tous les alliés de Batman) et bien sûr la relève par Dick.

Visuellement, tout est superbe, Tony Daniel livre des planches aérées, dynamiques et iconiques. On identifie sans mal les protagonistes (bien aidés par les costumes), les traits sont fins, élégants, les héroïnes parfois sexualisées mais sans tomber dans la vulgarité. Ed Benes gère le dernier chapitre dans un style proche de celui de Daniel, conservant ainsi une homogénéité bienvenu. Bref c’est un joli voyage graphique et très divertissant. On le conseille donc aisément si vous arrivez à le trouver d’occasion !

En France, La lutte pour la cape a été disponible dans les deux premiers opus du magazine Batman Universe (juin et août 2010).  Étonnamment, Urban Comics ne l’a jamais reproposé, soit en marge du run de Grant Morrison, soit en épilogue de Final Crisis, soit – tout simplement – en récit complet sur Nightwing ou sur « les Robin ». Aucun doute que cela fonctionnerait ! Peut-être que ce titre sera dans le (potentiel) Batman Chronicles 2009 (année de publication du chapitre #687 de la série Batman qui aurait peu d’intérêt sans les trois précédents connectés) ?

Aux États-Unis, Battle for the Cowl s’est poursuivi dans d’autres one-shots ou mini-séries créés pour l’occasion : Gotham Gazette (Batman Dead ? #1 et Batman Alive ? #1) – la version US contient d’ailleurs ces deux épisodes spéciaux –, Man-Bat, Arkham Asylum, Commissioner Gordon, The Network, Oracle : The Cure, Azrael : Death’s Dark Knight… Tous ces autres récits n’ont pas été publiés chez nous, mais celui qu’on a eu et chroniqué dans ici se suffit à lui-même (couplé à sa suite assez directe, à découvrir dans cet autre article).

[À propos]
Publié chez Panini Comics dans Batman Universe #1-2 en juin et août 2010.
Contient : Batman – Battle for the Cowl #1-3 + Batman #687

Scénario : Tony S. Daniel, Judd Winick
Dessin : Tony S. Daniel, Ed Benes
Encrage : Sandu Florea, Rob Hunter
Couleur : Ian Hannin, Jo Smith

Traduction : Khaled Tadil
Lettrage : Christophe Semal

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Batman : Battle for the Cowl [anglais]
– Batman Universe #1
– Batman Universe #2