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Justice League Unlimited – Tome 1 : L’ascension d’Inferno

C’est (enfin) le retour d’une nouvelle série Justice League ! Accessible, jolie, généreuse… la fiction est alléchante de prime abord mais sur la durée ? Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Suite aux événements d’Absolute Power, la Ligue de Justice se reforme avec un objectif précis : ouvrir les portes de leur quartier général, la Tour de Garde, à tous les héros de l’univers DC pour une Ligue plus forte et unie que jamais ! Alors que nos héros tentent de percer le mystère de la disparition de Darkseid, une course se dessine entre héros et méchants pour contrôler les capacités métahumaines. Un combat qui menace de détruire tout ce que la Ligue a construit – à moins qu’un traître en leur sein ne les détruise en premier…

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
Segmenté en trois histoires, le prélude Alpha, le récit principal qui donne son titre au livre (L’ascension d’Inferno) en quatre chapitres et l’épilogue Omega. C’est probablement « typiquement » le genre de comic book mainstream efficace et qui fonctionne à peu près, sans révolutionner quoique ce soit dans l’immédiat. Comprendre qu’on a un récit emmené, rythmé, coloré, qui fait intervenir (beaucoup) trop de protagonistes, on s’y perd un peu (connaisseur ou non de l’univers) mais c’est beau, c’est sympa, c’est divertissant… Est-ce suffisant ? Comme toujours, cela dépend de l’exigence du lecteur. On décrypte.

L’ascension d’Inferno évoque comme son titre l’indique, la montée en puissance du mystérieux Inferno, aux contours et allures encore flous à ce stade. En préambule, l’on nous propose un zoom sur Booster Gold, fraîchement intégré dans la Justice League Unlimited – une super équipe née des cendres de la semi-défaite face à Amande Waller (lors d’Absolute Power donc). Une ligue qui comprend quasiment tous les héros ou méta-humains « gentils » possibles avec même une carte de membre ! Projeté dans un futur imminent, Booster est carrément dans un monde où Darkseid règne en maître avec une mystérieuse légion (d’Inferno).

Retour au « présent » : Superman, Wonder Woman et Batman sauvent (ou tentent de le faire) différentes personnes aux quatre coins du monde, avec des anomalies comme un puissant feu dans l’Amazonie. L’occasion de tenter une collaboration entre Aquaman et Swamp Thing. Le récit se limitant à quatre épisodes, difficile d’en dire davantage sans trop en révéler. Comme dit plus haut, ça se lit bien, c’est suffisamment palpitant pour donner envie de savoir la suite même si, paradoxalement, il manque peut-être cette cohésion d’équipe qui prédominait dans d’anciennes séries Justice League (celle de Renaissance par exemple – souvent critiquée alors qu’il s’agit d’une œuvre divertissante totalement satisfaisante). Faute à une foule d’héros haut en couleur qui se croisent et échangent sporadiquement. Ce n’est pas bien grave.

L’intérêt se situe chez un nouveau venu, Air Wave, apparemment infiltré dans la Tour de Garde. Un espion donc. Sans nul doute ce sera le fil rouge le plus intéressant à suivre. Du reste, l’épilogue (au style graphique radicalement différent, cf. image tout en bas de cette critique) nous conte surtout la création de l’univers Absolute (cf. Absolute Batman) ce qui est assez étrange puisque la communication de l’éditeur annonçait que ces itérations ne croiseront pas la continuité classique (celle du présent ouvrage donc, inaugurant la collection DC Prime, cf. article explicatif). Même si la gamme Absolute reste(ra) indépendante, il y a fort à parier que ces variations des figures emblématiques de DC viendront rendre visite et aider leurs homologues à terme.

Le scénariste « historique » de chez DC Mark Waid (Flash Chronicles et Justice League of America parmi ses titres phares anciens) a repris le flambeau récemment et a signé justement Absolute Power, Batman & Robin – Année Un et, entre autres, Batman Superman Worlds Finest – et Planète Lazarus). Il place tranquillement ses pions pour son plan narratif qu’on suivra assidument, en espérant quelques coups d’éclat après cette introduction un peu trop convenu.

Dan Mora (déjà à l’œuvre avec Waid sur Batman Superman Worlds Finest) livre de belles planches, détaillées, aux traits fins, presque épurées, superbement mises en couleur par Tamra Bonvillain. Il n’en faut pas plus pour être satisfait pour une fiction de ce genre, efficace et agréable. En synthèse, et comme déjà dit, un énième divertissement qui fait le taf, ni trop novateur, ni trop audacieux mais visuellement très joli et tout de même convaincant. On sera davantage sévère au second tome en fonction de l’évolution de tout ceci !

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 27 juin 2025.
Contient : DC All-In Special #1 + Justice League Unlimited #1-4
Nombre de pages : 160

Scénario : Mark Waid, Joshua Williamson, Scott Snyder
Dessin & encrage : Dan Mora, Daniel Sampere, Wes Craig
Couleur : Tamra Bonvillain, Alejandro Sanchez, Mike Spicer

Traduction : Yann Graf
Lettrage : MAKMA (Gaël Legeard, Sébastien Scalisi et Bryan Wetstein)

Acheter sur amazon.frJustice League Unlimited – Tome 1 : L’ascension d’Inferno (18,5 €)

Robin – The Boy Wonder

Un récit complet centré sur Damian et les anciens Robin ? Alléchant sur le papier mais vite déstabilisant à cause de sa partie graphique et un scénario mitigé. Découverte de cette nouvelle proposition du Black Label qui bénéficie d’une couverture alternative réservée dans les librairies du réseau CSA (Comic Shops Assemble – cf. bas de cette page pour les non connaisseurs).

 

[Résumé de l’éditeur]
Le jeune Damian Wayne a été élevé pour devenir l’héritier de la redoutable Ligue des Assassins – et ainsi marcher dans les pas de sa mère, Talia, et de la Tête de Démon elle-même, son grand-père Ra’s al Ghul. Mais lorsque son père, Batman, le récupère, le jeune Robin découvre alors qu’il n’est qu’un « prince » parmi d’autres, précédé dans ce rôle par ses « frères » Nightwing, Red Hood et Red Robin…Lorsque le Chevalier Noir est contraint de quitter la ville pour une affaire urgente et qu’une vague d’enlèvements survient à Gotham, Damian n’a d’autre choix que de se battre aux côtés de ses frères adoptifs et, ce faisant, à apprendre ce que le costume de Robin signifie vraiment !

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
Une première moitié sympathique, une seconde bien en dessous, le tout servi par un style ultra clivant, voilà une proposition singulière qui ne laissera pas indifférent ! The Boy Wonder (non précédé de Robin en VO) s’attarde donc sur le dernier Robin en date, évidemment Damian Wayne. Sans rentrer dans des détails narratifs du début d’ouvrage (qui ne dévoileraient rien de particulier mais qu’on estime plus agréable à découvrir en lecture), l’on « revoit » donc la relation et les débuts de Damian avec Dick (Nightwing). Cela couvre le premier chapitre et ce n’est pas trop mal (en acceptant la partie graphique – sur laquelle on reviendra plus tard).

Sans surprise, le deuxième épisode rejoue la même chose mais, cette fois, avec Jason (Red Hood) et, évidemment, le troisième avec Tim (Red Robin). C’est bien rythmé, bien écrit (les relations entre chaque Robin sont à la fois « convenues » – pour des lecteurs habituels en tout cas – et en même temps efficaces dans leur dualité respective). On pouvait s’attendre à ce que la suite soit une sorte d’émancipation ou la même formule avec Batgirl, Batman et/ou Alfred par exemple.

Que nenni ! Toute la seconde partie de l’œuvre renoue avec la dimension mi-ésotérique, mi-surréaliste de Talia et Ra’s al Ghul – mère et grand-père de Damian. La limpidité d’écriture du premier acte s’efface au détriment d’enchaînements textuels laborieux, abscons et peu passionnants, in fine. Quel dommage ! Le français Juni Ba livre donc un travail d’auteur mi figue mi raisin – on lui doit aussi les dessins, on y reviendra. Bref, on ressort de l’ensemble sans grande excitation : le fameux Boy Wonder n’a pas des masses évolué (ou, en tout cas, ça ne se ressent pas dans l’immédiat), faute à un récit cloisonné dans une semi-indépendance et continuité qui n’aura pas d’impact.

En cela, la fiction devrait plaire principalement (uniquement ?) aux fans de Damian Wayne (personnage qui divise de base le lectorat). Sur ce site, si l’on appréciait peu les premières moutures de Damian (colérique, tête à claque, insupportable…), on aimait les derniers titres autour du rejeton de Bruce, où le jeune homme avait gagné une certaine maturité ou contrastait parfois avec son paternel, ou bien, à l’inverse, affichait une chouette complicité. Dans The Boy Wonder c’est l’entre-deux qui prédomine, délicat donc de trancher objectivement.

Au-delà du scénario et des dialogues (ni ratés ni franchement réussis donc), la bande dessinée va segmenter à cause d’un autre aspect : ses dessins. Juni Ba a une patte atypique, entre le minimaliste et la caricature, sans oublier la colorisation globalement efficace et chromatiquement diversifié (de Chris O’Halloran) – où l’on voit quasiment les traces de feutres sur des cases (!). Bien loin de l’approche mainstream des comics, nous sommes donc face à une variation digne d’un roman graphique indépendant. Pour le meilleur ou pour le pire ?

Sur ce site, on a moyennement accroché sans pour autant détester, mais il est évident que cela peut rebuter (cf. les nombreuses illustrations qui parsèment cette chronique). Il y avait d’ailleurs peut-être quelque chose de plus pertinent à faire en mélangeant différents styles visuels d’un épisode à un autre (quelques planches changent radicalement sur la fin de récit). En l’état, on a parfois l’impression de voir des dessins d’un enfant en école primaire… et parfois une grande maitrise de l’espace et de l’action (cf. le parcours de l’artiste accompli en vidéo). En somme, il est indispensable de feuilleter avant l’achat pour se faire une idée si l’on adhère ou non à cette vision/version.

Faut-il acheter Robin – The Boy Wonder ? Si vous êtes fan de Damian Wayne ou de tout ce qui touche à Ghul, oui sans aucun doute. Sinon, passez votre chemin. Dans les deux cas : tout dépend principalement de votre adhésion ou non à la proposition graphique particulièrement clivante. Qu’on se rassure : le titre n’est pas du tout incontournable et ne bouleversera en rien ni le personnage principal, ni la chronologie de Batman (très en retrait dans le livre au passage). Une curiosité donc, qui – comme toutes les curiosités – vaut toujours un peu le détour en emprunt mais pas forcément en achat.

Urban semble capitaliser sur l’œuvre puisqu’elle sort en deux éditions (et pour une fois – avis totalement subjectif – la couverture limitée est moins élégante et aguichante que la classique). On est peut-être passé à côté de quelque chose alors… l’avenir nous le dira… On souhaite toutefois revoir l’auteur/dessinateur français sur d’autres fictions chez DC !

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 11 juillet 2025.
Contient : The Boy Wonder (#1-5)
Nombre de pages : 184

Scénario & dessin : Juni Ba
Couleur : Chris O’Halloran

Traduction : Benjamin Viette
Lettrage : Eric Montesinos

Acheter sur amazon.fr : Robin – The Boy Wonder (20,5 €)



Batman Off-World

[Résumé de l’éditeur]
Alors que, comme chaque soir depuis qu’il a enfilé sa cape, Bruce Wayne arpentait les rues et les toits de Gotham pour contre-carrer les plans de la pègre, ce qui aurait dû être une nuit de routine prit une tout autre tournure. Une rencontre avec un être venu d’une autre planète lui fit comprendre la possibilité d’une invasion de la Terre par une race extraterrestre. Dès lors, une seule solution s’offrit à lui, embarquer pour l’autre côté de l’Univers pour éradiquer le mal à la racine !

Pas besoin de détailler davantage le début de l’histoire, le résumé de l’éditeur suffit amplement.

[Critique]
La couverture, le titre, le résumé de l’éditeur… tout est très clair d’entrée de jeu : le lecteur va assister à une aventure cosmique d’envergure ! Il faut donc dès le départ adhérer à ce « délire spatial » qui, pourtant, reste un peu trop souvent sérieux (ce n’est pas un reproche pour autant). En fermant les yeux sur l’absence des Green Lantern Corps ou, banalement, Superman, ou n’importe quel autre allié de l’espace qui aurait pu aider Batman (qui sont pourtant parfois mentionnés), on peut se lancer dans Off-World avec un certain plaisir !

Le scénariste Jason Aaron, majoritairement venue de l’écurie concurrente (Marvel) est connu pour ses récits sur Thor, Dr Strange, Hulk, Wolverine… quelques uns chez DC (Dawn of Superman – Tome 3), Vertigo (l’excellent Scalped) mais aussi Star Wars ! On lui doit d’ailleurs de chouettes runs désormais canonique autour de la célèbre saga étoilée bâtie par Georges Lucas. Pas étonnant pour l’auteur, donc, de déplacer l’homme chauve-souris en orbite et face à divers peuples extra-terrestres. Il est vrai qu’il est difficile de ne pas penser à la Guerre des Étoiles en suivant des mercenaires, des créatures diverses, des peuples opprimés, des animaux exotiques particuliers, des androïdes, etc. !

Pourtant, l’auteur ne s’éloigne jamais de l’ADN de Batman. Son code d’honneur, sa quête de justice – même à des années lumières de Gotham City – son dépassement de soi, sa mission inéluctablement répétitive mais indispensable, surhumaine, etc. Le Dark Detective n’a que ses muscles et sa tête pour s’en sortir, de nouveaux alliés, une romance même, bref on reprend les ingrédients habituels mais on teste une nouvelle recette. C’est un paradoxe qui en découle : une fiction de bonne facture, qu’on aurait pu lire chez des super-héros davantage propre à se balader dans l’espace. Le fait que ce soit Batman décontenance autant que ça fascine. Une originalité à saluer.

Off-World bénéficie des chouettes illustrations de Doug Mahnke (vieux de la vieille chez DC – Batman : Detective, Joker – L’homme qui rit, Under the Red Hood…)  et, surtout, de la colorisation de David Baron. De quoi distinguer de multiples couleurs, c’est flashy, c’est étrange, c’est inédit, ça rappelle… le film Superman de James Gunn il y a quelques semaines ? Il y a de ça oui, même si l’exercice de comparaison n’a pas vraiment sa place ici mais il est difficile de ne pas y penser pour autant ! Le comic book est autonome, un titre complet agréable qu’on conseille pour ceux aimant des itérations improbables comme celle-ci, éloignée (au sens littéral comme au figuré) du côté urbain et terre-à-terre de certaines enquêtes du Chevalier Noir.

Bref, comme dit en ouverture de critique, tout est très clair d’entrée de jeu donc si ça vous tente, aucune raison de ne pas y aller. L’histoire est un poil convenue pour une proposition de ce genre (souvent inutilement bavarde, un peu comme Tom King dans ses faiblesses) mais la diversité visuelle et chromatique vaut le détour. On y suit donc le Chevalier Noir face à une race particulière (croisée à Gotham plus tôt – d’où le voyage en orbite volontaire de Bruce/Batman) puis prisonnier puis quasiment maître révolutionnaire, bien aidée de la pétillante Iona et d’un nouvel animal (mi-loup mi-chien métallique) ! En somme, une aventure spectaculaire franchement sympathique, ni révolutionnaire, ni oubliable, mais gloablement maîtrisée et inédite.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 22 août 2025.
Contient : Batman Off-World #1-6
Nombre de pages : 168 pages

Scénario : Jason Aaron
Dessin : Doug Mahnke
Encrage : Jaime Mendoza
Couleur : David Baron

Traduction : Benjamin Rivière
Lettrage : Scribgit

Acheter sur amazon.frBatman Off-World (18,50 €)