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Batman Showcase #2 (Batman & Robin #20-22 + 26)

[Contextualisation]
Durant le run de Grant Morrison (cf. index), la série Batman & Robin (2009-2011) met en avant les aventures de Dick Grayson et Damian Wayne en Batman et Robin. Les quinze premiers chapitres sont disponibles dans la deuxième intégrale de Grant Morrison présente Batman, le seizième dans la troisième. Les dix chapitres suivants n’ont pas tous été publiés en France. Les #17-19 forment l’arc The Sum of Her Parts, écrit par Paul Cornell, et restent inédit en VF.

Les #20-22 compilent l’histoire Dark Knight vs. White Knight, Tree of Blood, disponible justement dans ce magazine Batman Showcase #2 (sorti fin avril 2012). Traduit sous le titre L’Arbre de Sang, Chevalier Noir contre Chevalier Blanc, ce récit est écrit par Peter Tomasi et dessiné par Patrick Gleason. C’est ce duo qui reprendra la série qui conservera le même titre, Batman & Robin (2011-2015), après le relaunch DC Comics et, donc, la période New 52/Renaissance, où cette nouvelle salve suivait désormais Bruce Wayne en Batman accompagné de son fils Damian en Robin (voir critiques des sept tomes depuis l’index A à Z).

Revenons aux derniers chapitres de la première série. Les #23-25 sont écrit par Judd Winick (L’énigme de Red Hood, Des ombres envahissantes…) et mettent en avant son personnage fétiche, Red Hood, dans The Streets Run Red. Cette fiction n’a pas été publié en France. Enfin, l’épisode #26, le dernier, s’intitule Earthly Delights Scenes from a Work in Progress en VO, signé David Hine, est aussi proposé dans ce Batman Showcase, traduit par Plaisirs Terrestres, Scènes d’un work in progress. (Re)découverte de ces deux histoires qui avaient eu une courte critique au tout début du lancement de ce site, celles-ci ont été supprimées afin de tout centraliser ici.

[Résumé de l’éditeur]
Batman et Robin rencontrent un nouvel adversaire qui s’en prend aux familles des plus fameux criminels d’Arkham ! Au « Dynamic Duo » de jouer les gardes du corps des proches de leurs ennemis tout en cherchant à démasquer cet assassin ! Puis, ils seront amenés à faire équipe avec Nightrunner, l’agent français de Batman Incorporated, pour affronter les pensionnaires surréalistes du Jardin Noir !

[Critique]
Dans L’Arbre de Sang, Chevalier Noir contre Chevalier Blanc, après un moment rare et agréable (tous les fils de Bruce réunis autour de lui et Alfred pour une soirée cinéma), Dick et Damian enquêtent sur un tueur étrange dont les victimes sont des membres de la famille de célèbres résidents d’Arkham (Man-Bat, Victor Zsasz, Le Chapelier Fou…). Ce nouvel ennemi, le fameux Chevalier Blanc (Lewis Bayard de son identité civile), est à mi-chemin entre une figure de science-fiction et de fantastique. Il n’a pas de corps ni de visage précis, uniquement un ensemble physique lumineux et doré (on ne comprend pas très bien s’il s’agit d’un pouvoir acquis via le Dr. Phosphore plus jeune ou non). Il transforme même ses victimes en « anges » et nourrit une sorte d’arbre gigantesque.

Si Lewis Bayard est oubliable (il n’est d’ailleurs jamais réapparu ensuite), ses actes sont tout de même graves et marquants, tuant plusieurs innocents connectés aux grands vilains habituels, ce sera malheureusement aussi sera sans réelles conséquences – cela se déroule peu avant le fameux relaunch de DC. Tout se passe un peu trop vite et la fiction se termine un peu trop rapidement. L’intérêt se situe davantage dans la dynamique entre Batman et Robin, donc Dick Grayson et Damian Wayne, formant un duo toujours aussi sympathique, entre autres grâce au caractère du rejeton de Bruce, moins tête à claque qu’à l’accoutumée.

Surtout, les dessins de Patrick Gleason sont particulièrement réussis, à l’exception, toujours des gros plans sur visage, comme toujours. L’illustrateur semble même en forme que sur la suite de la série qu’il reprendra avec Peter J. Tomasi. En somme, ce récit en trois chapitres est anecdotique mais pas déplaisant pour autant, formant une sorte d’introduction au futur run du duo d’artistes (Tomasi sera nettement plus inspiré, cf. critiques depuis l’index).

Quant à Plaisirs Terrestres, Scènes d’un work in progress, de David Hine, c’est un voyage à la fois géographique, en France, à Paris au Louvre, avec le Parkoureur (Nightrunner en VO) et onirique, bercé d’illusions et d’improbabilités. On ne comprend d’ailleurs pas grand chose, Batman, Robin et le Parkoureur tentent de rassembler les évadés du Jardin Noir, un asile psychiatrique regorgeant de psychopathes, à l’instar de celui d’Arkham. Derrière leur évasion se cache « L’homme qui rit » (Norman Rotrig) et, parmi les fous libérés, se trouvent quatre personnages singuliers : Sœur Cristal, Le Ça, Ray Man et Parle-à-ma-peau. Le trio combat donc ces ennemis en essayant de démêler les illusions de la réalité… C’est un peu dommage qu’un chapitre conclusif d’une série soit aussi peu épique.

On savoure principalement le court dépaysement graphique – Greg Tocchini et Andrei Bressan – et quelques références chauvines dans ce one-shot assez surprenant. La référence à « L’homme qui rit » semble évidente : création de Victor Hugo dans son roman éponyme qui inspirera ensuite Bill Finger, Jerry Robinson et Bob Kane pour créer le Joker. Hugo est d’ailleurs croqué, impossible aussi de ne pas songer aux œuvres de Magritte. Les amateurs de bandes dessinées françaises pourraient y voir une (très) légère allusion à l’excellent La Brigade Chimérique, monument du genre qui met en avant les premiers super-héros du pays du siècle dernier, bien avant que les États-Unis s’emparent du sujet.

Ce second numéro de Batman Showcase (le dernier donc) servait plus ou moins de transition avant le magazine Batman Saga. On apprécie les textes informatifs sur les quatre Robin ainsi que les hommages à Jerry Robinson et Sheldon Moldoff (tous deux décédés peu avant), à priori signés par Yann Graf, éditeur spécialiste de Batman chez Urban. Il s’occupe, entre autres, du travail éditorial dans les Batman Chronicles depuis. Les épisodes de ce Showcase n’ont jamais été republiés dans un ouvrage librairie par la suite par Urban mais vu leur qualité ce n’est pas très grave. On peut se tourner vers le marché de l’occasion pour retrouve ce magazine (à moins de 2 € !) qui était assez déconnecté du premier (qui proposait la fin de la série Batman Incorporated).

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 27 avril 2012.
Contient : Batman & Robin #20-22 & 26
Nombre de pages : 96

Scénario : Peter Tomasi, David Hine
Dessin : Patrick Gleason, Greg Tocchini et Andrei Bressan
Encrage : Mick Gray
Couleur : Alex Sinclair, Artur Fujita

Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : Laurence Hingray et Christophe Semal

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Batman & Robin – Tome 04 : Requiem

Attention : cette histoire se déroule évidemment après le troisième volume de la série Batman & Robin (Tome 03 : Batman Impossible), mais également juste après la fin de Le Deuil de la Famille (troisième tome de la série Batman) et –surtout– après les évènements survenus à la fin de Batman Incorporated (dans Grant Morrison présente Batman – Tome 08 : Requiem (le titre éponyme n’est pas un hasard)qui étaient également publiés dans trois hors-séries de Batman Saga et dont on peut se remémorer l’issue finale dans cet article). Il est donc conseillé d’être à jour avant de lire la suite !

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[Histoire]
Bruce Wayne doit faire le deuil de son fils. S’enfermant dans une solitude extrême et une colère inouïe, il passe ses nerfs sur les criminels de Gotham avec une violence excessive.

Il capture même Frankenstein (membre de la Ligue de Justice des Ténèbres) afin de comprendre comment ramener un mort à la vie. Bruce passe ainsi par toutes les étapes successives du deuil : le choc et évidemment le déni, puis la douleur, la culpabilité, la colère, le marchandage, la dépression et enfin la reconstruction et l’acceptation.
Ces différents processus se feront accompagnés par ses alliés, respectivement : Red Robin, Red Hood (qui lui aussi fut six pieds sous terre avant de revenir parmi les vivants) Batgirl, Catwoman, puis Nightwing. Mais un autre membre de la famille est aussi bouleversé de chagrin : Alfred.

Par ailleurs, Bruce découvre que Damian prenait des cours de théâtre avec Carrie Kelley, une jeune étudiante. Cette dernière ignore que son élève est mort et le recherche activement.
Enfin, il semblerait Double-Face fasse son retour…

Batman & Robin Requiem Bruce[Critique]
Clairement le meilleur tome de la série et très certainement un excellent recueil toutes séries NEW52 de Batman confondues. Le scénariste Peter Tomasi effectue un excellent travail. Le thème dramatique aide, forcément, mais l’auteur y apporte une touche d’humanité sincère ; à travers les personnages de Bruce et Alfred. Plusieurs bonnes idées parsèment le récit : l’ouverture avec un chapitre muet, sans une seule ligne de texte par exemple. Ce procédé accentue la tension et l’émotion, l’on est autant bouleversé que le majordome et son maître.

Les cinq chapitres suivants font intervenir la suite de la famille et, là aussi, c’est une excellente chose. Bruce s’éloigne de tout le monde, il rappelle le Batman très sombre des œuvres de Frank Miller (The Dark Knight Returns et All Star Batman). La nouvelle version du personnage de Carrie Kelley (créée par Miller également) est également un bon point. Elle apporte un peu de fraîcheur et d’humour et sera peut-être la future Robin. Il est encore trop tôt pour se prononcer (et ce serait une solution de facilité trop prévisible, voire décevante).

Batman & Robin Carrie KelleyChaque allié a fort à faire face au Chevalier Noir, qui refuse évidemment tout aide et soutien possible. Ses confrontations psychologiques ou physiques avec chacun d’entre eux reflètent donc les étapes du deuil mais tout évolue de façon limpide et « logique ». Il n’y a pas une soudaine prise de conscience entre chaque chapitre, au contraire. Un des beaux moments de Requiem se situe avec Catwoman, lorsque le duo sauve une jeune fille.

Quelques points négatifs toutefois : toujours les dessins de Patrick Gleason au niveau des visages qui déçoivent (mais que le scénariste trouve excellents). On notera un quatrième chapitre, celui sur Batgirl, entièrement dessiné par Cliff Richards : l’ensemble est correct mais les traits sont très épais, Barbara Gordon beaucoup trop sexuée, et le style finalement assez différent de Gleason, ce qui enlève une petite cohérence graphique mais rien de bien méchant.

Batman & Robin Requiem AlfredSans cela, ce quatrième tome frôlerait la perfection. Les membres de la Bat-Family font référence à leurs propres histoires (Batgirl évoque le sort de son frère, à lire dans sa série, Catwoman parle de la Ligue de Justice d’Amérique qui vient de la recruter, etc.). Pour les fidèles lecteurs, familier de l’univers, ce sont de petites anecdotes assez plaisantes, qui vont dans le prolongement de la conclusion apportée au Deuil de la Famille (dont le titre prend ici paradoxalement un nouveau sens). Mais pour le néophyte, nul doute qu’il sera un peu perdu entre tout cela. La série n’est pas très accessible, il faut connaître en parallèle les travaux de Morrison (qui a créé le personnage de Damian et l’a fait mourir), et éventuellement les autres séries évoquées. Quand bien même, la publication arrive un peu tardivement en France, cela fait plusieurs mois, voire années que les autres séries ont déjà été publiées.

Une quarantaine de pages bonus complète l’ouvrage, les indications textuelles de Tomasi pour Gleason à propos du premier chapitre, qui est lui même disponible en noir et blanc encré. Trois éléments en ressortent : la précision des descriptions de l’auteur, fidèlement croqués par son binôme, quelques changements apportés entre le texte de base et le rendu final et -surtout- la qualité des dessins au format noir et blanc. Il est en effet surprenant de constater à quel point la colorisation peut parfois desservir les planches originales. Ce n’est pas le cas sur l’ensemble de la bande dessinée, bien au contraire, mais cela explique peut-être le côté très atypique des visages de Gleason, dont le rendu final perd en qualité une fois colorié.

Batman & Red Hood

Une œuvre qui est donc réservée aux connaisseurs de l’univers récent de Batman (la publication de certains chapitres des séries mères aurait été grandement apprécié), qui adopte un ton très sombre mais touche parfaitement le lecteur. Aussi bien par son thème universel abordé (le deuil, la souffrance qu’il engendre et la reconstruction psychologique), que par l’humanisme des protagonistes. La dernière planche résume à elle seule brillamment cet ensemble.

Batman & Catwoman
[À propos]

Publié en France chez Urban Comics le 26 février 2016.
Titre original : Batman & Robin vol. 4 : Requiem for Damian
Scénario : Peter J. Tomasi
Dessin : Patrick Gleason et Cliff Richards (ch. 3 avec P.G., ch. 4)
Encrage : Mick Gray, Mark Irwin et Marlo Alquiza
Couleur : John Kalisz
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Alex Nikolavitch
Première publication originale le 6 mai 2015.

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Batman & Robin Requiem Crime Alley

Batman & Robin – Tome 03 : Batman Impossible

MàJ : Urban a proposé les chapitres #15 à #17 et l’Annual #1 dans son troisième tome de la série, finalement intitulé Batman Impossible (du nom du chapitre de l’Annual — déjà publié dans Batman Anthologie).

Cette critique revient sur le probable contenu du troisième tome de la série Batman & Robin. En effet, celui-ci n’est pas encore sorti en France en librairie mais ses chapitres ont été publiés dans les magazines Batman Saga. Le contenu américain reprend les chapitres #15 à #17, ainsi que le Batman #17, et, inédit pour l’instant en France, le Batman & Robin Annual #1.

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[Histoire]
Alfred a été enlevé par le Joker (voir Le Deuil de la Famille) et Bruce a sommé Damian de ne pas intervenir afin de le protéger. L’enfant n’en fait qu’à sa tête et trouve une piste pour retrouver le majordome de la famille.

Il atterri dans un zoo où le Joker en personne le piège et le confronte, entre une horde d’insectes et un environnement crade au possible à… Batman !

La suite du récit faist un bel écho au chapitre #0 et aux songes d’une famille soudée entre Alfred, Bruce et Damian.

L’Annual montre un jeu de piste à travers plusieurs pays concocté par Damian à l’intention de son père (et d’Alfred). Il lui fait suivre les traces de ses parents tandis qu’il est resté secrètement à Gotham pour œuvrer en tant que Batman Junior.

[Critique]
À l’instar du second tome, celui souffre de son obligation à être impliqué dans un cross-over, ici Le Deuil de la Famille. Peter J. Tomasi se doit d’écrire un contenu lisible indépendamment tout en respectant la série de Snyder ; exercice difficile et malheureusement l’arc centré sur Damian est loin d’être intéressant. On flirte avec le surréalisme, ce qui peut déplaire, et l’histoire lue d’une manière indépendante n’est guère convaincante. Les visages grossiers de Patrick Gleason peinent encore plus à séduire, malgré une colorisation et un découpage assez dynamiques.

La conclusion apportée est très onirique et touchante. Le trio Damian/Bruce/Alfred fait vraiment mouche. Cette nouvelle famille est encore toute récente mais on apprécie la suivre. Idem pour le premier chapitre Annual. Dans celui-ci Damian fait suivre un jeu de piste à son père, pour que Bruce retrouve des souvenirs de ses propres parents, à travers des lieux de vacances ou de visites, comme Londres ou la Grèce. Damian génère à ce moment là, non plus de l’empathie (il reste un sale gosse impulsif et hautain) mais de la sympathie. Sa tâche est altruiste, il veut faire plaisir à son père. Même si derrière il lui ment et travaille dans Gotham City « seul » (et donc désobéit à Batman), cela passe beaucoup plus que lors des histoires précédents. La démarche part d’un bon sentiment.

L’ensemble est donc, encore une fois, bancal. Toutefois la chapitre Annual hausse le niveau, d’autant plus que les dessins sont signés Ardian Syaf. Un trait plus réaliste et classieux que ceux de Patrick Gleason. Après ce tome il est nécessaire de lire la fin de Batman Incorporated pour connaître le dénouement -tragique- de la suite de cette histoire. Puisqu’il n’est (à priori en tout cas) pas mentionné en fin d’ouvrage, ni dans le début du quatrième tome. On déplorera également, à l’inverse de la version américaine, le chapitre Batman #17 qui venait clore l’arc sur Le Deuil de la Famille. Un ajout de peu de matériel qui aurait été bénéfique pour ceux ne lisant pas la série-mère (s’il y en a).