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DC Univers Rebirth – Le Badge

Le Badge (The Button en VO) est un tome un peu particulier. Il rassemble les chapitres #21 et #22 des séries Batman et The Flash (sous l’ère Rebirth, second relaunch de DC Comics). Ces quatre épisodes font également suite à des éléments distillés dans plusieurs histoires publiées chez l’éditeur ces dernières décennies (principalement sur Le Bolide Écarlate, mais aussi des events de DC Comics, comme Flashpoint et DC Univers Rebirth, le tout planant dans l’ombre du gigantesque et culte Watchmen). Un très bon avant-propos éditorial récapitule tout cela avant de se lancer dans la lecture. Tour d’horizon.

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[Introduction]
Guide de lecture • « Le Mystère de DC Rebirth se dévoile »
Texte entièrement reproduit depuis l’édition librairie d’Urban Comics ©

1. Le Tapis Cosmique | Flash la légende – Tome 01
Barry Allen est l’homme le plus rapide du monde. Il est le catalyseur de l’Univers Renaissance : quand il a tenté de sauver sa mère des griffes de son ennemi, Néga-Flash, il a modifié à jamais le cours de l’Histoire.

2. Flashpoint | Flashpoint
En utilisant le tapis, Barry remonte le temps afin d’empêcher le meurtre de sa mère, Nora, par son pire ennemi, le professeur Zoom, aussi appelé Néga-Flash. Ce faisant, il modifie le cours des évènements et créé un présent au bord de l’Apocalypse. Aidé par Thomas Wayne, le Batman de cette dimension baptisée « Flashpoint » *, qui assassine Zoom, Flash parvient à rétablir la continuité des évènements… sans remarquer que certains éléments ont été modifiés.

* Outre l’histoire de Flash (et de cet important chamboulement) narré dans le tome éponyme, on peut découvrir l’histoire de ce Batman particulier et original dans l’excellent one-shot Cité Brisée et autres histoires… Elle est également disponible dans les deuxième numéro du magazine Flashpoint publié en 2012.

3. Le Retour de Kid Flash | DC Univers Rebirth [mini-critique]
Wally West qui fut le partenaire de Barry Allen, pendant des années sous le pseudonyme de Kid Flash, a disparu suite au Flashpoint. Le monde entier, y compris sa femme, Linda, et Flash, l’a oublié. Lors d’une mystérieuse tempête, Wally parvient à s’extirper de ces limbes et à contacter Barry qui, se souvenant de lui, réussit à le ramener à la réalité. Wally affirme qu’une entité a enlevé dix années aux héros de la Terre, effaçant des souvenirs, des relations ou même des individus.

4. Le Pétase de Mercure | Flash Rebirth – Tome 02
Après ces retrouvailles, Flash perçoit un nouveau mouvement dans la Force Véloce et a une vision d’un objet qu’il ne reconnaît pas mais qui le remplit d’espoir : un pétase de Mercure. Un casque qui appartenait des années auparavant à Jay Garrick, le Flash des années 1940.

Batman Button Badge Comedien

5. Le Badge | Watchmen
La nuit du retour de Wally West, Batman (Bruce Wayne), le plus grand détective du monde, remarque un étrange objet dans un recoin de sa batcave : un badge « smiley » jaune taché de sang. Il s’agit du badge du Comédien, un justicier radical vivant dans une dimension parallèle, dans les évènements ont été altérés par le Dr Manhattan, un être surpuissant capable de modifier la réalité à l’envi.

6. La lettre de Thomas Wayne | Flashpoint
Dans la réalité du Flashpoint, Bruce Wayne a été abattu enfant, son père est alors devenu Batman pour le venger. Avant que cette temporalité soit effacée, Thomas a laissé une lettre à Flash afin qu’elle soit remise à Bruce, une fois la réalité restaurée. Wally West a pointé du doigt cette lettre lors de son retour.

7. Le Masque de Méduse | Batman Rebirth – Tome 03 [critique]
Roger Hayden, le Psycho-Pirate, est un super-vilain dont le Masque de Méduse lui permet de manipuler les émotions de ses adversaires. Batman a ramené le Psycho-Pirate de l’île de Santa Prisca afin d’aider son amie, Claire Clover, alias Gotham Girl. Le Psycho-Pirate est également le seul personnage qui se souvient des dimensions parallèles datant d’avant la première Crise de l’Univers DC (Crisis on Infinite Earths).

8. Johnny Thunder et Saturn Girl | DC Univers Rebirth [mini-critique]
Deux personnages semblent connaître certains secrets de l’univers de DC Rebirth. Le premier est Johnny Thunder, un métahumain retraité, qui faisait partie de la Société de Justice, la plus grande équipe de héros durant la Seconde Guerre mondiale. Il en a effacé le souvenir afin de les protéger des investigations de la Commission des activités anti-américaines, dans les années 1950. Le second est Saturn Girl, une jeune télépathe issue du XXXIème siècle, qui fait partie de la Légion des Super-Héros, une équipe d’adolescents à super-pouvoirs. Elle est actuellement enfermée à l’asile d’Arkham, mais il semblerait qu’elle soit au courant des évènements à venir.

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Le récit est également disponible en kiosque le 6 avril 2018 dans les magazines Batman Rebirth #11
et Justice League Rebirth #11 (couvertures de gauche), pour 5,90€ chacun.
Les deux bénéficient d’une édition collector limitée avec une couverture en noir et blanc, au prix de 9,90€ le magazine (couvertures de droite).
Liens pour les acheter tout en bas de cette critique.
Le recueil en librairie coûte, quant à lui, 14,50€ et sera en vente le 13 avril 2018 (couverture du haut de cet article).

[Histoire]
À Arkham, Saturn Girl regarde un match de hockey et se rappelle qu’un joueur va mourir. Batman visualise le même match, sachant (à priori) également ce qu’il va se dérouler. Le Chevalier Noir lance le badge qu’il avait retrouvé dans la Bat-Cave à côté du Masque de Méduse et le fantôme de son père, costumé également en Dark Knight (le « Batman » de la version Flashpoint) lui apparaît sporadiquement.

En attendant l’aide de Flash pour résoudre ce mystère, Bruce se fait agresser par Eobard Thawne, le professeur Zoom, alias Néga-Flash. Ce dernier avait justement été tué par Thomas Wayne dans l’univers Flashpoint.

Batman et Flash vont devoir voyager dans le temps pour résoudre l’énigme du badge et la mort de quelqu’un…

Batman Nega Flash  Nega Flash Batman

[Critique]
Premier chapitre (Batman #21) écrit par Tom King hyper efficace : un excellent rythme, un combat d’anthologie, des dessins incroyablement beaux et stylés (par Jason Fabok, qui les encre également), un découpage dynamique (qui rend hommage à Watchmen par ses cases type gaufrier — neuf par planche — et l’omniprésence du célèbre jaune des Gardiens — Brad Anderson est à la colorisation), un coup de théâtre final, bref c’est un sans faute !

Deuxième chapitre (The Flash #21) avec une autre équipe artistique, notamment Joshua Williamson à l’écriture, Howard Porter pour les dessins et Hi-Fi pour les couleurs. En résulte un style graphique différent mais extrêmement soigné à sa manière, dont les mouvements colorés de Flahs sont un pur régal visuel. Après l’action et la violence, place à la réflexion et à l’enquête. Des dialogues interminables entre les deux justiciers ont lieu, sans qu’on comprenne clairement tous les enjeux, faute à un certain jargon plus ou moins scientifique. Rien de très grave cependant. La plupart des connexions à d’autres comics mentionnées en introduction sont abordées à nouveau ici (DC Univers Rebirth, Flashpoint, Cité Brisée et autres histoires…, Flash Rebirth – Tome 02, etc.).

De façon anecdotique, on apprend aussi que le sang sur le badge (celui du Comédien de Watchmen) n’est pas recensé dans l’univers actuel. L’ensemble de cette histoire, un chouilla plus centré sur Flash a un côté « psychédélique » grâce aux couleurs vives causées par le voyage dans le temps (ou les univers) de Batman et du Bolide Écarlate. Ce qui donne lieu à une rencontre surréaliste (et fantasmée depuis des années par les fidèles lecteurs fans de Flashpoint) : le Batman de Flashpoint, donc Thomas Wayne, face à « notre » Batman, donc Bruce Wayne !

Flash The Button

Troisième chapitre (Batman #22) replongeant dans l’univers Flashpoint avec un flash-back de Thomas Wayne qui s’était recueilli dans son manoir, attendant les soldats d’Aquaman et Wonder Woman (les deux étaient alors en guerre avant de s’allier). On nous explique qu’il ne s’agissait pas d’un univers alternatif mais d’une histoire alternative et que le lieu est le même. Un brin confus quand même pour le lecteur, qu’il soit connaisseur des œuvres précitées et de l’univers DC (il a tout intérêt à l’être) ou simple néophyte (qui risque d’être totalement largué).

En résulte malgré tout de très beaux moments entre Bruce et Thomas, quand le fils annonce au paternel qu’il est grand-père par exemple, c’est émouvant, le temps d’une case mémorable. La relation entre les deux pourrait faire l’objet d’une série à part, tant il y aurait à proposer avec ce duo original ! Le costume croqué à l’origine par Eduardo Risso est respecté et permet d’identifier aisément quel Chevalier Noir parle ou agit.

Bruce Thomas Wayne Batman

Quatrième chapitre (The Flash #21) flamboyant et coloré ! Avec ce ton pastel unique qui dénote clairement avec la série Batman mais qui passe tout de même très bien. Ce petit manque de cohérence graphique n’est pas très important car les deux sont originaux et soignés.

La conclusion nous (re)présente Jay Garrick, le tout premier Flash (publié pour la première fois en janvier 1940 !) et évidemment un autre personnage célèbre du monde de DC Comics (pas vraiment une surprise de le voir mais assez jouissif quand même).

Un épilogue de deux planches, sans texte, clôt une partie de l’ouvrage avec une élégance rare (à priori lié à l’autre évènement DC « Superman Reborn », disponible dans les magazines Justice League Rebirth #10, #11 et #12 (mars, avril et mai 2018) et dans DC Univers Rebirth : Superman, en vente dès le 29 juin 2018).

Flash Batman Button

La « suite », la confrontation des héros de Watchmen avec ceux de DC Comics est à découvrir dans la série Doomsday Clock, écrite par Geoff Johns et dessinée par Gary Frank. Elle est actuellement en publication et se déroule sur douze chapitres prévus de novembre 2017 à juillet 2019. Superman sera opposé au Dr. Manhattan. Urban Comics propose les six premières pages (en noir et blanc) en exclusivité (The Road to Doomsday Clock). Il s’agit donc de la suite « officielle » de Watchmen (spoiler : le journal de Rorschach a bien été publié par la presse, Adrien Veidt (Ozymandias) a donc été démasqué et est activement recherché).

Que vaut donc Le Badge une fois la lecture terminée ? L’impression de lire un récit « important » dans l’histoire du DC Comics. Une histoire un peu courte qui fait surtout office d’introduction (à Doomsday Clock). Sur les graphismes, il n’y a rien à dire, comme évoqué les deux styles (de Jason Fabok et de Joshua Williamson) se conjuguent à merveille malgré leurs flagrantes différences. Le travail de colorisation est à salué également tant il apporte un plus non négligeable. Le livre comporte de magnifique doubles pages qui sont, une fois de plus, un régal pour les yeux. Par ailleurs, huit superbes couvertures alternatives concluent le tome.

Sur le scénario, le plus gros défaut du titre est son accessibilité. Un novice total de l’univers de DC n’y comprendra pas grand chose (niveau connexions avec les autres personnages et œuvres) et ne saisira aucune référence. Même les fans les plus aguerris auront bien besoin du récapitulatif en début d’ouvrage pour tout bien avoir en tête. Idéalement donc, il faut à minina connaître Flashpoint mais aussi son extension sur Batman, sans oublier Watchmen. Cela fait « beaucoup » pour séduire un nouveau lectorat. Mais ce n’est pas le but ici. L’idée est de proposer un vaste chantier éditorial et une prise de risque énorme dans le paysage des comics. Et à ce niveau là, le pari est gagné haut la main. Le fan de Watchmen et de Batman ne pourra qu’être conquis ! Coup de cœur 2018.

Bruce Wayne Flash

[À propos]
Publié en France le 13 avril 2018 chez Urban Comics.

Scénario : Tom King (Batman #21-22), Joshua Williamson (The Flash #21-22), Geoff Johns (Doomsday Clock)
Dessin : Jason Fabok (Batman #21-22), Howard Porter (The Flash #21-22), Gary Franck (Doomsday Clock)
Couleur : Brad Anderson (Batman #21-22), Hi-Fi (The Flash #21-22)

Traduction : Alex Nikolavitch, Jérôme Wicky, Ed Tourriol
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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Batman Thomas Bruce Wayne

Guide de lecture minimaliste avant de découvrir Le Badge :
1. Watchmen
2. Flashpoint
3. Batman : Cité brisée et autres histoires…
ou version kiosque magazine en occasion : Flashpoint #2
4. DC Univers Rebirth (intégrale)
ou version kiosque magazine en occasion : DC Univers Rebirth #1

5. DC Univers Rebirth – Le Badge (13 avril 2018)
6. DC Univers Rebirth – Superman (29 juin 2018)
7. Doomsday Clock (premier tome au plus tôt fin 2018)

Batman Le Badge The Button Smile Smiley Watchmen

Batman – New Gotham | Tome 02 : Un homme à terre

Batman New Gotham Gordon

New Gotham est une série de trois tomes se déroulant après la saga No Man’s Land (mais il n’est pas obligé de l’avoir lu pour découvrir ce nouveau run). Elle est principalement scénarisée par Greg Rucka, bénéficie d’un style graphique particulier et se focalise sur Gordon et Batman. Critique du second tome, Un homme à terre, qui contient douze chapitres répartis en deux parties bien distinctes.

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[Histoire]
Le volume se scinde en deux parties. La première (Turning Points en VO) propose cinq chapitres indépendants se déroulants à différents moments importants dans la mythologie de Batman, donc bien avant le fameux No Man’s Land (NML) — à l’exception du dernier chapitre. Cette partie permet d’introduire pus efficacement la seconde (Batman : Officer Down en VO, donc Un Homme à Terre en VF) : un chapitre de sept séries différentes pour suivre un protagoniste de l’univers de Batman après les évènements du NML.

Première partie – Turning Points (5 chapitres)

Jusqu’à ce que la mort nous sépare
Scénario : Greg Rucka | Dessin : Steve Lieber

[Se déroule juste après Année Un]
Gordon vient de se faire quitter par sa femme, Barbara, repartie vivre à Chicago avec leur fils James Jr. En cause : la vie à Gotham City et la relation infidèle entre Essen * et Gordon. Dans la foulée, le « capitaine » Gordon doit gérer une prise d’otage dans une église pendant un mariage. Batman, qui fait alors ses premiers pas de justicier, essaie d’aider tout en ayant l’approbation de Gordon.

Batman New Gotham Turning Points

D’une génération à l’autre, comme un cancer
Scénario : Ed Brubaker | Dessin : Joe Giella

[Se déroule entre Amère Victoire et Robin : Année Un]
Gordon apprend que Batman a un allié adolescent et n’approuve pas que ce jeune garçon soit en danger permanent. Mais le policier est amené à le rencontrer lors d’un affrontement face à Mister Freeze et va changer d’avis…

Batman Robin Turning Points

Hanté
Scénario : Ed Brubaker | Dessin : Dick Giordano

[Se déroule après Killing Joke et Un Deuil dans la Famille]
Un tueur en série du nom de L’Éboueur a assassiné une troisième personne dans Gotham City. Mais Batman laisse la police s’en charger, préférant utiliser d’autres cibles avec de nouvelle méthodes : plus furtif, plus violent et s’éclipsant rapidement après une action. Violence et solitude comme il le résume lui-même.

Gordon Batman New Gotham

Transformations
Scénario : Chuck Dixon | Dessin : Brent Anderson

[Se déroule durant Knightfall, lorsque Jean-Paul Valley reprend le costume de Batman]
Face aux agissements de plus en plus en violent et à la radicalité de Batman, Gordon soupçonne que ce ne soit plus le même homme sous le masque. Robin ne l’aide pas et le policier est contraint de se tourner vers Bane, emprisonné à vie.

Batman Azrael New Gotham

(Conclusion) Aussi vieux que les étoiles
Scénario : Greg Rucka | Dessin : Paul Pope

[Se déroule peut après No Man’s Land]
Un homme revient à Gotham City après plusieurs années en compagnie de sa femme et sa fille. Il souhaite voir Gordon et Batman. Ces deux derniers sont en charge de surveiller des personnes pouvant être la cible d’un attentat.

Batman Gordon New Gotham

Seconde partie – Un Homme à Terre / Batman : Officer Down (7 chapitres)

C’est l’anniversaire de Jim Gordon. Le policier fête cela dans un bar avec ses collègues et reparle de l’importance de leur métier, leur pouvoir de privatisation de la liberté de quelqu’un et l’obligation de se souvenir que chaque personne arrêtée a une famille. En rentrant chez lui pour retrouver sa fille Barbara, il croise Catwoman dans une ruelle et se fait tirer dessus. Trois balles dans le dos. Un homme à terre.

Le femme féline est vite suspectée et recherchée tandis que la police peine à trouver des témoins ou à retrouver Catwoman. La Bat-Family (Nightwing, Robin, Azrael et Batgirl) se réunit autour d’Oracle en attendant les consignes de Batman, fou de rage quand il apprend la nouvelle. Qui a tiré sur Gordon ? Celui-ci va-t-il s’en sortir sans séquelles ?

Batman New Gotham Gordon GCPD

[Critique]
Voilà un tome qui va clairement rejoindre les coups de coeur voire… les indispensables des comics sur Batman ! Un livre qui peut se lire en totale indépendance de la saga No Man’s Land mais aussi de la série New Gotham ! Il n’y a d’ailleurs quasiment aucune connexion directe ou importante avec ces précédentes histoires (en tout cas rien d’obligatoire à connaître pour ne pas prendre de plaisir pour découvrir Un Homme à Terre). En revanche, il faut connaître les « incontournables » pour totalement apprécier la première partie de l’ouvrage (Turning Points), sur laquelle on va s’attarder quelque peu.

Si cette bande dessinée frôle en effet la perfection, c’est parce qu’elle [dans Turning Points donc] vient apporter des pièces de puzzle aux récits forts du Chevalier noir : Année Un, Amère Victoire, Robin : Année Un, Killing Joke, Un Deuil dans la Famille, Knightfall… Tous les moments blessant psychologiquement (et physiquement) Gordon et Batman se retrouvent donc entremêlés à de courtes histoires (dont la dernière rejoint la première de façon élégante et « boucle ainsi la boucle »). Ces cicatrices de combat que portent les deux hommes se répercutent à travers d’efficaces monologues alternés entre les deux. Une narration croisée qui rappelle les meilleurs moments des comics sur Batman, qui plus est dessinée avec un grand respect des styles de l’époque !

Batman New Gotham Oracle Bat Family

La seconde partie du tome, les sept chapitres formant donc l’arc Un Homme à Terre, est tout aussi réussie. L’histoire est digne d’un bon polar (difficile de trouver le coupable, un chouilla dommage que le lecteur ne le connaisse pas « vraiment » en amont). Plusieurs scénaristes officient à tour de rôle (comme pour la première partie) mais les connaisseurs reconnaîtront indéniablement le style de Greg Rucka (qui officiera ensuite sur l’excellent Gotham Central en reprenant justement l’univers qu’il met en place ici, celui centré sur la police de la ville) et Ed Brubaker (qui travaillera sur le même projet).

L’étonnant retrait de Batman durant l’enquête pour retrouver l’agresseur de Gordon est l’un des rares points un peu étrange de l’histoire. Il le dit : ses alliés sont capables de s’en sortir. Mais cette inactivité a des conséquences inattendues, à commencer par un sévère conflit avec… Alfred ! On peut ajouter le côté déjà-vu et un peu cliché sur les réflexions sur les notions de justice et vengeance mais elles sont réalistes et donc pas distrayantes pour autant. Le duo Allen/Montoya est particulièrement mis en avant et fédère immédiatement de l’empathie (dans la droite lignée de ce qu’on a aperçu dans NML pour Montoya et Évolution pour Allen). Qui plus est, comme évoqué plus haut, on tient là un tome quasiment indépendant qui vient compléter d’anciens récits et proposer une histoire one-shot axée sur Gordon. Aucune raison de s’en priver !

Batman New Gotham Alfred

Seule ombre au tableau : l’armée de dessinateurs différents qui s’occupent de ces sept chapitres. Deux d’entre eux sont plutôt faiblards : cases aux fonds colorés unis, visages parfois caricaturés… Rien de trop désagréable mais on peut tiquer (un peu) sur cet aspect. Le reste est vraiment brillant, on ne peut que conseiller ce tome, sans obligation d’avoir lu le premier ou No Man’s Land (mais idéalement les récits incontournables dans la chronologie du Dark Knight). L’ensemble apporte une pierre non négligeable à la mythologie du Chevalier Noir.

Batman New Gotham Catwoman Azrael

 

[À propos]

Publié en France en septembre 2017.

Contient en VO / Titres des chapitres :
– Batman Turning Points #1-5

Un Homme à Terre (7 chapitres)
– Batman #587 : voici vos droits
Scénario : Greg Rucka | Dessin : Rick Burchett
– Robin #86 : derrière les lignes
Scénario : Ed Brubaker | Dessin : The Pander Brothers
– Birds of Prey #27 : armé et dangereux
Scénario : Chuck Dixon | Dessin : N. Steven Harris
– Catwoman #90 : l’arme du crime
Scénario : Bronwyn Carlton | Dessin : Michael Lilly
– Nightwing #53 : incriminant
Scénario : Devin Grayson | Dessin : Rick Burchett
– Detective Comics #754 : le monstre dans la boîte
Scénario : Nunzio DeFilippis | Dessin : Michael Collins
– Batman:Gotham Knights #13 : conclusion
Scénario : Greg Rucka | Dessin : Rick Burchett

Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : Moscow ★ Eye

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Batman New Gotham Nightwing  Batman New Gotham Azrael

Batman – New Gotham | Tome 01 : Évolution

Batman New Gotham

New Gotham est une série de trois tomes se déroulant après la saga No Man’s Land (mais il n’est pas obligé de l’avoir lu pour découvrir ce nouveau run). Elle est principalement scénarisée par Greg Rucka, bénéficie d’un style graphique particulier et se focalise sur Gordon et Batman. Critique du premier tome, Évolution, qui contient douze chapitres de la série Detective Comics : du #742 à #753).

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[Histoire]
Au lendemain de la fin du no man’s land, Gotham est à la reconstruction. Gordon, toujours endeuillée par la mort de sa femme par le Joker, reprend du service au GCPD. Batman veille et arpente sa ville…

La recrudescence du crime organisé complexifie la situation. Le commissaire et le Chevalier Noir mènent l’enquête sur un meurtre d’un policier récent. Les indices conduisent à un certain Vassili Kosov de la mafia russe.

Mais dans l’ombre, Ra’s Al Ghul dirige un plan secret, aidée de sa complice « Murmure De Défi »…

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[Critique]

Évolution est un tome très moyen, aussi bien sur son travail scénaristique (Rucka fut plus inspiré dans No Man’s Land et le sera davantage peu après dans Gotham Central) que graphique (sur lequel on s’attardera plus tard). S’il n’est nul besoin d’avoir lu la saga No Man’s Land (NML) pour apprécier ce premier volet (sur trois) de New Gotham, des références explicites ou non à cette ancienne situation particulière * apparaissent de nombreuses fois. À commencer par la dissociation entre les V.G. (Vrais Gothamiens) et les DEZ (Déserteurs) — dont est affublé Bruce Wayne — qui revient régulièrement et donne naissance à divers conflits. Malheureusement, ceux-ci ne seront pas exploités convenablement.

Le livre se scinde en effet en plusieurs parties et à peu près quatre fils rouges narratifs répartis sur douze chapitres. Le plus important, qui occupe plus de la moitié de l’ouvrage, est la relation entre Batman/Bruce et « Murmure de Défi » (sic). Cette dernière sert donc Ra’s Al Ghul, peu présent in fine. Son plan n’est pas très clair et les nombreux protagonistes issus de mafias et gangs différents n’aident pas du tout à la compréhension. Pire : les transformations en serpent ou en loup des sbires de l’immortel ennemi du Chevalier Noir cassent l’ambiance « hard boiled » qui était pas mal instaurée. C’est à dire un côté polar, urbain et relativement noir (à l’instar de la série Gotham Central, plus aboutie, du même Rucka). Les autres arcs sont plus captivants mais durent moins longtemps. L’un englobe ce qu’on voit en filigrane tout au long du récit (avec quelques mises en avant de temps en temps) : le retour de Gordon (endeuillé), la vie des flics (Crispus, Bullock, Montoya…), la politique à Gotham (un maire peu populaire), etc. bref, ce qui peut clairement se nommer « l’après NML ».

 Batman New Gotham

Batman New Gotham

Toujours dans cette optique post-NML, une histoires s’attarde sur Montoya et sa relation avec Harvey Dent/Double-Face (ce dernier étant tombée sous le charme de la policière dans NML) puis la lecture d’un comic-book écrit et dessiné par Dent lui-même le met en scène dans des aventures héroïques (un côté clairement WTF assumé et amusant). Enfin, pour conclure sur cet après NML, on retrouve Poison Ivy qui avait élu domicile dans un parc végétal durant un an où plusieurs orphelins l’avaient rejoint (pendant le no man’s land donc). On récapitule les quatre récits qui s’entrecroisent : Batman contre la mafia et Ra’s Al Ghul via sa sbire « Murmure De Défi », Gordon et ses équipes dans un Gotham qui se reconstruit, Montoya et sa relation ambigüe avec Harvey Dent et enfin Poison Ivy condamnée à quitter un parc où elle n’a jamais blessé ou tué qui que ce soit.

Comme évoqué, toute la partie avec « Murmure De Défi » occupe une place prédominante (la première moitié du livre puis un retour entre deux autres histoires). Celle-ci est plutôt frustrante car l’on retrouve un Batman axé en mode détective (même si pas mal de choses restent confuses dans les résolutions d’énigmes, les nombreux noms de mafieux…) mais avec des problèmes scénaristiques flagrants : manque d’empathie pour « Murmure De Défi » (ce nom…), transformations en animaux surréalistes, manque de clarté sur les enjeux et le plan à long terme de Ghul.

New Gotham Bullock

Du côté des graphismes, pas de demi-mesure : ça passe ou ça casse. Deux aspects à prendre en compte, une sur laquelle il est assez simple de faire l’unanimité : la colorisation, effectuée intégralement par le studio Wildstorm FX, qui est excellente puisqu’elle se concentre sur une couleur seulement par chapitre, le reste étant en nuances de gris ou de bleu. Ainsi on retrouve beaucoup de planches mélangeant une couleur froide principale (du bleuté) avec des variations colorisées d’une couleur chaude (orange, rouge…). Presque bichrome donc, ce pari graphique audacieux est réussi (rappelant parfois brièvement Sin City). Malheureusement, le second aspect sur lequel on est plus critique est tout simplement « le dessin ». Huit chapitres sur douze sont ainsi signés par Shawn Martinbrough. Ses traits anguleux et gras (pas tout à fait cartoony quand même mais presque — cf. les nombreuses images d’illustrations de cette critique), manquent cruellement de détails et ressemblent à des brouillons, fan-arts ratés ou des résumés grossiers. L’ensemble (dessins et couleurs) se rejoignent plutôt bien mais on tique quand même devant trop de cases pour apprécier le tout et être émerveillé. Dommage, il y avait clairement un coup à jouer. Heureusement, les quatre chapitres restant sont dessinés par quatre autres artistes et sont nettement plus réussis, ancrés dans un certain réalisme et plutôt élégant, avec toujours ce même jeu de couleur quasi bichromique qui sert à merveille l’ouvrage.

Anecdotiquement, sur le plan éditorial, on sera aussi rebuté par une police d’écriture assez illisible, choisie le temps de quelques planches. Trop de poins négatifs donc, pour véritablement apprécier Évolution. Mitigé aussi par quelques incohérences d’écriture qui sautent aux yeux. Par exemple, Bruce Wayne est affublée par Lucius Fox d’une garde du corps (Mlle Bordeaux). Sans tomber dans un sexisme primaire, on peut s’étonner de ne pas avoir choisi plutôt un voire deux hommes robustes pour ce travail. Peu importe, cette mise en situation inédite pourra déboucher sur des scènes intéressantes (à voir ce que donnera le tome deux). Seulement, dès l’arrivée de cette garde du corps, Bruce s’éclipse de son bureau juste devant elle et ressort peu après en Batman devant les fenêtres. La jeune femme est surprise mais ne fait pas le lien entre le milliardaire et le justicier…

Ras Al Ghul New Gotham

Il faut reconnaître à Rucka quelques idées novatrices ou en tant cas plutôt intéressantes. Wayne apparaît beaucoup en civil, décrit comme un homme à femme et un type maladroit. C’est quelque chose qu’on voit de moins en moins dans les comics sur Batman, c’est donc tout à fait plaisant de (re)trouver cela. On se focalise à nouveau sur lui et Gordon, un peu comme à l’époque d’Année Un, récit initiatique des (nouvelles) origines du Chevalier Noir. Ce retour aux sources parsème Évolution, durant lequel les autres figures d’alliées résonnent par leur absence notoire : quid de toute la Bat-Family qui peuplait NML ? Même Alfred n’officie qu’en figurant le temps de quelques cases.

Un premier tome plutôt moyen, avec des partis pris graphiques et scénaristiques alléchants mais pas forcément bien exploités ou finalisés. À suivre dans les deux volets suivant…

Batman New Gotham

* À noter également, des références aux évènements survenus dans La Tour de Babel et un affrontement avec Hugo Strange mentionné (on ignore de quelle histoire précise il s’agit, peut-être La Proie de Hugo Strange).

Gordon Bullock New Gotham

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 16 juin 2017.
Publication originale en 2000 à 2001 dans Detective Comics #742 à #753.

Titres des chapitres :
Honneur à nos morts [DC#742]
Évolution (Chapitre 1 à 4) [DC #743-746]
– Évolution I : Murmures dans les Ténèbres
– Évolution II : Unité de but
– Évolution III : Les Lois du Pays
– Évolution IV : Arrière-goût
– Joie-deux Anniversaire
[DC #747]
Rénovation Urbain (Chapitre 1 à 2) [DC #748-9]
Dépendance [DC #750]
Balade dans le Parc (Chapitre 1 à 2) [DC#751-2]
Les Aventures de Copernic Dent [#DC 753]

New Gotham Batman

Scénario : Greg Rucka
Dessin : Shawn Martinbrough | John Watkiss (+ DC #745-6), William Rosado (DC #747), Phil Hester (DC #748-9), Steve Mannion & Brad Rader (DC #753)
Encrage : Steve Mitchell | Hilary Barta & John Lowe(DC #753)
Couleurs : [Studio] Wildstorm FX
Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : Moscow ★ Eye

Poison Ivy New Gotham

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Bruce Wayne Murmures de defi new gotham  Gordon Batman New Gotham

Ci-dessous, deux exemples des « transformations animales » de deux personnages…

New Gotham Snake  New Gotham Wolf Lycanthrope