Archives de catégorie : Justice League

Justice League – Tome 8 : La Ligue d’Injustice

Ligue Justice Tome 8 Ligue d'Injustice

[Histoire]
Après les évènements survenus durant Le Règne du Mal, la Ligue de Justice intègre Shazam dans ses rangs, qui se lie d’amitié avec Cyborg. Considéré comme le sauveur de la Terre, Lex Luthor, souhaite lui aussi rejoindre l’équipe mais ses membres sont réticents.

Luthor a déduit l’identité de Batman et se rend au Manoir Wayne pour en informer le principal intéressé. Il souhaite avoir l’avantage sur une proposition de partenariat économique avec les entreprises Wayne (quitte à faire du chantage). Le terrible homme d’affaires recrute également Captain Cold (ennemi de Flash normalement) pour assurer sa sécurité.

Par ailleurs, l’anneau de Power Ring a pris possession de l’esprit de Jessica, une « simple » citoyenne. Véritable entité maléfique, l’artefact contrôle directement la jeune femme qui commet des actes de destruction à son insu. Pour l’aider, c’est la Doom Patrol qui doit intervenir, petite équipe hétéroclite dont les membres sont rejetés par la société à cause de leurs « gueules cassées ».

Enfin, Superwoman, une des trois survivantes du Syndicat du Crima est emprisonnée et… enceinte !

Injustice League

[Critique]
Transition obligatoire, les chapitres de l’après Règne du Mal sont davantage contemplatifs et (un peu) moins portés vers l’action (surtout dans sa moitié initiale). Cela n’est pas une mauvaise chose, mais l’on y découvre un fourre-tout pas forcément très bien équilibré. Les membres de la Ligue de Justice se résument au trio emblématique (Superman, Batman et Wonder Woman) gravitant autour de Lex Luthor. Les autres (Flash, Aquaman…) font office de figuration. Cette façon de faire n’est pas forcément déplaisante mais on se sent un peu lésé par rapport aux autres protagonistes (un « défaut » par ailleurs récurrent sur l’ensemble de la série). Les quelques échanges entre Shazam et Cyborg fonctionnent bien et apportent une touche d’humour non négligeable.

Shazam à Cyborg :
– Qu’est-ce que vous faîtes pour vous amuser, par ici ? Parce que là, bonjour l’ambiance ! On doit bien pouvoir faire autre chose que de surveiller, non ? Il n’y avait pas de table de ping-pong dans l’ancienne tour de garde ?

– Non.
– Il vous en faut une. Sérieux. Et une piscine, aussi.
– Aquaman en voulait une.
– Tu as déjà remarqué qu’il dégageait comme un léger parfum de poissonnerie ? Ne lui dis pas que j’ai dit ça, hein ?
– T’inquiète.
– Bon. Vous avez au moins une XBox, quand même ?
– Moi, ouais. Dans mon épaule gauche.
– Sérieux ?! On se fait une partie ?

Bruce Wayne Luthor

L’ouvrage contient deux arcs : La Ligue d’Injustice (curieuse appellation) et Le Virus Amazo. Si la première est plutôt « originale » sur son histoire (centrée sur Luthor donc), elle oscille entre l’agréable et le moyen (qu’advient-il de la Doom Patrol, soudainement survenue ?). Constat surtout imputable à cause des planches de Doug Mahnke, qui manquent clairement de « style », c’est très banal, pas forcément esthétique ni extraordinaire. Les visages sonnent « faux ». La seconde est plus efficace grâce aux dessins de Jason Fabok. Ses traits sont somptueux, détaillés et léchés, se rapprochant de ceux de David Finch et de Jim Lee ; ces trois artistes ayant un style assez similaires et très efficaces. Les scènes d’action sont d’une fluidité exemplaire. Visuellement sublime.

Fabok Wonder Woman

Scénaristiquement plus faible (et très prévisible), l’aspect graphique prime quand même avant tout et relance l’intérêt de la série, qui avait tendance à se centrer beaucoup trop autour de Lex Luthor. Ce parti pris (discutable) s’avère toutefois payant puisqu’en un volume on assiste à l’ascension puis la chute de l’éternel ennemi de Superman ; bien que son sort (au sein de la Justice League) ne soit pas définitivement statué à la fin. Fin qui annonce d’ailleurs le retour de Green Lantern, dans l’apprentissage du Power Ring pour Jessica (à lire dans la série de Green Lantern à priori). L’ensemble du récit est toujours écrit par Geoff Johns (depuis le tout début de la série). L’auteur soigne son histoire et sait où il va, il est par contre dommage que certains passages lui échappent ou ne soient qu’éphémères (la Doom Patrol en est le parfait exemple, on pourrait en rajouter beaucoup d’autres, la plupart étant à suivre dans les séries d’autres super-héros, ce qui est parfois agaçant). Le fil rouge narratif principal est, en tout cas, toujours solide et passionnant, c’est l’essentiel.

« Ma Doom Patrol est un groupe de soutien pour méta-humains
incapables de devenir les dieux et les déesses qui constituent la ligue de justice. »
Niles Caulder, chef de la Doom Patrol

Le chef antipathique Niles Caulder de l’équipe des Doom Patrol n’aide pas à générer de la sympathie pour lui, voire pour ses membres, peu fouillés et débarquant un peu brusquement (Element Woman servant de lien avec les anciens chapitres puisqu’elle apparaissait en amont dans la série mais aussi dans Flashpoint et dans La Ligue de Justice d’Amérique).

Doom Patrol

Un chapitre un peu particulier vient clore ce huitième tome, il s’agit de Compte Rendu qui achevait Justice League of America, courte série conçue uniquement pour faire le lien avec la Guerre des Ligues. En quatorze chapitres (dont presque la moitié ont été publiés dans le tome 4 de Justice League pour une meilleure cohérence en France), cette ligue particulière n’a pas été bien exploitée (elle n’était qu’un prétexte à être une troisième équipe qui prendrait part à un event) et s’est terminée en se scindant en plusieurs mini-séries. Une de ses « suites » est Justice League United (inédite chez nous) se concentrant sur Le Limier Martien et Stargirl qui prennent la tête de leur nouvelle league.

Ces deux personnages sont justement au cœur de cet ultime chapitre, servant de conclusion à la fois au livre, mais aussi à la série éponyme (et qui fait donc suite au quatrième tome). Saluons le choix d’Urban de le placer ici. D’autant plus que cette « fin » n’est pas spécialement épique. Se succèdent ainsi bon nombre de dessinateurs pour dévoiler un Limier Martien bien trop impulsif et colérique qui rejoint une jolie et maline Stargirl, avant de devenir un duo s’éloignant de la Terre. Entre-temps, le lecteur découvre ce qu’il est advenu de chaque ancien membre (Katana, Green Arrow, Catwoman…).

Stargirl

La Ligue d’Injustice sonne donc comme une transition post-Forever Evil (ce qui est logique), beaucoup trop orienté sur Lex Luthor (cela peut déplaire), ne mettant pas assez en avant des membres de la Ligue de Justice et contenant trop d’annonces laissées en suspens : Owl Man, Superwoman, la Doom Patrol, les futurs métahumains (et quid de Metal Men et des autres ligues des volumes précédents ?)… Néanmoins, l’ensemble fonctionne et se lit très bien. Il devrait déboucher sur quelque-chose de plus grand, comme le prouve le dernier chapitre du Virus Amazo. Il tend vers une épopée plus cosmique (La Guerre de Darkseid — qui sera en effet le titre des deux derniers tomes de la série) et dirige vers Convergence, un nouvel évènement massif qui impactera toutes les séries (oui, encore) et pourrait même causer un relaunch (MàJ mai 2016 : c’est effectivement le cas avec Rebirth). Du côté de Batman : du mal à anticiper la suite puisque Luthor, clairement en mauvaise posture au sein de la Ligue, connaît son identité. Entre cette information et les nouvelles, découvertes dans l’œuvre, on espère que la suite et fin de la série les utilisera à bon escient.

Malgré les défauts évoqués, la série, injustement qualifiée de mainstream et/ou « destinée au grand public » (pourquoi serait-ce un défaut ? pourquoi penser que, par conséquent, ce n’est « pas bien » ? la qualité peut être au rendez-vous également, c’est le cas depuis le début de toute façon), gagne en profondeur et assure une lecture divertissante et agréable.

Batman Superman Virus Amazo

« Vois-tu, chère sœur, les criminels méta-humains tuent des centaines de personnes, chaque année.
Aucune prison sur Terre n’est en mesure de les retenir bien longtemps.
Plus de 87% des méta-humains violents s’évadent moins de trois mois après leur incarcération.
En moins d’un mois à Arkham.
Après avoir rencontré les familles des victimes, je leur ai juré que je trouverais un meilleur moyen de neutraliser ces terribles criminels.
J’ai alors cherché comment bloquer les pouvoirs méta-humains.
Le Virus Amazo a été conçu pour les inhiber temporairement.
»
Lex Luthor

Luthor

 

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 23 octobre 2015
Scénario : Geoff Johns + Matt Kindt (Compte Rendu)
Dessin : Doug Mahnke (La Ligue d’Injustice #1-4 + Le Virus Amazo Prologue), Ivan Reis (La Ligue d’Injustice #1 + Le Virus Amazo Prologue), Jason Fabok (Le Virus Amazo #1-5), Scott Kolins (épilogue La Ligue d’Injustice) et collectif (Compte Rendu)
Encrage : Scott Hanna (La Ligue d’Injustice), Christian Alamy (La Ligue d’Injustice + Le Virus Amazo Prologue) et Keith Champagne (La Ligue d’Injustice #2-4 + Le Virus Amazo Prologue) et collectif ( Le Virus Amazo Prologue et Compte Rendu)
Couleur : Rod Reis (La Ligue d’Injustice #1-2), Andrew Dalhouse (La Ligue d’Injustice #3-4-ép.), Brad Anderson ( Le Virus Amazo), Brian Miller (Hi-Fi) (pour Compte Rendu)
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Edmond Tourriol — Studio Makma

(Contient : JL #30-39 + JLA #14)
La Ligue d’Injustice (JL#30-34 + ép.) / Le Virus Amazo (prologue + JL#35-39) / Compte Rendu (JLA#14)

Power Ring Jessica

Acheter sur amazon.fr : Justice League – Tome 08 : La Ligue d’Injustice

Lex Luthor Alfred

Justice League – Tome 6 & 7 : Le Règne du Mal (Forever Evil)

Cet article revient sur l’évènement Forever Evil à travers les futures publications en librairie que seront les tomes 6 et 7 de la série Justice League, intitulés Le Règne du Mal. Ceux-ci comprendront les chapitres #01 à #07 de la série éponyme Forever Evil, ainsi que les chapitres #24 à #29 de la série Justice League. Ils contiendront également un chapitre sur La Société Secrète et un sur Black Adam. Tous sont actuellement publiés dans Justice League Saga et le magazine Forever Evil.

En outre, ce billet fait directement suite à La Guerre des Ligues (Trinity War) et, pour ceux qui préfèrent se restreindre uniquement à l’univers de Batman, il fait écho à Villains Month et Arkham War.

[Article en cours d’écriture]

justice league le règne du mal[Histoire]
Le Syndicat du Crime a envahit la Terre et la Ligue de Justice a disparu ! Cette équipe est une sorte de version « maléfique » de la Justice League, ses membres sont un reflet violent des héros de l’univers DC Comics (voir L’Autre Terre pour une description plus précise).

Ultraman déplace la lune devant le soleil plongeant ainsi la planète dans l’obscurité totale. Lui et ses équipiers, Owlman, SuperWoman… libèrent tous les détenus des prisons et des asiles dans la foulée (voir Arkham War). Ils demandent à tous les « méchants » de se joindre à eux, kidnappent Nightwing et révèlent son identité au monde entier !

La seule résistance pourrait bien émerger de… Lex Luthor. L’éternel rival de Superman s’est en effet caché et gardait deux atouts dans sa manche : une prodigieuse armure et un clone peu avancé de l’Homme d’Acier (Bizarro). À sa lutte se joindront Black Adam, l’ennemi juré de Shazam, Sinestro, l’ancien Green Lantern, Captain Cold, membre des Lascars, ainsi que d’autres ennemis des super-héros mais également… Batman et Catwoman. Le duo est à priori seul rescapé de La Guerre des Ligues. L’homme chauve-souris a lui aussi quelques secrets qui pourraient bien renverser la situation !

Par ailleurs, on découvre les vies respectives de certains membres du Syndicat du Crime sur leur ancienne planète : Owlman et l’Outsider, Ultraman, etc.

[Critique]
Plus réussi que La Guerre des Ligues (qui instaurait une bonne mythologie dans l’univers, grâce à Pandora, à la nouvelle Ligue de Justice d’Amérique mais qui décevait un peu par la fin), Forever Evil est sincèrement une agréable découverte. Le sujet était un peu « facile », pas forcément bien amené mais les conséquences et les différentes histoires qui en découlent sont bien menées. Si la série principale, Forever Evil, suit principalement Lex Luthor et, peu à peu, quelques autres personnages emblématiques, elle ne fait pas office de « fourre-tout » et conserve un statut indépendant.

L’association avec la série Justice League (centrée sur Le Syndicat du Crime puis Cyborg et enfin les Metal Men) est évidemment un atout, mais celle-ci s’avère moins prenante que la série Forever Evil. Évidemment, lire toutes les autres séries impactées décuple le plaisir : Arkham War, A.R.G.U.S., et Rogues Rebellion pour les principales, mais aussi les chapitres consacrés aux ennemis dans le cadre du Villains Month, comme Black Adam présent dans l’ouvrage, mais également Black Manta, L’Épouvantail… et ainsi de suite, les principaux étant présents dans les magazines Forever Evil et Justice League Saga (et Batman Saga Hors-Série #5). Voir le bonus en fin d’article pour plus de détails.

À l’inverse de La Guerre des Ligues, la lecture de ces deux tomes ne nécessitent pas un gros travail en amont (avec la Ligue des Ténèbres ou Shazam par exemple). Il est en revanche conseillé de lire L’Autre Terre, qui explore davantage cette autre ligue « maléfique » dans laquelle ont été puisée les auteurs. Même si les deux récits n’ont rien à voir en terme d’histoire ou de chronologie, cela permet de se familiariser avec la bande d’Ultraman et la vision chaotique de leur Terre d’origine.

David Finch s’occupe de la série Forever Evil, il n’est pas au meilleur de sa forme mais l’ensemble est relativement correct.

Conséquences & évolutions (spoilers)
La fin de cet immense cross-over marque plusieurs éléments : Shazam intègre La Ligue de Justice, Lex Luthor veut également en faire partie (mais personne n’a confiance en lui), Captain Cold devient un héros malgré lui. Luthor connaît l’identité de Batman, ayant fait le lien avec celle de Nightwing. Ce dernier abandonnera d’ailleurs le masque pour devenir agent de Spyral (à découvrir dans le trentième et dernier chapitre de la série Nightwing).
La Ligue de Justice d’Amérique n’existe plus (voir ci-après), Green Arrow tente vainement d’en monter une nouvelle, Stargirl et Le Limier Martien souhaitent en fonder une mais dans un espace plus riche : l’univers cosmique (à découvrir dans Justice League United, une nouvelle série).
Lex Luthor ayant sauvé le monde, il atteint le statut « d’homme bon et bien », mais le conservera-t-il ? Ses entreprises LexCorp veulent un partenariat avec Wayne Enterprises. D’autres méchants habituels vont peut-être revoir leur position suite au chaos qui régna.
À Gotham City à priori tout est redevenu « normal », ce qui est clairement… dommage. La fin d’Arkham War est décevante, et -pour l’instant- aucune conséquence directe de Forever Evil, à part pour Nightwing.

  – BONUS –

Arkham War : Bane et un ergot affrontent les fous d’Arkham dans un Gotham City anarchique.
La critique est en ligne.
A.R.G.U.S. : Steve Trevor fait équipe avec Killer Frost. Sa mission : mettre le président des États-Unis (Barack Obama lui-même !) en sécurité dans une pièce secrète puis secourir la Justice League.
Un récit plutôt confus et peu passionnant mais qui lève le voile sur les véritables origines de l’A.R.G.U.S. ainsi que son dessein.
Rogues Rebellion : Les Lascars, des ennemis de Flash, refusent de détruire leur ville et se rallier au Syndicat du Crime. La bande, menée par Captain Cold, devient donc activement recherchée !
Une très bonne surprise, drôle, avec une équipe de « méchants » qui sort des sentiers battus. Bien loin d’un manichéisme classique, les membres sont attachants et ce point de vue original mérite le détour. De plus, deux chapitres se déroulent à Gotham City : l’un avec Poison Ivy, l’autre avec le duo Mister Freeze et Gueule d’Argile. Cela permet de montrer une légère « extension » à ce qu’il se déroule dans la métropole, en plus des évènements d’Arkham War. Une armée de Man-Bat est également de la partie. Un des rares comics a abordé, discrètement, l’homosexualité.
Justice League of America : Le Limier Martien et Stargirl visitent une sorte de prison « mentale » dans laquelle se trouvent les membres de la Ligue de Justice. Apparemment immunisés, les deux anciens compères de la Ligue de Justice d’Amérique doivent aussi s’affronter psychiquement et découvrir comment aider leurs partenaires, prisonniers de l’esprit de Firestorm. Ils affrontement éphémèrement Gueule d’Argile à Gotham.
Étonnamment « spirituelle » et inattendue, cette suite de la série (qui porte peut-être injustement ce nom) ajoute une pierre à l’édifice plutôt originale. C’est aussi un des rares récits dans lequel on sait concrètement ce qu’il est advenu de la Ligue de Justice pendant le règne du mal sur la Terre. Stargirl prend de l’importance et le personnage est très attachant. À noter que la série se termine définitivement et que la suite sera à découvrir dans Justice League United.
Suicide Squad : Prochainement.
Blight / L’Ombre (Justice League Dark / Phantom Stranger / Constantine et Pandora) : Prochainement.

Tous les chapitres de ces histoires ont été publiés dans les magazines Justice League Saga, Forever Evil et DC Saga Présente. Pour l’instant sont prévus en librairie uniquement les deux tomes de Justice League reprenant les séries chroniquées dans cet article (cf. détail ci-dessous).

► Justice League – Forever Evil 1/2 : sortie prévue le 7 novembre 2014.
(Forever Evil #1-4, Justice League #24-25, Justice League #23.4 : Secret Society, Justice League of America #7.4: Black Adam)
• Précommander sur amazon.

Justice League – Forever Evil 2/2 : sortie prévue le 9 janvier 2015.
(Forever Evil #5-7, Justice League #26-29)
• Précommander sur amazon.

Justice League – L’Autre Terre

justice league l'autre terre[Histoire]
Un vaisseau s’écrase dans un champs. Ce n’est pas Superman qui en sort mais… un Lex Luthor adulte, en armure, qui cherche des super-héros !

Ailleurs, la Justice League est appelée au secours d’un avion de ligne en détresse mais une fois sur place, ils constatent que tous les passagers sont morts. Curieusement, ceux-ci ont tous le cœur à droite !

La Ligue se rend peu après au bureau de Luthor justement, pour savoir s’il est impliqué, mais très vite, les membres se rendent compte qu’il ne s’agit pas de « leur » Lex Luthor car celui-ci est plutôt bon, gentil et altruiste. C’est en fait son « double », venu d’une planète jumelle de la Terre.

Dans cet endroit les choses sont inversées par rapport à l’univers que l’on connaît : Luthor est un héros tandis que les justiciers (le Syndicat du Crime) terrorisent la population et les autorités. Luthor s’est donc échappé de son monde pour venir demander de l’aide aux héros de notre planète, qu’il a surnommé Terre 2.

Justice League L'Autre Terre[Critique]
Une courte histoire indépendante (une centaine de pages seulement) écrite par Grant Morrison et dessinée par Frank Quitely, voilà qui donne envie ! Bien avant que le duo n’officie sur Batman (Incorporated notamment), il signe ce récit marginal en 2000, au thème classique : « l’inversion » du Bien et du Mal, dans lequel chaque super-héros se retrouve face à son double maléfique.

Si l’histoire se lit relativement bien, sa fin pourra dérouter par son côté trop « facile » (ou très malin et bien pensé, c’est selon). Une morale et des valeurs inversées ? Pas si simple. La réflexion se pose et finalement, la question du Bien et du Mal n’a pas vraiment de réponse. C’est cette absence de manichéisme et de jugement classique qui apportent les meilleurs atouts à L’Autre Terre, une œuvre par ailleurs très accessible et qui ne part pas dans tous les sens. Hélas, mais c’était sans doute une nécessité, pas le temps de s’attarder un peu plus sur ce Syndicat du Crime et la vie de cette planète jumelle.

Car au-delà du côté plus ou moins philosophique de l’œuvre, c’est son aspect cru et très cynique qui interpelle et il est dommage de ne pas explorer ses représentants : Ultraman, ultra violent et paranoïaque surtout (le Superman de cette autre Terre), Owlman, manipulateur blasé (Batman), SuperWoman, nymphomane perverse (Wonder Woman), Johnny Quick, drogué addict (Flash) et enfin Power Ring, simplet et pleutre (Green Lantern).

Justice League L'Autre TerrePetite mention pour Owlman, le pendant de l’homme chauve-souris, évidemment, qui a donc le hibou pour emblème (bien avant La Cour des Hiboux et dont le costume rappelle celui du personnage éponyme dans Watchmen et Before Watchmen). On découvre que Wayne est commissaire et doit faire face au caïd Gordon. Il s’agit de Thomas Wayne Senior. On comprend que sa femme est morte, ainsi que son fils Bruce frère de… son Thomas Junior (qui est donc le fameux Owlman). Une fois encore, cela rappelle la conclusion de La Nuit des Hiboux, Scott Snyder a peut-être puisé une de ses ressources là-dedans ? Ce côté alternatif évoque aussi celui de l’excellent Terre Un et de Flashpoint (dans lequel l’arc sur Batman était extrêmement réussi !).

On regrettera donc -un peu- qu’il n’y ait pas plus de planches pour découvrir plus en détails ces protagonistes, d’un côté comme de l’autre, c’est le trio Batman/Superman/Wonder Woman qui est mis en avant, au détriment des autres qui font plus de la figuration qu’autre chose (Aquaman et Le Limier Martien sont de la partie aussi). Paradoxalement, une œuvre plus dense et donc plus longue aurait certainement peu convaincu par rapport à sa fin.

Les dessins des visages de Quitely, les lèvres notamment, sont toujours ce qui peut le plus dérouter un lecteur. Le style de l’artiste est très particulier, à feuilleter donc avant l’achat. L’Autre Terre est un récit peut-être trop surestimé car à la fois accessible pour les novices (au niveau des personnages et de l’univers) mais beaucoup moins par son aspect scénaristique. Il est d’ailleurs conseillé de le lire deux voire trois fois pour être bien sûr de tout comprendre. En revanche, pas de scènes épiques et mémorables de la Justice League « classique », il faut se tourner vers d’autres comics pour cela (la collection Renaissance actuelle est idéale pour ça). Script original, story-board et divers croquis enrichissent l’édition (ce qui représente presque un tiers du livre !).

L'Autre Terre Batman Owlman[À propos]
Publiée en France chez Urban Comics le 20 juin 2014.
Titre original : JLA Earth 2 [The Deluxe Edition]
Scénario : Grant Morrison
Dessin : Frank Quitely
Couleur : Laura Martin / Wildstorm FX
Lettrage : Stephan Boschat – Studio Makma
Traduction : Laurent Queyssi
Première publication originale en septembre 2000.

Publiée chez Soleil en novembre 2010, dans le premier tome (sur trois) de leur « collection » JLA (format très agrandi, proche de la BD franco-belge, pour les intéressés).

► Acheter Justice League – L’Autre Terre