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Injustice 2 – Histoire complète du jeu vidéo

À l’instar du premier jeu vidéo Injustice, les évènements qui se déroulent dans Injustice 2 (le jeu) n’existent étonnamment pas en comics. C’était l’un des points faibles du second opus, un mode histoire  court et un peu frustrant (il existe deux fins qui n’ont pas de suites – ni en jeux vidéo, ni en comics – à défaut d’avoir un jour un Injustice 3 mais les probabilités sont assez faibles). Par ailleurs, le récit occultait des explications bienvenues (le retour de Black Canary, Green Arrow, Wonder Woman et Hal Jordan, la montée en puissance de Gorilla Grood, Supergirl avec Black Adam, etc.), faisant des comics d’Injustice 2 une lecture quasiment indispensable pour bien « comprendre » comment l’univers en était arrivé là.

Bref, une fois la lecture d’Injustice 2 terminée, le lecteur voudra forcément savoir ce qu’il se passe. Comme pour l’opus précédent, il existe plusieurs façons de le savoir. Simplement jouer au jeu vidéo (comptez une poignée d’heures, à peine cinq…), regarder des cinématiques complètes sur YouTube (celle-ci de 2h50 par exemple) ou bien lire le résumé détaillé sur Wikipédia. C’est ce dernier, remanié et augmenté, qui est proposé ci-après. À noter qu’Injustice 2 se divise en douze chapitres, le dernier pouvant être joué du point de vue de Batman ou de Superman, ouvrant sur deux fins radicalement différentes.

Prologue

Des années auparavant sur Krypton, Kara Zor-El, adolescente, assiste impuissante à l’invasion de sa planète par des androïdes et l’extraction des villes par un énorme vaisseau spatial. Sa mère se sacrifie pour qu’elle fuie la planète avant sa destruction, en même temps que Kal-El, alors nourrisson. Les deux navettes quittent Krypton en même temps, mais l’explosion de la planète endommage la navette de Kara, qui dérive dans l’espace…

Chapitre 1. La chute d’un Dieu (Batman)

Il s’agit d’une séquence se déroulant au tout début d’Injustice du point de vue de Batman et Damian Wayne. L’on assiste au moment où Damian décide de rejoindre Superman.

Chapitre 2. La femme qui rit (Harley Quinn)
& Chapitre 3. La cité des gorilles (Green Arrow et Black Canary)

Cinq ans après la défaite de Superman, Batman et ses alliés tentent depuis de réparer les dégâts causés par le Régime de Superman. Cependant, une nouvelle faction ennemie émerge : la Société, composée de super-vilains dirigés par Gorilla Grodd, qui cherche à combler le vide laissé par Superman. Ayant perdu de nombreux alliés, tués ou corrompus par le Régime, Batman est contraint de monter une nouvelle équipe pour y faire face. Il envoie Black Canary, un Green Arrow d’une Terre alternative (l’original ayant été tué par Superman avant les événements de Injustice), et Harley Quinn pour les combattre à Gorilla City, où le Doctor Fate prévient Arrow et Canary d’une nouvelle menace s’approchant de la Terre.

Après avoir vaincu Grodd, le couple est enlevé par Brainiac, le véritable cerveau derrière la Société. Après avoir collecté et détruit Krypton plusieurs années auparavant, il avait dans l’intention de récupérer Superman, le survivant kryptonien, mais a nourri le nouvel intérêt d’ajouter la Terre à sa collection. Alors que Brainiac prend le contrôle de l’Œil, le système de télécommunication planétaire de Batman, ce dernier cherche d’autres alliés pour le combattre, mais refuse l’aide de Superman, enfermé dans sa prison irradiée de rayons solaires rouges.

Chapitre 4. Invasion ! (Flash)
& Chapitre 5. En eaux troubles (Green Lantern)

Catwoman, l’agent double de Batman dans la Société, libère Harley et les deux fuient Gorilla City. Flash et Hal Jordan (redevenu Green Lantern) tous deux en quête de rédemption, se retrouvent et se rallient à Batman, qui envoie Green Lantern à Atlantis pour quérir le soutien d’Aquaman. Ce dernier refuse de prime abord, mais finit par accepter après que Brainiac a attaqué son royaume par le biais d’Atrocitus.

Chapitre 6. L’attaque de l’île Stryker (Blue Beetle et Firestorm)

Pendant ce temps, Black Adam et Wonder Woman, cachés à Kahndaq, s’occupent de Kara, alias Supergirl, récemment arrivée sur Terre, et travaillent secrètement à restaurer le Régime. Lorsqu’ils voient les forces armées de Brainiac attaquer la planète, ils tentent une percée dans la prison de Superman, puis affrontent Firestorm et Blue Beetle pour le libérer. Batman, comprenant qu’il ne peut combattre Brainiac sans aide, décide alors de libérer Superman, et une trêve est établie le temps d’éliminer la menace.

Chapitre 7. Entrée par effraction (Cyborg et Catwoman)

Cyborg, Catwoman et Harley Quinn retournent à la Batcave pour reprendre le contrôle de l’Œil (affrontant Poison Ivy, Bane et Grid au passage) et ainsi coordonner les opérations de secours aux civils.

Chapitre 8. La Déesse de la guerre (Wonder Woman)
& Chapitre 9. Le dernier espoir de Krypton (Supergirl)

Wonder Woman emmène Supergirl à Metropolis, et dévie ouvertement du plan de Batman. Lorsqu’elle est sur le point de tuer Cheetah et Harley Quinn, Supergirl l’arrête, puis se dirige vers la Forteresse de Solitude pour confronter Superman sur les actions de Diana, et apprend la vérité sur le régime de terreur instauré par son cousin. Après avoir collecté plusieurs villes autour du globe, Brainiac décide alors de détruire la planète. L’alliance tente de détruire le vaisseau-mère de Brainiac, mais ses boucliers défont aisément les héros, incapacitant même les deux Kryptoniens, et le vaisseau semble désintégrer Superman dans un énorme rayon chargé. Après l’ultimatum laissé par Brainiac (lui remettre Supergirl ou détruire la planète dans une heure), l’alliance concocte un plan pour affaiblir le vaisseau-mère en utilisant le trident d’Aquaman pour canaliser la foudre magique du Rocher d’Éternité.

Chapitre 10. Les trois rois (Aquaman et Black Adam)

À Kahndaq, Gorilla Grodd s’attaque à Black Adam et Aquaman avec Canary, Arrow et Blue Beetle sous son contrôle mental, mais est finalement tué par Aquaman. Le duo réussit à affaiblir suffisamment le vaisseau pour permettre à Batman et Supergirl d’y pénétrer. Les deux sont capturés, mais Batman est sauvé par Superman, qui n’avait été que téléporté dans le vaisseau-mère.

Chapitre 11. Les meilleurs des meilleurs (Batman et Superman)

Les deux amis d’autrefois s’allient et affrontent successivement Firestorm et Swamp Thing manipulés mentalement, puis un Dr Fate soumis à Brainiac par les Seigneurs de l’Ordre. Ce dernier est vaincu et son casque est brisé, annulant l’influence des Seigneurs. Il est tué quelques instants plus tard par un tentacule de Brainiac, qui sera difficilement maîtrisé par le duo de justiciers. Superman décide de prendre le contrôle mental du vaisseau pour l’empêcher de détruire la planète et restaurer les villes extraites. Il parvient à en restaurer la majorité, mais à cause des dégâts du vaisseau, Metropolis et Coast City semblent définitivement perdues.

La fragile trêve prend fin au moment de déterminer le sort à réserver à Brainiac : Batman, Flash, Green Lantern et Supergirl veulent l’épargner pour restaurer toutes les villes, mais Superman, Wonder Woman, Black Adam et Aquaman veulent éliminer définitivement la menace et prendre le contrôle de la technologie du vaisseau pour asseoir le pouvoir du Régime. Alors que la situation est extrêmement tendue, Batman attaque Superman avec une lame de kryptonite dorée, et une bagarre générale éclate. Batman et Superman battent aisément les alliés de leurs camps ennemis respectifs avant de s’affronter une bonne fois pour toutes dans la Batcave. L’issue du combat final change en fonction du choix du joueur quant au camp à rallier.

  • Chapitre 12. La justice absolue (Batman)
    Si le joueur choisit le camp de Batman, ce dernier affronte et vainc Aquaman, Black Adam et Wonder Woman. Lors de la confrontation finale, il bat Superman, le maîtrise avec des menottes en kryptonite et le bannit dans la Zone Fantôme. Batman décide alors de créer une nouvelle Ligue des Justiciers avec ses alliés, et offre une place de choix à Supergirl.
  • Chapitre 12. Le pouvoir absolu (Superman)
    Si le joueur choisit le camp de Superman, ce dernier affronte Green Lantern, Flash et Supergirl, puis Batman équipé d’une armure de kryptonite verte, et le bat. Il tue Brainiac, se lie mentalement à son vaisseau et entreprend de rétablir le Régime sur Terre avec l’aide des prisonniers de Brainiac. Il offre à Supergirl, enfermée dans son ancienne prison, une chance de rejoindre ses rangs, lui annonçant avoir restauré les villes manquantes ainsi que la paix globale. Alors qu’elle refuse en bloc, Superman lui présente Batman, contrôlé mentalement et lui dit qu’elle se rangera de son côté, d’une manière ou d’une autre.

Injustice – Ground Zero

Après les cinq années se déroulant avant le jeu vidéo Injustice et narrées dans les cinq intégrales éponymes (cf. index), DC Comics n’a étonnamment pas publié les évènements du jeu sous forme d’adaptation pure et dure mais dans une série qui les raconte du point de vue d’Harley Quinn – un des personnages les plus intéressants de cette saga. Le point de départ est louable mais est-ce que ça tient la route ? Critique.

[Résumé de l’éditeur]
Au cours de sa carrière de criminelle, Harley Quinn a toujours vécu dans l’ombre de son amant, Monsieur J. Mais quand le Joker décide de s’en prendre à Superman, le poussant à commettre l’impensable et à s’autoproclamer souverain implacable de la Terre, ç’en est trop pour elle. Elle rejoint alors la résistance aux côtés de héros menés par Batman, que sa présence plaise ou non. Pour la première fois de sa vie, l’ancienne psychiatre vit pour elle-même et ses propres idéaux moraux.

[Début de l’histoire]
Harley Quinn
raconte ce qu’il s’est passé au cours des cinq dernières années jusqu’à ce que d’autres super-héros provenant de Terre-Un débarquent dans son monde (Terre-Unie). Harley appelle leur dimension « pancake ». Mais ces « doubles » de Batman, Green Arrow, Green Lantern, Wonder Woman, Aquaman… sont aussi accompagnés du Joker ! De quoi perturber son ancienne muse qui s’en était émanciper… Harley venait justement de prendre la tête du clan du Joker.

Chez les soutiens de Superman, Hawkgirl et , (ou plutôt Yellow Lantern) capturent le Batman de Terre-Un. Le Chevalier Noir de Terre-Unie, lui, explique les raisons de la venue de ses coéquipiers : leur ADN permet d’ouvrir un compartiment secret de la Batcave cachant… de la kryptonite ! Les justiciers pourront aussi compter sur l’aide précieuse de Lex Luthor, infiltré dans les rangs de l’Homme d’Acier mais œuvrant pour la résistance depuis des lustres.

[Critique]
Si on a joué à Injustice, il n’est clairement pas nécessaire de lire ce Ground Zero (sauf pour les amoureux d’Harley Quinn)… En effet, les évènements du jeu apparaissent ici au second plan de façon brouillonne racontée par une Harley beaucoup trop bavarde. L’ensemble est même assez pénible à lire, on se « force » un peu pour voir si des éléments vont être un peu plus intéressants parfois ou si des connexions avec le jeu éponyme seront plus pertinentes (certaines sont les mêmes mot pour mot). Tout cela n’arrive hélas pas beaucoup…

C’est dommage car toute l’histoire principale d’Injustice (le jeu vidéo) aurait mérité une version papier – à défaut pour les non-connaisseurs, un déroulé très complet et illustré est disponible dans cet article. L’idée de ne pas effectuer un banal copié/collé dans Ground Zero est plutôt bienvenue mais un point de vue de citoyens ou journalistes aurait probablement été plus haletant (un peu comme l’avait fait le concurrent Marvel durant Civil War avec l’excellente série Front Line dans le tome 4) – un reproche déjà établi pour la série mère.

Dans Ground Zero, une intégrale qui regroupe deux anciens tomes simples, la première partie montre Harley en chef de gangs de fans du Joker. Ces « criminels » sont un peu trop facilement dévoués à la cause de leur nouvelle patronne tout en refusant d’être un peu trop méchants… L’avantage est que ça n’en fait pas trop de la chair à canon, sans pour autant les caractériser de façon prononcée et, donc, d’arriver à s’attacher à eux. Forcément, quand le Joker d’une autre dimension débarque, Harley vacille…

Autour d’elle, l’on suit les principaux chapitres du jeu vidéo : l’arrivée d’une partie de la Justice League dans ce monde renommée Terre-Unie, les confrontations diverses contre les soutiens à Superman, incluant de temps en temps les doubles des héros et ainsi de suite. Tout se suit sans réelle fluidité ou compréhension (si on n’a pas joué au jeu), l’écriture n’est pas assez soignée sur cet aspect. Sur d’autres… c’est l’inverse : Harley parle tout le temps. Quasiment pas une case sans qu’on sache ce qu’elle pense, voit ce qu’elle dit ou parfois les deux à la fois et plusieurs fois par case. Même ses fans risquent d’être un peu fatigués par ces bavardages incessants et malheureusement pas très passionnants (même si on s’interroge sur la personne à qui elle s’adresse qui sera révélée à la toute fin).

Il faut dire que c’est Christopher Sebela qui assure le scénario. Cet auteur (principalement connu pour Crowded et Blue Beetle) n’ayant pas du tout participé à la précédente série, il succède donc au brillant Tom Taylor qui avait passé le relai à Brian Buccellato – qui fut parfois moins subtil que son collègue dans sa gestion des dialogues ou des émotions mais cela restait hautement qualitatif malgré tout. Buccellato est tout de même crédité pour « l’intrigue » (impossible de savoir concrètement son travail sur le titre).

Sebela explore donc un monde par l’intermédiaire d’Harley Quinn et ce n’est étonnamment guère stimulant. Pas totalement désagréable mais pas non plus très agréable. Ce récit passant après un titre qui fut extrêmement brillant par bien des aspects, on est forcément plus exigeant et en attente de mériter mieux que ce qui nous est servi. On a aussi du mal à croire en la puissance d’Harley (bien aidé par ses pilules magiques) qui arrive à combattre Bane et Killer Croc sans trop de difficultés, par exemple.

La première moitié du livre couvre un gros tiers du jeu mais montre 80 % de Harley (les deux premiers chapitres sont interminables), la seconde moitié est mieux équilibré entre l’ensemble des protagonistes de DC et Harley, même s’il y a un sentiment d’accélération soudaine dans la dernière ligne droite.

Visuellement, à l’instar de la série-mère, ce n’est pas brillant non plus. Plusieurs artistes se succèdent, certains déjà connus dans la saga : Tom Derenick, Pop Mhan, Derlis Santacruz, Marco Santucci, Daniel Sampere, Jheremy Raapack et Miguel Mendonca. Rien de très éblouissant, rien non plus de trop honteux : les protagonistes sont reconnaissables grâce à leur costume surtout, quelques visages moyens ici et là ou des détails manquants dans les décor…

En synthèse, on peut complètement faire l’impasse sur Injustice – Ground Zero, si vraiment le lecteur ne connaît pas le déroulé du jeu vidéo, autant qu’il lise cet article ou regarde des vidéos des cinématiques (incluses dans le lien) et économise ainsi 24 euros.

À noter que cette dernière intégrale regroupe donc les deux tomes simples de la précédente édition. Retrouvez l’index de toute la saga Injustice sur cette page.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 16 septembre 2022.
Contient : Injustice Ground Zero #1-12
Nombre de pages : 280

Scénario : Christopher Sebela, Brian Buccellato (intrigue)
Dessin : Collectif (voir critique)
Encrage : Collectif
Couleur : J. Nanjan, Rex Lokus, Mark Roberts

Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : MAKMA (Stephan Boschat, Sabine Maddin)

Acheter sur amazon.fr : Injustice – Ground Zero [intégrale] (24 €)

 


Batman – One Bad Day : Bane

Cinquième opus (sur huit) de la gamme One Bad Day, on s’attarde aujourd’hui sur Bane, créé en 1993 par Chuck Dixon, Doug Moench et Graham Nolan dans La Revanche de Bane, prélude à la grande saga Knightfall. Le célèbre ennemi a bénéficié de plusieurs adaptations (films, dessins animés, jeux vidéo…) mais a surtout été popularisé auprès du « grand public » dans The Dark Knight Rises en 2012, incarné par Tom Hardy. Côté comics, il est apparu après Knightfall dans des rôles « secondaires » à droite à gauche mais occupait une place de premier choix dans le run Batman Rebirth.

[Résumé de l’éditeur]
Si Eduardo Dorrance doit sa stature colossale au venom, c’est également à ce stéroïde qu’il doit ses plus gros ennuis. Sevré depuis longtemps maintenant, Bane a définitivement raccroché son masque de criminel pour se parer de celui d’un catcheur sur le déclin. Aussi, quand il apprend qu’une nouvelle source de venom existe, il va tout faire pour la détruire, afin que personne ne soit victime du poison qui a ruiné sa vie.

[Critique]
Un One Bad Day très intéressant et dans le haut du panier qui sort un peu du lot grâce à sa structure assez singulière (qu’on sera obligé de révéler dans le paragraphe suivant, passez à celui d’après si jamais) ! Dans ce récit complet sur Bane, l’auteur Joshua Williamson propose un « futur proche » à priori alternatif. Comprendre que Bane est de nouveau lutteur/catcheur sans que son passif soit renié. Il est même reconnu comme celui « qui a tué Batman » (en plus de lui avoir brisé le dos des années plus tôt, cf. Knightfall) et vit comme dans un manoir (celui de Wayne ?). L’antagoniste est dépeint avec une certaine mélancolie qui colle étonnamment bien au personnage.

Divisée en trois chapitres, l’histoire use d’une introduction un peu déroutante avant d’enchaîner sur une aventure plus convenue en flash-back (plusieurs parsèment l’ouvrage) en binôme entre Bane et le Chevalier Noir face à un nouvel ennemi. Surtout (attention à la révélation), le titre illustre davantage un « One Good Day » plutôt qu’un « Bad Day ». C’est-à-dire que la fiction ne revient pas sur le jour où tout a basculé pour Bane (malgré des souvenirs récurrents de sa mère et son enfance) et qu’il a choisi « le mal » (la « promesse » non tenue de cette collection de toute façon) mais celui où il peut opter pour l’inverse : le moment où l’on décide de faire le bien. C’est un choix audacieux et qui se marie bien à l’évolution de Bane (même si on peut « déplorer » que, d’une manière générale, les méchants d’anthologie de DC Comics – voire de la culture populaire globale – ne restent jamais réellement « mauvais » et s’adoucissent avec le temps voire deviennent des alliés).

En résulte un parcours plutôt inédit, passionnant dans son introspection de la figure mythique de Bane, moins dans sa quête de recherche du venin (et non venom – le terme en VO – comme l’indique l’éditeur en quatrième de couverture). Les affrontements sont tantôt spectaculaires, tantôt expéditifs (avec deux nouveaux ennemis oubliables). Il y a donc une partie du livre assez convenue et moins originale qui contrebalance bonnes idées et l’écriture assez solide du protagoniste.

Heureusement, les dessins et l’encrage d’Howard Porter couplés à la colorisation de Tomeu Morey apportent une véritable identité visuelle alléchante à l’ensemble. Porter est pourtant capable du pire (Justice League – La Tour de Babel) comme du meilleur (DC Univers Rebirth – Le Badge) ; ce sont probablement les gammes chromatiques peu criardes et contrastées qui apportent la patte graphique efficace (Morey excelle dans le domaine, cf. ses nombreux travaux : les séries Dark City, Batman Infinite, Joker War ou encore Batman/Catwoman, Heroes in Crisis…).

Côté écriture, Williamson est un habitué de DC Comics. Il a signé toute la longue série Flash Rebirth (onze tomes !), incluant les segments que le bolide écarlate partage avec Batman, comme dans Le Badge et Le Prix par exemple. Il a aussi œuvré sur Batman (Batman Infinite – Tome 4 : Abyss, la série Robin Infinite, Shadow War, Le Batman Qui Rit – Les Infectés…) et divers titres qui regroupent plusieurs héros et antagonistes (Justice League vs. Suicide Squad, DC Infinite Frontier, Dark Crisis, Justice League – No Justice…). En somme, c’est un auteur accompli, plus ou moins architecte de l’ère DC Comics actuelle (Infinite) qui maîtrise très bien son univers et réussit habilement cet exercice sur Bane – ce qui le sort un peu de sa zone de confort.

On conseille donc cet One Bad Day – avec celui du Sphinx et de Freeze (et on met de côté ceux sur Double-Face et Le Pingouin). Reste l’éternelle équation subjective : est-ce qu’un récit de ce genre et d’une soixantaine de pages vaut 15 € ? C’est toujours difficile d’arbitrer, d’autant qu’une éventuelle compilation des trois One Bad Day recommandés (à ce stade) coûterait à peine quelques euros de plus (contre 45 € à date séparément)… Rendez-vous cet été pour les trois derniers : Catwoman, Ra’s al Ghul puis Gueule d’Argile.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 7 juillet 2023.
Contient : Batman : One Bad Day – Bane #1

Scénario : Joshua Williamson
Dessin : Howard Porter
Couleur : Tomeu Morey

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Studio Myrtille (Christophe Semal)

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