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Grant Morrison présente Batman • Intégrale – Tome 1/4

La longue saga de Grant Morrison a d’abord été publiée en France en kiosque chez Panini Comics (fin des années 2000) puis Urban Comics (début des années 2010) avant de bénéficier d’une édition en librairie remise dans un ordre idéal en neuf tomes de 2012 à 2014 – cf. index dédié. Urban a ensuite proposé en 2018 et 2019 une réédition en quatre intégrales conséquentes (chacune compte entre 500 et 600 pages) avec un réajustement de certains chapitres. Ce sont ces intégrales qui sont chroniquées sur le site. Les couvertures de chaque article sont celles de l’intégrale et des anciens tomes simples qu’elle compile (ainsi qu’une ancienne version de Panini pour ce premier opus et une réédition petit prix du premier arc à part). Retour sur cette épopée inégale, passionnante mais exigeante, signée par un auteur qui a révolutionné une partie de la mythologie de Batman !

 

[Résumé de l’éditeur]
Batman a déjà affronté Talia al Ghul et son empire du crime à plusieurs reprises, mais leur lutte prend un tour bien plus personnel lorsqu’elle présente au héros le fils issu de leur union : Damian ! Malgré son jeune âge, il est déjà un assassin de renom et Tim Drake, alias Robin, ne tarde pas à en faire les frais ! Pour Batman, c’est le début d’une épopée qui va l’amener à revisiter toute son histoire et redécouvrir des alliés comme des ennemis passés.

[Début de l’histoire]
Le Joker a empoisonné Gordon mais Batman parvient à arrêter le criminel et sauver le policier. C’est l’un des derniers malfrats que le Chevalier Noir arrête après une période où tous ses ennemis ont été mis sous les verrous.

En parallèle, la femme de Kirk Langstrom est kidnappée… Tandis que Bruce Wayne est à une soirée publique avec sa nouvelle idylle, Jézabel Jet, les convives sont attaqués par une armée de Man-Bat.

Dans l’ombre, Talia al Ghul semble derrière cette attaque et présente à Bruce Wayne, Damian, son… fils !

[Critique]
Cette première intégrale compile les tomes 1 et 2 de la précédente édition (L’héritage maudit et Batman R.I.P.). Elle est donc segmentée en huit histoire : Le fils de Batman, Les trois fantômes, Bethlehem, Le club des héros, Au clown de minuit, Il y a un an (une courte introduction au titre suivant), Batman meurt à l’aube et enfin Batman R.I.P.. En VO, cela englobe majoritairement des épisodes de la série Batman (en gros du #655 au #681 mais certains ne sont pas inclus car scénarisés par d’autres personnes). Les trois premiers récits avaient bénéficié d’une courte critique il y a une dizaine d’années sur ce site mais autant tout regrouper ici et repartir sur de bonnes bases.

Dans Le fils de Batman (quatre épisodes), on découvre évidemment Damian Wayne pour la première fois, introduit par Talia al Ghul de façon abrupt et laissé à son père pour qu’il l’entraîne ! En parallèle, un mystérieux usurpateur du Chevalier Noir règle les comptes radicalement des criminels dans Gotham. Kirk Langstorm (Man-Bat) est contraint de donner son sérum pour libérer sa femme kidnappé par… Talia, justement, qui en profite pour se constituer une armée de Men-Bats conséquente pour ses projets !

Autant dire que cette entrée en matière démarre sur les chapeaux de roue avec autant de figures familières (Tim Drake, Alfred, Langstorm…) que de nouveaux (Jezebel Jet, nouvelle compagne de Bruce, l’énigmatique autre Batman, Damian…). L’action est aussi présente que les rebondissements et l’humour mais aussi un côté assez sanglant (Damian décapite une de ses cibles). De quoi découvrir un gamin insupportable, colérique, impulsif et condescendant. Difficile dans l’immédiat de s’attacher à lui ! Par ailleurs, Talia évoque la relation (sexuelle) à l’origine de Damian là où Batman lui (re)précise qu’il avait été drogué et non consentant.

D’un point de vue historique, Grant Morrison s’inspire (probablement) d’un récit de 1987, Le fils du Démon (inclut dans La saga de Ra’s al Ghul – pas encore chroniqué sur le site). Dans ce récit complet de Mike W. Barr et Jerry Bingham, Talia accouche d’un garçon après son union avec Bruce mais le fait adopter par un couple anonyme car elle préfère faire croire au Chevalier Noir à une fausse couche. Citons aussi Kingdom Come (Mark Waid et Alex Ross, 1997) où ce fils se renomme Ibn al Xu’ffasch (le Fils de la Chauve-Souris) et est à la tête de l’empire du crime de Ra’s al Ghul.

Urban Comics explique d’autres éléments qu’on vient de lire après cette (longue) introduction autour de Damian. Grant Morrison pioche dans l’Âge de Bronze et les années 1970 et la mythologie liée à Ra’s al Ghul (créé par Dennis O’Neil et Neil Adams en 1971) avec en point d’orgue le voyage de noces entre Talia et Bruce (DC Special Series #15, par Michael Golden, en 1978). Le scénariste écossais convoque aussi Man-Bat dans un rôle secondaire et de « gentil », lui aussi date de 1970 (co-crée par Frank Robbins et Neal Adams – dans Detective Comics #400). Plus anecdotiquement (mais annonciateur de tout ce que va entreprendre Morrison dans son run), l’auteur reprend aussi un autre ennemi des 70’s mais totalement méconnu, Le Suaire (The Spook en VO), arnaqueur aux gadgets surnaturels, également créé par Franck Robbins, avec Irv Nocick cette fois, dans Detective Comics #434 en 1973.

Les trois fantômes (deux chapitres) mettent en avant trois nouveaux Batman ! Le premier étant l’usurpateur croisé en tout début du livre, le second une grosse brute proche de Bane et le troisième est à peine évoqué et pas encore rencontré. On n’en saura pas davantage sur ces trois êtres dans l’immédiat mais l’intérêt est de poursuivre le « quotidien » de Bruce et Tim, tous deux vivant un changement drastique de leur croisade mais formant toujours un tandem agréable. Bethléhem est une courte histoire (un épisode) projetant Damian dans le futur, à l’occasion du chapitre #666 de la série Batman. C’est un peu anecdotique mais plaisant de voir un nouveau look pour un futur Batman plus violent et inédit (son chat s’appelle Alfred). Ces trois récits (donc sept chapitres) ont été publiés par Urban Comics dans leur collection estivale à petit prix en 2022 sous le sobre titre Le fils de Batman.

A ce stade (les deux tiers de l’équivalent du premier tome simple de l’ancienne édition), tous les dessins sont assurés par Andy Kubert (fils de Joe) qui soigne particulièrement ses planches. Les traits sont fins et détaillés, l’action bien emmenée et aérée, le découpage classique mais efficace. Seule la colorisation de Dave Stewart et Guy Major détonne parfois, ajoutant un côté artificiel et trop propre à l’ensemble mais ça reste convainquant et, surtout, cohérent dans l’ensemble de la fiction. Si le côté lisse des visages est à déplorer, le reste tient la route et offre un divertissement tout à fait correct, plutôt original et sympathique à lire.

Le club des héros (trois chapitres) est un récit plus singulier. Il fait voyager Batman et Robin (Tim) sur l’île de monsieur Mayhew (soit le titre de l’édition 2009 de Panini Comics qui avait sorti cette histoire de façon indépendante, ce qu’elle est plus ou moins – cf. couverture en haut de cette critique). Sur celle-ci, les deux justiciers retrouvent de très vieux héros de seconde zone, apparus il y a des décennies dans Detective Comics et Batman. Grant Morrison récupère (encore) dans l’existant oublié pour le moderniser.

On croise donc les membres originaux aperçus dans Detective Comics #215 (Ed Hamilton et Sheldon Moldoff, 1955) – El Gaucho (Argentine), Le Légionnaire (Italie), le Ranger (Australie), Le Mousquetaire (France), etc. – ainsi que Wingman (remplaçant éphémère de Robin vu dans Batman #65 en 1951, par Bill Finger et Lew Schwartz), Frère Chiroptère et Petit Corbeau (Batman #86 en 1954, par France Herron et Sheldon Moldoff). Morrisson ajoute aussi les nouvelles version du Chevalier et de l’Écuyer qu’il avait inventées en 1999 (dans JLA #26). Certaines de ces informations sont, une fois de plus et heureusement, précisées par Urban Comics entre des épisodes.

Ledit Mayhew, financeur avant-gardiste du fameux club des héros a été tué et les hôtes sur l’île sont retrouvés morts les uns après les autres. Une sorte de whodunit où Batman et Robin enquêtent dans le présent et où se mêlent des flash-backs de contextualisation sur leurs collègues peu connus. L’histoire est à la fois simpliste et paradoxalement peu intelligible. Tout va très vite et on a à peine le temps de se familiariser avec toutes ces nouvelles têtes plus ou moins empathiques (à terme ils deviendront membres de Batman Inc. et réapparaîtront dans le run de Morrison mais aussi dans d’autres séries liées à Batman comme récemment dans Abyss).

En VO, ce récit s’appelle The Black Glove, soit Le Gant Noir, une organisation (créée par Morrison) mentionnée quelques fois dans l’ouvrage et qui reviendra par la suite. Ce segment est dessinée par J. H. Williams (la série Batwoman) qui croque élégamment chaque séquences du passé en adoptant un style différent. L’éditeur cite Howard Chaykin (El Gaucho), Ed McGuiness (le Chevalier et l’Écuyer), Chris Sprouse (le Ranger), Steve Rude (Frère Chiroptère) et même Dave Gibbons (Wingman).

Au Clown de minuit est carrément un texte avec quelques illustrations, pas vraiment un roman graphique (appellation de toute façon un peu idiote qui désigne au sens noble la bande dessinée pour rendre ce support plus élitiste et moins populaire alors que c’est la même chose). La narration est interminable, pleine de descriptions inutiles venant d’un narrateur omniscient contant le retour du Joker depuis Arkham. La poignée de dessins qui accompagne ce titre a affreusement mal vieilli : il s’agit de conceptions en 3D par ordinateur, on dirait des cinématiques de PlayStation 1 ou 2…

On les doit à John Van Fleet (Shadows Fall) – illustrateur qui a majoritairement travaillé pour des projets liés à des franchises cultes (Star Wars, Matrix, Hellraiser…). On a aussi du mal à savoir si cet épisode si atypique s’insère réellement dans le reste de l’histoire, il semblerait que oui mais c’est pénible à lire et pas très intéressant. On peut clairement s’en passer en (re)lecture intégrale du run de Morrison.

À ce stade, nous sommes à la moitié de l’intégrale (donc fin du premier tome de la précédente édition) ; l’ensemble est globalement satisfaisant, bien emmené dans sa première moitié, un peu moins convaincant dans la seconde. Le nouveau personnage, Damian, est à la fois intéressant mais aussi paradoxalement survolé (on sait qu’il a été éduqué par des assassins, qu’il a dix ans, qu’il tue sans sourciller et ainsi de suite). Il manque tout un pan (qui viendra peut-être plus tard ?) pour savoir s’il a passé dix années réellement écoulées à ce rythme ou s’il a bénéficié d’une sorte d’accélération médicale pour grandir (on le voit un peu en flash-back dans des laboratoires médicaux). Le gamin vantard et insupportable ajoute un élément complètement inédit et qui change drastiquement le statu quo, en soi rien que pour ça c’est pertinent. La suite de l’intégrale se concentre que sur deux longs récits : Batman meurt à l’aube et Batman R.I.P. (équivalent du second tome de la précédente édition évidemment).

Batman meurt à l’aube est introduit par une dizaine de planches issues de la série 52, se déroulant après Infinite Crisis. On y découvre brièvement ce que Bruce/Batman faisait durant cette période, notamment une retraite méditative dans un endroit reculé. Place ensuite à quatre épisodes dont les trois premiers lèvent le voile sur les fameux trois fantômes usurpateurs de Batman, l’on apprend qu’il s’agit en fait de policiers. Le dernier chapitre est davantage une transition vers la suite et remet Jezabel un peu plus au centre du récit. Ça se lit bien dans l’ensemble mais c’est un peu moins passionnant que le début.

Batman R.I.P. est nettement plus long, s’étale sur six épisodes (introduits par trois planches de DC Universe #0) et… c’est un beau bordel. Grant Morrison reprend son organisation Le Gant Noir (qu’il a conçue), dirigée par Dr. Hurt (inspiré par un très vieux personnage – on en reparlera dans la critique de la troisième intégrale), menant le club… des vilains – avec plein d’ennemis ridicules improbables. On ne comprend pas très bien mais ils arrivent à envahir le manoir Wayne et nouer une alliance avec… le Joker ! Poussé à bout, Batman libère sa personnalité machiavalique, le Batman Zur en Arh, plus radical que le « vrai » Bruce/Batman (repris récemment dans Batman Dark City – Failsafe).

Place, cette fois, à l’Âge d’Argent car Zur en Arrh (habilement teasé en tout début du volume) est historiquement issu d’une autre planète et créé dans Batman #118 en 1958. Le Bat-Mite, créature qui survient dans les rêves du justicier, provient lui aussi de cette même période (la « psychédélique ») : mai 1959 dans Detective Comics #267. Morrison continue donc de plonger dans le patrimoine de DC Comics pour le remettre étrangement au goût du jour – le travail habituel de Morrison certes, mais globalement clivant car peu accessible, pas forcément passionnant et risqué, donc à saluer dans tous les cas ! L’idée de regrouper tous les aspects de la mythologie et chronologie (dont l’éditoriale) de Batman est, forcément, casse-gueule car elles brassent tous les genres : aventure, comédie (kitch), science-fiction, fantastique, horreur, thriller, action… et ainsi de suite.

Bref, dans Batman R.I.P., ça part un peu dans tous les sens, la lecture est compliquée (non pas complexe dans le sens exigeante voire soumise à de la réflexion, de l’analyse intellectuelle – ce qui aurait été chouette) mais difficile car manquant d’une certaine fluidité, compréhension et intelligibilité. On se moque un peu de cette vaste nouvelle galerie de personnages loufoques, d’un ennemi visiblement puissant mais dont on ne perçoit pas comment ni pourquoi. Quant aux connexions avec le début du run, elles sont assez faibles voire inexistantes : Damian est complètement délaissé durant toute cette partie (et la précédente), perdant le dynamisme et l’originalité du début du titre qui en faisait son point fort.

Heureusement, dans cette seconde moitié d’intégrale tous les dessins de Tony Daniel (Flash, Teen Titans, Detective Comics période Renaissance…) permettent malgré tout d’apprécier cette étrange épopée. Il y a une cohérence graphique globale, ce n’est pas désagréable à regarder, quelques pleines pages sont efficaces, la colorisation tout à fait correcte (Guy Major à nouveau nettement mieux que durant la première moitié même si les visages souffrent toujours de ce côté lisse). Seul un épisode est signé par un autre artiste (Ryan Benjamin).

Au global, Tony Daniel et Andy Kubert signent une bonne partie de cette intégrale à l’exception du Club des Héros (par J.H. Williams), Au Clown de Minuit (John Van Fleet) et un chapitre du run (Ryan Benjamin). C’est donc une bonne chose car ajoute un certain cachet graphique non négligeable, d’autant plus que Daniel et Kubert ont des styles assez similaires et donc une proposition visuellement cohérente sur la durée (de cet opus).

En revanche, on peut déplorer la volonté de Morrison de rassembler soixante-quinze années du Chevalier Noir dans un fourre-tout parfois indigeste. L’auteur ne s’en est jamais caché et théorise qu’il ne s’est écoulé dans la vie de Bruce/Batman qu’une dizaine d’années durant les presque huit décennies d’édition. Âge d’or, d’Argent, de Bronze, âge moderne… le scénariste puise à droite à gauche des concepts et personnages oubliés par tout le monde pour les remettre en avant, parfois ça fonctionne (le Batman de Zur en Arh…) parfois c’est moyennement palpitant (le club des héros…). Morrison ne se contente pas de recycler des éléments, il en créé des nouveaux et, une fois de plus, parfois ça fonctionne (Damian Wayne, Jezabel, les trois Batman fantômes/policiers…) parfois c’est moyennement palpitant (Hurt, le club des héros, le club des vilains…).

L’auteur écossais ne peut s’empêcher de perdre le lecteur dans sa seconde moitié dans une confusion qu’on espère volontaire, cela plaît ou non… Il n’y a pas forcément une prétention dans la narration, à se vouloir accessible ou non, mais c’est un parti pris bizarre et clivant, qui dénote sévèrement avant la première moitié, bien plus agréable en lecture. Néanmoins, l’évolution de Batman/Bruce est plaisante à suivre – complètement inédite – ainsi que celles, corrélées, d’Alfred et Tim Drake. Deux alliés de longue date qui sont, forcément, impactées par l’arrivée d’un fils et ce qui semble être la disparation annoncée et prochaine du célèbre milliardaire…

Alors, cette première intégrale est-elle un indispensable ? Une histoire culte ? C’est extrêmement difficile d’apporter une réponse tranchée sur ce (début) de run mythique. Sur ce site, on pense que non. Attention, cela ne veut pas dire que la fiction est surestimée ou inintéressante mais – comme évoqué au tout début de la critique –, elle est profondément inégale et clivante, s’adressant à la fois à des experts (qui apprécieront le pot pourri Batmanesque) et des novices (une gigantesque aventure avec de nouveaux personnages et des situations originales).

Il est donc conseillé de la lire une fois un certain bagage « culturelle » autour de Batman accumulée et – peut-être –, ne pas s’attendre à un chef-d’œuvre où tout serait exceptionnel (les critiques du run de Morrison ont tendance à manquer de nuances). Néanmoins, et sans trop en dévoiler, la suite sera meilleure (cf. index dédié) et, en ce sens, il ne faut pas la manquer !

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 06 avril 2018.
Contient : Batman #655-658 + #663-669 + #672-681 + pages from 52 #30 & #47 & DCU #0
Nombre de pages : 552

Scénario : Grant Morrison
Dessin : Andy Kubert, J.H. Williams III, Tony Daniel, John Van Fleet, Ryan Benjamin
Encrage : collectif
Couleur : Dave Stewart, Guy Major, Alex Sinclair

Traduction : Alex Nikolavitch
Lettrage : Christophe Semal et Laurence Hingray

Acheter sur amazon.frGrant Morrison présente Batman • Intégrale – Tome 1/4 (30 €)

   

Detective Comics #01 à #07 (publiés dans Batman Saga)

À l’époque de la publication de Batman Saga (dès 2012) une brève critique avait été publiée sur les six premiers chapitres de la série Detective Comics. Cette dernière est désormais terminée (après 52 épisodes) et a fait l’objet d’un référencement plus clair.

Cet article s’actualise donc sur ce site (à l’époque les critiques n’étaient pas aussi détaillées que ces dernières années) pour être en phase avec la composition du premier tome (pas disponible en France en librairie), correspondant aux sept premiers chapitres de la série et tous publiés dans les sept premiers numéros de Batman Saga (en kiosque donc). Aux États-Unis, le titre de ce volume est Faces of Death, c’est à dire « les visages de la mort ».

[Histoire]
Batman
poursuit le Joker et arrive enfin à l’arrêter. Placé à l’asile d’Arkham, ce dernier ne tarde pas à s’évader en laissant… son propre visage en peau sur le mur (cf. image en fin d’article) ! Le TaxidermisteThe Dollmaker » en VO) a en effet découpé le contour du visage du Clown du Crime pour le lui ôter (à la demande de celui-ci). Ce nouvel ennemi est un spécialiste de la défiguration.

Le Joker est donc méconnaissable (même si, paradoxalement, on devrait davantage le reconnaître vu les « restes » de son visage…). Quant au taxidermiste, il a kidnappé une petite fille puis il a capturé Gordon pour le mutiler. Il vend ensuite aux enchères ses « œuvres » et il semble que Le Pingouin s’y intéresse de près…

Dans le civil, Bruce Wayne gère son empire tant bien que mal, entre investissements notables et re ndez-vous professionnels. Il entretient une relation ambigüe avec Charlotte Rivers, une journaliste qui enquête sur un trafic d’armes. Celle-ci a une sœur, Jill, alliée à un nouvel ennemi, Peau-de-Serpent, capable de changer de visage. Tous convergent vers le nouveau QG du Pingouin : le Casino de l’Iceberg. Dans ce lieu de jeux d’argent, le bandit manchot s’est entouré de plusieurs méta-humains pour qui il garde leur argent : l’homme-gaz, Hypnotiste, M. Combustible…

[Critique]
Les quatre premiers chapitres sont tournés vers le Joker dans un premier temps (très rapidement absent) et, surtout, le Taxidermiste dans un second temps. Un ennemi novateur et plutôt intéressant, même s’il semble peu exploité pour l’instant. Son côté « fou » tranche avec le côté « diplomate/vendeur » sur lequel il s’engage et son entourage (sa fameuse famille) est un peu trop cliché mais ça passe quand même. Si ces nouveaux antagonistes ne reviennent pas par la suite alors il n’y aura eu aucun intérêt à les introduire ici. En revanche, on reste dubitatif sur le plan du Joker. Se faire enlever le visage, pourquoi pas, mais il faut se le faire remplacer par un autre, ce qui n’est pas mentionné ici. Là aussi, on reste un peu sur notre faim sans savoir si tout ceci sera exploité à l’avenir (à priori « non » selon les autres séries sur Batman mais l’article sera réactualisé une fois Detective Comics terminé).

Néanmoins il y a de bonnes choses dans le récit : le rythme est parfait, aucun temps mort, la face plutôt sombre et brutale de Batman est relativement plaisante à lire. Son alter-ego n’est, pour une fois, pas trop mis de côté (au contraire). L’ambiance de l’ensemble, assez sale et poisseuse, rappelle quelques aventures orientées polar (Année Un, Un Homme à Terre…). Le tout est servi par Tony S. Daniel (aussi bien au scénario qu’aux dessins). Un vrai régal, son style est précis, détaillé, élégant, il signe de belles compositions malgré quelques faiblesses de colorisations (de visages notamment) de temps en temps mais assez rare pour vraiment le souligner. Entre les courses-poursuite et les scènes d’action, pas grand chose à redire du point de vue graphique.

Les trois derniers chapitres mettent en avant le Pingouin et son nouveau casino avec plusieurs protagonistes, plus ou moins importants, qui exécutent diverses missions dans ce lieu. De bonnes surprises et quelques étrangetés, notamment dans une petite galerie de méta-humains peu connus. Une étrange parenthèse consacrée à Catwoman et Hugo Strange est incluse, croquée par Szymon Kudranski, dont le style très épuré et glauque tranche radicalement avec celui de Tony S. Daniel. On suppose qu’elle aura son importance pour la suite.

Enfin, une brève connexion avec la série I, Vampire, totalement inédite en France (3 tomes la composent) est évoquée sans que cela gêne la compréhension. En synthèse, ce premier tome est particulièrement efficace, il lance plein de pistes diverses, de tous côtés (ennemis et alliés), présente de nouveaux personnages (antagonistes ou entourage proche de Bruce Wayne), de nouveaux lieux, de nouveaux enjeux (le Joker sans visage), bref il n’y a pas grand chose à redire si ce n’est espérer que la suite tienne la route. On notera également un petit aspect « politique » bienvenu et quelques cases un peu trop sexistes (deux figures féminines, toutes les deux jolies, en tenue hyper sexy avec lingerie, etc.).

La suite est à découvrir dans les chapitres publiés dans Batman Saga à l’époque mais non réédités en librairie ensuite. cf ce sommaire. Critique bien sur le site.

[À propos]
Publié en France dans Batman Saga #01 à #07 chez Urban Comics de mai 2012 à novembre 2012.
Scénario : Tony Daniel
Dessin : Tony Daniel / Szymon Kudranski (ch. 5-b)
Couleur : Tomeu Morey / Szymon Kudranski (ch. 5-b)
Encrage : Ryan Winn (ch.1 à 3) / Sandu Florea (ch. 2 à 5-a) / Rob Hunter (ch. 5-a)
Lettrage : Laurence Hingray & Christophe Semal
Traduction : Thomas Davier

Titres des chapitres :
01 – Le Taxidermiste (Detective Comics)
02 – La Fête est finie (Playtime’s Over)
03 – Sang Froid (Cold Blood)
04 – Le Phénomène (The Main Event)
05 – La Roue de l’Infortune + Roulette Russe (Wheel of Misfortune + Russian Roulette)
06 – Un Jeu Mortel (Kill Game)
07 – Le Serpent et le Faucon (The Snake and the Hawk)

Première publication originale dans Detective Comics #01 à #07 (septembre 2011 à mars 2012) et compilé dans Detective Comics #1 : Faces of Death en juin 2012.

Acheter sur Amazon.fr :
Detective Comics – Vol. 1 : Faces of Death (en anglais)

Batman Saga #01 [Critique]

Après une brève présentation de la revue et une explication sur le relaunch DC, voici les résumés et critiques des quatre chapitres composant ce premier numéro de Batman Saga.

Batman #01 – D’une cible à l’autre

BatB [Histoire]
Affrontement à l’asile d’Arkham, Batman combat tous ses ennemis. Pour s’en sortir, il obtiendra de l’aide du… Joker ! Une alliance douteuse que remarquera Gordon sur les bandes vidéo et à laquelle Batman rétorquera qu’il s’agissait d’une simple illusion d’optique.
Quelques temps après, Bruce Wayne se prépare avec Dick Grayson, puis avec Tim Drake et son fils Damian Wayne pour une soirée spéciale où le gratin de la ville est invité. Bruce y présente le futur « Gotham » qu’il veut concevoir, en vu de séduire des investisseurs, des hommes politiques, dont le candidat à la mairie Lincoln March, et des journalistes, comme Vicky Vale.

Plus tard dans la nuit, Batman rejoint Harvey Bullock : un cadavre est retrouvé avec un message : « Bruce Wayne mourra demain »

[Critique]
Très très bonne entrée en matière. Certes ce point de départ n’est peut-être pas l’idéal pour un novice peu familiarisé avec les trois Robin mais l’ensemble reste très abordable tout de même. Ce premier chapitre (tout comme celui du Taxidermiste – voir ci-dessous), se termine sur une planche qui ne donne qu’une envie : lire la suite. Heureusement l’attente ne sera pas trop longue, car les sept chapitres de cet arc seront disponibles en librairie dès le 8 juin dans le tome La Cour des Hiboux.

En attendant, nous avons les superbes dessins de Capullo dont le seul point négatif évident est la ressemblance de certains visages… Passée cette petite critique négative, tout le reste est extrêmement séduisant, le début d’une grande enquête s’annonce et on a hâte d’en voir le déroulement. Mention spéciale à la ville de Gotham qui apparaît non pas comme un simple décor mais comme une entité à part entière.

[À Propos]
Publiée en France dans le magazine Batman Saga 01 en mai 2012 chez Urban Comics. Également sorti en ouvrage complet (sept chapitres) en librairie, sous le titre La Cour des Hiboux (The Court of Owls) toujours chez Urban Comics, en juin 2012. Pour l’anecdote, les premières pages ont aussi été publiées dans le 17ème numéro de Geek – Le Magazine (S04E01 – Avril/Mai 2012)

Titre original : Batman #1 – Knife Tricks  (le recueil vo en librairie s’intitule The Court of Owls)
Scénario : Scott Snyder
Dessin : Greg Capullo
Encrage : Jonathan Glapion
Couleurs : Fco Plascencia
Lettrage : Christophe Semal et Laurence Hingray
Traduction : Jérôvme Wicky
Première publication originale dans Batman # 01 en novembre 2011

MàJ : La critique des sept chapitres, compilés dans le tome La Cour des Hiboux est en ligne !

Detective Comics #01 – Le Taxidermiste

DetectiveB

[Histoire]
Combat extrêmement violent entre le Joker et un inconnu portant un masque de peau. Batman intervient mais doit sauver une petite fille, le Joker en profite pour s’enfuir.

Le justicier de Gotham enquête alors, avec Gordon, sur les nouveaux desseins du Joker

[Critique]
Univers glauque, poisseux, morbide ; sang et violence sont au rendez-vous. Le Taxidermiste n’est pas à mettre entre toute les mains, les duels rappelent les plus virulents déjà connus (Batman Secrets, Silence…). Après quelques passages « classiques » (sauvetage, police, patrouille…), la fin est un cliffhanger audacieux à découvrir d’urgence ! En espérant que la suite ne soit tirée par les cheveux.

[À Propos]
Publiée en France dans le magazine Batman Saga 01 en mai 2012 chez Urban Comics.
Titre original : Detective Comics #01 (le recueil vo en librairie s’intitule Faces of Death)
Scénario : Tony Daniel
Dessin : Tony Daniel
Encrage : Ryan Winn
Couleurs : Tomeu Morey
Lettrage : Christophe Semal et Laurence Hingray
Traduction : Thomas Davier
Première publication originale dans Detective Comics # 01 en novembre 2011

Batman & Robin #01 – Né pour tuer

RobinB

[Histoire]
Le Batman Russe, issu de Batman Incorporated, affronte un nouvel ennemi répondant au nom de « Personne »…
À Gotham, Bruce Wayne emmène son fils Damian, sous leur alias de Batman et Robin sur les lieux du drame qui changea à jamais sa vie : l’allée où Thomas et Martha Wayne ont été assassinés quelques années auparavant par Joe Chill. Au bout de quelques minutes, Alfred leur demande d’intervenir à l’université de Gotham, où une intrusion a lieu. Le duo part à l’assaut.

[Critique]
Beaucoup de dialogues, l’éducation de Damian est mise en avant : le gamin est téméraire, tête-à-claques, Bruce veut lui inculquer quelques règles de vie, Batman des règles de conduite, dans les combats notamment. Bref c’est un aspect original et intéressant qui nous est présenté sur ce duo atypique ! L’alternance d’action et de réflexion est bien menée et le nouvel ennemi s’avère lui aussi captivant. Encore une fois, c’est du tout bon et on a hâte de lire la suite !

[À Propos]
Publiée en France dans le magazine Batman Saga 01 en mai 2012 chez Urban Comics.
Titre original : Batman & Robin # 01 – Born to kill  (le recueil en librairie s’intitule aussi Born to kill)
Scénario : Peter Tomasi
Dessin : Patrick Gleason
Encrage : Mick Gray
Couleurs : John Kalisz
Lettrage : Christophe Semal et Laurence Hingray
Traduction : Alex Nikolavitch
Première publication originale dans Batman & Robin # 01 en novembre 2011

Batgirl #01 – Fracassé

Batgirl_1

[Histoire]
Un homme est tué en pleine journée par quelqu’un se faisant appelé « Le Miroir ». Prochain nom sur sa liste : Barbara Gordon
Cette dernière n’est autre que Batgirl. Elle n’est plus Oracle, elle n’est plus handicapée, elle n’est plus dans un fauteil roulant, d’ailleurs elle n’est plus Barbara Gordon comme elle le dit elle-même, elle est bien redevenue Batgirl, tout du moins quand elle en revêt le costume.
Une fois l’usage de ses jambes recouvrées, elle décide de déménager et quitter le bercail familial, à savoir la maison de son père, Jim Gordon. Elle trouve une colocation et s’y installe petit à petit, tout en continuant ses activités en tant que Batgirl. Au-delà des combats physiques, ce sont des combats psychologiques qu’elle doit aussi mener : reprendre confiance en elle, ordonner à ses jambes de bouger au bon moment, ne plus avoir peur, etc.

[Critique]
Personnage emblématique de l’univers de l’homme chauve-souris, Batgirl revient sous son identité originelle, à savoir Barbara Gordon. La pirouette scénaristique qui la sort miraculeusement de son handicap peut décontenancer tant la solution paraît trop facile. Si la pilule passe alors le reste devrait suivre facilement, la nouvelle vie de Barbara séduit et une fois de plus le nouvel ennemi captive.

[À Propos]
Publiée en France dans le magazine Batman Saga 01 en mai 2012 chez Urban Comics.
Titre original : Batman #1 – Shattered (le recueil vo en librairie s’intitule The Darkest Reflection )
Scénario : Gail Simone
Dessin : Ardian Syaf
Encrage : Vicente Cifuentes
Couleurs : Ulises Arreola
Lettrage : Christophe Semal et Laurence Hingray
Traduction : Alex Nikolavitch
Première publication originale dans Batgirl # 01 en novembre 2011

Bilan : Réussite sur tous les points pour ce premier numéro. Quatre séries passionnantes et originales (il y en avait plus d’une dizaine sur l’univers de Batman lors du relaunch, Urban Comics a sélectionné les meilleures d’entre-elles, même si on espère voir les autres publiées dans des hors-séries kiosque par exemple — en plus de celles qui seront disponibles en librairie). Ce nouveau point de départ est idéal malgré le peu de changements altérés suite au relaunch. Les fans seront conquis, les plus anciens comme les nouveaux.