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Quels comics lire sur le Joker ?

Le 9 octobre 2019, à l’occasion de la sortie du film Joker, j’ai publié un « guide de lecture » sur le Clown du Crime sur Le Huffpost (anciennement Le Huffington Post). Il est à découvrir sur ce lien mais ci-dessous vous trouverez une version adaptée et mise en page pour le site : les liens sur les titres et les images de couverture renvoient vers les critiques sur le site, ceux sur les prix vers amazon.fr pour un achat en ligne. Les autres vers des dossiers ou analyses également sur ce site.

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Quelles bandes dessinées sur le célèbre Clown du Crime peut-on lire en France ?

L’excellent film Joker est actuellement au cinéma. Quelles ont été les sources d’inspiration côté comics? Quelles bandes dessinées sur le célèbre Clown du Crime peut-on lire en France? Sélection d’incontournables.

Les deux co-scénaristes de Joker, Todd Phillips (également réalisateur) et Scott Silver, avaient annoncé que leur version du Joker ne serait pas issue des comics. Oui et non. Il est indéniable qu’un récit culte, Killing Joke, a servi pour la conception du personnage. Écrit par le génial Alan Moore (Watchmen, V pour Vendetta…), qui renie désormais cette œuvre, dessiné par Brian Bolland très impliqué dans l’histoire, Killing Joke (très abordable pour qui veut découvrir le Joker) a été publié en 1988, au moment où les aventures de Batman prenaient un tournant extrêmement sombre et radical.

Les origines du Joker

Les auteurs nous montrent en effet pour la première fois des origines plausibles pour le Joker, avant qu’il ne sombre dans la folie. Homme démuni vivant dans la précarité avec sa compagne enceinte et humoriste raté, il n’a d’autre choix que de devenir complice d’un cambriolage qui tournera mal… Le reste est à découvrir dans le livre, publié en France chez Urban Comics (comme toutes les œuvres citées dans ce billet).

 

(À gauche la version classique du livre (13,50€),
à droite sa version limitée collector (28€))

Pour profiter de la sortie du film, l’éditeur a d’ailleurs proposé Killing Joke dans une nouvelle édition limitée collector. Ainsi, on peut toujours acheter la première, contenant juste l’histoire qui s’étale sur 46 pages seulement (13,50€), ou bien la nouvelle (28€), enrichie de nombreux bonus comme le script intégral et, surtout, les deux versions de la bande dessinée colorisées différemment. L’initiale plutôt psychédélique (de 1988) et la moderne nettement plus froide et réaliste (2008). Deux visions, deux oppositions, deux récits à la fois similaires et différents.

Killing Joke est aussi connu pour sa violence extrême : c’est dans cette fiction que le Joker kidnappe Barbara Gordon, lui tire dessus et la rend handicapée (il est même suggéré qu’elle a été violée). La force de la narration est aussi de montrer la dualité entre le Chevalier Noir (très en retrait au global) et le Prince du Crime : tous deux entretenant une relation ambiguë. En synthèse, s’il y a une œuvre qui a au moins “un peu” inspirée les scénaristes du film Joker, c’est celle-ci (Brian Bolland est d’ailleurs remercié dans le générique de fin) !

Autre comic culte (à petit prix, 15,50€) et revenant sur les origines du célèbre clown : Joker – L’homme qui rit. Scénarisé en 2005 par Ed Brubaker (Gotham Central) cette courte histoire pioche dans les premières apparitions comics du Joker pour la moderniser efficacement. Trois mois après la chute du mystérieux Red Hood dans une cave d’acide (causée par Batman), un bouffon énigmatique apparaît à la télévision et annonce les futures morts de l’élite de Gotham. Avec son système de narration croisée (identique à celui de Batman – Année Un à qui il rend hommage — il aurait clairement pu s’appeler Joker – Année Un), son côté glauque et son aspect intemporel, L’homme qui rit est un must-have pour tous fans du Joker.

Le titre s’inspire du roman éponyme de Victor Hugo, qui a servi de source pour la création du personnage. Pour compléter les 63 pages du récit, l’édition contient quatre chapitres issus de l’excellente série Gotham Central (toujours écrite par Brubaker, accompagné de Greg Rucka) et centrés sur le Joker.

Plusieurs versions du Joker

En autre incontournable, Joker Anthologie (25€) permet de découvrir près de huit décennies consacrées au Clown criminel. À travers une sélection de vingt histoires, de sa première apparition en 1940 aux plus récentes des années 2000 et 2010, en passant par les différents époques éditoriales qui ont vu fleurir plusieurs versions du Joker. En effet, au fil du temps, le Joker passe du fou furieux et tueur sans remords à habile manipulateur, en passant par le “simple bouffon” adepte des farces et attrapes.

Une plongée dans l’histoire du plus grand criminel de la pop culture corrélée à celle de son éditeur et ses différents auteurs. Attention tout de même : l’histoire L’homme qui rit est elle aussi incluse dans Joker Anthologie !

Avec Joker (15,50€) et Mad Love (15,50€ également), on découvre deux récits sur le même personnage mais à l’ambiance complètement différente. L’une est résolument sombre, l’autre plus “enfantine”. Dans Joker — pas encore chroniqué sur le site —, écrit par Brian Azzarello et dessiné (de façon très réaliste) par Lee Bermejo, le célèbre Clown sort de l’asile d’Arkham et compte bien retrouver son titre du plus grand criminel de Gotham. Avec son ambiance glauque, sa violence extrême et son univers lugubre, Joker semble prolonger la version du fou dépeinte dans le film The Dark Knight et interprété par Heath Ledger. Le look de cette itération comics est d’ailleurs assez proche de celle du chef-d’œuvre de Christopher Nolan.

Dans Mad Love à l’inverse, c’est l’incarnation de la version de la série d’animation Batman de 1992 qui est à l’honneur. Écrit par Paul Dini et Bruce Timm (ce dernier est également dessinateur), tous deux déjà auteurs du dessin animé, Mad Love est la transposition d’un épisode culte sur le Joker et Harley Quinn. Dans ce récit, le Joker quitte sa muse, la jugeant responsable de ses échecs. Quinn se rappelle alors de sa rencontre avec « monsieur J. », quand elle était psychiatre à Arkham. Si Mad Love flirte avec une certaine nostalgie pour les fans de la série d’animation, c’est aussi l’occasion de découvrir un Joker plus “léger” graphiquement mais tout aussi violent dans ses actes et ses propos. Double lecture, aussi bien pour les adultes que pour les enfants, cette histoire est, là aussi, incontournable pour découvrir le Joker sous toutes ses coutures.

Le renouveau

Si tous les comics évoqués jusqu’à présent placent le Joker au cœur du récit, quasiment en tant que personnage principal, il faut s’attarder sur deux autres livres beaucoup plus récents dans lequel Batman occupe une place plus importante.  Joker Renaissance (35€) est la compilation de deux volumes de la série Batman entamée en 2011 par le scénariste Scott Snyder et le dessinateur Greg Capullo. Cet épais ouvrage contient donc deux histoires : Le deuil de la famille (à ne pas confondre avec Un deuil dans la famille) et Mascarade. Dans la première, le Joker réussit à kidnapper tous les alliés de Batman et avance connaître l’identité de celui-ci. Dans la seconde, le Clown déverse une toxine dans Gotham City et voit le Chevalier Noir affronter… la Justice League avant d’autres péripéties psychologiques et physiques.

Si les planches sont un régal pour les yeux grâce à la finesse des traits de Capullo et son style atypique, les histoires de Snyder divisent. Cela démarre toujours très bien, avec un concept novateur et des idées intéressantes mais l’évolution et la conclusion de ses récits sont bancales, avec un résultat final mitigé. Certains apprécient son audace, notamment de proposer une vision axée sur la confiance (brisée) entre Batman et sa “famille”, d’autres déplorent une facilité narrative et des “non-évènements” sans impacts majeurs. À découvrir tout de même, pour la proposition graphique et le look du Joker post-2010’s, ainsi qu’un parti pris narratif déroutant ou passionnant.

Dans White Knight, publié l’an dernier (et dont une suite — pas nécessaire — est attendue en France en 2020), le Joker est guéri de sa folie ! Jack Napier, son nom dans le civil, devient alors le « Chevalier Blanc » de Gotham (d’où le titre du comic-book). Il compte d’ailleurs attaquer en justice Batman et la police pour la violence dont ont fait preuve ceux-ci envers lui mais aussi… se présenter aux élections municipales de la ville ! Bon orateur, intelligent et charismatique, Napier bouleverse l’opinion publique au fur et à mesure qu’il gravit les échelons politiques. Sean Murphy (Punk Rock Jesus — qu’on recommande !) a écrit et dessiné cette histoire très rapidement devenue culte, qui peut sans rougir intégrer les Top 10 des meilleures aventures du Chevalier Noir (elle fait d’ailleurs partie des huit incontournables sur ce site). White Knight (22,50€) est sans aucun doute LA pépite la plus récente et originale dans son traitement du Joker.

Pour les plus curieux, on ne peut que conseiller le célèbre Arkham Asylum (19€), dans lequel Batman s’enfonce dans le célèbre asile pour une expérience détonante et fascinante (pour le lecteur). Une plongée dans la psyché de l’homme chauve-souris et, entre autres, sa némésis. Empereur Joker (22,50€) montre le Clown du Crime face à… Superman. Une étrange histoire servie par des dessins très « cartoonesque » qui peut freiner certains.

Enfin, le beau livre Tout l’art du Joker (29€) s’attarde sur l’évolution et les différentes interprétations du Clown fou à travers les âges et les supports artistiques, incluant bien sûr nombreux dessinateurs de comics.

 

Couvertures originales des tomes 3 et 7 de la série Batman,
tous deux inclus dans Joker Renaissance.

On récapitule ! Pour les « petits budgets », on conseille la version simple de Killing Joke (13,50€), L’homme qui rit, Joker et Mad Love (tous trois à 15,50€). Pour les plus aisés, la version limitée de Killing Joke (28€), l’Anthologie “Joker” (25€) et certains récits comme Joker (15,50€) et White Knight” (22,50€).

Joker Anthologie

Tout comme Batman, son plus célèbre ennemi a le droit à son recueil anthologique. Nettement plus intéressant et passionnant que celui du Chevalier Noir (qui, malgré son côté incontournable faisait fi, justement, de ses antagonistes emblématiques), cet ouvrage est essentiel pour comprendre et juger l’évolution du Joker. L’histoire L’Homme qui rit vaut à elle-seule l’achat de cette pépite.
Certaines images d’illustrations ont été mises bout à bout afin de garder une présentation homogène mais ne sont pas forcément « à la suite » dans le livre.
Pour en savoir (encore) plus sur le Joker, une étude de cas de huit pages, rédigée par l’auteur de ce site, est à découvrir dans un magazine. Plus d’informations sur cet article.

— Les plus grands méfaits du Clown Prince du Crime en 20 récits —

Joker Anthologie

PREMIÈRE PARTIE : DUEL D’ÉGOS

Batman contre le Joker & Le Retour du Joker — Batman #1 (1940)
Un nouveau criminel sévit dans Gotham City : le Joker. Il annonce à la radio la mort de certaines personnalités, pour une heure précise. Chacune se réalise. Batman et Robin enquêtent…

Batman contre le Joker

La première apparition du célèbre Clown du Crime ! À l’époque, l’éditeur et les auteurs cherchaient une nouvelle figure menaçante —qui devait mourir à la fin, comme la plupart des ennemis à ce moment là— et la création du Joker est à attribuer conjointement aux trois artistes (Finger, Kane et Robinson). L’emblématique fou furieux est alors caractérisé par son « look » (qui ne changera guère durant les 75 ans suivants) et sa cruauté (il tue sans remords). Dans un premier temps, il cherche juste à voler des bijoux (donc de l’argent), un but assez classique et sans réel envergure ; il n’y avait pas la dualité et le côté miroir déformé de Batman qui sied aujourd’hui à ravir au binôme iconique. Chacune de ses ruses est expliquée, il faut reconnaître une certaine originalité dans la plupart d’entre elles.
[Scénario : Bill Finger / Dessin : Bob Kane & Jerry Robinson]

La Doublure du Joker — Detective Comics #85 (1944)
Un homme se fait passer pour le Joker et signe ses méfaits sous son alias. Le vrai Joker, fou de rage, entreprend alors de « prouver son innocence » et sauvera même la vie de Batman lorsque celui-ci et Robin traqueront les deux Clowns dans une imprimerie !

La Doublure du Joker

Une histoire qui bénéficie à nouveau d’une certaine ingéniosité. La thématique de « l’innocence » du Joker sera par ailleurs reprise dans l’excellent L’Avocat du Diable des années plus tard ; dans lequel Batman enquête pour prouver la non-culpabilité de son pire ennemi ! (C’était d’ailleurs un comic-book suggéré au YouTubeur Lex Tutor pour sa vidéo de vulgarisation de Droit à laquelle j’ai participé en tant que conseiller.)
[Scénario : Bill Finger / Dessin : Dick Sprang]

Plagié par le Joker —Batman #37 (1946)
Afin de gagner davantage d’argent, le Joker propose ses services d’aide et de conseils à d’autres criminels. Il pousse même le vice en créant un « Joker Signal » et d’autres véhicules et gadgets copiés sur ceux de Batman pour parfaire ses interventions en urgence. Batman et Robin tentent évidemment de l’arrêter.

Plagie par le joker

Encore une fois, l’on prime sur l’originalité d’un petit scénario qui se lit encore très bien. La Joker est nommé « le Saltimbanque Sardonique du Crime », une appellation qui ne perdurera guère en revanche. L’ensemble est plaisant, avec cet éternel petit côté « old-school » des dessins.
[Scénario : non crédité / Dessin : Jerry Robinson]

L’Homme au Masque Rouge — Detective Comics #168 (1951)
Batman donne des cours à des étudiants (!), il leur explique les bases pour enquêter. Afin de les tester, il leur propose de découvrir l’identité de Red Hood, un ancien ennemi mystérieux disparu depuis plusieurs années. Celui-ci fera d’ailleurs sa réapparition sur le campus !

L'homme au masque rouge

Bill Finger apporte ici des origines au Joker (qui n’en avait jamais eu !) en expliquant la tombée dans la cuve d’acide, le costume, le masque, etc. Une idée qui sera reprise des années après dans Killing Joke (1989) et modernisé en 2014 par Scott Snyder dans Batman #0 puis L’An Zéro). À travers le fameux heaume rouge, brillant et lisse, le mythe de l’Homme au Masque de Fer n’est pas loin…
[Scénario : Bill Finger / Dessin : Lew Sayre Schwartz / Encrage : George Roussos]

La Ceinture à Gadgets du Joker — Batman #73 (1952)
Le Clown du Crime réalise qu’il échoue face à Batman à cause des nombreux gadgets de celui-ci. Le Joker décide alors de créer sa propre ceinture…

La ceinture à gadgets du joker

En pleine période de comics « censurés » (à cause du Comics Code Authority), les aventures de Batman et Robin se veulent plus légères et « amusantes ». C’est le cas ici, loin d’être inoubliable, cela montre surtout le reflet d’une époque révolue. Cette période contraindra une disparition du Joker (au lieu de le changer en un ennemi fade et aseptisé).
[Scénario : David Vern Reed / Dessin : Dick Sprang / Encrage : Charles Paris]

Les Exploits Burlesques du Joker — Detective Comics #341 (1965)
Le « virulent virtuose de la névrose, le sublime sadique sardonique, le maladrin aux mille mascarades, le féroce forcené facétieux » (le Joker donc) devient producteur de films comiques dans lequel il opère divers braquages en se faisant passer pour des comédiens muets ou burlesques. Certains de ses complices portent même les costumes de Batman et Robin ! Les deux vrais justiciers vont évidemment se mettre en travers de sa route.

exploits burlesques du joker

Dernier chapitre de l’époque révolue, dans laquelle les histoires étaient devenues bon enfant (à l’inverse des débuts où les morts sévissaient constamment) avec en petite évolution, un aspect graphique beaucoup plus réaliste (un choix du moment).
[Scénario : John Broome / Dessin : Carmine Infantino / Encrage : Joe Giella]

DEUXIÈME PARTIE : GUERRE DES NERFS

Les Cinq Vengeances du Joker — Batman #251 (1973)
Un cadavre est retrouvé, assassiné par le Joker. Batman rend visite à d’anciens complices du Clown, mais chacun d’entre eux meurt des mains du Joker… Le Chevalier Noir se retrouve même enfermé dans un bassin d’eau avec… un requin.

cinq vengeances du joker

Retour à un Joker « violent » qui n’hésite pas à tuer (comme à sa création). Le tandem O’Neil/Adams aspire de toute façon à un Batman résolument plus sombre et adulte, aussi bien dans son récit que dans son graphisme (un constat déjà présent dans l’Anthologie Batman, par les mêmes auteurs).
[Scénario : Dennis O’Neil / Dessin : Neal Adams / Encrage : Dick Giordano]

Le Poisson qui Rit — Detective Comics #475 (1978)
Des milliers de poissons arborent le sourire fatidique du Joker… Le Clown du Crime ordonne de recevoir une part sur les poissons vendus, puisqu’il est à l’origine de leur transformation. Il annonce en direct à la télévision de futurs morts s’il n’obtient pas son dû. Batman est sur ses traces mais il est perturbé par autre chose : il s’interroge sur sa relation avec Silver St. Cloud.

le poisson qui rit

Si le résumé prête à sourire (!), il n’en est rien, l’ensemble est très « sérieux » et l’amorce vers un Joker anarchiste et fou est définitivement entamé. Le machiavélique ira même à refuser de connaître l’identité réelle du Chevalier Noir, clamant qu’il n’y aurait plus aucun enjeu sinon. Cela « ôterait tout le sel, tout le piquant du duel avec le parfait adversaire […] le Joker a besoin de Batman ! […] Il mérite Batman […] Il serait indigne de moi que qui ce soit d’autre détruise Batman ! ». Place donc aux prémices de la dualité extrême entre les deux êtres, du miroir diabolique, de la représentation radicale de deux mêmes faces (idée qui sera prolongée notamment dans Killing Joke, et dans une moindre mesure dans Secrets).
Léger problème tout de même sur ce chapitre : même s’il fonctionne bien, il nécessite la connaissance d’histoires produites en amont et s’arrête sur une fin d’épisode et non définitive. Logique : c’est le même soucis rencontré sur le chapitre précédent de la même histoire (Detective Comics #474 donc) qui était publié dans Batman Anthologie ! C’est en effet le début des sagas à multiples épisodes qui se suivent. Heureusement pour les lecteurs (et comme annoncé dans l’introduction éditoriale), tout le run va être compilé dans un ouvrage. Celui-ci est publié depuis octobre 2014 (soit sept mois après la sortie de Joker Anthologie), il s’agit de Dark Detective. À noter également : ce chapitre ainsi que le précédent ont inspiré un épisode du dessin animé de la série de Bruce Timm.
[Scénario : Steve Englehart / Dessin : Marshall Rogers / Encrage : Terry Austin]

Odieux Anniversaire, Joker —Batman #321 (1980)
Le Joker se rend au commissariat de Gotham et kidnappe Gordon. Il propose ensuite une fête où plusieurs personnes sont ligotés, dont Robin. Batman va essayer de sauver tout le monde.

odieux anniversaire joker

Un chapitre qui peut paraître anecdotique mais qui livre une fois de plus le côté fou du Joker, notamment quand il tue un de ses hommes de main. À nouveau, cette histoire a été adapté dans le dessin animé de 1992.
[Scénario : Len Wein / Dessin : Walter Simonson / Encrage : Dick Giordano]

À mourir de rire — Batman #353 (1982)
Le Joker vole les explosifs destinés à détruire un immeuble ainsi que l’ordinateur qui le contrôle. Il parvient à kidnapper et attacher Batman à une falaise qu’il compte faire sauter et remodeler à son image.

a mourir de rire

Comme les précédents chapitres, celui-ci s’intercale clairement dans « un arc plus grand », en témoignent les personnages de Rupert Thorne, Vicki Vale, etc. Gordon était déchu de ses fonctions, cela rappelle un peu le début de Batman Eternal, d’autant plus que Jason Bard est mentionné et Batman plus ou moins déclaré hors-la-loi. Mais ça se lit bien, sans être très folichon non plus.
[Scénario : Gardner Fox / Dessin : Mike Sekowsky / Encrage : Bernard Sachs]

Mort de Rire — Detective Comics #570 (1987)
Le Joker inflige des tortures mentales à Catwoman qui faisait partie (à l’époque) du trio emblématique avec Batman et Robin (Jason Todd, second du nom). Le tandem cherche à la délivrer.

Mort de rire joker

Si le Clown du Crime est désormais redevenu « violent et fou » depuis quelques temps, il y a les prémices d’un Batman très cynique, qui prend même plaisir dans la violence et le chantage. A ses côtés, le nouveau venu Jason Todd/Robin, très jeune, qui enchaîne les jeux de mots pourris (il sera tué par le Joker moins de deux ans plus tard). Si les dessins prônent un côté plus réaliste et adulte, en adéquation avec les thèmes plus sociaux (SDF, drogues…), l’ensemble est paradoxalement très coloré et flashy, sans doute pour correspondre aux délires du Joker.
[Scénario : Mike W. Barr / Dessin : Alan Davis / Encrage : Paul Neary]

Le Choc des Symboles— Detective Comics #341 (1990)
Batman assomme un voleur qui était chez une voyante. Celle-ci lui propose ses services en échange. Le Dark Knight tire la carte d’un joker et se remémore une intrusion de sa Némésis dans un musée trois ans auparavant, où il était un simple visiteur en tant que Bruce Wayne.

le choc des symboles joker

À nouveau, on sent la veine plus réaliste et « marquante » du chapitre (Robin ayant été tué quelques mois avant) ; on assiste également à une narration non-stop de Batman, ses pensées sont clairement dévoilées au lecteur. Une habitude qui perdurera encore longtemps mais qui à l’époque était assez original. Rien d’extraordinaire dans cette histoire non plus.
[Scénario : Alan Grant / Dessin : Norm Breyfogle / Encrage : Steve Mitchell]

TROISIÈME PARTIE : RONDE MACABRE

Rires dans la Nuit — The Batman Adventures Annual #1 (1994)
Le Joker déambule dans Gotham, tuant des citoyens au hasard et arpentant les ruelles en faisant exploser sa folie notoire.

Rires dans la nuit

Les dessins calqués sur le dessin animé de l’époque, alors en pleine effervescence (par le même scénariste Paul Dini — qui a créé Harley Queen, faisant une brève apparition ici) permettent de connoter l’aspect graphique « simpliste et enfantin » avec des évènements violents et « dérangeants ». Clairement une réussite, au même titre que Mad Love.
[Scénario : Paul Dini / Dessin : John Byrne / Encrage : Rick Burchett]

Folle Trajectoire — Robin #85 (2001)
À l’asile d’Arkham, le Joker explique à ses docteurs son obsession pour Robin et comment il a compris qu’il y en avait plusieurs, dont celui qu’il a tué.

Folle trajectoire joker

À nouveau un style cartoony qui contraste avec les histoires violentes dont se rappelle le Clown, changeant au passage constamment ses propres souvenirs personnels (idée reprise dans Killing Joke et appliqué au cinéma dans The Dark Knight). La véritable folie du Joker se matérialise précisément dans les dernières planches. Un excellent court chapitre totalement concentré sur le Joker en guise de personnage principal.
[Scénario : Chuck Dixon / Dessin : Pete Woods / Encrage : Jesse Delperdang]

L’Homme qui Rit — Batman : The Man Who Laughs (2005)
Un mystérieux « bouffon » apparaît à la télévision et annonce les futures morts à venir de certaines personnes : toutes faisant partie de l’élite de Gotham. C’est la première fois que le Joker (son surnom donné par la presse) apparaît à Gotham, trois mois après la chute de Red Hood dans une cuve d’acide causée par Batman.

Joker l'homme qui rit

Sans aucun doute l’un des meilleurs récits de l’anthologie, si ce n’est LE meilleur. Calqué sur Année Un, à qui il rend hommage, en reprenant le même système de narration croisée entre Gordon (alors simple capitaine de police) et Batman (qui n’est encore qu’une rumeur urbaine). Le titre, quant à lui, s’inspire évidemment du film éponyme, lui-même adaptation d’un roman du Victor Hugo. C’est la photo de l’acteur interprétant un saltimbanque défiguré qui donnera la matière première à Bill Finger pour la conception du personnage (dont la paternité s’attribue également à Bob Kane et Jerry Robinson). Au scénario, l’on retrouve Greg Rucka (Gotham Central) et Doug Menhke aux dessins (L’énigme du Red Hood). Seule la colorisation sera le point noir de ce long chapitre. Soixante-trois pages le compose (plus que Killing Joke (!) et l’équivalent de deux tiers de Année Un). Entre les monologues alternés, le côté glauque de l’œuvre, les parties énigmatiques et clairement la réapparition moderne de l’excentrique et manipulateur Joker, on pourrait presque regretter une non publication en librairie de L’Homme qui Rit ! La dernière case, avec le Bat-Signal conclut à merveille cette histoire, qu’on pourrait légitimement appelée  » Joker : Année Un ».
[Scénario : Ed Brubaker / Dessin : Doug Mahnke]

Les Origines du Joker — Coutdown #31 (2007)
Le Joker narre ses (différentes) origines très succinctement (en deux pages !).

origine du joker

Brian Bolland évoque en deux pages les sources originelles récurrentes du Clown du Crime : le comique raté, le mafieux Napier (surtout évoqué dans le film de Tim Burton) et bien entendu Red Hood. Rien d’exceptionnel donc, si ce n’est un court rappel.
MàJ : Toutefois, cette mini-histoire sonne curieusement comme prémonitoire lorsque l’on découvre « un secret » entourant le Joker dans la fin des NEW52 et le Relaunch Rebirth…
[Scénario : Mark Waid / Dessin : Brian Bolland]

L’Heure des Singeries — Batman #23.1 (2013)
Le Joker adopte un bébé singe et l’élève comme son propre fils, tout en se rappelant son enfance, assez similaire où il se faisait battre par sa tante.

heures des singeries

Seuls les flash-backs (sont-ils « vrais » ?) sont intéressants et bien dessinés (avec un style un peu « indépendant ») mais l’ensemble sonne « faux », on a du mal à trouver cette histoire très crédible. Dommage, les auteurs avaient carte blanche pour ce one-shot consacré au Joker, qui intervenait dans le cadre du Vilain’s Month, où douze autres ennemis du Dark Knight avaient leur propre chapitre.
[Scénario : Andy Kubert / Dessin : Andy Clarke]

Conclusion & remarques

Faut-il acheter Joker Anthologie ? Indéniablement oui ! Surprise : le recueil s’avère beaucoup plus passionnant que celui sur Batman, qui était déjà très bon. Outre les nombreuses histoires proposées, la majorité de grande qualité (mais aussi de constats d’époques successives), le travail éditorial d’Urban Comics fourmille de détails et de notes louables.

On découvre un Joker tueur sans pitié, puis un bouffon tourné vers les farces et attrapes, et enfin un psychopathe véritable entité vouée à Batman, pendant maléfique du Chevalier Noir. Ces inspirations évolutives, témoins nécessaires de la portée du Joker au cinéma, dans des dessins animés ou des jeux vidéo, promettent d’agréables moments de lecture (et comprendre son essor populaire).

Avec du recul, et depuis un récent évènement chez DC Comics, l’on comprend d’ailleurs aisément (grâce à une parfaite coïncidence) la probable identité derrière le Clown du Crime. À nouveau, se référer à cet article pour mieux saisir ces trouvailles et enjeux (au risque de révélations attentions).

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(Novembre 1942 : une des rares couvertures mettant en scène le Joker, et une des rares le montrant avec des armes à feu.
Toute la portée menaçante, dangereuse et la puissance symbolique du personnage en somme.)

  Joker anthologie conclusion

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Étude de cas : Le Joker

Suite à mon interview dans le magazine Ciné Saga en début d’année 2016, leur rédaction m’a demandé d’écrire une étude de cas sur le Joker pour leur quatorzième numéro (1), sorti en août 2016. L’article devait s’étaler sur quatre pages avant de s’étendre à huit, tant il y a de choses à raconter. Retour sur la création du Clown du Crime, son évolution à travers les comics et son essor dans la culture populaire, grâce au cinéma, aux dessins animés et aux jeux vidéo. Avec des interviews de Yan Graf, éditeur chez Urban Comics, et Pierre Hatet, mémorable doubleur du Joker sur plusieurs supports artistiques.
(Rédigé en juin 2016, donc avant la sortie du film Suicide Squad. ///// Cliquez sur les couvertures pour accéder aux critiques.)

Joker Heath Ledger The Dark Knight

Qui rira le dernier ?

Des bandes dessinées américaines aux films en passant par les jeux vidéo et les séries d’animation, le Joker est partout, tout le temps. Il fascine, autant que Batman, depuis trois quarts de siècle. Retour sur sa création, son évolution et ses nombreuses apparitions.

Le 21 juillet 1866, Victor Hugo débute, à Bruxelles, l’écriture d’un nouvel ouvrage : L’Homme qui rit. Presque trois ans plus tard, le roman philosophique est publié en France. Le personnage principal, Gwynplaine, est un saltimbanque défiguré, mutilé au niveau de la bouche notamment, donnant l’illusion d’un sourire forcé en permanence. En 1928, le réalisateur d’origine allemande Paul Leni dévoile son adaptation cinématographique muette avec Conrad Veidt dans le rôle de Gwynplaine. Bill Finger, le co-créateur de Batman et son principal scénariste à ses débuts, donne en 1940 une photographie de l’acteur (en noir et blanc) à Bob Kane, le dessinateur désormais crédité comme concepteur du Chevalier Noir. L’encreur de l’époque, Jerry Robinson, propose une carte à jouer d’un Joker pour finaliser la création. L’ennemi le plus célèbre et iconique de Batman est né, la paternité étant attribué aux trois artistes. En extrapolant, on peut affirmer que d’une certaine façon, c’est le fruit de l’imagination d’un des écrivains français les plus célèbres et réputés qui a servi de base embryonnaire au désormais incontournable Joker.

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L’acteur Conrad Veidt et la première apparition du Joker
dans Batman #1 en 1940 (dessiné par Bob Kane & Jerry Robinson)

Bill Finger lui apporte des origines en 1951 (dans Detective Comics #168) en créant le fameux Masque Rouge, plus connu sous son nom originel : Red Hood (qui sera repris en 1989 dans Killing Joke et modernisé en 2014 par Scott Snyder dans Batman #0 puis dans l’arc L’An Zéro). Le mythe dit que l’inspiration du fameux heaume rouge, brillant et lisse est venue à nouveau d’un écrivain français réputé : Alexandre Dumas. C’est la dernière partie du livre Le Vicomte de Bragelonne, publié de 1847 à 1850, qui fermait la trilogie entamée avec Les Trois Mousquetaires, qui aurait fourni au scénariste de comics sa matière brute : il y est en effet question du fameux Homme au masque de fer.

Une absence totale de moralité

image-02Plus de 75 ans après sa création, le Clown du Crime est devenu un personnage à part entière de la culture populaire. Outre sa perpétuelle apparition dans les bandes dessinées Batman et Detective Comics, parmi les titres les plus emblématiques, durant plusieurs décennies, c’est à la fois l’écriture du personnage, sa psychologie atypique, son absence totale de moralité et son essor à travers d’autres supports artistiques qui ont contribué à sa renommée. Il fascine et séduit autant qu’il repousse et effraie. Miroir déformé d’un héros solitaire et sombre, il se veut fantasque et coloré. Certains le considèrent comme fou, d’autres l’estiment habile manipulateur, doué d’une rare intelligence.

Dès sa création pour le premier numéro de la série Batman en 1940 (le justicier est né un an avant dans le numéro #38 de Detective Comics), ses auteurs souhaitaient un ennemi « fort » et qui laisserait une trace pour cette nouvelle publication. Bien malin, l’éditeur, DC Comics, décida de ne pas tuer le Clown dès sa première apparition (chose très fréquente à l’époque pour les ennemis de Batman). Fou furieux, manipulateur, tueur sans remords : la première version du Joker, jusqu’en 1942, est, quelque part, assez proche de l’imaginaire collectif. Il « s’assagit » ensuite jusqu’en 1954, devenant un « simple » bouffon trouvant un attrait aux farces et attrapes, tout en restant cet ennemi flamboyant et unique.

Dès lors, le Comics Code Authority, organisme de censure, contraint indirectement à une disparition du Joker (mieux que d’avoir eu une version trop ringarde et aseptisée), remplacé par des monstres de science-fiction ou fantastiques, afin de coller avec le registre de genre du Batman de l’époque. Cela durera près de quinze ans. L’Arlequin de la Haine continue de défier le Goliath de Gotham à travers les planches et connaît un regain de popularité en 1966, grâce à la série télévisée  de ABC, où l’acteur Cesar Romero lui prête ses traits. Du pur nanar dans lequel le terrible ennemi paraît bien ridicule. Mais cela lui permet d’accroître son aura et de se faire connaître par davantage de personnes.

[Couverture de Detective Comics #69 par Jerry Robinson en 1942. L’’une des rares montrant le Joker tenant des armes à feu.]

La mort de Robin

C’est en 1989 que le Joker acquiert définitivement son statut de Némésis culte. Deux raisons à cela. La première se joue outre-Atlantique, au Pays de l’Oncle Sam, dans les chapitres #426 à #429 (décembre 1988 à janvier 89) de la série Batman : le Joker tue Robin. Il s’agit alors du deuxième Robin, alias Jason Todd, qui succéda à Dick Grayson (un nom un peu plus connu du « grand public » puisqu’il était le Robin originel devenu un super-héros à part entière sous l’alias Nightwing). Dans cette histoire, intitulée Un Deuil dans la Famille (publié pour la première fois en France en 2003 puis réédité en 2013 par Urban Comics, l’éditeur actuel des aventures du Dark Knight), ce sont les lecteurs eux-mêmes qui ont scellé le sort du second side-kick de Batman à travers un vote massif organisé par DC Comics ! Une drôle de façon de faire pour l’époque mais qui restera dans l’histoire de la bande dessinée américaine.

Comics Batman 10 Un Deuil dans la Famille Comics Batman 20 The Dark Knight Returns  Comics Batman 22 Arkham Asylum

Si cette mort, d’une violence inouïe, accentue le statut de méchant du Joker et marque à jamais la mythologie de Batman, l’histoire n’est paradoxalement pas la plus emblématique du Caped Crusader. Jim Starlin, son scénariste, met en scène un Batman au cœur de la politique et du Moyen-Orient. Il faut attendre 2002 pour entrevoir le retour de Jason Todd, dans l’excellent ouvrage Hush, écrit par Jeph Loeb, avant de le voir se concrétiser dans Under the Red Hood, sous la plume de Judd Winick, en 2005 (tous deux disponibles chez nous sous les titres Silence et L’Énigme de Red Hood, toujours chez Urban Comics). La mort de Robin survient après trois années de publications où le Joker a littéralement pris un tournant radical.

En effet, dans les comics, aux États-Unis tout du moins, le Joker est devenu une entité résolument sombre, violente et menaçante. Pire qu’à l’accoutumée. Il y a donc eu, en 1989, Un Deuil dans la Famille mais les prémices de cette version extrêmement dérangeante sont apparus en 1986, dans The Dark Knight Returns de Frank Miller (Sin City, 300…). On y découvrait, dans un futur hypothétique, un Joker incapable de vivre, totalement dépressif, depuis la disparition (volontaire) de Batman. Le Clown retrouve goût à la vie uniquement lorsque le Chevalier Noir refait son apparition. C’est dans ce comic book, que Miller suggère (en premier) la mort de Robin par la main du Joker. L’artiste polémique récidivera quinze ans après dans The Dark Knight Strikes Again, une suite nettement inférieure, où il fera carrément de Dick Grayson… le Joker !

Un Joker au sommet de la folie

batman killing jokeAprès The Dark Knight Returns, qui deviendra culte et constituera un pilier du monde des comics, sort en 1988 Killing Joke, de Brian Bolland et Alan Moore (Watchmen, V pour Vendetta…). Le Joker est alors au sommet de sa folie : il kidnappe Gordon, l’humilie, tire sur sa fille Barbara (Batgirl), et est ainsi responsable de son handicap (elle deviendra Oracle en étant condamnée à rester sur un fauteuil roulant). Cette version extrêmement noire (et désormais reniée par Moore) sous-entend même que le Joker aurait violé la fille du commissaire… Une adaptation animée sort ce mois-ci (MàJ : le 3 août 2016). Dans la foulée, Grant Morrison écrit son formidable Arkham Asylum, publié en 1989, qui vient accroître l’aura maléfique du Joker. Les méandres et errances de Batman dans le célèbre asile, où il a peur de céder à sa propre folie face à un Joker plus survolté que jamais.

Le même auteur laisse entendre dans Batman #663, à travers des bribes de la thèse d’Harleen Quinzel, que le Joker n’a pas de personnalité propre ni d’ego mais plutôt des « super-personnalités ». Cette plongée au cœur de la folie dans Arkham Asylum inspirera le jeu vidéo éponyme qui sera mis en vente pile vingt ans après.Comics Batman 28 Joker Anthologie Dans cet autre média, le Clown du Crime occupe une place prépondérante. S’inspirant des comics précités et récupérant les doubleurs des dessins animés (Mark Hamill en VO, Pierre Hatet pour la VF), la saga Arkham sera un succès critique et public.

Il faut attendre 2005 pour lire une nouvelle version de la première apparition du Joker, soixante-cinq ans après sa naissance. Elle est intitulée L’Homme qui rit (The Man Who Laugh en version originale), nom qui évoque clairement l’œuvre de Victor Hugo et le film de 1928 (qui bénéficia, pour l’anecdote, d’un passable remake français fin 2012, avec Marc-André Grondin dans le rôle-titre). Dans cette histoire, Gordon et Batman alternent les monologues intérieurs (de la même façon que Batman : Année Un, par Miller) et son auteur, Ed Brubaker, distribue la carte de la folie en modernisant à peine son socle d’inspiration : l’énigmatique Joker annonce des morts à la télévision, celles-ci ont lieu aux heures dites, comme dans Batman #1 de 1940. Les deux sont à (re)lire dans l’indispensable Joker Anthologie, toujours chez Urban Comics.

« Il incarne la peur des clowns maléfiques »

« Le Joker touche des publics différents, à des degrés divers et pour des raisons diverses. Pour le public plus jeune, il incarne la peur des clowns maléfiques : leur côté étrange, leur maquillage…, souligne l’éditeur Yan Graf qui a travaillé sur cet ouvrage. Mais le Joker est aussi un symbole d’anarchie, poursuit-il. Les personnages de méchants charismatiques sont légion dans la culture populaire et ces dernières années, les assassins insensibles ou psychopathes ont remporté les faveurs du public. Ils produisent une sorte de fascination/répulsion et depuis longtemps, on sait que le spectateur ou le lecteur aime se placer dans les pas d’un meurtrier. Le Joker est l’un de ces personnages flamboyants qui vivent sans repère moral, il est celui qui rejette toutes les règles ou toutes les valeurs sur lesquelles on bâtit une société civilisée. De plus, il ridiculise les autorités, à commencer par Batman. C’est le fou de la cour du roi mélangé à un artiste de la mort. Sa complexité en fait un personnage aux multiples facettes. »

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C’est donc avec quatre œuvres cultes publiées entre 1986 et 89, The Dark Knight Returns, Killing Joke, Arkham Asylum et Un Deuil dans la Famille, que le lectorat des aventures de l’homme chauve-souris découvre non pas un nouveau visage ou une nouvelle version du Joker mais un stade jamais atteint auparavant en termes de danger. L’ennemi emblématique, qui avait déjà tué auparavant, devient un miroir menaçant. Il s’en prend directement à l’entourage de Batman. On découvre une psyché le voulant proche de l’homme chauve-souris, voire indispensable. Sans Batman, il n’existerait pas. Mais sans le Joker, Batman n’existerait-il sans doute pas non plus ? À cette interrogation, Tim Burton viendra ajouter son grain de sel, ou plutôt son grain de folie.

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La seconde salve qui fait grimper le Joker sur les hautes marches de la culture populaire (après cet enchaînement de comics noirs) est bien entendu l’interprétation magistrale de Jack Nicholson dans le film réalisé par Tim Burton en 1989 et sobrement intitulé Batman. Ce n’est pas la première fois que le Joker apparaît à l’écran : Cesar Romero le jouait, comme évoqué plus haut, dans la célèbre série débutée en 1966 avec Adam West, qui s’acheva deux années après, au bout de trois saisons suivi d’un film nanar devenu culte par la force des choses, principalement par son côté kitch. Le Joker était donc déjà connu d’une partie de la population (en plus des lecteurs réguliers des bandes dessinées, bien sûr, sans oublier les quelques produits dérivés de l’époque) mais il n’avait jamais été montré aussi sombre et menaçant, hors productions papiers.

C’est d’ailleurs avec le long-métrage de Burton que la « Batmania » va réellement commencer, surtout en France. Pour surfer sur le succès, le film bénéficiera évidemment d’une suite (Batman Returns/Le Défi — davantage dramatique et à l’esthétique gothique très soignée, avec un style plus Burtonien que jamais, qui a déplu aux producteurs) et surtout la création d’un nouveau et formidable dessin animé. Le Joker y est particulièrement mis en avant et doublement accessible (aux enfants et aux adultes). Les jeux vidéo et l’arrivée des comics en France favorisent une fois de plus le développement du personnage.

Jack Nicholson campe un Joker mythique

jack_nicholson_the_jokerJack Nicholson, 52 ans à la sortie du film, n’a plus rien à prouver en tant qu’acteur. Il a reçu un Oscar pour son rôle dans Vol au-dessus d’un nid de coucou en 1975 et surtout, il a déjà offert une incarnation de la folie pure dans le célèbre film de Stanley Kubrick sorti en 1980 : Shining. Le quinquagénaire vole la vedette au Chevalier Noir, fadement interprété par Michael Keaton. Grand succès critique et public, avec 400 millions de dollars de recettes, cette nouvelle mouture de Batman au cinéma, résolument plus sombre (en adéquation, donc, avec les comics de l’époque), dévoile au monde entier le génie du Joker. Si le film a vieilli par bien des aspects, la performance de Nicholson, son terrible visage et ses inoubliables costumes, font encore mouche.

Dans l’esprit des gens, le Joker EST Jack Nicholson. Il ne peut en être autrement. Un truand de base considéré comme fou, qui deviendra littéralement et physiquement le Joker après un jet de produit chimique reçu dans le visage, et évidemment sa célèbre chute dans une cuve d’acide, le tout causé par Batman lui-même. L’homme veut semer un certain chaos dans la ville, sans raison aucune. Il est plutôt « comique » avec des sautes d’humeur violentes, forcément. Il possède même une certaine élégance. Offense suprême : il a lui-même tué les parents de Bruce Wayne, lorsqu’il s’appelait Jack Napier et était âgé d’une vingtaine d’années (une « trahison » pour les fans des aventures sur papier puisqu’il a été maintes fois confirmé que Thomas et Martha Wayne succombent sous le feu de Joe Chill). C’est donc le (futur) Joker qui va créer Batman, avant que celui-ci ne contribue à la naissance du Joker. Ce dernier lance dans le film : « Je vous ai fait ! » Ce à quoi le célèbre justicier répond : « Tu m’as fait en premier. » L’existence de l’un va de pair avec l’autre, la boucle est bouclée.

Presque vingt ans plus tard, le regretté Heath Ledger personnifie le Clown du Crime dans une version se voulant très plausible, dans le second opus de la trilogie de Christopher Nolan. The Dark Knight, sorti en 2008, fait suite à Batman Begins dont la fin annonçait la venue à Gotham dudit Joker. Les fans hurlent et déchantent : personne d’autre que Nicholson ne peut jouer le Joker.

Mark Hamill (Luke Skywalker) est fan

image-14-pierre-hatetEntre-temps il y a eu l’excellente série animée de Bruce Timm et Paul Dini. Le Joker était doublé par Mark « Luke Skywalker » Hamill pour la version originale, un rôle qu’il a rempli dans bon nombre d’autres productions d’animations ou encore dans la célèbre saga de jeux vidéo Arkham (tout du moins, dans les trois du studio de Rocksteady : Arkham Asylum, Arkham City et Arkham Knight — en France c’est Pierre Hatet qui s’en est chargé sauf, comme le célèbre Jedi, pour Arkham Origins, où Stéphane Ronchewski, le doubleur de Heath Ledger a officié à sa place — dans chaque jeu le Joker est remarquablement mis en avant). Mark Hamill confiait : « Dans toute ma carrière, il est le personnage le plus stimulant, gratifiant et plaisant que j’ai eu à incarner. » En France, c’est donc la voix de Pierre Hatet qui s’impose en très peu de temps. Cet acteur de théâtre, connu pour être la voix française du Doc Brown de la trilogie Retour vers le Futur, juge « formidable ce qu’a fait Mark Hamill. Mais je ne m’en suis jamais inspiré et je l’ai peu écouté… »

Déclaration plus surprenante encore : « Je ne savais pas vraiment qui été le Joker quand j’ai commencé à le doubler. En revanche, je connaissais  »L’Homme qui rit » de Victor Hugo grâce au théâtre. C’est d’ailleurs grâce à mes performances de comédien sur scène que j’ai été choisi pour devenir la voix du Joker. » Une voix désormais indissociable du personnage dans l’imaginaire des petits et des grands. « Des enfants me reconnaissent et me demandent de faire un rire ou le célèbre ‘‘Mon Batounet’’ encore aujourd’hui,  confie Pierre Hatet dans sa résidence parisienne avec sourire. J’ai découvert le Joker sur papier il y a deux ans grâce à un ouvrage,  »Joker Anthologie ». Personne ne m’a guidé pour trouver LA voix et je n’ai pas non plus cherché à connaître le personnage dans les bandes dessinées. Quand j’aborde un doublage, je suis comme un acteur qui rentre dans un rôle. J’ai essayé de trouver une vérité dans le Joker, je l’ai ensuite imposée et tout s’est fait naturellement. »

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Le comédien n’a malheureusement pas été convié à doubler le Joker dans Suicide Squad (MàJ : c’est Paolo Domingo qui l’a fait) ni dans le dessin animé Killing Joke (MàJ : Marc Saez s’est attribué le rôle), tous deux sortant cet été. « Une pétition a circulé sur Internet (MàJ : à découvrir sur ce lien, et lire cet article —même s’il est approximatif par bien des aspects— pour mieux comprendre). On ne m’a pas appelé, j’attends que le téléphone sonne… J’ai bien conscience, en toute modestie bien sûr, d’avoir marqué plusieurs générations, alors je le redoublerai avec plaisir. Je suis très attaché au personnage. » Sur la folie du Joker, Pierre Hatet a son hypothèse : « À mon avis, il est intelligent et calculateur, c’est le Prince du Crime face au Prince de la Vertu. C’est un méchant jaloux. Par opposition à Batman, le Prince de la Justice, dont le Joker admire la pureté et l’honnêteté, le Clown deviendra le Prince du Mal. »

[Pierre Hatet, fière voix de la version française du Joker à son domicile © Thomas Suinot ]

Batman et le Joker, unis à jamais

Durant plusieurs décennies, du côté des comics, maints auteurs se sont interrogés  sur l’identité réelle du Joker. Pas son identité civile mais son vrai but, sa véritable interaction avec Batman. Pour certains artistes, il est tout simplement le double version maléfique de l’homme chauve-souris. L’un ne peut vivre sans l’autre. L’un est responsable du destin de l’autre. Ils sont le miroir d’une même personnalité, chacune correspondant à un extrême. Une vision particulièrement soulignée dans Killing Joke et dans le moins connu Batman : Secrets, de Sam Kieth.

    Batman Secrets Batman le deuil de la famille Batman 4 L'An Zero 1ere partie Batman Mascarade Endgame Fini de Jouer Tome 7

Plus récemment, c’est Scott Snyder qui évoquera cette confrontation quasi fraternelle, à travers les tomes 3 à 5 puis 7 de la série Batman (chez Urban Comics à nouveau). Soit dans Le Deuil de la Famille, L’An Zéro puis Mascarade. Entre 2011 et 2015, le scénariste a livré une version moderne du Joker tout en gardant l’esprit d’origine. En mai et juin 2016, à la fin de la série Justice League, juste avant que l’éditeur DC Comics n’opère un nouveau relaunch, nommé Rebirth (une opération visant à repartir de zéro dans ses séries), on a appris qu’il n’y avait pas un mais trois Jokers différents depuis que Batman est devenu le justicier de Gotham City…

Le Dark Knight profite donc de sa nouvelle série (tout juste publiée aux États-Unis et qui arrivera très certainement début 2017 en France) pour enquêter sur cette révélation, plutôt cohérente et très excitante. L’éditeur Yan Graf la trouve amusante car « elle valide le découpage choisi dans Joker Anthologie, qui mettait en valeur l’évolution du personnage à travers différentes phases, de maitre chanteur assassin à tueur en série en passant par braqueur de banque déluré ! ».

Heath Ledger fait taire les « haters »

the-dark-knight-the-joker-heath-ledger-batmanRetour en 2008 : la performance d’Heath Ledger vient à bout des haters. Christopher Nolan avait d’ailleurs prévenu avant la sortie du film : son Joker serait finalement très sérieux. On revient à l’inévitable question qui hante les fans : le Joker est-il un fou doué d’une intelligence sans faille, ou bien d’un génie intelligent avec « quelques » accès de folie, une folie passagère ? Feint-il d’être fou ? A-t-il une logique ? Le mystère demeure dans chaque œuvre qui le met en avant. Son identité ? Comme dans la plupart des livres, il la modifie selon son bon vouloir.

On note toutefois qu’ici, le Joker se maquille lui-même et que son sourire provient de cicatrices (causées par son père ou lui-même, nul ne sait), tandis que chez Tim Burton et dans la majorité des comics, la peau du Joker est définitivement blanche et ses cheveux verts (après la plongée dans l’acide). Ledger sera oscarisé à titre posthume, éclipsant totalement le travail de ses collègues. Dans The Dark Knight, le Joker se rapproche d’un anarchiste terroriste, trouvant en Batman un défi à sa hauteur. Il va lui prouver que le monde peut basculer dans la folie, dans le chaos, du jour au lendemain, qu’on abrite en chacun de nous un fou et que l’unique intérêt de la vie et de le laisser s’échapper… Ce « style » et le look de cette version du Joker sont repris par  Lee Bermejo (scénariste et dessinateur) dans sa bande dessinée au titre simpliste : Joker.

Coup de tonnerre en avril 2015 : la première photo du Joker version Jared Leto pour Suicide Squad est mise en ligne. L’annonce de la présence du talentueux acteur dans le célèbre rôle avait moins décontenancée qu’à l’époque de Ledger, chacun ayant retenu la leçon. En revanche, la photo dévoilant un Joker couvert de tatouages et avec des dents argentées fait immédiatement rager les éternels haters. Les premières vidéos atténueront un peu ces critiques. Faut-il rappeler que dans certains comics le Joker est tatoué (comme dans All Star Batman : le jeune prodige, de Jim Lee et Frank Miller) ? Il ne paraît pas non plus illogique qu’il se soit fait refaire une mâchoire que Batman lui a cassée de nombreuses fois ?

Jared Leto proposera quelque chose de différent

Cette troisième version cinématographique (quatrième en comptant le nanar de 1966) développe le même schéma que dans les comics : le Joker est à l’unisson de la folie. Et il existe plusieurs formes de folie, la différence d’approche entre Nicholson et Ledger en étant la plus belle preuve. Nul doute que Leto, sous l’égide de David Ayer (Fury) pour son escadron de la mort, apportera quelque chose de novateur, qui se retrouvera cristallisé dans l’esprit commun. On murmure déjà qu’il apparaîtra dans les autres productions cinématographiques de DC Comics : le film The Batman porté par Affleck et peut-être même dans Justice League, prévu pour fin 2017.

Le mythe se réinvente sans cesse, comme dans toutes les bonnes variations d’un même thème occulté pendant des décennies. « À ce stade, il est comme Jésus, estime Jared Leto. Une icône. Un mythe. Il s’agit de se montrer à la hauteur. » L’acteur a envoyé en cadeau un rat à Margot Robbie durant le tournage. Elle y joue sa muse : Harley Quinn. Autre offrande, pour Will Smith (Deadshot) : des préservatifs usagés… Une rumeur démentie par le principal intéressé un an après la sortie du film ; on évoque plutôt un magazine pornographique à la place. Moins trash mais irrévérencieux quand même. Jared Leto a sa façon bien à lui de déstabiliser ses partenaires hors écran ! « Au départ je suis retourné à la source et j’ai lu autant de comics que je le pouvais. Mais je devais dépasser cela. Car, à chaque nouvelle incarnation, le personnage s’est redéfini. À chaque fois, l’essence du Joker est là mais elle change. Après avoir compris cela, il fallait passer à la transformation physique, expliquait plus sérieusement, le chanteur de Thirty Seconds to Mars. C’était un honneur de me voir proposer un tel rôle. Le Joker est dans la culture populaire depuis plus de 75 ans. Je suis le dernier en date à l’interpréter, avec de glorieux prédécesseurs. Il fallait que je prenne des libertés, que j’expérimente des choses. Le réalisateur m’a autorisé à lâcher prise, ça n’a pas de prix ! »

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« Sans Batman, le crime n’est plus amusant ! », clame le Joker dans un épisode de la série d’animation, sous la plume de Paul Dini. Une citation qui ouvre l’excellent beau livre « Tout l’art du Joker » (encore et toujours chez Urban Comics). Un crime peut-il être amusant sans Batman ? Selon la série télé Gotham (Fox), oui. Une version brouillonne du Joker est apparue dans la deuxième saison, donc à l’époque où Batman n’existait pas (le feuilleton met en avant les débuts de Gordon à Gotham City). Un certain Jérôme a tout pour être le futur Joker (outre le look et d’autres éléments, il annonce ses morts à la télévision, comme dans le tout premier comic book) mais, sans en dévoiler trop, il ne participera finalement qu’à l’ébauche de celui-ci. « La création du Joker est une histoire beaucoup plus large et épique que ne le réalisent les gens. À mesure que la série avancera, ils verront comment une mythologie est née, comment une sorte de comportement culturel a été créé, menant au Joker lui-même. Jérôme est la graine de ce dernier », soutenait Bruno Heller, le showrunner de la série.

Le Joker se réinvente à sa façon, sensiblement différent à chaque nouvelle apparition artistique, sous une forme ou une autre. Son identité reste un mystère. Son but ultime est-t-il de répandre la folie ou de défier encore et toujours Batman ? C’est fou, après plus de trois quarts de siècle, on ne sait toujours pas vraiment qui il est mais il continue — et continuera — de fasciner un bon bout de temps. Pierre Hatet n’hésite pas à citer Victor Hugo : « L’Homme qui rit est un homme mutilé, on lui a mis au cœur un cloaque de colère et de douleur, et sur la face un masque de contentement. » On s’en contentera encore des années avec plaisir.

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cine-saga-14Cet article est initialement paru dans Ciné Saga #14, en août 2016 (pages 32 à 39).
Couverture ci-contre ainsi qu’un aperçu ci-dessous de la mise en page de l’ensemble de l’article, qui a été légèrement modifiée pour la version imprimée .

Quelques mises à jour ( « MàJ ») ont été ajoutées pour la reprise sur le site en novembre 2016.
Deux brefs ajouts ont également été rédigés en plus (la mention de la BD Joker et la dernière phrase de conclusion — que j’aimais beaucoup et qui avait été enlevé dans le magazine).
Les images et photos d’illustration ne sont pas forcément les mêmes pour avoir, ici, une plus belle unité visuelle.

Un petit encadré « À savoir » indiquait ceci : Thomas Suinot est le fondateur et unique rédacteur du site www.comicsbatman.fr. La plupart des livres mentionnés dans cet article sont chroniqués sur ce site.

Un « Top 10 des plus grands méchants des comics » était avant cet article (pages 16 à 21). Le Joker y avait la première place avec ce petit texte, de Raphaël Nouet : Que serait Batman sans le terrible Joker ? La principale arme du plus grand des méchants est son cerveau, contaminé par une folie par moments contagieuse. Lui ne rêve pas de gouverner la Terre ou d’anéantir l’univers, simplement – et c’est déjà beaucoup ! – de faire souffrir son prochain. Le Mal dans toute son horreur, dont la carrière est décortiquée dans les pages 32 à 39 […] suivi d’une nouvelle mention de mon nom et du site.

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(1) — J’ai également rédigé, pour ce même numéro, un article sur Star Wars : Rogue One ainsi qu’une interrogation sur le renouvellement, possible ou non, de la Science-Fiction au cinéma.

Depuis juillet 2016, j’écris régulièrement pour le magazine Ciné Saga et sa déclinaison orientée série (Séries Saga). Niveau comics, j’ai évoqué Walking Dead dans un numéro thématique à la célèbre série télé avec des zombies. Le reste est à découvrir sur mon site personnel, avec les titres de mes contributions pour chaque magazine avec parfois la lecture des articles.

Je suis extrêmement fier de cette étude de cas. C’est une très belle « récompense » que m’a offert le travail effectué sur ce site depuis bientôt cinq ans. Grâce à mes articles, j’ai pu en écrire un sur ma passion, publié dans un magazine édité à 30.000 exemplaires et disponible partout en France ! Même si j’ai déjà eu de nombreuses publications « papier » par le passé, je ne peux que me réjouir de celle-ci, qui a évidemment une forte importance.

Un très très grand merci à Pierre Hatet et Geneviève, ainsi qu’à Clémentine et Yan Graf d’Urban Comics. Disponibles, chaleureux et réactifs, nul doute que cet article n’aurait pas eu la même « qualité » sans eux. Merci à Raphaël sans qui rien n’aurait été possible, et à Franck pour sa relecture et ses corrections.

Une version plus allégée de cette étude a été publiée sur Le Huffington Post le 18 décembre 2016.

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