Archives de catégorie : Review

Batman & Robin Eternal – Tome 01

Après les quatre tomes de la série Batman Eternal — une semi-réussite, captivant mais s’étant trop éparpillé et nécessitant pas mal de connaissances à cause des nombreuses connexions avec d’autres histoires — la « seconde saison » est cette fois deux fois moins longue (26 chapitres répartis en deux tomes). Attention, la lecture de Batman & Robin Eternal est conseillée uniquement si l’on est à jour dans d’autres séries : la Batman de Snyder et Capullo (au moins jusqu’au tome 8), Grayson (au moins jusqu’à la fin du tome 2) et, moins obligatoire, la « suite » de la série Batman & Robin, c’est à dire l’event We Are Robin (pas encore abordé sur le site).

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[Histoire]
Cinq ans auparavant, Batman rentre blessé à la Bat-Cave et lit un fichier audio dans lequel on lui dit que Robin se rapproche de découvrir « la vérité », à savoir : ce qu’a conçu le Chevalier Noir pour privé d’un tout autre destin Dick Grayson…

Aujourd’hui, Dick, alias Agent 37, est de retour à Gotham City (voir Grayson – Tome 02 : Nemesis) auprès de Red Robin (Timothy Drake) et Red Hood (Jason Todd). Bruce Wayne est amnésique et c’est un « Bat-Robot », avec Gordon à l’intérieur, qui remplace Batman (voir Batman – Tome 08 : La Relève). Gordon cherche Harper Row, alias la justicière Sialia (petit oiseau plus connu sous le nom de ses trois espèces « merlebleu », rappelant le nom en VO beaucoup plus approprié Bluebird – une jeune fille aperçu plusieurs fois dans la série Batman et dont l’évolution en super-héroïne s’est confirmée dans Batman Eternal).

Dick enquête à propos « des Orphelins », des enfants qui ont l’air sous emprise d’une certaine « Maman » et qui cherchent tous à tuer Dick. Cette mission est liée à une ancienne qu’il avait suivie avec Batman à ses débuts, face à l’Épouvantail, son premier « vilain ». Les deux justiciers l’avaient traqué durant un an autour du monde entier. Batman a chargé Cassandra Cain de remettre un message à Dick si le Chevalier Noir venait à disparaître… C’est ce qu’a fait cette dernière. Dick va devoir résoudre un mystère du passé lié à son mentor et sa jeunesse, épaulé par ses alliés.

Batman & Robin Eternal Sialia Bluebird Dick Cassandra Cain

[Critique]
Dans la lignée de la précédente série, Batman & Robin Eternal n’est pas vraiment une « suite directe » à proprement parlé. C’est le même « concept » (à savoir un chapitre par semaine durant six mois au lieu de douze) avec plusieurs scénaristes et dessinateurs aux manettes, chapeauté par le duo Snyder/Tynion IV à nouveau. Dick Grayson est au cœur de l’intrigue. Lui qui était absent de Batman Eternal se voit ici offrir le rôle principal. Batman est très peu présent : il y a Gordon/Bat-Robot brièvement en début d’ouvrage et Bruce Wayne apparaît comme un figurant. En revanche, dans les flash-back entre le Chevalier Noir et Robin, Batman tient un rôle majeur, non pas dans le temps d’occupation des cases, mais dans l’énigme générale liée à l’histoire.

Celle-ci est à la fois convenue et originale. Assez basique dans son approche : une « maman » qui recueille des orphelins (voire les rend orphelins) et les façonne ensuite à sa guise avec des traumatismes et une éducation spéciale. Jusqu’ici, rien de très novateur, cela rappelle d’ailleurs fortement Talia As Ghul et le traitement sur Damian Wayne (totalement absent de ce tome par ailleurs).

Batman & Robin Eternal Maman Mother

L’originalité se situe au rapport moral de Batman, l’homme chauve-souris (dans le passé) et ses alliés (dans le présent) s’interrogent sur la façon de faire de Batman : n’est-elle pas plus ou moins la même finalement ? Cela est d’autant plus délicat lorsque les Robin apprennent que Batman a bien eu recours aux services de « Maman » pour trouver un nouveau Robin (mais lequel ?) !

Prendre quelqu’un qui vient de subir un traumatisme,
et le transformer pour répondre à ses propres désirs…
C’est absolument innommable…
Mais ne suis-je pas moi-même coupable de ce crime ?
[Batman]

Batman & Robin Eternal Harper Row Sialia

De ce point de vue, l’enquête ne s’éparpille pas trop. Dick mène les opérations, secondés par le duo Cassandra Caïn (qui fait son apparition dans les NEW52) et Sialia – deux figures féminines qui fonctionnent très bien, on regrette juste l’apparition trop brève de Batgirl et même de Spoiler, découverte dans Batman Eternal. Un autre binôme n’est pas en reste : Red Robin et Red Hood. Pour ce dernier, l’humour excelle même si deux chapitres leur sont consacrés lors d’un détour à Santa Prisca avec l’alliance inédite de Bane face à… Jean-Paul Valley.

Cette (courte) revisitation des emblématiques protagonistes de la saga Knightfall est l’un des points faibles de ce tome. Ce passage et celui avec un personnage totalement télépathe, donc avec un « super pouvoir » du registre « fantastique » (et arrivant un peu trop facilement) gâche le côté thriller et légèrement de science-fiction qui se dégageait de l’ensemble. Ce sont deux éléments peu importants sur l’ensemble du récit, donc ce n’est pas trop grave.

Batman & Robin Eternal Red Hood Bane

Le tout est brillamment rythmé, sans temps morts et avec une solide intrigue qui tient en haleine. Les échanges entre les multiples héros sont bien écrits, avec une certaine fraîcheur et, comme déjà mentionné, un humour bien placé. Mettre en avant l’entourage du Chevalier Noir au détriment de celui-ci fonctionne très très bien. Seul défaut : les nombreuses connexions à d’autres séries. Le lecteur néophyte risque d’être bien perdu entre tous ses protagonistes et leurs situations de départs (il est quand même possible de comprendre Batman & Robin Eternal sans cela, mais c’est quand même plus ardu).  La double lecture (passé/présent) et les échos lointains d’une époque révolue (un Batman fonctionnant à deux avant d’avoir toute une équipe complète) sont là aussi une bonne idée plaisante.

Dick découvrant Harper Row blessée :
– Un masque… Tu jours les super-héros, toi aussi ?
Y a combien d’ados déguisés qui sévissent à Gotham ces temps-ci ?
Spoiler, sa colocataire surgit :
– Ne touche pas à ma coloc, sinon… Spoiler : tu vas cracher tes dents !
– Mais ils distribuent les costumes dans les boîtes de lessive, ou quoi ?

Batman & Robin Eternal Red Robin Spoiler Dick

Côté graphique, on a globalement une homogénéité (ce qui n’est pas gagné de base avec une armée de dix dessinateurs !) avec du très bon en début d’ouvrage (Tony Daniel et Paul Pelletier) mais quelques chapitres un peu moins réussis (le septième, rattrapé par ses solides doubles planches) et, surtout, le neuf et le dix (toute la partie à Santa Prisca justement). D’une manière général, les planches sont bien découpées, chaque chapitre s’ouvre sur une double avec des dessins horizontaux, et le tout est plutôt élégant.

Du reste, on voyage aussi en Europe, surtout à Prague, l’ombre de l’Épouvantail flotte sur ce nouvelle ennemi qui tend à sourire (« Maman »…). Les couvertures de chaque chapitres sont sublimes, toutes de très haut niveaux, c’est à souligner, et Urban en propose certaines, en bonus, en noir et blanc, crayonnées ou encrées. Un très bon premier tome donc, original et bien dessiné avec un scénario finement écrit. L’un des rares points négatifs est un passage à priori un peu inutile (mais assez drôle et épique), tout le reste s’apparente à une réussite (pas totale certes, mais suffisant pour livrer une bonne bande dessinée).

Batman & Robin Eternal 01

[À propos]
Histoire : Scott Snyder, James Tynion IV
Scénario : James Tynion IV (prologue, chap. 1-5), Tim Seeley (chap. 2-3), Steve Orlando (chap. 4-5), Geneviève Valentine (chap. 7-8), Jackson Lanzing (chap. 9-10), Collin Kelly (chap. 9-10), Ed Brisson (chap. 11-12)
Dessin : Tony Daniel (prologue, chap. 1-5), Paul Pelletier (chap. 2-3-4), Scott Eaton (chap. 3-4-5-8), Ronan Cliquet (chap. 5), Steve Pugh (chap. 5), Alvaro Martinez (chap. 7-8), Roge Antonio (chap. 9-10), Geraldo Borges (chap. 10), Fernando Blanco (chap. 11-12), Christian Duce (chap. 11-12)
Encrage : Sandu Florea (prologue, chap. 1-5), Tony Kordos (chap. 2-3), Marc Deering (chap. 3), Mark Moralas (chap. 5), Wayne Faucher (chap. 3-4-5-8), Raul Fernandez (chap. 7-8)
Couleur : Tomeu Morey (prologue, chap. 1-5), Rain Beredo (chap. 2-3), Gabe Eltaeb (chap. 4-5), Sandra Molina (chap. 7-8), Allen Pasalaqua (chap. 9-10), John Rauch (chap. 11-12)

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Stephen Boschat (Studio MAKMA)

Contient : Batman Endgame Special Edition #1 (prologue), Batman & Robin Eternal #1-12

Batman & Robin Eternal Harper Row Cassandra Cain

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Batman & Robin Eternal – Tome 01
Batman & Robin Eternal – Tome 02

Batman & Robin Eternal Cassandra Cain

Critique de Batman & Robin Eternal – Tome 02

Batman & Robin Eternal Nightmare

Bonus : la critique des deux volumes en une seule fois sur UMAC
(Reprise de mes deux articles sur ce site et ajouts des points positifs et négatifs)

Batman & Robin Eternal – Tome 02

Suite directe du premier tome de Batman & Robin Eternal qui conclut la série.

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[Histoire]
Cassandra Cain
retourne à La Nurserie, lieu secret où « Maman » élevait et façonnait ses orphelins à sa guise. Elle y affronte David, son père (aka « L’Orphelin »), le soldat d’élite très puissant qui seconde « Maman ». Grayson et Harper Row, alias Agent 37 (ex-Nightwing) et Sialia (Bluebird en VO) la rejoignent.

De leur côté, Red Robin et Red Hood sont à Gnose, la cité secrète de l’ordre de Saint Dumas. Red Robin décrète vouloir les rejoindre et a capturé Red Hood en guise de bonne foi. Azrael est méfiant mais son supérieur, se disant héritier de Saint Dumas l’accepte. L’occasion de découvrir le projet Ichtys, qui permettait d’améliorer le processus de « Maman » : une toxine de l’Épouvantail faisant vivre un trauma à un enfant orphelin, et Ichtys l’accentuant et le rendant plus fort encore. Un baptême violent que va inaugurer Jason Todd malgré lui, retrouvant le Joker peu avant la scène de sa mort.

Enfin, dans le passé, Batman et Robin continuent de traquer l’Épouvantail et Bruce Wayne semble avoir demander un terrible service à « Maman »…

Batman & Robin Eternal Mother Maman

[Critique]
Comme dans le tome précédent, autant le duo Red Robin/Red Hood fonctionne bien en terme d’alchimie et d’humour, autant leur arc avec Jean-Paul Valley/Azraël n’apporte pas grand chose, il apparaît même inutile (juste « sauvé » de justesse sur la toute fin avec le retour d’Azraël mais c’est un peu maigre).

La capture de Cain amènera à un premier retournement de situation, plutôt bien vu (peut-être anticipé par Scott Snyder dès la création du personnage de Harper Row). Les parents de celle-ci ont été attaqués par Cassandra, qui a tué sa mère, et Batman le savait et devait la prendre sous son aile… Difficile de savoir si le scénariste savait où il est allait dès les prémices du personnage de Harper dans sa série Batman, mais ça fonctionne bien et offre un bon enrichissement à la jeune femme ainsi qu’une évolution importante et complète.

Batman & Robin Eternal Red Robin Red Hood Azrael

Les dessins sont une fois de plus assurés par tout un bataillon d’artistes, peu ou prou les mêmes qui sont intervenus dans le premier tome, avec globalement une bonne cohérence et de jolis traits (pas partout mais l’ensemble, comme le précédent volume, tient bien la route, sauf lors de la « grande bataille finale »).

Justement, la dernière moitié de l’ouvrage est une suite d’invraisemblances dans cet affrontement : des enfants du monde entier se mettent à scander « Maman » et à s’en prendre à un membre de la Bat-Family (grâce à l’hypnose/lavage de cerveau — sic). Ainsi « Batman » (Gordon et son Bat-Robot) et « Robin » (le jeune Duke) sont à Gotham, Damian (qui est soudainement revenu sans explications ou note éditoriale — il faut se référer, une fois de plus, à un autre ouvrage, à savoir Batman & Robin : Tome 07 – Le Retour de Robin — qui chevauche Goliath, une chauve-souris géante — re-sic) est à Londres, Red Hood à Toronto, la Matrone (Héléna Bertinelli) à Bologne, Black Canary à Mexico, Katana à Kuala Lumpur, Red Robin à Moscou, Batwoman à Dubaï, Batgirl à Paris (à la Tour Eiffel, forcément…), l’ergot (des Hiboux) à Shangai, Catwoman à Sydney et des agents de Spyral à Tokyo.

Batman & Robin Eternal Spoiler

C’est le Midnighter (déjà intervenu dans le premier tome de Grayson) antagoniste charismatique et drôle, qui coordonne les combats à distance pour aider toute la Bat-Army. Problème : la plupart durent une case ou deux pour les héros les moins notables, les autres s’en sortent grâce à une « porte magique », c’est à la fois confus, facile et dommage. Plus tôt dans l’ouvrage, c’était une situation similaire qui avait lieu au pensionnat St Hadrian, bien connu des lecteurs de Grayson (les autres ne vont pas trop comprendre).

Bruce à Damian Wayne :
« Dick est une vision plus claire de ce que Batman était censé être.
Jason est prêt à faire ce que Batman refuse, quand le monde le réclame.
J’envie à Tim son esprit de stratège. Il n’agit jamais trop tôt.
Toi, si, parfois. Mais il se peut que ça te sauve, un jour.
Je veux que vous décidiez par vous-mêmes de vos destins… de vos vies. »

Batman & Robin Eternal Bruce Damian

Toute cette fin, hyper prévisible (de même que celle du passé avec Batman) n’apporte finalement pas de nouvelles choses surprenantes. Seule la relation entre Harper Row et Cassandra évolue d’une tournure intéressante, ce sont deux protagonistes qui ont davantage été au cœur du récit que d’autres, plus connus de prime abord. Grayson est par exemple plus en retrait dans celui-ci. Pas un défaut en soi, au contraire, un des bons points du livre.

Dans le lot des incohérences (ou invraisemblances, c’est selon) : difficile d’imaginer que Batman n’avait pas réussi à venir à bout de « Maman », encore plus de voir que les Robin abandonnent et pensent ne pas être de taille non plus… Le pire étant, comme évoqué brièvement, cette facilité scénaristique du lavage de cerveaux sur des gamins un peu partout dans le monde (avec des antennes sur des bâtiments en hauteur pour les activer). Ce n’est absolument pas crédible.

Batman & Robin Eternal Red Robin Dick

L’hypnose et l’endoctrinement sont deux éléments très difficile à rendre plausible par le biais d’une œuvre. Sur un petit nombre de personnages, cela peut fonctionner, lorsque c’est sur une multitude de sujets, comme ici, dans ce contexte si particulier, de façon internationale et sur des orphelins, c’est très risqué voire ridicule. Ça ne prend pas vraiment.

De même, le terrible Épouvantail est relégué à un ennemi craintif qui ne fait pas honneur à ce qui était annoncé avant. Le nouveau vilain, « Maman » donc, arbore un nom ridicule mais a un véritable but et sert un dessein auquel elle croit fermement (même si celui-ci n’a rien d’original : créer un nouveau monde plus fort avec des gens qui n’auraient aucune peur).

Batman & Robin Eternal Azrael

C’est donc clairement une déception… Si le premier tome était parfois un chouilla bancal côté scénario, l’ensemble restait sympathique et très prenant. Hélas, ce second tome —qui fonctionne bien sur un bon tiers (avec toujours un bon rythme et de l’humour)— accumule les maladresses et un final certes explosif côté forme mais hyper convenu côté fond. L’achat des deux tomes est surtout conseillé pour les amoureux de Grayson et de Harper Row. Il y a de bonnes choses attention, de très bonnes même, mais la fin manque cruellement de surprise, de finesse et d’enjeux. Faute à une faible originalité et des situations assez ubuesques.

Autant relire Batman & Robin Eternal, qui était très long et s’éparpillait un peu trop dans différentes situations mais avait le mérite d’être davantage épique, en faisait intervenir toute une galerie de personnages avec de bonnes trouvailles scénaristiques.

Batman & Robin Eternal Cassandra Cain Sialia Bluebird Spoiler

[À propos]
Histoire : Scott Snyder, James Tynion IV
Scénario : James Tynion IV (chap. 13-14-21-conclusion), Jackson Lanzing (chap. 15-16), Collin Kelly (chap. 15-16), Ed Brisson (chap. 17-18), Tim Seeley (chap. 19-20), Geneviève Valentine (chap. 22-23), Steve Orlando (chap. 24-25).
Dessin : Marcio Takara (chap. 13), Fernando Blanco (chap. 14-22), Roge Antonio (chap. 14-20), Christian Duce (chap. 15-23), Andrea Mutti (chap. 16), Roger Robinson (chap. 16), Goran Sudzuka (chap. 16-25), Scott Eaton (chap. 17-18-conclusion), Paul Pelletier (chap. 19), Geraldo Borges (chap. 20-conclusion), Tony Daniel (chap. 21), Alvaro Martinez (chap. 24), Javi Pina (chap. 25), Carlo Pergulayan (conclusion), Igor Vitorino (conclusion).
Encrage : Wayne Faucher (chap. 17-conclusion), Tony Kordos (chap. 19), Sandy Florea (chap. 21), Raul Fernandez (chap. 24), Jason Paz (conclusion), Marc Deering (conclusion), Gerlado Borges (conclusion).
Couleur : Dean White (chap. 13-14), Gabe Eltaeb (chap. 15-16-18-23-conclusion), Allen Pasalaqua (chap. 17-18-20-conclusion), Rain Beredo (chap. 19), Tomeu Morey (chap. 21), John Rauch (chap. 22), Chris Sotomayor (chap. 25).

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Stephen Boschat (Studio MAKMA)

Contient : Batman & Robin Eternal #13-26

Batman & Robin Eternal Robins
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Batman & Robin Eternal Cain

Bonus : la critique des deux volumes en une seule fois sur UMAC
(Reprise de mes deux articles sur ce site et ajouts des points positifs et négatifs)

Justice League – Tome 10 : La Guerre de Darkseid (2ème partie) / Justice League Univers Hors-Série #2

MàJ (21/10/2016) : Une version plus courte et remaniée de cet article est sur le site UMAC – Comics & Pop Culture.

Après une excellente première partie de La Guerre de Darkseid dans le neuvième volume, le dixième et dernier de la série Justice League (des New52) est enfin disponible.
Attention : le deuxième hors-série du magazine Justice League Univers est un bon complément (disponible le 26 août en kiosque).

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[Histoire — Justice League – Tome 10 : La Guerre de Darkseid (2ème partie)]
Après la mort de Darkseid, certains membres de la Justice League acquièrent davantage de puissance : Batman (depuis qu’il est sur le trône de Mobius), Flash (qui est devenu l’hôte du Pisteur Noir qui a terrassé Darkseid), Shazam et Green Lantern, mais aussi Superman et Lex Luthor, qui sont sur Apokolips. Chacun devient un « néo-Dieu » et va devoir trouver le bon équilibre entre la maîtrise des nouveaux pouvoirs et la moralité humaine à conserver.

Ainsi, Batman devient le Dieu de la Connaissance, Superman est le Dieu de la Force, Flash le Dieu de la Mort, Shazam le Dieu des Dieux, Green Lantern le Dieu de la Lumière et, enfin, Lex Luthor le Dieu d’Apokolips.

Wonder Woman, Cyborg, Jessica/Power Ring, Scott Free et Steve Trevor forment une équipe chargée à la fois de les « contrôler » mais aussi de combattre certains sbires de Darkseid, désirant vouloir venger leur maître.

De son côté, La Société du Crime refait surface, tandis que l’Anti-Monitor est redevenu Metron (et va chercher à récupérer son siège de Mobius) et que Graal, la fille de Darkseid, manigance de sombres desseins…

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[Critique — Justice League – Tome 10 : La Guerre de Darkseid (2ème partie)]
Toutes les qualités du tome précédent se retrouvent dans cette suite, à quelques exceptions près. Sur la cohérence graphique tout d’abord, si Jason Fabok excelle à nouveau sur quatre chapitres (les 7, 8, 10 et le 11, appelé « conclusion »), les deux premiers (5 et 6) sont signés par Francis Manapul (qui œuvre sur la série The Flash, conseillée). Attention, c’est tout aussi sublime, mais dans un registre très différent (cf. illustration ci-dessus, avec un côté plus « pastel » voire « indépendant »). Comme ses planches sont surtout focalisées sur les néo-Dieux, cela créé une certaine homogénéité pour cette mini-histoire. Le neuvième chapitre (Justice League Darkseid War Special #1) est dessiné par Ivan Reis, Paul Pelletier (tous deux ont été sur Aquaman), ainsi qu’Oscar Jimenez. C’est un sans-faute car les trois se fondent parfaitement dans le style de Fabok, si bien que les différences sont très subtiles et absolument pas gênantes. Côté dessin donc, tout roule pour l’ensemble du tome. Les combats sont toujours aussi beaux et fluides, les visages parfaitement détaillés et les cases magnifiés par les couleurs de Brad Anderson (Alex Sinclair pour le chapitre « bonus » et Manapul s’occupe lui-même de la colorisation de ses dessins, parfois accompagné de Brian Buccellato).

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Côté scénario, on retrouve une foule de personnages, avec toujours Wonder Woman mise en avant (elle est la narratrice de l’ensemble) et quelques autres prennent davantage d’importance, comme Graal, Steve Trevor et même Jessica. On découvre le passif de la fille de Darkseid, les raisons de cette guerre, ses motivations. Chaque super-héros de la Justice League joue un rôle important mais, hélas, tout s’enchaîne un peu trop vite pour vraiment comprendre ce qu’il se passe. Ainsi, Green Lantern, devenu Dieu de la Lumière, n’a plus l’air de l’être peu de temps après. Que fait Shazam de ses pouvoirs, quels sont-ils d’ailleurs ? Comment Luthor devient le nouveau Dieu de la planète de Darkseid ? Les explications sont volontairement survolées.

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Tout ceci est malheureusement « normal » car c’est à découvrir dans des chapitres séparés, publiés dans le deuxième hors-série de Justice League Univers. Même si on a du mal à comprendre comment chaque super-héros-néo-Dieu a le temps de vivre une petite aventure « en solo » à côté de cet immense champ de bataille. La critique du magazine est à retrouver ci-après, elle ne convainc pas plus que ça et il aurait été plus judicieux d’inclure un chapitre d’une vingtaine de pages passant sur chaque héros un par un, tout en entretenant une dose de mystères, plutôt que de d’expliciter des choses finalement très convenues (Lex Luthor) ou complexes (Shazam). Notons un combat intérieur plutôt fort pour Flash, Green Lantern et Superman cela dit. Et une histoire du Chevalier Noir qui aurait surtout sa place dans une de ses séries.

Outre cet aspect un peu dommageable, le reste du récit tient bien la route, c’est épique, dramatique, parfois un brin plus léger et drôle (grâce à Green Lantern). La fin est surtout un « nouveau départ », comme le dit Diana elle-même. Le statu quo de la Trinité demeure changé à jamais : Superman a un destin bien précis qui l’attend (normalement à découvrir dans les magazines Superman Univers #11 et #12, soit en janvier et février 2017), Batman découvre un terrible secret à propos du Joker et Diana apprend un secret de famille. Luthor aussi accède à un nouvelle étape cruciale de sa vie. Bref, beaucoup de pistes qu’on voudrait découvrir (et qui le seront dans les séries du relaunch Rebirth) mais qui donnent une fin trop ouverte à l’histoire.

Lire les tomes 9 et 10 s’avèrent, heureusement, un excellent divertissement, l’équivalent d’un blockbuster du cinéma savoureux et qu’on se plaît à revoir de temps en temps, donc ici à relire et découvrir.

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[Histoire — Justice League Univers Hors-Série #2]
Idéalement à lire entre le premier et deuxième chapitre du tome 10 de Justice League (soit les #5 et #6).

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Darkseid War : Batman #1 – Dieu seul sait
Depuis que Batman est devenu le Dieu de la Connaissance (fin du tome 09 de Justice League), il est omniscient : il a les réponses à toutes les questions possibles, il peut savoir ce qu’il va se passer, etc. Le Chevalier Noir, toujours sur le fauteuil de Mobius, arrête donc les criminels de Gotham City avec une facilité déconcertante ; pour cause : ceux-ci n’ont pas encore commis leurs méfaits (puisque Batman « sait » qu’ils vont les faire, même s’ils ne sont pas encore passés à l’acte). Un problème de taille pour Gordon, qui n’approuve pas cette méthode d’une part, et qui est contraint de relâcher le nombre conséquent de prisonniers faute de place et de rapidité administrative d’autre part. Mais, plus important pour Batman, il est temps de rencontrer Joe Chill et d’avoir une conversation avec lui, le tueur de ses parents, et donc le « créateur » de Batman.
Un excellent chapitre qui reflète bien toute la psychologie absolue du Batman « noir » qui sévit depuis une trentaine d’années. Sa quête de justice, peu importe le prix et le sacrifice, la douleur d’un deuil toujours très présent et « une fin » qui peut « justifier » les moyens. Écrit par Peter J. Tomasi (auteur de la bonne série Batman & Robin, dont une référence au sixième tome est placée subtilement) et dessiné tout en beauté par Fernando Pasarin, cette courte aventure du Bat-néo-Dieu est une bonne entrée en matière.

Darkseid War : Superman #1 – Le Dieu de l’acier
Lorsque Lex Luthor et Superman se sont retrouvés sur Apokolips (à nouveau dans le tome 09 de Justice League), l’Homme d’Acier fut privé de ses pouvoirs petit à petit à cause du manque de soleil sur cette planète. Luthor le pousse alors dans la Fosse Ardente et Superman en sort métamorphosé, nettement plus puissant mais en perte d’humanité et donc capable de tuer.
Superman revient à Metropolis. Tout le monde le pensait disparu et est ravi de son retour, à commencer par son ami Jimmy Olsen. Mais Superman a changé, et pas que de costume et de pouvoirs, il ne veut plus aider et sauver les humains. Il en a marre de devoir toujours être là pour les aider. Il y voit clair désormais, ce n’est plus son rôle. Jimmy va tenter de le raison et lui prouver que les hommes aiment Superman, peu importe qu’il soit kryptonien ou non.
Efficace mais trop court. La première partie est assez « risible » (Superman qui casse tout partout, se comporte comme une brute et veut juste de la tarte aux pommes…) mais la seconde, le combat pour retrouver son humanité, est réellement touchante. Son échange avec Olsen et la conclusion de Superman à ce sujet est efficace. Bong Dazo dessine ce chapitre, scénarisé par Francis Manapul l’artiste qui dessine la première partie du dixième tome de Justice League (et la série The Flash des New52).

Darkseid War : Lex Luthor #1  – Le Jugement Oméga
Abandonné sur Apokolips mais héritant de la force Oméga, et se vantant d’être le nouvel élu qui sauvera la planète (en se faisant passer pour… Superman !), Luthor affronte plusieurs épreuves en se remémorant son enfance et une rencontre avec l’Homme d’Acier. S’il réussit, il deviendra le Dieu de la planète de Darkseid.
Un chapitre très attendu (la transformation en néo-Dieu dans le tome dix de Justice League n’est pas expliquée et le personnage relégué au second plan) mais qui peine finalement à convaincre. Rien de très surprenant ni de réellement épique, dommage. Même équipe artistique que le précédent numéro, avec un Bong Dazo qui signe des planches plus soignées et un ensemble plus homogène et réussi.

Darkseid War : The Flash #1 – L’éclair de la Mort
Devenu Le Pisteur Noir, Flash est contraint de cohabiter avec la Mort en personne. Ce néo-Dieu et sa faucheuse ont vaincu l’Anti-Monitor, ce qui cause un gros problème moral à Barry Allen. Le bolide écarlate décide alors de s’émanciper du corps du Pisteur Noir et de courir le plus vite possible pour ne plus être en fusion avec lui.
Si l’on sait « d’avance » comment va se terminer ce chapitre, il est judicieux de revenir sur le questionnement intérieur de Barry. On découvre, comme souvent, un homme profondément bon et tâchant de se sortir d’une situation complexe. A ce titre, cela rappelle Flashpoint et l’ensemble est très plaisant. Les planches de Jesus Merino sont à la hauteur de l’histoire de Rob Williams.

Darkseid War : Shazam #1 – Puissance
Quand Darkseid est mort, Shazam, un garçon doté des pouvoirs de six sorciers et qui devient l’homme le plus puissant du monde en disant son nom, se voit désormais confiné dans un voyage plus ou moins onirique, pour recouvrer sa force.
Assez confuse, cette histoire sort totalement du lot ; il faudrait avoir le volume unique consacré à Shazam en tête pour peut-être mieux tout saisir. Le combat magique interne de Shazam ne passionne guère, trop expéditif et manquant de souffle épique. Le scénariste Steve Orlando est un peu trop en roue libre, mais les dessins de Scott Kolins sont toutefois très soignées.

Darkseid War : Green Lantern #1 – Seras-tu mon Dieu ?
Hal Jordan tente de sauver la planète Oa. Combattant les parademons, il devient le Dieu de la Lumière et par conséquent peut faire ce qu’il veut des planètes. Une conversation dans une église lors de la mort de son père et le questionnement du non-agissement de Dieu pour sauver celui-ci refont surface. Green Lantern doit choisir de continuer d’être un Dieu, comme Batman qui communique avec lui, ou bien de rester humain et garder son libre arbitre.
Si le début n’est pas spécialement prenant, en plus de graphismes parfois très sommaires, la dernière partie est nettement plus efficace. La liaison avec Batman, le choix de « jouer » à être Dieu et la situation finale sont plaisantes. Cela permet de comprendre aussi l’assistance de Green Lantern Corps dans le tome 10 de Justice League, même si on n’a pas forcément besoin de lire ce chapitre pour comprendre tous les aboutissements. Tom King l’écrit, il travaille déjà avec brio, sur la série Grayson. Doc Shaner est son complice aux crayons et livre un travail correct mais parfois inachevé (un nombre impressionnant de fonds vides et de cases « simplistes »).

[Critique globale Justice League Univers #2]
Le magazine est de qualité inégale, aucune histoire ne paraît réellement incontournable. Celles sur Batman et Superman s’ancrent bien dans le récit mère (le tome 10 de Justice League), même si elles auraient leur place (surtout celle du Chevalier Noir) dans les séries classiques consacrées à chacun d’entre eux. Les chapitres sur Lex Luthor et Shazam sont globalement décevants et n’apportent finalement aucun ajout narratif intéressant. Ceux consacrés à Flash et Green Lantern sont plaisants mais là aussi pas indispensables. C’est donc une lecture mitigée, complémentant efficacement le dixième et dernier tome de la Justice League mais sans pour autant être nécessaire pour tout comprendre. Dommage, on se rêvait à un « beau livre luxueux » regroupant les tomes neuf et dix ainsi que ce magazine, Urban n’a pas besoin de le faire. En revanche, une version intégrale de La Guerre de Darkseid, dans un format agrandi dans un tome sans numérotation serait particulièrement jouissif pour les lecteurs et collectionneurs !

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[Conclusion de l’ensemble]
Cette suite et fin de La Guerre de Darkseid est à la hauteur des attentes, avec son lot de surprises, de combats épiques et de conclusions satisfaisantes (même s’il y a trop de fins « ouvertes »). Sur l’ensemble de la série (parfaitement résumée avec une belle iconographie au début du livre), Justice League aura déçu par ses débuts (tome 1 et 2), trop « grand public » et « léger » pour certains, puis emprunté un tournant nettement plus intéressant avec la mise en avant d’Aquaman (tome 3). La nouvelle ligue (d’Amérique) était plaisante (tome 4) mais n’a servi qu’à entamer les arcs suivants, à commencer par une passable Guerre des Ligues (tome 5). Celle-ci mériterait une version en librairie avec toutes les séries impactées ainsi que celle qui n’ont pas été publiées en France (quid d’ailleurs de Pandora, La Question et le Phantom Stranger ?), pour vraiment l’apprécier. Elle introduisait surtout le Règne du Mal (tomes 6 et 7) : plutôt abouti, impactant quelques séries à côté et propulsant Lex Luthor dans la ligue. Une poursuite efficacement menée (tome 8) et agréablement conclue (tomes 9 et 10) bouclant ce qui avait été entamé au début du cycle de Geoff John, architecte principal depuis 2011 sur la série. Avait-il « prévu » chaque évènement ? Sans doute pas dans les détails mais dans les grandes lignes directrices oui, indéniablement.

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Ces dix volumes de Justice League ne sont pas d’une parfaite qualité homogène mais ont su séduire un public pas forcément connaisseurs au lancement d’Urban Comics. L’ensemble des artistes qui ont dessiné les chapitres sont talentueux et là-dessus, il y a globalement peu à redire. Si certains tiqueront sur un scénario parfois trop simpliste ou une édition manquant d’éléments important, on se souviendra (aussi bien outre-Atlantique qu’en France) assez longtemps de cette longue série. Convenant aussi bien aux enfants, adolescents et adultes, elle a su allier plus ou moins bien les ingrédients nécessaires à la réussite d’une bonne bande dessinée « grand public ». D’une manière générale, on a envie de tout relire « à la suite », à partir de là, on peut dire que le pari de l’auteur est réussi.

Cinquante chapitres et plusieurs autres issus de séries annexes (Aquaman, La Ligue de Justice d’Amérique, les one-shot des Free Comics Books Day, etc.) au total auront donc été publiés au cours des quatre derniers années pour l’édition française en dix tomes. Cela évitant l’obligation d’aller lire en annexe d’autres séries (même si, à l’inverse, on aurait aimé en voir davantage, lors de La Guerre des Ligues et Le Règne du Mal par exemple). Urban Comics a fait du très bon travail. Il va être intéressant de voir comment la nouvelles série de Justice League (Rebirth) va être accueillie chez nous et avec quelle appelation sera-t-elle éditée (« La Ligue de Justice » au lieu de « Justice League » ?). On peut prévoir sans trop de risque une réédition sous forme d’intégrale pour celle chroniquée ici en tout cas, sous forme de Geoff John présente Justice League, compilant chaque fois deux à trois volumes. Ainsi, le « titre » Justice League pourra être repris pour les nouvelles publications. Mais tout ceci n’est que spéculation, gardons confiance en Urban Comics pour la suite des aventures !

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[À propos]
Publié chez Urban Comics le 17 juin 2016

Scénario : Geoff Johns
Dessin : Jason Fabok (ch. 7, 8, 10 et 11), Francis Manapul (ch. 5 et 6) | Ivan Reis, Oscar Jimenez et Paul Pelletier (ch. 9)
Couleur : Brad Anderson (ch. 7, 8, 10 et 11), Francis Manapul (ch. 5 et 6), Brian Buccellato (ch. 5) et Alex Sinclair (ch. 9)
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Edmond Tourriol — Studio Makma

(contient : Justice League #45-50 + Justice League Darkseid War Special #1)

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MàJ (21/10/2016) : Une version plus courte et remaniée de cet article est sur le site UMAC – Comics & Pop Culture.