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Batman & Robin – Tome 06 : À la recherche de Robin

Un avant-propos informe que l’histoire se déroule peu après Le Règne du Mal. Les conséquences notables étaient l’ajout de Lex Luthor et Shazam à la Ligue de Justice et la divulgation de l’identité de Nightwing et son « exil » (en réalité devenu agent pour Spyral). La fin du tome précédent, avec Double-Face, est aussi rappelée.

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[Histoire]
Batman, accompagné du chien Titus, retrouve trace des corps disparus de Talia et Damian dans l’océan. Ra’s Al Ghul avait en effet récupéré la dépouille de sa fille et son petit-fils pour les ramener à la vie. Aquaman vient en aide au Chevalier Noir mais Ra’s parvient à s’échapper. Le Chevalier Noir requiert alors l’aide de Wonder Woman car sur l’Île du Paradis (des Amazones) se trouve un puits de Lazare que l’immortel ennemi peut utiliser. Particularité : il redonne vie mais efface toute la mémoire de ceux qui y sont ranimés. Une occasion en or pour Ra’s Al Ghul qui pourrait ainsi remodeler à sa façon sa double descendance.

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Dans sa croisade pour « retrouver » son fils, Batman fera à nouveau équipe avec Frankenstein (qui a quitté la Ligue des Ténèbres) sur le site de Nanda Parbat, une ville cachée au cœur des montagnes du Tibet. Il croisera également la Justice League, venue lui prêter main forte face à un ennemi arrivant d’Apokolips !

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[Critique]
Poursuivant son concept de « Batman &… », la série force un peu le Chevalier Noir à enchaîner les alliances (avec Aquaman, Wonder Woman, Frankenstein puis contre et avec Ra’s Al Ghul), créant pour l’occasion deux mini-histoires (les deux premiers chapitres), presque indépendantes même si elles se suivent, ce qui est un peu dommage. En toute logique, Batman se serait directement rendu dans l’Himalaya. Peu importe, ce tome se scinde clairement en trois parties, interrompu par un agréable interlude. La première étant donc les chapitres d’ouvertures, clairement les plus faibles de l’ouvrage (et les moins bien dessinés). La deuxième étant ceux avec Frankenstein puis Ra’s Al Ghul, les plus réussis : à la fois touchant, drôle (le monstre et l’homme chauve-souris forment un bon duo), prenant et original. Survient ensuite un chapitre un peu particulier, officiant comme récapitulatif et relançant complètement la série avec un levier narratif maladroit et pas terrible, à savoir un ennemi venu d’Apokolips et l’intervention de la Ligue de Justice. Enfin la troisième partie, concluant ce sixième tome, voit Batman « contre » la Ligue de Justice mais poursuivre son plan avec ses alliés plus proches, c’est à dire la Bat-Family. Une fin extrêmement intéressante.

Batman à Ra’s Al Ghul :
— La fièvre de Lazare, les complications physiques et émotionnelles… Vous risquez de créer des monstres !
[…]
— Sans vouloir te vexer, Frankenstein.
— Ce n’est rien.

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L’ensemble paraît donc inégal, à juste titre. Le début très moyen et la soudaine venue de Glorius Godfrey d’Apokolips (sic) gâche un peu la tension et le duel critique qui s’instauraient avec brio jusqu’ici (Batman était à deux doigts de tuer littéralement son immortel ennemi). Tout tombe un peu à plat, survenant de nul part. Cet aspect scénaristique digéré, force est de constater que la suite (et conclusion de l’ouvrage) rebondit efficacement dessus : Batman est face aux membres de la Justice League (se découvrant un allié en la personne de Lex Luthor) et les conflits internes de la Bat-Family (suite au Deuil de la Famille) refont légèrement surface, ce qui est plaisant. Les clones de Damian sont également de la partie avec, une fois de plus, une touche d’humanisme rare qui fait mouche.

Aux dessins on retrouve Patrick Gleason sur quatre chapitres avec, hélas, encore et toujours ce même style assez hideux sur les visages aux grosses mâchoires. C’est étonnant car le précédent volume, l’agréable La Brûlure, était prometteur quant à l’évolution de l’aspect graphique. La faute, très certainement, à deux chapitres dessiné par Doug Mahnke qui se rapproche plus ou moins de la patte de Gleason (en pire, c’est possible…) avec une étrange approche Millerienne, ou alors surfant sur les travaux de Chris Burnham (Grant Morrison présente Batman), déjà plus convaincant. Heureusement Andy Kubert revient le temps du cinquième chapitre plus long (en réalité le Robin Rises : Omega #1) et permet d’apprécier des traits nettement plus fins, détaillés et coloriés différemment. Le changement est radical et superbe. Les élégantes planches de Kubert sont un point fort de ce tome.

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Batman à Wonder Woman :
— De qui était-ce la statue ?
— Ce n’est pas une statue. C’est ma mère. Elle a été transformée en pierre par la déesse Héra quand cette dernière a appris que ma mère avait couché avec Zeus, son mari, et m’avait engendrée.
— Zeus de l’Olympe ? Le père spirituel des Dieux et des héros de la mythologie grecque ?
— Oui.
— Hmm.
— L’univers est grand, étrange, et empli de merveilles, Bruce.
— Pffff… Plus étrange de jour en jour, même. Mais ça ne veut pas dire que ça doive me plaire.

La bande dessinée se réfère lors d’un bref passage à DC Saga présente #4 (et même du #2 à #4 lors des résumés dans les magazines avant cette version reliée), un moment qui intervenait alors juste à la fin de Forever Evil (publié à l’époque dans plusieurs mensuels en kiosque). Rien de bien méchant pour la compréhension. Autre mention : Grant Morrisson présente Batman – Tome 02 : Batman R.I.P.. En effet, lorsque le Chevalier Noir est à Nanda Parbat (sur le « toit du monde », là où il retrouve Frankenstein dans cette aventure), il explique y avoir passé sept semaines dans une grotte, pour subir une expérience de simulation de la mort et la renaissance (en détail : le stade Yangti du rituel de méditation Thôgal). On retrouve ensuite, dans le cinquième chapitre (Robin Rises : Omega #1), un excellent rappel de la « création de Damian » jusqu’à la situation actuelle (un rapide résumé de l’intégrale de Grant Morrison présente Batman en somme, puis de la série Batman & Robin en passant par l’évènement Le Deuil de la Famille).

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La venue de Glorius Godfrey d’Apokolips se solde par un autre renvoi, aux quatre premiers numéros du magazine Superman Saga cette fois. Ceux-ci mettaient en scène des versions « jeunes » des justiciers via un une divinité démoniaque, Kaiyo, et le cristal de chaos, que recherche ledit Godfrey. À nouveau, cela n’est pas gênant à la compréhension globale, même si ça commence à faire beaucoup. Enfin, avec l’intervention de la Ligue de Justice, le rappel éditorial en ouverture prend sens : Luthor et Shazam sont de la partie (pour savoir pourquoi, il faut donc lire la série Justice League). Pas désagréable à la lecture, mais sans doute un peu bizarre pour le novice. Nulle autre mention de Double-Face et d’Erin, ce que laissait suggérer la fin de La Brûlure et le tout début du livre, en espérant qu’ils ne soient pas mis de côté définitivement (MàJ : ce sera finalement le cas). Autre étrangeté : Batman clame tout au long de son périple qu’il veut retrouver le corps de son fils pour l’enterrer et que celui-ci soit en paix ainsi que lui-même, puis il confirme ensuite vouloir le ressusciter…

À la recherche de Robin est donc un tome inégal mais globalement de qualité, on déplore son début, un changement soudain dans l’histoire, ses nombreuses connexions, même indirectes, à d’autres séries mais on apprécie grandement le scénario, les dialogues, le développement de Batman et l’humour (avec Frankenstein notamment). Attention à ce que la suite ne parte pas trop dans différentes directions trop ubuesques. Côté graphique, le style de Gleason est assez décevant mais celui de Kubert hisse le titre en qualité visuelle.

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[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 21 octobre 2016.
Scénario : Peter J. Tomasi
Dessin : Patrick Gleason, Doug Mahnke (Batman & Wonder Woman / & Frankenstein), Andy Kubert (Robin Rises Omega #1)
Encrage : Mick Gray et collectif, Jonathan Glapion (Robin Rises Omega #1)
Couleur : John Kalisz, Brad Anderson (Robin Rises Omega #1)
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Alex Nikolavitch

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Batman & Robin – Tome 05 : La Brûlure

Après un excellent quatrième tome, la série Batman & Robin se poursuit sans Damian. Ce nouvel opus est d’ailleurs totalement abordable comme s’il s’agissait d’un volume unique.

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[Histoire – La Brûlure]
Erin McKillen est une amie d’enfance de Bruce Wayne. Il lui avait confié la recherche de l’auteur de la mort de ses parents. Mais McKillen est aussi une terrible chef de gang irlandaise responsable de la blessure faciale du procureur Harvey Dent et de la mort de sa femme Gilda. De retour à Gotham City et recherchée par plusieurs malfrats, à commencer évidemment par Double-Face, elle se retrouve rapidement en prison. Malone l’allumette va lui venir en aide…

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[Histoire – Semaine Un]
Bruce Wayne retrouve un petit coffret qui était à son fils Damian et destiné à Richark « Dick » Grayson. Le milliardaire convie son ancien coéquipier à lui expliquer pourquoi Damian lui a caché cela et dans quelles circonstances. L’occasion pour le premier Robin d’évoquer sa « semaine un » avec Batman, durant laquelle il a déçu son mentor.

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[Critique]
La Brûlure propose de nouvelles origines pour Double-Face, qui étaient quasiment immortalisées dans Un Long Halloween (et dans une moindre mesure dans le très bon Les Tourments de Double-Face). En cinq chapitres reprenant le titre du livre, qui s’appelaient dans les versions kiosques Le Grand Réveil, cet ouvrage offre un divertissement plus que conséquent. C’est très bien rythmé et original pour passionner le lecteur. Une seule erreur notable côté scénario : le personnage féminin antagoniste est nullement empathique (pour un « méchant » ce n’est pas forcément grave, même si très manichéen, mais pour une antagoniste, c’est tout de même dommage). La fin (McKillen en prison qui prépare une vendetta et Dent présumé mort) aurait méritée d’être davantage fermée et statuer définitivement sur le sort de Dent. Ce n’est pas forcément un défaut en soi, mais pour une si courte histoire, cela apparait nécessaire. (MàJ : la suite et fin de la série ne revient ni sur McKillen, ni sur Double-Face. Cette perception première confirme hélas cet autre petit défaut.)

Batman à Double-Face :
— Nous étions en mission tous les trois, bon sang ! Toi, Gordon et moi !
— Ouais… Des croisés… Une sainte trinité de la loi et de l’ordre… sauf que tu as laissé McKillen détruire ma vie !
— Comment as-tu pu tomber aussi bas ? Pourquoi n’as-tu pas su t’endurcir… Canaliser ta souffrance… En faire quelque chose de bon ?
— Comme toi, Bruce ?

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Du reste, on navigue (très) fluidement entre passé et présent autour de McKillen et sa sœur (jumelle, forcément), Harvey et sa femme Gilda, Wayne et Gordon. Une narration qui passe aussi par des jeux de couleurs. Graphiquement, c’est nettement mieux que les quatre tomes précédents. Les traits de Patrick Gleason gagnent en détails, les visages sont plus humanisés. Peut-être aussi que l’encrage de Mick Gray et les couleurs, gérées par John Kalisz, sont plus travaillées. Avec les doubles planches et dessins symétriques volontaires ou en mode miroir, s’en dégagent une certaine élégance et une maîtrise qui élèvent le titre.

« Maintenant, Gotham pourra voir à quel point tu es une ordure à double face ! »
Erin McKillen après avoir versé de l’acide sur le visage de Harvey Dent

Doug Mahnke (avec Pat Gleason) dessine Semaine Un : l’ensemble est correct, son style est « passe-partout ». L’histoire, toujours scénarisée par Peter J. Tomasi, revient sur les débuts de Grayson, en reprenant le concept des Année Un (celle de Robin est ici — un récit où Double-Face occupait une importante place d’ailleurs) et en prétextant une accroche avec Damian Wayne, le dernier Robin en date dans cette série. Attention justement pour les non-connaisseurs : le Robin du titre n’est plus. Aussi bien dans la peau de Damian qu’un autre. Il faut se tourner vers les titres VO (ou les anciens du kiosque) pour comprendre. Jusqu’à la mort de Damian Wayne,  la série s’appelait Batman & Robin. Puis, avec le début du deuil de Batman (et d’Alfred), elle se nomme « Batman &… », suivi du nom d’un allié (Nightwing, Batgirl…), d’un antagoniste (Red Hood, Catwoman…) ou d’un ennemi. Pour ce cinquième volume, il s’agissait de Batman & Two-Faces. Une appellation qui s’est modifiée en toute logique pour la version reliée en librairie et a donc conservé « Batman & Robin ». Un élément qui peut être préjudiciable pour ceux s’attendant aux aventures du duo dynamique — on s’étonnera aussi de « l’absence » de Carrie Kelley, protagoniste prometteur. L’alias de Malone l’allumette pour la version prisonnière de Wayne est un bon rappel de ce « personnage » (vu dans Batman Eternal et qui sera le nom de code de Batman dans la série Grayson).

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Un cinquième tome de très bonne facture, surtout pour l’histoire principale (La Brûlure) mais un peu moins pour le complément (Semaine Un), dont l’aspect graphique est de mieux en mieux. Belle évolution. Curieusement, ce livre peut même se lire comme un one-shot, c’est à dire sans connaissances en amont ou en ayant lu les quatre volumes précédents. Une bonne chose donc, d’autant plus que rarissime dans la production actuelle.

Batman à Double-Face :
— Chaque fois que tu t’apprêteras à lancer cette pièce, regarde sa troisième face, Harvey.
— Il n’y a que deux côtés sur une pièce.
— Il y a la tranche. Cette ligne tout autour sur laquelle se rejoignent tes deux faces. C’est la meilleure, parce qu’elle soude les opposés… et tu dois trouver un moyen de l’embrasser.

Ceux qui aiment déjà cette série ne seront donc pas en terrain inconnu et continueront d’y prendre du plaisir. Les autres devraient apprécier cet aparté mettant Double-Face en avant.

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[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 26 août 2016.
Scénario : Peter J. Tomasi
Dessin : Patrick Gleason, Doug Mahnke et Pat Gleason (Semaine Un)
Encrage : Mick Gray, collectif (Semaine Un)
Couleur : John Kalisz, Tony Avina (Semaine Un)
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Alex Nikolavitch

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Batman & Robin – Tome 04 : Requiem

Attention : cette histoire se déroule évidemment après le troisième volume de la série Batman & Robin (Tome 03 : Batman Impossible), mais également juste après la fin de Le Deuil de la Famille (troisième tome de la série Batman) et –surtout– après les évènements survenus à la fin de Batman Incorporated (dans Grant Morrison présente Batman – Tome 08 : Requiem (le titre éponyme n’est pas un hasard)qui étaient également publiés dans trois hors-séries de Batman Saga et dont on peut se remémorer l’issue finale dans cet article). Il est donc conseillé d’être à jour avant de lire la suite !

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[Histoire]
Bruce Wayne doit faire le deuil de son fils. S’enfermant dans une solitude extrême et une colère inouïe, il passe ses nerfs sur les criminels de Gotham avec une violence excessive.

Il capture même Frankenstein (membre de la Ligue de Justice des Ténèbres) afin de comprendre comment ramener un mort à la vie. Bruce passe ainsi par toutes les étapes successives du deuil : le choc et évidemment le déni, puis la douleur, la culpabilité, la colère, le marchandage, la dépression et enfin la reconstruction et l’acceptation.
Ces différents processus se feront accompagnés par ses alliés, respectivement : Red Robin, Red Hood (qui lui aussi fut six pieds sous terre avant de revenir parmi les vivants) Batgirl, Catwoman, puis Nightwing. Mais un autre membre de la famille est aussi bouleversé de chagrin : Alfred.

Par ailleurs, Bruce découvre que Damian prenait des cours de théâtre avec Carrie Kelley, une jeune étudiante. Cette dernière ignore que son élève est mort et le recherche activement.
Enfin, il semblerait Double-Face fasse son retour…

Batman & Robin Requiem Bruce[Critique]
Clairement le meilleur tome de la série et très certainement un excellent recueil toutes séries NEW52 de Batman confondues. Le scénariste Peter Tomasi effectue un excellent travail. Le thème dramatique aide, forcément, mais l’auteur y apporte une touche d’humanité sincère ; à travers les personnages de Bruce et Alfred. Plusieurs bonnes idées parsèment le récit : l’ouverture avec un chapitre muet, sans une seule ligne de texte par exemple. Ce procédé accentue la tension et l’émotion, l’on est autant bouleversé que le majordome et son maître.

Les cinq chapitres suivants font intervenir la suite de la famille et, là aussi, c’est une excellente chose. Bruce s’éloigne de tout le monde, il rappelle le Batman très sombre des œuvres de Frank Miller (The Dark Knight Returns et All Star Batman). La nouvelle version du personnage de Carrie Kelley (créée par Miller également) est également un bon point. Elle apporte un peu de fraîcheur et d’humour et sera peut-être la future Robin. Il est encore trop tôt pour se prononcer (et ce serait une solution de facilité trop prévisible, voire décevante).

Batman & Robin Carrie KelleyChaque allié a fort à faire face au Chevalier Noir, qui refuse évidemment tout aide et soutien possible. Ses confrontations psychologiques ou physiques avec chacun d’entre eux reflètent donc les étapes du deuil mais tout évolue de façon limpide et « logique ». Il n’y a pas une soudaine prise de conscience entre chaque chapitre, au contraire. Un des beaux moments de Requiem se situe avec Catwoman, lorsque le duo sauve une jeune fille.

Quelques points négatifs toutefois : toujours les dessins de Patrick Gleason au niveau des visages qui déçoivent (mais que le scénariste trouve excellents). On notera un quatrième chapitre, celui sur Batgirl, entièrement dessiné par Cliff Richards : l’ensemble est correct mais les traits sont très épais, Barbara Gordon beaucoup trop sexuée, et le style finalement assez différent de Gleason, ce qui enlève une petite cohérence graphique mais rien de bien méchant.

Batman & Robin Requiem AlfredSans cela, ce quatrième tome frôlerait la perfection. Les membres de la Bat-Family font référence à leurs propres histoires (Batgirl évoque le sort de son frère, à lire dans sa série, Catwoman parle de la Ligue de Justice d’Amérique qui vient de la recruter, etc.). Pour les fidèles lecteurs, familier de l’univers, ce sont de petites anecdotes assez plaisantes, qui vont dans le prolongement de la conclusion apportée au Deuil de la Famille (dont le titre prend ici paradoxalement un nouveau sens). Mais pour le néophyte, nul doute qu’il sera un peu perdu entre tout cela. La série n’est pas très accessible, il faut connaître en parallèle les travaux de Morrison (qui a créé le personnage de Damian et l’a fait mourir), et éventuellement les autres séries évoquées. Quand bien même, la publication arrive un peu tardivement en France, cela fait plusieurs mois, voire années que les autres séries ont déjà été publiées.

Une quarantaine de pages bonus complète l’ouvrage, les indications textuelles de Tomasi pour Gleason à propos du premier chapitre, qui est lui même disponible en noir et blanc encré. Trois éléments en ressortent : la précision des descriptions de l’auteur, fidèlement croqués par son binôme, quelques changements apportés entre le texte de base et le rendu final et -surtout- la qualité des dessins au format noir et blanc. Il est en effet surprenant de constater à quel point la colorisation peut parfois desservir les planches originales. Ce n’est pas le cas sur l’ensemble de la bande dessinée, bien au contraire, mais cela explique peut-être le côté très atypique des visages de Gleason, dont le rendu final perd en qualité une fois colorié.

Batman & Red Hood

Une œuvre qui est donc réservée aux connaisseurs de l’univers récent de Batman (la publication de certains chapitres des séries mères aurait été grandement apprécié), qui adopte un ton très sombre mais touche parfaitement le lecteur. Aussi bien par son thème universel abordé (le deuil, la souffrance qu’il engendre et la reconstruction psychologique), que par l’humanisme des protagonistes. La dernière planche résume à elle seule brillamment cet ensemble.

Batman & Catwoman
[À propos]

Publié en France chez Urban Comics le 26 février 2016.
Titre original : Batman & Robin vol. 4 : Requiem for Damian
Scénario : Peter J. Tomasi
Dessin : Patrick Gleason et Cliff Richards (ch. 3 avec P.G., ch. 4)
Encrage : Mick Gray, Mark Irwin et Marlo Alquiza
Couleur : John Kalisz
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Alex Nikolavitch
Première publication originale le 6 mai 2015.

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