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Sous le masque & Réunion de famille

Article récapitulatif de cette saga (sans spoilers)
/!\ Si vous n’êtes pas du tout familier avec l’univers de Batman,
il est conseillé de ne pas lire la critique mais juste le premier résumé /!\

Sous le masque, et sa suite directe Réunion de Famille, sont deux histoires rapidement devenues « cultes », aussi bien pour leur « qualité » (discutable, évidemment) mais surtout pour leur importance dans la mythologie de Batman. Retour sur cet évènement dix ans après sa publication (en France, dans les magazines Batman #11 à #17 de Panini Comics, d’avril à octobre 2006).

Red Hood Batman[Histoire — Sous le masque]
Batman
affronte un homme portant un masque rouge : ce dernier connaît les techniques de combat qu’utilise le Dark Knight et l’attaque même avec une lame capable de le blesser. Ce Red Hood (littéralement capuche rouge) prend le dessus et enlève le masque du Chevalier Noir ! Le mystérieux homme retire aussi le sien pour dévoiler son identité à Bruce…

Flash-back, cinq semaines plus tôt : Lucius Fox annonce à Bruce Wayne qu’il ne fait plus partie du conseil d’administration de la branche de Recherche & Développement (R&D) de Wayne Industries, suite à un rachat par une holding allemande. Bruce, déjà meurtri par les évènements survenus plus tôt (dans Jeux de Guerre), est encore plus pessimiste qu’à l’accoutumée.

Pendant ce temps dans Gotham, Red Hood propose aux dealers de les protéger contre Black Mask et Batman en échange de 40% de leur chiffre d’affaires, c’est à dire moins que ce que prenait Black Mask. Il ordonne également de ne pas vendre de drogue aux enfants et près des écoles sinon il les tuera. Pour prouver sa bonne foi il montre un sac contenant les têtes décapitées des anciens lieutenants de ces dealers. Black Mask, l’actuel caïd de Gotham City, recrute alors Mr. Freeze

Batman vs Red Hood[Histoire — Réunion de famille]
Batman
échange avec Zatanna sur un puits de Lazare pour savoir si celui-ci peut ressusciter un individu ou juste le régénérer. Il consulte aussi Jason Blood, spécialiste des sciences occultes, Green Arrow, qui est revenu d’entre les morts, et même Superman, ayant connu lui aussi un destin funeste avant de réapparaître. Le Chevalier Noir s’interroge sur la possibilité de renaître après la mort, tout en reconnaissant ne pas trop savoir ce qu’il se passe.

À Gotham City, Onyx (une jeune héroïne, tueuse à gages repentie, qui travaillait avec Batman durant Jeux de Guerre) rencontre Red Hood et combat avec lui des malfrats.

Batman Red Hood Superman[Critique]
Lors de sa publication, en 2005, cela fait plus un peu plus de quinze ans que Jason Todd est mort (dans Un Deuil dans la Famille, en 1989) et il n’était pas forcément aisé d’anticiper l’identité de ce mystérieux Red Hood : d’autant plus que Red Hood était devenu l’alias des premiers fait d’armes du Joker (en 1988, dans Killing Joke). Aujourd’hui, entre la suite des aventures du personnage, puis son retour en 2011 parmi les « alliés » (et non en tant qu’antagoniste) à partir du relaunch DC Comics (les New 52) fait qu’il est bien difficile de découvrir Sous le masque avec un œil surpris. Red Hood s’est inscrit très rapidement dans la mythologie de Batman, voire de la culture populaire, si bien que ces sept chapitres n’offrent pas un suspense insoutenable certes, mais ils restent tout de même très plaisants.

En effet, outre les dessins de bonne facture, l’œuvre fait la part belle à un univers à la fois sombre (classique chez Batman) mais aussi « coloré », au sens littéral et figuré. Les planches usent de couleurs vives régulièrement, les visites externes à Gotham permettent de voir Green Arrow et Superman par exemple (la kryptonite occupe une place importante dans le récit) et par conséquent de retrouver des panels plus colorés et sortir un peu du côté « dark ». Les traits parfois gras et certains fonds vides gâchent parfois la possibilité d’avoir un rendu artistique amélioré.

Batman Red Hood NightwingEn complément du style visuel, l’histoire laisse une place très importante à l’humour, il y a les habituels dialogues entre Batman et Nightwing (éternel vent de fraîcheur), mais surtout les confrontations verbales entre Black Mask et Red Hood, et même avec Mr. Freeze (qui passe ici pour un abruti).

L’ensemble est donc de grande qualité et n’a pas perdu de son charme, la dernière case est particulièrement annonciatrice et percutante. On pourrait déplore, en lisant tout cela « hors-contexte », la nécessité de connaître, au moins dans les grandes lignes, la saga Jeux de Guerre (pour bien assimiler certains détails), éventuellement le récit Un deuil dans la famille, ainsi que « l’extension » au DC Universe au lieu de se cantonner à celui Batman et Gotham (ce qui peut apparaître plaisant ou non, selon l’exigence du lecteur).

Batman Red Hood Black MaskLa fin de Sous le masque se conclut par le tabassage du Joker avec une barre à mine (de la même façon que le Clown du Crime avait tué Robin des années avant) et la révélation de l’identité de Red Hood. Cette scène se déroule peu après Vengeance : le Joker s’est exilé, après sa défaite contre Silence, dans un parc d’attractions abandonné (il signera son « vrai » retour dans La Revanche). Dans Réunion de Famille, on apprend que lors d’un premier combat dans un cimetière Batman s’est bien battu contre Jason Todd/Red Hood avant que Gueule d’Argile ne prenne sa place (durant Silence). Ce premier « indice » s’ajoute à ceux survenus, plus rapprochés, dans les petites histoires précédents Sous le masque qui étaient annonciateurs du retour du personnage : Le Vol du Corbeau (Batman voit Todd sous forme d’hallucination mais le doute plane), Enfers Artificiels (Batman et Batgirl vont se recueillir sur la tombe de Todd pour son dix-huitième anniversaire), etc.

Sous le masque et Réunion de famille (à lire à la suite) se (re)découvre toujours aussi bien, l’ensemble n’a pas trop vieilli, joliment dessiné et encré. On apprécie aussi des combats longs (Batman et Nightwing contre un robot notamment), qui ne sont pas expéditifs comme c’est trop souvent le cas dans les comics. Cette première partie du retour de Jason Todd est donc devenue culte et indispensable à l’univers de Batman, sa suite directe est à découvrir dans cet article.

Batman Under the Red Hood FilmEn 2010, le film d’animation Batman : Under the Red Hood reprend cette histoire avec des éléments d’Un Deuil dans la Famille. Le titre français devient Batman et Red Hood : Sous le masque rouge, ce qui gâche un peu le suspense pour peu qu’on ne soit pas forcément au courant de l’identité de Red Hood (l’adaptation montre un peu trop rapidement qui peut bien être Red Hood puisqu’elle évoque rapidement Jason Todd et sa mort). Néanmoins le film est de bonne facture, le DVD collector offre même le premier chapitre de Sous le masque en mini-comic et c’est, à ce jour, la seule façon de le (re)découvrir sans passer par le marché de l’occasion en attendant une éventuelle réédition par Urban Comics (la question a été posée sur leur mur Facebook). Voir les liens en fin d’article pour se le procurer.

Red Hood DVD

À noter également l’ouvrage américain Batman : Under the Red Hood reprenant Sous le masque, Réunion de Famille ainsi que les chapitres suivants qui complètent l’histoire (à découvrir dans cet article). Un excellent album complet qui, espérons-le, verra le jour en France dans les prochains mois (toujours voir les liens en fin d’article pour se le procurer). Enfin, dernier complément, un article-synthèse sur le site d’Urban Comics qui revient sur le personnage : à découvrir ici.

Batman Under The Red Hood[À propos]
Publiée en France dans le magazine Batman #11 en avril 2006 chez Panini Comics, jusqu’au Batman #17 en octobre 2006

Sous le masque
Titre original : Under the Hood
Scénario : Judd Winick
Dessin : Doug Mahnke
Encrage : Tom Nguyen
Couleurs : Alex Sinclair
Traduction : Sophie Viévard

Titres des chapitres :
1 – O.P.A. Hostile (New Business)
2 – Nostalgie (First Strike)
3 – Livraison Spéciale (Overnight Deliveries)
4 – Déclaration de guerre (Bidding War)

Première publication originale dans Batman #635 à #638, de février à mai 2005

Réunion de famille
Titre original : Family Reunion
Scénario : Judd Winick
Dessin : Doug Mahnke (ch. 1 et 3) – Paul Lee (ch. 2)
Encrage : Tom Nguyen (ch. 1 et 3) – Cam Smith (ch. 2)
Couleurs : Alex Sinclair
Traduction : Sophie Viévard

Titres des chapitres :
1 – Occultismes (The Word on the Street)
2 – Quand le chat n’est pas là… (While the Cat’s away)
3 – Face à face (Face to Face)

Première publication originale dans Batman #639 à #641, de juin à août 2005

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Batman Robin Jason Todd

Killing Joke

Retour sur une œuvre culte éditée sous plusieurs titres : Souriez ! (Comics USA en 1989), Rire et Mourir (Delcourt en 2000), La blague qui tue (en Belgique en 2001, dans un recueil d’histoires sur Batman vendu avec un quotidien) puis The Killing Joke (Panini Comics en 2009), le nom original, avant d’être publié, à nouveau, sous le sobre Killing Joke chez Urban Comics en mars 2014.

batman killing joke[Histoire]
Batman se rend à l’Asile d’Arkham pour s’entretenir avec son ennemi de toujours : Le Joker. Mais ce dernier s’est une nouvelle fois échappé…

Le Clown du Crime prend ses quartiers dans un parc d’attractions abandonné. Il kidnappe le commissaire James Gordon, tire sur sa fille Barbara et convie le Dark Knight sur les lieux dans un seul but : lui prouver que n’importe qui peut sombrer dans la folie, après avoir passé une mauvaise journée…

C’est en effet ce qui est apparemment arrivé au Joker. Son passé est dévoilé petit à petit : comique raté et bientôt père de famille, l’homme pauvre n’a guère le choix que d’endosser le costume de Red Hood et se rendre complice d’un vol qui va évidemment mal tourner…

batman joker killing joke[Critique]
La première lecture de Killing Joke est toujours délicate. Un sentiment d’effroi devant toute la folie et la barbarie du Joker mais aussi un malaise devant la planche finale sont souvent perceptibles, étrangement également « une petite déception ». En effet, l’œuvre reçoit tellement de louanges qu’on pourrait s’attendre à quelque-chose de plus long (le récit tient sur quarante-six page) et plus dense peut-être, surtout à l’association du prestigieux nom d’Alan Moore. Sauf que Killing Joke fait partie de ces histoires cultes qu’il faut lire et relire, pour en savourer pleinement le talent narratif et graphique. Car la bande dessinée assure sur ces deux terrains.

Il y a tout d’abord le scénario d’Alan Moore, le talentueux britannique maître de Watchmen, V pour Vendetta ou encore From Hell. Il dresse un portrait extrêmement sombre, mais aussi terriblement humain, du Joker au fil des cases. L’éternel dualité qui l’oppose à Batman (qui n’est pas au centre de Killing Joke) est mise en avant avec pertinence : quand cessera le combat entre le justicier et le fou ? Jusqu’où le Joker devra-t-il aller pour que Batman le tue ? Sont-ils destinés à s’affronter inéluctablement ? Le Joker peut-il devenir quelqu’un de bon ? Ces interrogations sont éparpillées, subtilement ou non, jusqu’à la fin de l’ouvrage. Juste avant une « blague qui tue » et qui amuse les deux hommes, comme deux bons copains qui rigolent autour d’un verre. Cela fait froid dans le dos. Surtout en repensant au supplice et à l’humiliation subie par James Gordon et surtout par sa fille. Blessée et handicapée (et peut-être violée) suite à l’attaque du Joker, elle sera contrainte de passer la fin de sa vie en fauteuil roulant (enfin, avant le Relaunch DC Comics). Car oui, c’est de Killing Joke dont sont tirées quelques aspects « incontournables » de l’univers du Dark Knight : le passé du Joker, le sort de Barbara, le retour de Red Hood, le côté extrêmement sombre et la dualité ambiante entre Batman et son ennemi… Tout cela est donc dû à cette œuvre, preuve qu’elle affronte les épreuves du temps avec brio. Elle a influencé les histoires de l’homme chauve-souris, aussi bien en bandes dessinées qu’au cinéma, ou en jeux vidéo et séries animées, et continue de le faire de nos jours.

joker visage avant sans masque(En haut la version recolorisée, en bas la version originale. Cliquez pour agrandir.)

Les dessins de Brian Bolland ne sont pas en reste. Le découpage très symétrique de ses planches, très certainement orientées par les story-boards d’Alan Moore qui lui sont relativement chers, et les points de vue adoptés case après case confèrent au comic-book cette originalité propre. Mention spéciale pour les vues subjectives alternées. En plus d’avoir des traits relativement modernes et qui ne « vieillissent pas » (le récit datant tout de même de 1988), l’artiste réussit à emmener le lecteur dans une ambiance poisseuse et malsaine, par sa violence inouïe (que Moore regrettera par la suite) et le silence « lourd » de certaines scènes. L’édition d’Urban Comics propose la version « de luxe » sortie en 2008. En effet, à la base c’est John Higgins qui avait colorisé Killing Joke (il avait déjà effectué un superbe travail sur Watchmen, toujours avec Alan Moore à l’écrit). Toutes les planches étaient en couleur, avec un petit côté « old-school » et plus psychédélique (on aurait aimé avoir les deux versions dans l’édition tout de même) mais avec peut-être moins « d’efficacité », en terme d’intensité du rendu, que le travail qu’a effectué par la suite le propre dessinateur Brian Bolland. Ce dernier avait reconnu avoir été déçu par ces couleurs, qu’il n’avait pas pu assurer faute d’un emploi du temps chargé (par ailleurs, il est à l’origine du projet depuis le début, c’est lui qui a proposé une histoire indépendante sur le Joker avec Moore comme auteur) et il a donc effectué la recolorisation de son œuvre, pour aboutir à la version qu’il avait en tête dès le départ. Outre de remanier les tons de façon relativement plus froide, et donc de surenchérir par le côté sombre de l’histoire, il a choisi de passer en noir et blanc toutes les scènes de flash-back, exceptés quelques éléments de couleur chaude. Le ton jaune et orange deviendra ainsi rouge vif par la suite avec le masque et la cape de Red Hood, avant que tout le personnage du Joker ne prenne des couleur lors de sa véritable naissance. Superbe.

Killing Joke Barbara Gordon(À gauche la version recolorisée, à droite la version originale. Cliquez pour agrandir.)

L’édition est à peu près la même que celle de Panini Comics, sortie cinq ans plus tôt : la préface de Tim Sale (dessinateur d’Amère Victoire, Un Long Halloween…) est proposée, ainsi que la postface de Brian Bolland (dont la fin suggère une hypothèse avancé par Grant Morrison en 2013 : Batman tue le Joker dans les dernières cases de Killing Joke !) suivi d’une courte histoire : Un parfait innocent. La confession d’un homme en apparence « bien » qui souhaite utiliser son libre-arbitre pour faire quelque-chose de « mal » : tuer Batman. Quelques croquis préparatoires, en noir et blanc et en couleur, ainsi que d’autres couvertures sur le Joker signées Bolland complète cet ouvrage, à posséder obligatoirement (13€ seulement — même si cela peut paraître un poil cher par rapport au nombre de pages de la BD en elle-même, à savoir 46) pour tous les fans de Batman, ceux qui découvrent son univers ou qui souhaitent redécouvrir cette histoire culte.

batman vs joker killing jokeNB : Pour l’anecdote, l’Homme-Mystère a vu l’assassinat de la femme du Joker (avant qu’il ne soit fou) et proposera un marché à ce dernier. C’est à découvrir dans Vengeance, une des histoires qui suivait Silence. D’un moindre intérêt évidemment, mais une curiosité (désolé pour l’article de l’époque, peu fourni, cela a bien changé depuis !).

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 7 mars 2014.

Scénario : Alan Moore
Dessin & Couleur : Brian Bolland
Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Christophe Semal & Laurence Hingray (Studio Myrtille)

Publication originale dans The Killing Joke – The Deluxe Edition / Batman Black & White #4 en juillet 2006. Récit originale en 1988.

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Joker Killing Joke GordonJames Gordon à Batman :
– […] rattrapez-le ! Vous devez le coffrer… et faire ça dans les règles.
– Je vais essayer.
– Dans les règles, je vous dis ! Il faut lui montrer ! Lui montrer que nos valeurs prévalent !

Batman – Tome 4 : L’An Zéro (1ère partie)

Batman 4 L'An Zero 1ere partieBatman – Tome 4 : L’an Zéro (1ère partie)
Contient : Cité Secrète (#21 à #24) + Batman #0
Batman – Tome 5 : L’An Zéro (2ème partie)
Contient : Cité des Ombres (#25-27 + #29) + Cité Sauvage (#30-33)

L’An Zéro (Zero Year en VO) est le nom du nouvel arc du tandem Snyder/Capullo. Après La Nuit des Hiboux et Le Deuil de la Famille, le duo revisite les origines de Batman dans une longue saga en trois parties : Secret City * (#21 à #24), Dark City (#25 à #27 et #29) et Savage City (#30 à #33). Le chapitre #28 ne fait pas partie de cet arc.
En France, la publication a commencé dans Batman Saga #23 et les chapitres sont compilés en deux volumes, les tomes 4 et 5 de la série (voir ci-dessus). De plus, le chapitre #25 se répercute dans d’autres séries consacrées à l’univers du Dark Knight mais aussi dans Flash, Green Arrow, Superman et Green Lantern !

Voici la critique des quatre premiers chapitres de cet arc, qui composent donc le tome 4 de la série Batman, lui même introduit par la chapitre #0, qui était chroniqué ici.

Batman Zero Year Moto#21 à #24 • Secret City (+ début de Dark City *)

[Histoire]
Six ans avant que Gotham City ne connaisse son justicier Batman, ce dernier effectuait ses premiers fait d’armes. Sa principale occupation : infiltrer le gang des Red Hood afin de démasquer leur leader et mettre fin aux diverses opérations terroristes qu’ils commettent.

Parallèlement, Bruce Wayne, 25 ans, refuse de se montrer au grand jour (il est censé être mort depuis des années). Seul son majordome, Alfred, sait qu’il est vivant et l’épaule dans sa nouvelle quête comme il le peut. Le frère de sa mère, Philip Kane, le retrouve aussi et lui propose de revenir à la tête des entreprises Wayne mais Bruce refuse.

Kane s’octroie alors les services d’un conseiller très particulier, un certain Edward Nygma. Ce dernier croisera le chemin de Bruce Wayne
En plus de ces problèmes familiaux et économiques, les Red Hood, dont l’homme masqué à leur tête rappelle étrangement le Joker, s’en prennent directement au jeune homme…

Batman Joker Zero Year[Critique]
C’est sans aucun doute le meilleur travail de Scott Snyder jusqu’à présent. Nettement supérieur à ses productions précédentes. Il y a un réel plaisir à découvrir ces nouvelles origines : le fan y voit de nombreux clins d’œil à la mythologie du Dark Knight tandis que le novice fait ses premiers pas dans un univers qui lui deviendra familier.

« Les cases de Greg Capullo sont toujours très soignées et élégantes. »

Il y a avant tout le personnage de Bruce Wayne, le jeune milliardaire, censé être mort, n’est pas encore prêt à se montrer aux médias et à la population. Ce sont d’amères expériences qui le guideront à afficher publiquement son statut de chef d’entreprise, dont des dialogues très corsés avec son fidèle Alfred. Les échanges très tendus entre les deux surprennent et dévoilent une relation totalement différente de celle qu’on connaîtra par la suite. Par ailleurs, le majordome déplore totalement la façon d’agir de son maître, et n’hésite pas à évoquer purement une lâcheté vis-à-vis de ses parents.

Ensuite, il y a Batman, ses premiers gadgets et costume. Il n’est pas encore au point (sa véritable « naissance » s’opère dans le dernier chapitre et son mythe commencera dans le suivant (#25)), il prend conscience de diverses tactiques à adopter. C’est un nouveau commencement qui s’opère dans les cases, toujours très soignées et élégantes, de Greg Capullo.

Batman Sphynx Zero YearEnfin, il y a de nombreuses références aux personnages d’anthologie qui apparaissent subtilement ou sont évoqués rapidement : Le Pingouin, Vicky Vale, Harvey Dent, Carmine Falcone, etc. Évidemment il y aussi Edward Nygma, alias le Sphynx, qui prendra plus d’ampleur dans la suite de cet arc. On le voit ici en civil, il n’est pas encore costumé mais son esprit énigmatique est déjà très puissant. Le découpage original de la planche qui sert de jeu de piste entre lui et Bruce Wayne est excellent.

« Le même look du culte Killing Joke, bel hommage. »

Le Joker est également présent et vole la vedette au Chevalier Noir lors du dernier chapitre. Le gang des Red Hood, déjà mentionné dans Batman #0 (qui se greffe parfaitement à cette histoire), est un véritable mystère : plus de trois cent personnes en font partie mais sont visiblement victimes de chantage et agissent sous la peur. Ils portent tous une cagoule rouge, la même qu’aura Jason Todd des années après. Seul Red Hood One, le diabolique leader, utilise un casque, le même look qui était dans le culte Killing Joke, bel hommage. Mais la comparaison s’arrête là puisque la plongée dans le bain d’acide diffère dans cette version. De même l’identité de ce Red Hood One demeure un mystère, il y a peu de doutes qu’il s’agisse du futur Joker, mais on ne sait pas depuis quand il était présent au sein de gang (et donc s’il avait une volonté machiavélique dès le départ).

Batman An ZeroC’est pendant le long chapitre #24 que l’excitation est à son comble, tout s’enchaîne très bien, comme devant un bon film, on se délecte des échanges verbaux et musclés des protagonistes et cette première petite conclusion est superbe, il n’y a rien à redire dessus.

Les trois premiers back-up révèlent Bruce Wayne, âgé respectivement de 19, 21 et 24 ans, pendant son exil de Gotham City. Ces petites histoires permettent de découvrir l’apprentissage et les diverses actions qu’a mené le futur Chevalier Noir dans différents pays. Le dernier back-up est l’épilogue du chapitre #24, revenant notamment sur le fameux Red Hood One.

« De nouvelles origines qui ne trahissent pas
la mythologie instaurée jusqu’ici par différents auteurs. »

En plus des personnages, c’est une fois encore la ville qui prend une place décisive dans le récit de Snyder, exactement comme il l’avait fait dans Les Portes de Gotham et La Nuit des Hiboux. Il continuera d’explorer cette thématique dans la suite de l’An Zéro, puisqu’à la fin de ce chapitre, Gotham est plongé dans le noir par le Sphynx. Le scénariste n’hésite pas non plus à placer des souvenirs d’enfance de Bruce Wayne avec son père, brillamment découpés par son collègue Greg Capullo dans des planches qui donnent un écho aux actions se déroulant dans le présent.

C’est donc un « coup de maître » que ce début d’arc qui ravira tout le monde. Un solide scénario, de nouvelles origines qui ne trahissent pas la mythologie instaurée jusqu’ici par différents auteurs, dont Frank Miller et son excellent Année Un (auquel Snyder voulait à la base se référencer pour ne pas dénaturer les débuts de Batman, avant de s’apercevoir que ça ne fonctionnait pas). Graphiquement c’est encore une fois de superbes planches aux traits fins et précis que nous offre Capullo. On pourrait lui reprocher le non-vieillissement de son héros (si l’on compare cet arc aux précédents, qui se déroulent donc plusieurs années après). Quatre chapitres qui se lisent d’une traite. Un régal.

Batman Red Hood Zero Year

* L’An Zéro se divise en trois parties mais qui, étrangement, ne correspondent pas aux mini-arcs narratifs. En effet tout un pan de l’histoire se suit du chapitre #21 au #24, puis, du #25 au #27 et #29, c’est un autre récit qui prend place. Il s’agit donc de Cité Secrète et de Cité des Ombres. Mais dans la version originale, le chapitre #24 est considéré comme le début de la Cité des Ombres (et non la fin de Cité Secrète). Urban l’a appelé « Conclusion de Cité Secrète », ce qui est beaucoup plus logique et cohérent.

[À propos]
Ces quatre chapitres seront normalement publiés dans Batman Saga #23 à #26 (avril à juillet 2014).
Publications originales dans Batman #21 à #24 (juin à septembre 2013).
Le premier chapitre a été publié dans l’Anthologie Batman d’Urban Comics.

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• Tome 4 : L’An Zéro – 1ère partie
• Tome 3 : Le Deuil de la Famille
• Tome 2 : La Nuit des Hiboux
• Tome 1 : La Cour des Hiboux