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Justice League vs. Suicide Squad

Volume unique « blockbuster », Justice League vs. Suicide Squad a été publié en one-shot en librairie en février 2018 (un mois plus tôt, le tome fut proposé en édition limitée à 200 exemplaires avec une couverture alternative pour le festival d’Angoulême) et auparavant (novembre et décembre 2017) dans trois numéros de magazines : Suicide Squad Rebirth #5 et #6 et Justice League Rebirth #7 (deux d’entre eux formaient d’ailleurs une magnifique couverture éclatée horizontalement et tous trois ont également eu une couverture variante à l’époque). Histoire indépendante en six chapitres connectée à deux chapitres des deux séries précitées éponymes aux magazines (donc dix chapitres en tout, l’un étant un back-up), que vaut cette aventure XXL ?

Ci-dessus, la couverture alternative proposée à 200 exemplaires (pas trouvé en meilleure qualité)
et les deux des magazines formant une illustration complète horizontale.
Ci-dessous les trois variantes des mêmes magazines en édition limitée.

   

[Résumé de l’éditeur]
La Ligue de Justice défend depuis des années la Terre des menaces cosmiques les plus redoutables ! La Suicide Squad, elle, remplit les missions les plus dangereuses pour le compte du gouvernement et, surtout, de leur chef, Amanda Waller. Bien que Batman voie d’un mauvais œil ce groupe, un nouvel adversaire surpuissant va forcer les deux équipes à s’allier… si elles ne s’entredéchirent pas avant !

[Histoire]
Killer Frost rejoint le pénitencier de Belle Reve. La prisonnière devient membre de la Force Spéciale X, alias la Suicide Squad, dirigée par Rick Flag, qui est secondé par Katana (et le tout sous l’égide d’Amanda Waller bien entendu). Cette équipe particulière qui agit dans l’ombre pour le gouvernement compte également Deadshot, Harley Quinn, Killer Croc, L’Enchanteresse (June Moon), Captain Boomerang et El Diablo dans ses rangs. Tous peuvent bénéficier de remises de peine en échange de missions suicide…

De son côté, la Ligue de Justice a vent de cette organisation grâce à une enquête de Batman. Le Chevalier Noir, Wonder Woman, Aquaman, Flash, Cyborg, le « nouveau » Superman et les deux récents Green Lantern (Jessica Cruz et Simon Baz — cf. la nouvelle composition de cette équipe à découvrir dans Justice League Rebirth) souhaitent arrêter les agissements de la Suicide Squad.

Un affrontement épique a lieu entre les deux équipes, mais le seul vainqueur est… Amanda Waller. Qui a besoin d’une association entre les deux !

En parrallèle, une mystérieuse personne libère les cinq détenus de la prison secrète Les Catacombes, cachée sous terre dans la Vallée de la Mort en Californie. Elle abrite les plus dangereux criminels qui ont un but commun : tuer Amanda Waller. Docteur Polaris, L’impératrice Émeraude, Lobo, Johnny Sorrow et Rustam font donc équipe, menés par… Maxwell Lord (ancien dirigeant de l’organisation Checkmate), un puissant télépathe qui peut donc contrôler les pensées des humains. Pourquoi en veulent-ils à Waller ? Que cache cette alliance soudaine ? Pour la combattre, la Justice League et la Suicide Squad vont devoir s’associer !

[Critique]
Voilà un comic-book dans la pure veine « mainstream » (donc commercial) réussie. L’histoire est simple sans être non plus trop creuse, l’ensemble est accessible aux nouveaux lecteurs (on mentionne très brièvement Batman Rebirth 1 et 2 ainsi qu’OMAC, l’arme ultime (pour Maxwell Lord — le tout en version modernisée de la création de Jack Kirby)) comme aux fans de longue date, la plupart des dessins sont beaux (surtout au début), il y a plein de couleurs, c’est à la fois palpitant, plutôt drôle et rempli d’action sans être expéditif. En synthèse, c’est un divertissement fort sympathique. Imparfait bien sûr, mais ne boudons pas notre plaisir.

La narration se scinde clairement en trois actes, le premier est rapide et efficace, il présente les protagonistes et pose ses enjeux (le meilleur du livre). Le second est moins prévisible, bien rythmé et palpitant (mais moins bien dessiné — voir plus loin). Le troisième en dessous des deux autres, plus convenu, exécuté rapidement et maladroitement pour une conclusion un peu trop soudaine…

Cinq personnages se détachent de toute cette orgie super-héroïque colorée. Batman en premier, tête pensante de la Ligue jouant un rôle un peu plus important, une aubaine donc pour ceux qui préfèrent suivre le Chevalier Noir. Amanda Waller, peut-être la figure centrale de cette œuvre : machiavélique, insupportable, géniale. Killer Frost, qui bénéficie d’une introduction puis d’une évolution soignée, elle aussi au cœur de l’intrigue. Maxwell Lord, grand antagoniste de l’ombre, à qui un chapitre entier est dédié. Lobo, mercenaire immortel en roue libre, qui apporte une dose d’humour et d’action très brutale. Toutes les autres figures iconiques, « gentilles ou méchantes », ne sont pas en reste (à commencer par Harley Quinn) mais clairement l’accent est mis sur ces cinq là.

Si l’évènement est appréciable et sans prétention (à l’inverse d’autres chez le même éditeur), il ne marquera pas pour autant la mythologie DC Comics, on est loin d’une crisis ou d’un énième chamboulement temporel. L’ensemble demeure sans réelles conséquences mais sera tout de même à suivre (sans obligation évidemment) dans la série Suicide Squad Rebirth (principalement pour Amanda Waller).

L’écriture de Joshua Williamson est bien équilibrée, l’auteur ne s’encombre pas d’éléments inutilement complexe (comme aime le faire Scott Snyder avec qui il collabore parfois, sur Batman Metal par exemple) et les dialogues fonctionnent bien, entre punchlines ou échanges nerveux, c’est plaisant. Si l’émotion ou l’interrogation intellectuelle ne sont pas au cœur du comic-book, les plus exigeants devraient tout de même apprécier le spectacle. Visuellement, entre les affrontements dantesques et quelques trouvailles inspirées de la pop-culture (Batman en Hannibal Lecter tout en rappelant le jeu vidéo Arkham Asylum), on en prend plein les yeux.

Les interludes explicatifs situés entre les chapitres de l’histoire principale cassent une certaine immersion et un bon rythme, mais il aurait été difficile de ne pas les inclure (les placer en tête ou en fin du livre n’aurait pas forcément été une bonne idée non plus).

Un des défauts majeurs de ce JL vs SS est l’armée de dessinateurs différents officiant sur tous les titres. Certains sont en grande forme, à commencer par Jason Fabok puis Tony S. Daniel. D’autres peinent à s’imposer au niveau de leurs confrères. Inégal graphiquement donc… C’est dommage, l’arc entier par un ou deux artistes seulement aurait assurément élever le niveau et contrebalancer le scénario, qui ne brille pas par son originalité et reste, in fine, très « classique/mainstream ».

De l’action, de l’aventure, des retournements de situation, quelques héros et antagonistes soignés, de beaux dessins (mais pas partout), un bon rythme, un récit complet… voilà de quoi passer un bon moment sans avoir besoin de connaissances poussées en amont ou réclamer une suite. De l’entertainment pur, simple et efficace.

En plus d’avoir publié plusieurs éditions (principalement kiosque), Urban Comics propose une tonne de couvertures variantes en bonus, de quoi se régaler les yeux.

[À propos]
Publié chez Urban Comics le 2 février 2018.
Contient : Justice League vs Suicide Squad #1-6, Suicide Squad #8-10, Justice League #12-13

Scénario : Josh Williamson + collectif
Dessins : Collectif
Encrage : Collectif
Couleur : Collectif

Traduction : Mathieu Auverdin, Benjamin Rivière et Edmond Tourriol (studio MAKMA)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio MAKMA)

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Justice League : No Justice

Après les évènements dans Batman Metal, plusieurs « suites » (lisibles indépendamment) sont à découvrir. La série dérivée Le Batman Qui Rit mais aussi ce one-shot, No Justice, dont deux nouvelles séries en découlent : New Justice et Justice League Dark (Rebirth). Que vaut ce volume unique qui « remanie » la fameuse Ligue ?

[Résumé de l’éditeur]
Après la destruction du mur cosmique de la Source, Brainiac attaque une fois de plus Metropolis et force la Ligue de Justice à trouver de nouveaux alliés pour le contrer. Son but ? Les préparer à affronter les Titans Oméga : des entités représentant les énergies qui régissent l’univers tels le Merveilleux, la Sagesse, le Mystère et l’Entropie. Chacune des entités tient à reverser les autres afin de devenir la seule puissance régentant la création.

[Histoire]
Brainiac
, un ennemi de Superman extrêmement intelligent, est sur Terre. Mais il ne vient pas pour combattre la Ligue de Justice « classique », il vient les chercher pour l’aider à détruire quatre frères. Quatre Dieux cosmiques surpuissants. Les Titans Oméga. Chacun incarnant l’une des énergies fondamentales de la vie. L’Entropie, la Sagesse, le Merveilleux et le Mystère. Ces frères considèrent les univers comme un jardin géant, un terrain de jeu où ils plantent leurs graines cosmiques. Comme les super-héros ont brisé le Mur Source de la frontière du Multivers connu (dans Batman Metal), les Titans Oméga sont de retour pour voir quelle énergie, donc quel Dieu cosmique entre eux quatre, l’emporterait sur les autres. Comme l’a résumé Aquaman : « notre univers est comme un aquarium qu’on aurait vidé dans l’océan. Nous sommes un banc de poissons rouges qui tente de lutter contre les requins…« 

Sur Colu, la planète de Brainiac, ce dernier a conçu quatre équipes, incluant aussi bien les justiciers de la Terre que certains de leurs ennemis, pour combattre les Titans. Brainiac les « force » à coopérer et sauver Colu car s’ils perdent, la prochaine planète victime des Titans sera la Terre. Ainsi, quatre nouvelles « League » émergent.

L’Escadron Entropie est composée de Batman, Lobo, Deathstroke, Lex Luthor et Changelin (Garfield Logan, le métamorphe des Teen Titans). L’Escadron Mystère de Superman, Starfire, le Limier Martien, Starro et Sinestro. L’Escadron Merveilleux regroupe Wonder Woman, Zatanna, Dr Fate, Raven et Etrigan. Enfin, l’Escadron Sagesse combine Flash, Cyborg, Robin, Atom et Harley Quinn.

Intelligence, puissance, magie et vitesse se dressent donc sur Colu pour sauver la Terre. Sur cette dernière, Green Arrow et Supergirl veillent… De son côté Amanda Waller prépare la Force Spéciale XI, composée des télépathes les plus puissants du monde (qu’elle a enlevé dans Justice League vs. Suicide Squad — un comic très « blockbuster sympathique », critique prochainement en ligne) pour pirater Brainiac une bonne fois pour toute.

[Critique]
No Justice se divise en quatre chapitre et un cinquième en marge (DC Nation #0) qui a été incorporé en ouverture de l’ouvrage. Ce qui… gâche un peu le suspense et les compositions inédites des équipes puisqu’elles sont dévoilées immédiatement durant ce flash-forward (une séquence censée se dérouler plus tard dans l’histoire). Néanmoins le comic se lit bien et rapidement (moins de 150 pages au total) et reste hyper accessible, aussi bien pour ceux qui n’ont pas lu Batman Metal (il n’y a vraiment pas besoin), que pour les fans dédiés à Batman uniquement ou pour ceux qui s’aventureraient chez DC (même si, clairement, vu la palette très large de personnages, c’est peut-être ardu si on n’en connait pas beaucoup).

D’ailleurs, si cette galerie de protagonistes est séduisante, quelques étrangetés sont à constater : Aquaman n’est pas sélectionné par exemple mais Harley Quinn et Robin (Damian Wayne) oui… Et tous les autres super-héros sont dans un coma causé par Brainiac, une solution un peu facile pour justifier l’injustifiable… D’autres points sont à déplorer.

Le récit est faussement épique. Le périple commun des héros et antagonistes assure de bons moments dans son second acte mais tombe à plat dans son dernier (l’affrontement avec les Titans — de simples figurants presque — n’a pas vraiment lieu). La résolution à coup d’arbres magiques est un peu facile et expéditive.

L’ensemble est également faussement révolutionnaire. Cette aventure commune va « simplement » générer de nouvelles ligues qui seront à découvrir dans trois autres séries (dont deux disponibles en France)  : une Justice League repensée malgré une composition somme toute convenue (Le Limier Martien en leader puis Batman, Superman, Flash, Green Lantern (John Stewart) et Hawk Girl, ainsi que Wonder Woman, Cyborg et Aquaman aux débuts — à lire dans New Justice), une Justice League « Dark » (Wonder Woman, Zatanna, Swamp Thing, Bobo/Detective Chimp et Man-Bat — dans Justice League Dark Rebirth) la Légion Fatale (dirigée par Lex Luthor, avec Sinestro, Grodd, Black Manta, Cheetah et le Joker). Une autre équipe, inédite en VF, est à découvrir dans Justice League Odyssey (Cyborg, Starfire, Green Lantern (Jessica Cruz), Darkseid (!) et Azrael).

Malgré ces faiblesses (nombreuses), le récit fonctionne quand même assez bien. Grâce au matériel inédit (ces rapprochements surréalistes, avec un humour certain, dans le duo entre Lobo et Changelin par exemple) et au côté « mainstream » assumé de l’œuvre. Beaucoup d’action, beaucoup de couleurs. On est en terrain connu et conquis pour les fans pas forcément trop exigeants. Le rythme est bon, les échanges aussi, tout se lit aisément, à l’inverse des récits récents de Snyder, toujours trop bavard, confus et inutilement compliqué. En lisant tous ses events à la suite, ce No Justice apparaît comme une bouffée d’air frais ! Il est ici accompagné de ses fidèles acolytes James Tynion IV et Joshua Williamson, peut-être responsable de cette fluidité narrative bienvenu.

Par ailleurs, une certaine place est accordée au Limier Martien, à Starro et à Cyborg. Un aspect bienvenu (Cyborg était déjà mis en avant dans le dernier volume de Batman Metal) qui redonne une position forte au Limier Martien, très très en retrait (voire inexistant) dans beaucoup de productions récentes DC. Ce come-back ravira les fans.

Le véritable atout de la bande dessinée réside dans sa partie graphique. À tous niveaux : les dessins de Francis Manapul (déjà à l’œuvre sur l’agréable Batman – Anarky) et la colorisation très vive, tour à tour chaude et froide, spectaculaire, sublime. Les découpages sont dynamiques, sans temps mort (couplé à la narration fluide) et de nombreux dessins s’étalent sur un format horizontal, donc en double page. Un vrai régal !

Malheureusement, les dessins du troisième chapitres sont partagés entre Riley Rossmo et Marcus To. L’un des deux (Rossmo visiblement) gâche complètement le travail de ses confrères avec des visages difformes et hideux ainsi que des corps aux proportions grotesques (surtout chez Wonder Woman, cf. images ci-après). Un véritable loupé qui n’est que sur quelques planches mais c’est fort dommage…

Des couvertures alternatives ferment le comic en bonus, on regrette qu’il n’y ait pas les dessins d’ébauches des teams et de leur couleur prédominante des costumes (pourtant bien présentes dans l’édition américaine). Les collectionneurs auraient appréciés aussi une sorte de jacquette/couverture réversible pouvant proposer quatre magnifiques couvertures (une par Escadron — visibles en toute fin et qui peuvent être de jolis fonds d’écran, servez-vous !), mais cela aurait gonflé le prix relativement faible (15,50€), pas de quoi chipoter donc.

No Justice n’est donc ni révolutionnaire, ni indispensable mais plaisant et rapide à lire comme un blockbuster sympathique, aux dessins agréables et aux nombreuses couleurs vives pour une histoire inédite mais un peu convenue.

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 8 mars 2019

Contient Justice League : No Justice #1-4 et DC Nation #0

Scénario : Scott Snyder, James Tynion IV et Joshua Williamson
Dessin : Francis Manapul, Jorge Jimenez, Riley Rossmo et Marcus To
Encrage : Hi-Fi et Alejandro Sanchez

Traduction : Edmond Tourriol
Lettrage : Stephan Boschat et Cyril Bouquet (Studio MAKMA)

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Batman Metal – Tome 03 : Matière Hurlante

Article récapitulatif sur l’univers de la série et ses conséquences.

Suite et fin de la « révolution métal » de DC Comics dans ce troisième tome. Après un premier volet original, audacieux mais très indigeste et (inutilement) complexe, puis un second mieux rythmé, singulier et plaisant, que vaut cette ultime salve ?

[Résumés de l’éditeur]
Tome 01
: Enquêtant sur l’existence et les propriétés de différents métaux disséminés à travers la planète depuis des millénaires, Batman découvre un portail ouvrant sur un anti-multivers (le « Multivers Noir », nda) ; des dimensions parallèles où l’Histoire a déraillé et où des Chevaliers Noirs terrifiants ont supprimé les membres de la Ligue de Justice. Aujourd’hui, ces derniers décident d’envahir notre dimension.

Tome 02 : Alors que les plans de Barbatos concernant Batman apparaissent au grand jour, ses agents du Multivers Noir pénètrent notre réalité et confrontent leurs membres référents de la Ligue de Justice. Mais qui sont en réalité le Dévastateur, Red Death, la Noyée ou bien encore le Batman qui Rit, ces Chevaliers Noirs qui tous semblent être une version déformée du plus grand des justiciers, Batman ?

Tome 03 : Les Chevaliers Noirs contre la Ligue de Justice : le Multivers contre le Multivers Noir. Alors que Batman et Superman se retrouvent capturés et prisonniers d’une des tours de Barbatos, les derniers super-héros libres tentent tant bien que mal de réunir les différents métaux capables de leur assurer une victoire décisive et de leur permettre de sauver de l’extinction les nombreuses réalités parallèles.

Ce dernier tome se divise de la façon suivante : De la bouche de l’enfer (quatre chapitres provenant de plusieurs séries (The Flash #33, Justice League #32 et #33 et enfin Hal Jordan and The Green Lantern Corps #32), la série mère Batman Metal (ses trois derniers chapitres), entrecoupés d’épisodes en marge comme Retrouvé (sur Hawkman) et La Traque Sauvage (sur Les Chevaliers Noirs).

[Histoire]
Sept jours après l’apparition du Mont Challenger à Gotham City et des Chevaliers Noirs de Barbatos (menés par le Batman Qui Rit), Superman rejoint Batman dans le Multviers Noir pour le sauver (déjà vu en fin du volume précédent).

Trois équipes de super-héros se rendent à divers endroits afin de récupérer du « Métal N », qui pourrait vaincre les sbires de Barbatos. Wonder Woman, Kendra et le Dr Fate vont au rocher de l’éternité. Green Lantern et Mister Terrific dans l’espace vers l’empire Thanagarien. Aquaman et Deathstroke dans les profondeurs enfouis de l’Atlantide. Mais très vite, tous vont affronter les Chevaliers Noirs maléfiques. Murder Machine et Devastator retrouvent Steel et Flash (qui avaient aidé Superman à rejoindre le Multivers Noir). Soudainement, Cyborg réapparaît aussi…

Très vite, tout le monde est séparé et la Justice League doit compter sur chacun de ses membres, à l’exception de Batman (disparu) et Superman (piégé dans le Multivers Noirs). Ainsi, Wonder Woman, Flash, Green Lantern, Aquaman et Cyborg sont les derniers espoirs de l’humanité et du Multivers. Chacun débarque dans une Batcave bien particulière…

[Critique]
Cette conclusion est une semi-réussite (ou un semi-raté, c’est selon). Les délires de Scott Snyder vont dans trop de sens et plusieurs ne fonctionnent pas, beaucoup éparpillés depuis le début de la série et certains condensés dans sa dernière ligne droite (la deuxième moitié de ce livre) : les vibrations au rythme de la musique (Batman « Metal » si on n’avait toujours pas compris…), l’échappée littéraire de Sandman, la profusion de personnages secondaires pas forcément connus de tous les lecteurs sans qu’ils soient habilement introduits (Raven, les Metal Men, Mr Terrific, Plastic Man…), le (trop grand) rôle étonnant de Hawkman, la puissance des singes (!), une 53ème Terre en deus ex machina (avec foule de Batman : celui du Dark Knight Returns, de Vampire, de Red Son… mais hélas pas du tout exploités), un autre coup magique pour se sortir de tout ce bordel (qu’on ne dévoilera pas ici mais d’une paresse intellectuelle et bêtise confondante presque), un Dragon Joker (si, si !), les tribus préhistoriques, des nouveaux métaux indispensables, la répétition multiple de la phrase « toutes les routes mènent aux ténèbres » et ainsi de suite. Difficile de ne pas être perdu ou de trouver tout ça très cohérent et palpitant.

Néanmoins, d’autres éléments, plus positifs, sont à retenir. À commencer par toute la première moitié du livre qui fonctionne très bien avec les recherches et aventures des membres restants de la Justice League (sans Batman et Superman donc). La résolution du combat entre le Batman Qui Rit face à deux adversaires inédits (et, in fine, logique) est plutôt jouissive et limite culte. Le spectacle visuel et épique de l’acte final, malgré sa bouillie narrative et complexe, vaut aussi le détour.

Comme souvent chez Snyder (tout comme J. J. Abrams au cinéma et à la télévision), on sait débuter ses récits par des concepts soignés, originaux et intrigants mais on ne sait plus trop comment les résoudre en cours de route. C’est évoqué en conclusion : toute cette guerre n’est finalement qu’un commencement (voir fin d’article pour les conséquences). À l’instar des deux volets précédents, l’auteur pioche dans quelques épisodes de DC Comics des avatars plus ou moins populaires. Hawkman et ses réincarnations (un support matériel artistique peu publié en France), le démon Onimar Synn (vu dans Infinite Crisis), l’étoile de mer maléfique Starro (Justice League Anthologie, DC Comics Anthologie) ou encore le vaisseau Ultima Thule (Final Crisis). Ce travail rappelle évidemment celui de Grant Morrison (qui a aussi contribué au dernier chapitre Batman Metal) et ravira les fidèles de longue date. Chez les autres, cela passera sans doute moins bien (tout comme la lecture du run de Morrison par des non-initiés).

Niveau protagonistes, une certaine diversité équilibrée se dégage. Flash, Green Lantern et Cyborg occupent une place importante durant le premier tiers du livre. Une aubaine pour Cyborg, souvent relégué à un rôle très secondaire au sein de la Ligue. Hawkman/Carter est au premier plan à la moitié de l’ouvrage lors du chapitre qui lui est consacré. S’il est moins plombant que d’autres, il reste expéditif, offrant un aparté au moment où Superman et Batman le rejoignent, à la Forge. On retrouve ensuite le singe Bobo/Detective Chimp et (brièvement) les Metal Men puis le fameux Batman Qui Rit et ses Chevaliers Noirs. Wonder Woman est à nouveau la super-héroïne de choc pour la confrontation finale (un peu comme dans La Guerre de Darkseid). Étrangement, on aurait aimé suivre Lex Luthor aussi dans ce gros bazar (on apprend d’ailleurs qu’un Bruce Wayne a fusionné avec Luthor dans une des dimensions du Multivers Noir — on veut le découvrir !) et visiblement les quelques morts semés sont vite oubliés (comme Mera, qui ne réapparaît pourtant pas malgré un Aquaman qui continue d’être tout sourire à la fin…).

Une fois de plus, c’est la folie concernant les équipes artistiques. Outre Scott Snyder et James Tynion IV à l’écriture, d’autres auteurs se succèdent : Josh Williamson, Robert Venditti, Jeff Lemire et, comme déjà évoqué, Grant Morrison. Aux dessins, sur la série principale, Greg Capullo est en moyenne forme : ses différents visages sont trop ressemblants, ses figurants sont dans un style graphique proche d’un brouillon de Miller… Toutefois, son ultime chapitre est dantesque par ses batailles et combats homérique. Une dizaine d’autres artistes alternent les planches du volume : Liam Sharp, Doug Mahnke, Howard Porter, Jorge Jimenez, Ethan Van Sciver, Tyler Kirkham, Mikel Janin, Byan Hitch et Alvaro Martinez. Et autant aux couleurs bien sûr.

Toute cette épopée (l’entièreté de Batman Metal) est donc parfois lourdingue, parfois plaisante, certes audacieuse et assez originale mais plombée par une lecture pénible et des enjeux incompréhensibles avec des explications confuses ; à l’image de ce troisième tome, épuisant. On retient donc surtout le deuxième, centré sur les Chevaliers Noirs fous, comme pépite singulière et passionnante. D’une manière générale, ce sont d’ailleurs les chapitres des séries connectées et non de la principale qui sont les plus réussis, un comble ! Le Batman Qui Rit reste sans nul doute la meilleure création de l’ensemble, un nouvel antagoniste charismatique, effrayant et paradoxalement séduisant.

D’autres titres se déroulent après Batman Metal (l’épilogue laisse peu de places au doute de certaines conséquences de toute façon) ; à commencer par le one-shot No Justice, qui débouche ensuite sur la série New Justice (équivalent de relaunch de la Justice League). La série dérivée Le Batman Qui Rit se suit en un tome éponyme (plus ou moins indépendant) puis un second (idem), intitulé Les Infectés, qui se situe en marge de  Justice League : Doom War. Enfin tout cela converge vers Death Metal, prévu en France d’ici la fin de l’année.

[À propos]
Publié en France chez Urban Comics le 2 novembre 2018.

Scénario : collectif (voir article)
Dessin : collectif (voir article)
Encrage additionnel : collectif
Couleurs : collectif

Traduction : Edmond Tourriol (Studio Makma)
Lettrage : Stephan Boschat (Studio Makma)

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