Archives de catégorie : Batman

Batman – Detective Comics | Vol. 8 : Blood of Heroes

Avant-dernier tome de la série Detective Comics (période New 52), Blood of Heroes (Le sang des Héros) a été publié en France dans les huit premiers numéros du magazine Batman Univers. Il contient les chapitres #41 à #47 ainsi que le prologue DC Sneak Peek et n’a jamais été ressorti en version librairie, c’est pourquoi il y a son titre et sa couverture US dans cette présente critique, qui permet de complémenter l’index de Detective Comics.

[Histoire]
Tandis que Batman semble mort (en réalité Bruce Wayne est amnésique — cf. la fin du tome 7 de la série Batman : Mascarade), Harvey Bullock refuse de s’allier avec son remplaçant, un nouveau justicier qui a endossé une armure high-tech géante. Le policier ne sait pas (encore) que Jim Gordon a remplacé le Chevalier Noir dans cette « Bat-Armure » (voir La relève, tomes 8 et 9, toujours de la série Batman).

En parallèle, Bullock décline l’offre proposée par le commissaire Sawyer de diriger la « Force Spéciale Batman », composée comme son nom l’indique de soldats des forces spéciales, jouissant d’autres prouesses technologiques et de gadgets de Batmen. Harvey Bullock peut compter sur l’aide de Renee Montoya et sa nouvelle compagne à lui, également collègue : Nancy Yip. Mais cette dernière suit des consignes visiblement différentes de ses co-équipiers…

Le gang de La Morte sévit dans Gotham, obéissant à la mystérieuse « fille du Joker » tandis que Gordon/Batman a du mal à apprécier sa nouvelle vie.

[Critique]
Flashs-forwards et bonds dans le passé compliquent un peu la compréhension du prologue puis le chapitre introductif (tout en permettant de tenir en haleine le lecteur) mais une fois ceux-si passées, tout se lit avec une certaine cohérence et appréciabilité. Les quatre premiers épisodes (Réunion, Partenariats, Accords et Adieux) forment une histoire complète mais cruellement inégale. Le parcours de Bullock est toujours aussi réjouissant (dans la droite lignée d’Anarky, dont ce présent volume est la suite directe et ce segment de quatre chapitres aurait pu y être inclut pour le finaliser d’ailleurs).

Le personnage, souvent relayé au statut d’homme de main bourru, est assez attachant et son écriture soigné. Ce qui est raté correspond aux mêmes défauts que les deux tomes de La Relève : on a toujours du mal à trouver crédible Gordon dans la peau du nouveau Batman… Quant à leur ennemie commun, elle est encore plus ridicule et sa justification tient en une case : la « fille du Joker » est juste une cinglée qui a kidnappé un scientifique pour lui faire construire un « Robot Joker » gigantesque pour affronter le « Robot Batman » (sic)… Même le scénariste, Brian Buccellato, a du mal à (se) justifier — il explique ce déroulé en une bulle de texte et (s’auto)nargue ensuite : « et tout ça en une seule journée ». C’est vraiment moyen.

Les deux épisodes suivants (Des géants et des hommes puis Sang pour sang , écrits par Peter J. Tomasi, un habitué du Chevalier Noir : la série Batman & Robin et notamment son quatrième tome, le deuxième de Batman Metal, le premier d’Arkham Knight…) changent de protagoniste : c’est Gordon qui est désormais au centre de l’aventure et doit aider… la Justice League ! Si la petite histoire (complète en deux chapitres) tient la route et permet d’avoir brièvement le point de vue de Gordon dans son nouveau boulot, elle peine à rester en mémoire… Le vétéran (et son armure proche de celle d’Iron Man) côtoie la ligue en tant que nouveau membre à part entière : ses équipiers requérant son aide pour trouver l’origine de la mort d’un monstre géant. Une interaction inédite, notamment entre Gordon et l’homme d’acier et apparemment explorée dans les séries Superman de l’époque. « Vous avez fait vos premiers pas vers l’extraordinaire » le félicite Aquaman à la fin. Sympathique mais anecdotique.

Le troisième et dernier épisode (Ray Fawkes au scénario et Steve Pugh aux dessins et à l’encrage) correspond à la troisième partie de la saga La Guerre des Robin. On a du mal à comprendre pourquoi l’avoir inclut ici tant il se déroule au beau milieu de ladite guerre, quand les multiples Robin (les « classiques » comme Red Hood, Damian Wayne, Red Robin, etc. mais aussi des inconnus se revendiquant du mouvement « Nous sommes Robin ») ont été arrêtés par la police de Gotham. Gordon doit choisir son camp et retrouve Grayson pour l’occasion. Une critique complète de l’évènement (éparpillé entre les séries Robin War, We are Robin, Grayson ou encore Robin, Son of Batman) sera proposés sur le site sous peu pour mieux l’analyser.

Le principal problème de Blood of Heroes a déjà été évoqué indirectement : le récit est étroitement lié aux deux derniers tomes de la fin de la série Batman. Les pessimistes diront qu’il est impossible de lui trouver un intérêt sans connaître l’autre série (il est vrai qu’un néophyte risque d’être perdu), les optimistes trouveront dans ce volume de Detective Comics un complément important (presque indispensable) pour mieux apprécier ou redécouvrir sous un angle novateur la conclusion mitigée de la série Batman. Les deux points de vue se défendent ; il serait appréciable qu’Urban Comics réédite ces chapitres dans une nouvelle édition qui inclurait donc La Relève et ces tranches de vie quotidiennes de Harvey Bullock et Jim Gordon. Les deux titres s’entrecroiseraient brillamment pour donner une force inédite à l’ensemble. Sans ça, on peine à l’apprécier indépendamment, malgré — on l’a déjà dit — le chouette travail d’écriture sur Bullock notamment, le mettant en avant comme cela avait été rarement proposé et le tout servi par un univers graphique plus que correct.

Ce sont Fernando Blanco (dessins et encrage) et Brian Buccellato (couleurs — mais aussi scénariste comme on l’a vu) qui sont à l’œuvre dans la première partie (sur Bullock donc), accompagné de Francis Manapul pour le prologue — comme dans Arnaky — ce dernier étant aussi crédité pour « l’intrigue ». On retrouve un ton dans la veine polar étrangement mêlé avec un brin de science-fiction pour l’aspect des robotiques. Les visages manquent d’un certain relief, pas tant dans les expressions mais surtout dans leur colorisation…

Marcio Takara (dessin et encrage) et Chris Sotomayor (couleur) s’occupent de la deuxième partie (sur Gordon et la Justice League), dans un style un peu différent, pas déplaisant mais lorgnant parfois vers des croquis au stade de brouillon, un sentiment inachevé donc, à l’image de l’ensemble de ce huitième volume sur lequel nous sommes donc très partagés. Pour le lire en France, il faut se tourner vers le marché de l’occasion en récupérant les six premiers numéros de Batman Univers de mars à août 2016 (le septième ne contient pas d’épisode de Detective Comics et le huitième contient celui qui est assez déconnecté du reste avec La Guerre des Robin).

Les cinq derniers chapitres de Detective Comics sont regroupés (aux États-Unis) dans le neuvième et dernier tome de la série, intitulé Gordon at War. Le premier épisode de Batman Rebirth est également proposé avec. Là aussi Urban Comics a fait le choix de ne pas le proposer en libraire après sa publication en kiosque (dans Batman Univers #10 puis #12 à #14). Cette suite et fin est à découvrir dans cette critique et on redonne la page d’index de toute la série pour mieux s’y retrouver.

[A propos]
Publié en France dans le magazine Batman Univers #1 à #7 et #9.

Scénario : Brian Buccellato (+ Francis Manapul), Peter J. Tomasi
Dessin : Fernando Blanco (+ Francis Manapul), Marcio Takara
Encrage : Fernando Blanco, Marcio Takara
Couleur : Brian Buccellato, Chris Sotomayor

Traduction : Thomas Davier
Lettrage : Stephan Boschat

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Batman – Arkham Knight | Tome 01 : Les origines

Situé dans l’univers des jeux vidéo de l’excellente série Arkham (alias l’ArkhamVerse) — qui avait déjà eu droit à une incursion en comic-book via Batman – Arkham City —, ce premier volume d’Arkham Knight est censé lever le voile sur « les origines » (son titre) du mystérieux Chevalier d’Arkham (aka « l’Arkham Knight » bien sûr). Mais c’est un tout petit plus compliqué que cela…

Publié en décembre 2015, au moment de la sortie du formidable jeu vidéo du même nom, retour sur un livre qui n’a curieusement jamais eu droit à sa suite.

[Résumé de l’éditeur]
Découvrez les origines du nouveau protecteur de Gotham dans la préquelle du jeu vidéo à succès Batman – Arkham Knight !

Le Joker est mort. Le projet Arkham City n’est plus qu’un mauvais souvenir. À l’aube d’un nouveau jour, Bruce Wayne, récupérant de ses récents exploits, est déchiré par un dilemme : la survie de Gotham City justifie-t-elle encore l’existence de Batman ? Mais l’introspection ne durera pas car déjà on annonce l’apparition d’un nouveau justicier aux méthodes particulièrement violentes, connu sous le nom d’Arkham Knight.

[Histoire]
Le Joker est mort mais son ombre plane toujours dans Gotham : toxines mortelles, clé USB retrouvée dans son corps, diffusion de vidéos en direct… Quels derniers messages veut délivrer le Clown Prince du Crime ?

Bruce Wayne jongle entre ses obligations de chef d’entreprise, impliquée dans la reconstruction de la ville, et son rôle de justicier nocturne, à la poursuite de ses habituels ennemis ou d’autres de seconde zone. Quand Gordon inhale du gaz mortel laissé par le Joker, le Chevalier Noir fait appel à Harley Quinn pour l’aider. L’occasion de croiser Killer Croc, disparu depuis quelques temps…

Dans l’ombre, le Pingouin prépare son retour ainsi que l’Épouvantail. Un mystérieux homme costumé aux méthodes radical apparaît également dans la cité.

[Critique]
Difficile d’accrocher à ce premier volume d’Arkham Knight si on n’a pas joué à Arkham Asylum et Arkham City ! Le lecteur sera probablement perdu, d’autant plus qu’étrangement, Urban Comics ne propose aucune aide pour se plonger dans l’ArkhamVerse. Pas d’avant-propos ou de notes éditoriales en bas de cases ou pages… Quand le Joker apparaît défiguré et mentionne le Titan, impossible de savoir à quoi il fait référence (les évènements du premier jeu). Quand Croc et L’Épouvantail reviennent discrètement, difficile de comprendre pourquoi ils avaient disparu (idem). Quant au statut quo inédit et au projet Arkham City, là aussi le lecteur non joueur risque d’être perturbé. Le manque de contextualisation est un défaut flagrant de l’édition de ce volume (fourni avec un code permettant d’obtenir un costume inédit sur PS4 ou Xbox One). On remarque aussi l’absence de lettres majuscules qui contiennent des accents ou cédilles par exemple lorsque Killer Croc s’exprime. Deux mauvais points donc…

Que vaut Les Origines à part ça ? Et bien, si l’on est familier des jeux (incluant ou non ledit Arkham Knight), on apprécie voir les évolutions d’une foule de personnages, que ce soit par des actions anodines ou visant à préparer le terrain pour le futur jeu vidéo. Impossible en revanche de ne pas être « déçu » à propos des fameuses « origines » (le titre de ce tome) du « Chevalier d’Arkham » (le titre de la série) car ce dernier n’apparaît quasiment pas ! Il aurait été judicieux de renommer ce volume autrement…

Malgré tout, le joueur/lecteur prend plaisir à suivre ces aventures bien rythmées (mais inégales) sous la plume du célèbre Peter J. Tomasi (la sympathique série Batman & Robin, avec un quatrième tome incroyablement réussi). On apprécie la mise en avant de Lucius Fox et d’Alfred (inoubliable sarcasme) parmi les alliés, entre autres. Les dessins ne sont pas en reste grâce aux traits de Viktor Bogdanovic notamment (ainsi que ceux d’Ig Guara et Robson Rocha) couplés à la colorisation de John Rauch (Andrew Dalhouse et Kelsey), proposant une immersion rappelant moins le côté terne des jeux vidéo mais offrant une vision plus proche des comics habituels. De beaux plans restent en mémoire ainsi qu’un découpage dynamique et fluide dans les scènes d’action. L’armure de l’Arkham Knight est particulièrement réussie et son arrivée (fin du premier chapitre sur les quatre qui compose le volume) est redoutablement efficace (dommage qu’on ne le revoit plus ensuite).

Un premier tome (sur trois à priori) qui peine à convaincre les non habitués de la franchise mais s’avère plaisant pour les connaisseurs. Néanmoins il est primordial d’attendre la suite afin de voir si l’ensemble proposera quelque chose de plus convaincant voire d’indispensable pour les complétistes car ce n’est pas le cas jusqu’à présent…

Si le succès de la série de comics Injustice, elle aussi issue de la brillante saga de jeux vidéo du même nom, n’est plus à démontrer, celui d’Arkham Knight semble être resté confidentiel… Urban Comics a affirmé à plusieurs reprises vouloir sortir le tome 2 en incluant un code pour télécharger le jeu vidéo sur PC Windows mais cela n’a jamais pu aboutir. Pourquoi ne pas proposer la suite malgré tout ?

L’éditeur devait même publier une des séries annexes, Genesis (complète en six chapitres, soit un unique tome et appréciée par la critique, modernisant efficacement Un deuil dans la famille tout en explicitant comment le Chevalier d’Arkham s’est constitué son armée) en novembre 2017 avant de le reporter sans date… La couverture avait même été dévoilée !

Le premier volume d’Arkham Knight, sorti deux ans plus tôt fin 2015 (et isiblement plus commercialisé en 2021), contient douze chapitres « numériques », équivalent de quatre chapitres « classiques » au format papier (composées d’une vingtaine de pages). Aux États-Unis, la série de comics Arkham Knight s’est étalée sur 41 chapitres digitaux (incluant un #0 et annual), soit l’équivalent d’environ 12 chapitres classiques, soit… deux ou trois tomes seulement !

Outre la série principale et Genesis, quatre chapitres spéciaux ont été publiés également à part : un sur Robin, un sur Batgirl et deux sur Batgirl & Harley Quinn. Là aussi on peut les imaginer compilés dans un tome à part. Ce qui aurait donné cinq tomes pour compléter l’entièreté de la saga ou bien deux sous forme d’intégrales. Début 2021, la question a de nouveau été posée à l’éditeur pour savoir ce qu’il en était de cette éventuelle « suite et fin »…

MàJ mars 2022 : dans le cadre d’une interview de François Hercouët, directeur éditorial d’Urban Comics, ce dernier a confirmé que la série Arkham Knight était définitivement abandonnée.

[A propos]
Publié chez Urban Comics le 4 décembre 2015.

Scénario : Peter J. Tomasi (+ collectif, cf. critique)
Dessin : Viktor Bogdanovic (+ collectif, cf. critique)
Couleur : John Rauch (+ collectif, cf. critique)

Traduction : Xavier Hanart
Lettrage : Calixte Ltd – Île Maurice

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La splendeur du Pingouin

Zoom sur l’incontournable Pingouin dans un récit complet accessible et à bas prix (16€), sorti en 2013 et qui sera proposé à partir de juin 2021 à 4,90€ grâce à la seconde opération estivale d’Urban Comics.

[Histoire]
Repoussant et difforme, Oswald Copplebot est passé du statut de martyr à l’un des plus puissants criminels de Gotham City. Génie du mal, prompt à faire basculer la vie d’une personne qui se moque de lui à un véritable enfer, le Pingouin découvre une nouvelle forme de bonheur en se nouant d’amitié avec une femme aveugle…

[Critique]
Entremêlant une enfance (forcément) malheureuse et une activité de nos jours de « parrain » local craint, le récit autour du Pingouin suit un sentier assez balisé pour peu qui a vu le film Batman – Le Défi (qui semble être une source d’inspiration pour le comic avec davantage de noirceur). La fiction nous emmène donc dans l’univers d’Oswald Copplebot sans réelles surprises : des crimes divers, des vengeances dès qu’on lui manque de respect, son attrait pour les volatiles et parapluies, des visites nocturnes de Batman et… une idylle avec une femme aveugle, Cassandra, qui ne le juge donc pas sur son physique. Gravitent autour de ces éléments deux autres axes narratifs liés : sa jeunesse ponctuée d’humiliations quotidiennes (par ses camarades ou sa famille) et sa relation singulière avec sa mère. Cette dernière était visiblement la seule personne lui témoignant de l’affection, Oswald lui accorde un soin particulier lorsqu’elle est devenue très âgée et diminuée — on la croit d’ailleurs morte, faute à une ambiguïté régnante entre les angles de vue la montrant à peine dans l’ombre et son mutisme permanent, rappelant le célèbre Psychose d’Alfred Hitchcock. Oswald offre des bijoux aux deux femmes qui de sa vie : sa mère et Cassandra. De la joaillerie volée sur laquelle enquête bien sûr le justicier de Gotham…

L’ensemble se lit vite, le rythme est bien équilibré, alternant flash-backs et présent, dialogues et pensées du Pingouin (narrateur de l’histoire). Les dessins de Szymon Kudranski  sont le point fort du livre mais sont loin d’être parfaits, plongeant le lecteur dans un univers sinistre, parfois violent et très sanglant (une décapitation ouvre le premier chapitre). Tout est noir, littéralement parlant puisque la plupart des cases sont extrêmement sombres, on peine parfois à distinguer ce qu’il s’y passe, surtout dans les scènes d’action. Les quelques tonalités brunes apportent une petite visibilité, élégamment couplées à celles bleutés, donc plus froides entourant l’aura du fameux Pingouin. C’est plutôt joli mais on aurait apprécié un peu plus de « luminosité » pour mieux parcourir les planches, aux segments parfois « illisibles », même si le travail sur ces jeux d’ombre et de lumière atteignent des sommets, sublimé par la colorisation de John Kalisz, le temps d’une ou deux cases assez régulièrement, avec un rendu quasi photographique.

Le récit signé Gregg Hurwitz associé aux élégants dessins (mais trop sombres) peine malgré tout à générer une certaine empathie (à défaut d’une pitié) pour son protagoniste, beaucoup trop proche mais aussi paradoxalement éloigné de son incarnation par Danny DeVito (le comédien apparaît d’ailleurs comme victime du Joker en arrière plan d’une case !). Trop proche dans sa façon de coller à peu près à la même histoire initiale, trop éloigné car manquant le coche pour se sentir touché par l’évolution d’Oswald (à l’inverse du long-métrage de Tim Burton donc). On s’en rapproche de temps en temps mais trop rarement, lors de quelques idées novatrices rapidement esquissées, vite envolées. Comme lorsque le Pingouin se mue en son ennemi juré dans un miroir, se demandant à quoi ressemble le monde de « son » point de vue. Bien sûr, on est plus ou moins « touché » selon sa sensibilité par la solitude d’Oswald, et in fine par sa tristesse et le pathos qu’il dégage, mais il manque quelques ingrédients qui auraient pu aboutir sur un coup de maître : une poésie macabre plus prononcée et une intrigue plus originale par exemple. Le binôme d’artiste (Hurwitz et Kudranski) a par la suite œuvré séparément ou ensemble sur la série Detective Comics (incluant Jours de colère) et Le Chevalier Noir.

Passé ces cinq chapitres de Pain & Prejudice (son titre originel), on a le droit à deux planches sur les origines du Pingouin (Countdown 52 #29) et surtout un épisode complet (Rira bien…) écrit par Jason Aaron et dessiné par Jason Pearson (Joker’s Asylum : The Penguin #1). Cet ultime récit raconte quasiment la même chose que La splendeur du Pingouin mais tient sur une vingtaine de pages, en étant tout autant efficace si ce n’est plus. Rédigé avant le premier (2008 vs. 2011/12), ce segment  fait partie d’une compilation d’histoires narrées par le Joker à propos de ses collègues d’Arkham. En synthèse, il est évident que le livre s’adresse aux fans du Pingouin, avides de retrouver ou découvrir le personnage malgré une narration sans grande audace et un aspect « déjà-vu ». Les amoureux de Batman ne seront pas servis en lisant cette histoire qu’on conseille davantage pour sa forme (les dessins et leur colorisation, même s’ils sont parfois trop sombres) que le fond (le scénario en lui-même).

[A propos]
Publié le 5 juillet 2013 chez Urban Comics

Scénario : Gregg Hurwitz (+ Jason Aaron)
Dessin : Szymon Kudranski (+ Jason Pearson)
Couleur : John Kalisz (+ Dave McCaig)

Traduction : Jérôme Wicky
Lettrage : Stephan Boschat — Studio MAKMA

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