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DC Comics au cinéma : plus le droit à l’erreur !

Cet article a été écrit en février/mars 2017 pour être publié dans le magazine Ciné Saga #18 en avril 2017 [cf. cette section pour les détails] donc avant la sortie du film Wonder Woman et avant les complications de postproduction de Justice League. Néanmoins il a été mis à jour en fonction de cela avec l’ajout d’une dizaine de paragraphes et de modifications diverses.

2016 était l’année de lancement de l’univers partagé DC Comics au cinéma (le « DCEU » en VO, pour DC Extended Universe). Batman v Superman : l’Aube de la Justice n’a pas obtenu le succès escompté et s’est fait massacrer par la critique. Suicide Squad a enfoncé le clou de la défaite (artistique mais pas commerciale). Avec Wonder Woman et Justice League, Warner Bros ne peut plus se permettre de décevoir… Retour sur un chantier chaotique.

DCEU

Été 2012. Tout va pour le mieux pour le studio de production et distributeur Warner Bros : The Dark Knight Rises, qui clôturait la trilogie consacrée à Batman par Christopher Nolan, a dépassé le milliard de recettes dans le monde entier. Un exploit sachant que quatre mois plus tôt, le rassemblement Avengers de la concurrence (Marvel) explosait elle aussi les records avec 1,5 milliards de dollars de recettes ! Warner apprécie l’univers sombre et très réaliste de Batman. Elle veut la même chose pour Superman. L’approche a de quoi déstabiliser, car on risque de dénaturer l’un des super-héros les plus emblématiques (l’homme d’acier incarne la lumière, l’espoir, il véhicule du positif), mais ce parti pris permettrait de recréer la nouveauté pour l’alien kryptonien, qui a déjà été porté cinq fois au cinéma. Man of Steel sort en salles en juin 2013 avec une belle équipe de créateurs : Christopher Nolan signe le scénario avec David S. Goyer, qui œuvré avec lui pour l’écriture de la trilogie The Dark Knight.

SNYDER, MAN OF STYLE

Considéré comme un metteur en scène « visionnaire », Zack Snyder est le réalisateur tout trouvé pour cette nouvelle version des aventures de l’homme d’acier. Lecteur assidu de comics développant un style de mise en scène très particulier, avec une esthétique hors-norme, très soigné, Snyder est en plus apprécié par une large communauté de fans de comics depuis ses adaptations de 300 (2007) et Watchmen : Les Gardiens (2009). Man of Steel, qui sort en 2013, est une semi-réussite. Il a certes coûté 225 millions de dollars et en a rapporté quasiment le triple mais les critiques sont mitigées. En Clark Kent/Supermen, Henry Cavill ne convainc pas tout le monde (jugé trop lisse voire inexpressif) et la fin du film est fortement critiquée, notamment parce qu’il n’y a aucune victimes victimes visibles durant la destruction de Metropolis (un aspect corrigé au début de Bat v Sup). Cette lecture de Superman, qui n’est pas encore un super-héros à ce moment de l’histoire et qui tue même un ennemi (le Général Zod), ne remporte pas l’adhésion dans l’univers cinéphilique…

Man of Steel

Zack Snyder s’est pourtant inspiré des comics. Il a défendu sa vision et imposé sa patte pour concevoir une galaxie où d’autres super-héros de DC Comics sont susceptibles d’intervenir. Un satellite Wayne Enterprises est brièvement aperçu, preuve que le milliardaire est déjà de ce monde. Idem avec Lex Corp : quelques plans dévoilent le logo du futur ennemi de Superman. Le succès commercial du long-métrage incite Warner Bros à le transformer officiellement en première pierre du DC Extended Universe (DCEU), l’univers cinématographique de la « Distinguée Concurrence » (de Marvel). L’un des productuers, Charles Roven, l’a confirmé en mars 2017 : « Quand nous avons commencé Man of Steel, nous savions que nous allions étendre l’univers DC au cinéma et que ça allait commencer par l’histoire de Superman. L’univers que nous allions construire irait au-delà de cet unique film. »

AOÛT 2014 : WARNER ANNONCE 10 FILMS DC DE 2016 À 2020 !

Warner Bros DC ComicsUn mois après la sortie de Man of Steel, Zack Snyder mentionne, au Comic Con de San Diego, la présence de Batman dans la suite du film. Peu après, Ben Affleck est officiellement annoncé pour reprendre le rôle de l’homme chauve-souris (après Michael Keaton, Val Kilmer, Georges Cloonez et Christian Bale). Les fans s’inquiètent déjà suite au triste souvenir de l’incursion de l’acteur chez les super-héros en 2003 dans Daredevil.

Août 2014. Warner Bros annonce dix films pour le DCEU s’étalant de 2016 à 2020 ! Les titres sont révélés en octobre de la même année : Batman v Superman : l’Aube de la justice et Suicide Squad pour 2016, Wonder Woman et Justice League – Part one en 2017, The Flash et Aquaman en 2018, Shazam et Justice League – Part two en 2019 et enfin Cyborg et Green Lantern en 2020.

Warner frappe fort et souhaite combler son retard face au concurrent Marvel. À ce moment là, Les Gardiens de la Galaxie explosent tout, lançant la dernière offensive de la phase II de l’univers Marvel au cinéma, avant le très attendu Avengers 2 (L’Ère d’Ultron). Bat v Sup voit d’ailleurs sa date avancée pour sortir juste avant Captain America : Civil War. Il faut à tout prix éviter le raz-de-marée « marvelien » et une possible noyade…

Zack Snyder Ben Affleck

Ben Affleck dirigé par Zack Snyder, sur le tournage de Batman v Superman

Au lieu de suivre un schéma classique — montrer un super-héros par film puis lui faire partager l’écran avec ses co-équipiers dans un autre —, Warner adopte une stratégie différente et assez agressive. Partant du principe (très juste) que tout le monde connaît Batman et Superman, le studio décide de les faire s’affronter dans Bat v Sup, d’y introduire Wonder Woman et de dévoiler, très brièvement, Aquaman, Flash et Cyborg, qui auront leur propre film ensuite. Ainsi, ce qui devait être un « Man of Steel 2 » est devenu un « Justice League Origins ». Les détracteurs (et même les fans) de DC Comics y voient déjà un gros fourre-tout, un peu bordélique et pas forcément justifié. Les trailers de Batman v Superman : l’Aube de la justice en montrent trop et aucune projection presse n’est prévue, ce qui est rarement bon signe. Juste avant la sortie, en mars 2016, Zack Snyder annonce qu’il y aura une version longue pour le marché vidéo, un « aveu » qui cristallise à nouveau les inquiétudes des fans. Ils s’attendent au pire pour la première mouture et imaginent que le metteur en scène veut rattraper le coup avec la deuxième (et eux devront remettre la main au portefeuille…). Entre-temps, une première bande-annonce de Suicide Squad est diffusée, annonçant un long-métrage très sombre et violente.

2016, L’AUBE DE LA… DÉCEPTION

Batman V SupermanFin mars 2016. Le duel Ben Affleck – Henry Cavill signe sans surprise un excellent démarrage dans le monde entier mais les critiques le descendent et le bouche à oreille est lui aussi négatif. S’il est jugé tantôt trop compliqué, tantôt pas assez épique, quand ce n’est pas ridicule, trop long, trop noir ou dénué d’humour, trahissant les icônes de DC Comics, Bat v Sup génère tout de même près de 875 millions de dollars au box-office mondial en fin d’exploitation. Il aurait coûté 250 millions de dollars sans la promotion et le marketing (une rumeur avance un coût définitif de 400 millions). Le long-métrage de Snyder a peut-être pâti d’un évènement que personne n’avait vu venir : le Deadpool de la 20th Century Fox (également détenteur des droits des films X-Men et Wolverine), projeté en salles début février 2016 qui a cartonné et a donné un nouveau souffle au genre. À l’arrivée, Batman v Superman : l’Aube de la Justice a rapporté plus du double de son budget initial mais il n’a pas atteint pas le milliard de dollars prévu et, surtout, complique l’exploitation de l’univers DC Comics au cinéma. Chez les fans, Bat v Sup divise tout autant mais certains y voient un chef-d’œuvre, avec une vision encore jamais défendue pour un film de super-héros (cf. la critique du site).

La version longue, qui sort en juillet 2016, est unanimement saluée comme étant meilleure, donnant plus de profondeur aux personnages et facilitant la compréhension générale des évènements, comme le plan de Lex Luthor par exemple (cf. la critique du site). Mais c’est trop tard pour la Warner qui doit changer de cap afin de ne pas réitérer la même erreur. Il s’agit de revenir aux fondamentaux en produisant des films davantage « accessibles » et plus « grand public ». La première bande-annonce de Justice League (qui ne sera plus scindé en deux parties formant un tout complet — même si une suite est toujours annoncée) est montrée en juillet 2016 et elle va dans ce sens avec des situations plus drôles et légères dans lesquelles Bruce Wayne semble singer Tony Stark (alias Iron Man). Les fans ayant apprécié Bat v Sup déplorent cette nouvelle approche et ce retournement de veste du studio, sans savoir si cette politique était voulue à la base.

LE SCÉNARISTE DE COMICS GEOFF JOHNS À LA RESCOUSSE

evolution logo Suicide SquadWarner revoit donc ses plans. Le long-métrage The Batman se greffe au DCEU, porté par un Ben Affleck très impliqué et qui veut (dans un premier temps) le réaliser. Le talentueux scénariste de comics Geoff Johns (qui a œuvré avec brio pour relancer les séries Green Lantern, Aquaman, Justice League, Flash…) est placé en haut de l’échiquier Warner comme co-président de DC Entertainement, la branche média de DC (dessins animés, jeux vidéo, films…) créée spécialement pour le DCEU. Johns est également co-président de DC Films. Son rôle ? Consolider l’univers partagé DC au cinéma, comme consultant sur chaque long-métrage, s’impliquer dans la production et participer à l’écriture selon les besoins. Il épaule ainsi Zack Snyder, qui était seul à bord pour mener cette lourde tâche, et qui semble se retirer petit à petit des autres projets, comme Christopher Nolan, qui s’est éclipsé après Man of Steel.

Warner change aussi la promo de Suicide Squad (peut-être aussi pour copier Deadpool) ; les nouveaux trailers révèlent un univers totalement déjanté et pop, à grands renforts de tubes musicaux. Très loin de la noirceur annoncée un an plus tôt. L’évolution du logo (illustration à droite) est saisissante (— voire consternante). À sa sortie début août 2016, le film de David Ayer avec Will Smith (Deadshot), Margot Robbie (Harley Quinn) et Jared Leto (le Joker) essuie des critiques encore plus violentes que Batman v Superman : l’Aube de la Justice. Les professionnels parlent d’un opus ridicule avec un Joker très mauvais et des personnages caricaturaux. Même les fans de comics s’accordent sur son manque de relief. Si Bat v Sup était attendu, à tort, comme un film de super-héros épique, pour tous, Suicide Squad avait été vendu (surtout au début de sa promotion), lui, comme un long-métrage torturé, violent, adulte. C’est l’inverse qui s’est produit. Warner ne sait visiblement pas comment trouver le bon équilibre pour garantir à la fois à ses films une certaine qualité cinématographique et l’indispensable succès commercial. Sans parler de la volonté (l’obligation ?) de concurrencer Marvel (avec son MCU, pour Marvel Cinematic Universe, bien installé, ses Avengers et désormais Spider-Man) et la Fox (les sagas X-Men, Wolverine et Deadpool).

Harley QuinnMalgré les critiques désastreuses de Suicide Squad, Margot Robbie, qui interprétait une excellente Harley Quinn (un des éléments forts du film, cf. la critique du site), confirme la préparation d’un Gotham City Sirens. Elle devrait côtoyer Catwoman et Poison Ivy dans ce projet mis en scène par le même réalisateur, David Ayer. Ce dernier s’est fendu d’une tribune début 2017 pour exprimer ses regrets. Il expliquait qu’il aurait dû faire « du Joker le méchant principal et concevoir une histoire plus solide ». Il précisait dans la foulée qu’il n’existait pas un montage secret avec le Joker… et qu’il était satisfait, malgré tout, d’avoir présenté des personnages cool de l’univers DC au monde entier. Tout n’est pas noir, le film a incroyablement marché : pour un budget de 175 millions de dollars, il en a rapporté 745, soit quatre fois plus ! Bonus supplémentaire suprême : Suicide Squad a remporté, contre toute attente, l’Oscar des meilleurs maquillages et coiffures fin février 2017, aux dépens notamment de Star Trek: Sans limites. Chez Warner, on est évidemment conscient des retours négatifs mais la major met quand même une suite en chantier. Mel Gibson tâta un temps le terrain pour la réaliser, avant que le projet aboutisse aux mains de Gavin O’Connor, en septembre 2017. Ce metteur en scène de Jane Got a Gun et Mr. Wolff écrira ce second volet en plus de le réaliser, pour une sortie prévue en 2019. Warner mise aussi sur un spin-off axé sur Floy Lawton, alias Deadshot, joué par Will Smith. Nous sommes au royaume de l’entertainment et « malheureusement », il y a un paquet d’argent à la clé, indépendamment de la beauté, de l’originalité, de la pertinence, bref de la qualité d’une œuvre… Évidemment, le studio aimerait éviter de se faire à nouveau incendier !

THE BATMAN DANS L’IMPASSE

Prévu pour 2018, The Batman a tout pour faire rêver les fans des comics et les cinéphiles — le souvenir de la trilogie Nolan est intact — mais le parcours de pré-production, totalement chaotique, change la donne. Le film doit être co-écrit et mis en scène par Ben Affleck qui avait été oscarisé comme meilleur scénariste pour Will Hunting en 1998 ; sa réalisation Argo décrochant, elle, la statuette du meilleur film en 2013. Attaché à son rôle et fortement impliqué dans l’écriture du scénario, épaulé par Geoff Johns, Affleck dévoile ainsi sur Twitter, fin août 2016, une vidéo de Deathstroke — un personnage déjà aperçu dans la série Arrow et qui devrait être incarné, ici, par Joe Manganiello (True Blood). Le futur ennemi du Caped Crusader ? Bien possible. Batman a échangé quelques coups avec lui dans les comics et dans le jeu vidéo Arkham : Origins (notamment dans un affrontement mémorable, cf. la critique du site), en plus d’être inédit au cinéma.

Batman Ben Affleck

Mais début 2017, coup de théâtre Affleck se retire de la réalisation, tout en assurant qu’il reste attaché au projet en tant qu’interprète et scénariste. Matt Reeves (Cloverfield, La Planète des Singes : L’Affrontement et La Planète des Singes : Suprématie) est annoncé comme metteur en scène peu après. Il déclare pourtant dans un premier temps son retrait, ne parvenant pas à trouver un terrain d’entente avec Warner sur la direction à suivre. Le 23 février 2017, Warner officialise finalement bien le choix de Matt Reeves à la réalisation (les négociations ont donc abouti entre le metteur en scène et la firme). Ben Affleck lui souhaite la bienvenue sur Twitter pour couper court aux rumeurs indiquant qu’il rend définitivement sa cape. Mi-mars 2017, retour à la case « Départ » : on apprend que le script de Ben Affleck, Chris Terrio et Geoff Johns sera réécrit car Matt Reeves veut y apporter sa patte (pas forcément une mauvaise chose !). La production indique au même moment que le tournage commencera en 2018 pour une sortie en 2019 voire en 2020… The Batman a connu nombre de déboires mais le film en sortira peut-être (sans doute) grandi. Entre l’amour que semble porter Affleck au personnage (sa performance dans Bat v Sup a été l’un des rares éléments quasiment unanimement saluée par tous) et le travail de Matt Reeves derrière la caméra, acclamé par la critique, les pontes de la Warner ne peuvent qu’imaginer une réussite (et les fans aussi) !

UN SEUL FILM DC EN 2018 AU LIEU DE TROIS…

The Flash Ezra MillerQuid des autres films DC lancés par le studio ? Geoff Johns a co-écrit Wonder Woman, qui avait changé de réalisatrice (Patty Jenkins est la première femme à mettre en scène un film de super-héros) suite à des différents artistiques avec la Warner — et qui, finalement, a excellé au box-office et a recueilli majoritairement des louanges du public et de la critique, malgré des défauts évidents (cf. la critique du site) —, et co-produit Justice League (en salles le 15 novembre, les bandes-annonces sont recensées sur cette page). The Flash, Aquaman et The Batman devaient sortir en 2018 mais seul Aquaman verra le jour l’année prochaine. On vient d’étudier le cas du Chevalier Noir, penchons-nous sur The Flash, lui aussi dans la tourmente…

Les aventures du bolide écarlate devaient être présentées dans moins d’un an (le 16 mars 2018 aux États-Unis), mais le réalisateur n’avait toujours pas été choisi au moment où nous écrivions ces lignes (février/mars 2017 — ce n’est toujours pas le cas au moment de sa publication sur ce site, soit début octobre 2017) ! Seth-Grahame Smith (scénariste de Abraham Lincoln, chasseur de vampires) a quitté le projet pour différends créatifs avec Warner en avril 2016. Il a été remplacé par Rick Famuyiwa (Dope), qui s’est lui aussi retiré suite à des divergences de vues. Le studio n’appréciait pas son script qui est désormais entre les mains de Joby Harold (Le Roi Arthur : la Légende d’Excalibur). Pas de scénario définitif, pas de metteur en scène et une sortie qui a été repoussée à une date indéterminée… Plutôt inquiétant ! Une certitude : Ezra Miller endossera une nouvelle fois le costume. Le projet s’est depuis mué en Flashpoint, inspiré par l’histoire de comics éponyme : cela permettrait de mettre en place un… reboot (via le fameux multivers — qui pourrait dans la foulée changer les acteurs de rôle, comme Ben Affleck qu’on dit souvent sur le départ). Osé mais peut-être logique suite à toutes les problématiques rencontrées sur chaque film du DCEU.

Aquaman Jason Momoa Justice League

Seul Aquaman, dédié à un super-héros peu connu et impopulaire, est en bonne voie. Peut-être parce qu’il subit moins de pressions que les autres (porté une seule fois à l’écran dans Smallville, que tout le monde a oublié) ? Le film est réalisé par James Wan (Saw, Insidious, Conjuring, Fast & Furious 7) et écrit par Will Beall (Gangster Squad) qui a proposé un premier jet ) partir d’une base développée par James Wan himself et ce bon vieux Geoff Johns, déjà scénariste de quelques comics sur le roi de l’Atlantide. Arthur Curry, également présent dans Justice League, est interprété par Jason Momoa, inoubliable Khal Drogo de la série Game of Thrones. On l’avait déjà aperçu, très brièvement, dans Batman v Superman : l’Aube de la Justice, dans une vidéo que regardait Bruce Wayne — une incursion très maladroite du long-métrage de Zack Snyder, « obligé » d’introduire, en quelques secondes à peine, les trois super-héros Cyborg, Flash et Aquaman.

Momoa est certes costaud mais a-t-il les épaules assez solides pour porter à lui seul un film de super-héros ? Vu les bandes-annonces de Justice League, on est tenté de dire oui ! Avec ses « punchlines » et son imposante carrure, ce géant complètement « badass » vole déjà la vedette à ses collègues. Aquaman est assurément la curiosité la plus alléchante du DCEU. Seul long-métrage n’ayant pas connu de changement majeur dans son équipe technique (Wan a eu le choix entre réaliser The Flash et Aquaman, il a préféré ce dernier pour plus de liberté créatrice) et artistique (Willem Dafoe, Patrick Wilson et Nicole Kidman entres autres complète le casting — prestigieux), il a toutefois vu sa sortie repoussée deux fois de suite. Initialement programmé en juillet 2018 puis en octobre, il sera finalement projeté en salles… le 21 décembre 2018. Mais cette modification est surtout due à une stratégie marketing puisque Avatar 2, prévu à la même période, a été décalé à une date ultérieure. Warner a donc calé son unique film du DCEU de 2018 en fin d’année.

ET ENSUITE ?

En plus des deuxièmes volets de Justice League et Suicide Squad, les autres films de l’univers cinématographique DCEU sont maintenus (sauf si, évidemment, Warner retourne encore sa veste et change une nouvelle fois d’avis). D’abord Shazam en 2019, l’histoire d’un enfant qui devient un homme surpuissant, plus fort que Superman, quand il prononce le mot « Shazam ». Dwayne Johnson jouera l’antagoniste Black Adam, en plus de co-produire le film (il souhaite avoir son propre long-métrage un jour…). Cyborg, lui, sortira en 2020 et développera l’histoire du jeune Victor Stone, mi-homme, mi-machine. On aura aussi droit à Green Lantern, devenu Green Lantern Corps entre-temps. David S. Goyer, cité en début d’article pour son travail sur la trilogie The Dark Knight, co-signera le scénario. Ces trois films seront coproduits par Geoff Johns mais ils n’ont aucun réalisateur pour l’instant.

On parlait d’autre projets comme Gotham City Sirens et Deadshot. À ceux-ci s’ajoutent Nightwing, qui devrait se situer dans l’univers de The Batman puisque Nightwing n’est autre que le premier Robin (Dick Grayson) dans les comics. Problème : Robin est mort, tué par le Joker comme on l’apprend dans Batman v Superman : l’Aube de la Justice. Sauf s’il s’agit d’un autre Robin, comme Jason Todd (le deuxième), à l’image de ce qui se passe dans les comics (Jason Todd a été tué par le Joker, il revient des années plus tard sous l’alias Red Hood et Timothy Drake devient le troisième Robin). Un éventuel Man of Steel 2 est parfois évoqué mais il n’a jamais été confirmé.

Justice League Files Batman v Superman

La première « introduction » officielle des autres membres de la Justice League, dans Batman v Superman : l’Aube de la Justice.
Un moyen maladroit qui aurait dû se situer uniquement dans la version longue du film.

Quel que soit le programme à suivre, l’enjeu est de taille. Warner Bros doit absolument peaufiner chacun de ses films à venir, soigner leur qualité en les pensant comme une entité artistique entière, avec certes une cohésion d’ensemble pour leur univers mais sans vouloir nécessairement la partager dans un vaste plan commun. Il en va de la réussite de l’entreprise globale. Le studio a insisté pour que chaque réalisateur puisse proposer sa vision et son style mais il semble changer d’avis et éjecter les metteurs en scène (Wonder Woman et The Flash) ou leur imposer des changements de cap majeurs (Suicide Squad). On oscille entre un ton jugé trop sombre et sérieux (Batman v Superman) et un ton beaucoup trop convenu ou léger et sans saveur (Suicide Squad), il est indispensable de trouver le bon équilibre sans s’inspirer de la concurrence et de sa philosophie « cool et tous publics » pour continuer de se démarquer. C’est possible en laissant carte blanche aux cinéastes embauchés. Warner devra-t-elle dire adieu à sa poule aux œufs d’or ?

WHEDON SUCCÈDE À SNYDER

En six mois (de la date d’écriture de cet article à sa transposition sur ce site après la publication en magazine), il s’est, une fois de plus, déroulé beaucoup de choses côté Warner et DCEU. Tout d’abord (et c’est une bonne nouvelle), le film Wonder Woman a été un succès critique et public, rapportant plus de 820 millions de dollars à travers le monde — son exploitation est toujours en cours au 1er octobre 2017. La suite a été officialisée, toujours mise en scène par Patty Jenkins. Ensuite, de nouveaux projets se sont greffés au DCEU et certains ont été modifiés. Ainsi, on l’évoquait vaguement plus haut, The Flash est devenu Flashpoint (sans date de sortie prévue) ; le but étant d’adapter l’histoire éponyme des comics et potentiellement permettre un reboot (oui, déjà…). Plusieurs rumeurs avancent que Ben Affleck rendra la cape de Batman après Justice League, cela serait une élégante porte de sortie pour lui (on fantasme à imaginer Jeffrey Dean Morgan (aka Le Comédien dans Watchmen et Negan dans The Walking Dead) reprendre son rôle de Thomas Wayne et — pour ceux connaissant déjà Flashpoint — devenir un Batman original, le temps de ce film, avant de passer le flambeau à un autre acteur (ou carrément utiliser Nightwing — puisqu’un film sur lui est prévu — pour s’émanciper un peu de l’homme chauve-souris).

Justice League Graphic Posters

Dans l’univers de Gotham, deux nouveaux films ont été annoncés, avec les titres provisoires suivant : Harley & Joker et… Joker. Le premier devrait être l’histoire « d’amour » entre les ennemis emblématiques, à priori toujours incarnés par Margot Robbie et Jared Leto. Le second serait un elseworld, c’est à dire un film hors continuité, complètement détaché du DCEU, et produit par… Martin Scorsese. Si le maître des films de gangsters s’avère bien de la partie, le résultat pourrait être plus qu’alléchant puisque la version Joker de Suicide Squad allait plus ou moins dans ce sens. Oui mais… ni Jared Leto n’a confirmé sa participation ni Warner n’a officiellement indiqué qu’il s’agirait du même Joker (ce qui est logique puisque ce projet se démarquerait volontairement des autres). Man of Steel 2 et Justice League Dark ont à nouveau été évoqués sans réelles informations concrètes à se mettre sous la dent. Enfin, un long-métrage sur Batgirl est à l’étude, réalisé par Joss Whedon (metteur en scène d’Avengers et sa suite !). Ce dernier cas puise ses origines dans la postproduction de… Justice League. Explications.

Justice League

Mai 2017. Zack Snyder, en plein travail de postproduction sur Justice League, annonce à la surprise générale qu’il se retire du film. On apprend que sa fille s’est suicidée quelques mois plus tôt et que l’artiste souhaite passer du temps avec sa famille. Suite à ce terrible drame, Warner fait appel à Joss Whedon pour finaliser Justice League. En été 2017, de nouvelles scènes sont tournées pour un budget de 25 millions de dollars (une somme plutôt élevée pour des reshoots qui, eux, font partie intégrante d’une démarche classique pour un blockbuster). Le scénario est remanié, Whedon sera officiellement crédité comme scénariste. Des murmures avancent que le long-métrage sera (encore) plus léger et « fun » que sous l’égide de Snyder. Des internautes analysent les images des nouvelles bandes-annonces et découvrent que la photographie porte déjà moins la « patte » Snyder. Polémique ? Oui et non. Zack Snyder a toujours eu ses détracteurs, avant et pendant la mise en place du DCEU. Certains sont donc rassurés par son départ et ravis par l’arrivée de Whedon. D’autres sont mécontents et avancent déjà un film raté, sans l’identité de son metteur en scène initial. Comme d’habitude : la Toile scrute chaque potentielle information et monte en épingle la moindre rumeur… La spéculation ne changera rien aux faits : Justice League sort en France le 15 novembre prochain et seuls les résultats au box-office et les retours critique permettront de mieux cerner le futur du DCEU.

LE DCEU N’EXISTE PAS VRAIMENT (EN FAIT)…

Matt Reeves Batman Ben AffleckCe nébuleux univers partagé de DC Comics au cinéma, produit par Warner Bros, ne serait d’ailleurs qu’une invention des journalistes ! En interne, personne n’utiliserait ce terme. C’est ce qu’a affirmé Geoff Johns fin septembre 2017, promettant que les prochains films (après Justice League) ne seront pas connectés aux autres. Des propos complexes et décortiqués, souvent mal interprétés, qui ne veulent pas dire que les longs-métrages ne se situeront pas dans le même univers, juste que certains seront uniquement centrés sur un super-héros précisément. Exactement comme Wonder Woman finalement (et comme la concurrence diront les mauvaises langues).

Matt Reeves (photo à droite), réalisateur de The Batman, avait dû se justifier pour avoir tenu un discours similaire sur son travail sur son film. En gros : pas d’autres super-héros de la Justice League dans The Batman, ni de connexions forcées avec d’autres films, mais aucun problème pour qu’il s’inscrive dans le même univers. Une fois de plus : la moindre déclaration est suranalysée et son auteur doit se justifier pour calmer d’énièmes nouvelles rumeurs ou craintes… Une sorte de harcèlement qui est peut-être aussi à imputer au recul opéré par Ben Affleck, ne supportant plus les questions sur le Dark Knight à chacune de ses sorties ou interviews promotionnelles pour d’autres longs-métrages qu’il doit assurer.

Geoff JohnsJohns (photo à gauche) confirme tout de même la création d’un label dédié à des films qui seront bien des elseworlds, sans continuité donc, tel le projet Joker évoqué plus haut. De quoi ravir et râler à nouveau pour le public. Les mécontents des premières œuvres de l’univers partagé devraient obtenir satisfaction là où les autres fans seront plus mitigés.

Ces déclarations de Geoff Johns permettent aussi d’imaginer des adaptations de comics cultes, comme Red Son ou Kingdome Come par exemple. Des œuvres qui sont de base situées hors chronologie classique et clairement à part dans les mythologies des super-héros de DC Comics. Red Son voit l’arrivée de Superman en Russie et non aux États-Unis. Le jeu vidéo Injustice, qui a inspiré une brillante série de comics éponyme, pourrait lui aussi faire partie du lot (Superman étant un dictateur dedans) sauf que… Snyder a déjà proposé cette vision futuriste dans un cauchemar de Bruce Wayne (à moins que ce ne soit un « flash » du futur — ça tombe bien on y voyait Flash) et cela a déclenché chez le justicier milliardaire la… création de la ligue de justice. Cet aparté uchronique pourra-t-il devenir un long-métrage ? Ce n’était pas prévu initialement mais avec ce label elseworld de DC Films, ça ferait sens. Et si tout était relié involontairement ? Dans tous les cas, près de deux ans après la création « officielle » du DCEU, ce n’est pas aujourd’hui que celui-ci se consolide et repose sur des bases saines et fortes, au contraire.

Seule actualité concrète, reliée au cinéma, la publication imminente du bel ouvrage Justice League – The Art of the film le 21 novembre prochain, soit six jours après la sortie du film de Zack Snyder. La couverture (ci-dessous) a été dévoilée début octobre 2017 ; on peut le précommander pour 35,68€. Le long-métrage sera en salles le 15 novembre 2017 en France, le 17 aux États-Unis. Aura-t-on droit au même succès critique et public que Wonder Woman, à une violente destruction unanime (comme pour Suicide Squad) ou à une complexité segmentant les fans (Batman v Superman) ? Réponse dans un peu plus d’un mois.

Justice League - The Art of the film

Ce long article a été publié dans le magazine Ciné Saga #18, un numéro spécial super-héros. J’ai également rédigé d’autres papiers, dont vous trouverez la liste sur ce lien. Trois encadrés complétaient cet état des lieux de DC Comics au cinéma : Les meilleurs sites pour s’informer, Comment se lancer dans l’univers DC en comics et Vertigo, l’atout prestige de DC. Les deux derniers ont été compilés dans cet article, qui sont une bonne porte d’entrée pour découvrir DC Comics.

La fresque en haut de cet article a été réalisée spécialement pour le site, un filigrane avec « www.comicsbatman.fr » n’a volontairement pas été ajouté dessus. Merci donc d’indiquer votre source (ce site) si vous la reprenez.

Les critiques des films évoqués sont dans la section Adaptations puis Films et DCEU. Seuls les projets concrets sont indexés dans les deux premières parties (une où Batman apparaît avec un rôle principal, une où il n’apparaît pas ou très peu). La troisième renvoie sur les nombreux longs-métrages actuellement en pré-production ou annoncés.

Cet état des lieux ne sera plus mis à jour après sa publication (début octobre 2017) tant les changements sont notoires et parfois flous. Si besoin, un autre article viendra compléter celui-ci dans le futur.

Justice League – Tome 10 : La Guerre de Darkseid (2ème partie) / Justice League Univers Hors-Série #2

MàJ (21/10/2016) : Une version plus courte et remaniée de cet article est sur le site UMAC – Comics & Pop Culture.

Après une excellente première partie de La Guerre de Darkseid dans le neuvième volume, le dixième et dernier de la série Justice League (des New52) est enfin disponible.
Attention : le deuxième hors-série du magazine Justice League Univers est un bon complément (disponible le 26 août en kiosque).

justice-league-tome-10-guerre-darkseid justice-league-univers-hors-serie-2-guerre-darkseid

[Histoire — Justice League – Tome 10 : La Guerre de Darkseid (2ème partie)]
Après la mort de Darkseid, certains membres de la Justice League acquièrent davantage de puissance : Batman (depuis qu’il est sur le trône de Mobius), Flash (qui est devenu l’hôte du Pisteur Noir qui a terrassé Darkseid), Shazam et Green Lantern, mais aussi Superman et Lex Luthor, qui sont sur Apokolips. Chacun devient un « néo-Dieu » et va devoir trouver le bon équilibre entre la maîtrise des nouveaux pouvoirs et la moralité humaine à conserver.

Ainsi, Batman devient le Dieu de la Connaissance, Superman est le Dieu de la Force, Flash le Dieu de la Mort, Shazam le Dieu des Dieux, Green Lantern le Dieu de la Lumière et, enfin, Lex Luthor le Dieu d’Apokolips.

Wonder Woman, Cyborg, Jessica/Power Ring, Scott Free et Steve Trevor forment une équipe chargée à la fois de les « contrôler » mais aussi de combattre certains sbires de Darkseid, désirant vouloir venger leur maître.

De son côté, La Société du Crime refait surface, tandis que l’Anti-Monitor est redevenu Metron (et va chercher à récupérer son siège de Mobius) et que Graal, la fille de Darkseid, manigance de sombres desseins…

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[Critique — Justice League – Tome 10 : La Guerre de Darkseid (2ème partie)]
Toutes les qualités du tome précédent se retrouvent dans cette suite, à quelques exceptions près. Sur la cohérence graphique tout d’abord, si Jason Fabok excelle à nouveau sur quatre chapitres (les 7, 8, 10 et le 11, appelé « conclusion »), les deux premiers (5 et 6) sont signés par Francis Manapul (qui œuvre sur la série The Flash, conseillée). Attention, c’est tout aussi sublime, mais dans un registre très différent (cf. illustration ci-dessus, avec un côté plus « pastel » voire « indépendant »). Comme ses planches sont surtout focalisées sur les néo-Dieux, cela créé une certaine homogénéité pour cette mini-histoire. Le neuvième chapitre (Justice League Darkseid War Special #1) est dessiné par Ivan Reis, Paul Pelletier (tous deux ont été sur Aquaman), ainsi qu’Oscar Jimenez. C’est un sans-faute car les trois se fondent parfaitement dans le style de Fabok, si bien que les différences sont très subtiles et absolument pas gênantes. Côté dessin donc, tout roule pour l’ensemble du tome. Les combats sont toujours aussi beaux et fluides, les visages parfaitement détaillés et les cases magnifiés par les couleurs de Brad Anderson (Alex Sinclair pour le chapitre « bonus » et Manapul s’occupe lui-même de la colorisation de ses dessins, parfois accompagné de Brian Buccellato).

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Côté scénario, on retrouve une foule de personnages, avec toujours Wonder Woman mise en avant (elle est la narratrice de l’ensemble) et quelques autres prennent davantage d’importance, comme Graal, Steve Trevor et même Jessica. On découvre le passif de la fille de Darkseid, les raisons de cette guerre, ses motivations. Chaque super-héros de la Justice League joue un rôle important mais, hélas, tout s’enchaîne un peu trop vite pour vraiment comprendre ce qu’il se passe. Ainsi, Green Lantern, devenu Dieu de la Lumière, n’a plus l’air de l’être peu de temps après. Que fait Shazam de ses pouvoirs, quels sont-ils d’ailleurs ? Comment Luthor devient le nouveau Dieu de la planète de Darkseid ? Les explications sont volontairement survolées.

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Tout ceci est malheureusement « normal » car c’est à découvrir dans des chapitres séparés, publiés dans le deuxième hors-série de Justice League Univers. Même si on a du mal à comprendre comment chaque super-héros-néo-Dieu a le temps de vivre une petite aventure « en solo » à côté de cet immense champ de bataille. La critique du magazine est à retrouver ci-après, elle ne convainc pas plus que ça et il aurait été plus judicieux d’inclure un chapitre d’une vingtaine de pages passant sur chaque héros un par un, tout en entretenant une dose de mystères, plutôt que de d’expliciter des choses finalement très convenues (Lex Luthor) ou complexes (Shazam). Notons un combat intérieur plutôt fort pour Flash, Green Lantern et Superman cela dit. Et une histoire du Chevalier Noir qui aurait surtout sa place dans une de ses séries.

Outre cet aspect un peu dommageable, le reste du récit tient bien la route, c’est épique, dramatique, parfois un brin plus léger et drôle (grâce à Green Lantern). La fin est surtout un « nouveau départ », comme le dit Diana elle-même. Le statu quo de la Trinité demeure changé à jamais : Superman a un destin bien précis qui l’attend (normalement à découvrir dans les magazines Superman Univers #11 et #12, soit en janvier et février 2017), Batman découvre un terrible secret à propos du Joker et Diana apprend un secret de famille. Luthor aussi accède à un nouvelle étape cruciale de sa vie. Bref, beaucoup de pistes qu’on voudrait découvrir (et qui le seront dans les séries du relaunch Rebirth) mais qui donnent une fin trop ouverte à l’histoire.

Lire les tomes 9 et 10 s’avèrent, heureusement, un excellent divertissement, l’équivalent d’un blockbuster du cinéma savoureux et qu’on se plaît à revoir de temps en temps, donc ici à relire et découvrir.

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[Histoire — Justice League Univers Hors-Série #2]
Idéalement à lire entre le premier et deuxième chapitre du tome 10 de Justice League (soit les #5 et #6).

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Darkseid War : Batman #1 – Dieu seul sait
Depuis que Batman est devenu le Dieu de la Connaissance (fin du tome 09 de Justice League), il est omniscient : il a les réponses à toutes les questions possibles, il peut savoir ce qu’il va se passer, etc. Le Chevalier Noir, toujours sur le fauteuil de Mobius, arrête donc les criminels de Gotham City avec une facilité déconcertante ; pour cause : ceux-ci n’ont pas encore commis leurs méfaits (puisque Batman « sait » qu’ils vont les faire, même s’ils ne sont pas encore passés à l’acte). Un problème de taille pour Gordon, qui n’approuve pas cette méthode d’une part, et qui est contraint de relâcher le nombre conséquent de prisonniers faute de place et de rapidité administrative d’autre part. Mais, plus important pour Batman, il est temps de rencontrer Joe Chill et d’avoir une conversation avec lui, le tueur de ses parents, et donc le « créateur » de Batman.
Un excellent chapitre qui reflète bien toute la psychologie absolue du Batman « noir » qui sévit depuis une trentaine d’années. Sa quête de justice, peu importe le prix et le sacrifice, la douleur d’un deuil toujours très présent et « une fin » qui peut « justifier » les moyens. Écrit par Peter J. Tomasi (auteur de la bonne série Batman & Robin, dont une référence au sixième tome est placée subtilement) et dessiné tout en beauté par Fernando Pasarin, cette courte aventure du Bat-néo-Dieu est une bonne entrée en matière.

Darkseid War : Superman #1 – Le Dieu de l’acier
Lorsque Lex Luthor et Superman se sont retrouvés sur Apokolips (à nouveau dans le tome 09 de Justice League), l’Homme d’Acier fut privé de ses pouvoirs petit à petit à cause du manque de soleil sur cette planète. Luthor le pousse alors dans la Fosse Ardente et Superman en sort métamorphosé, nettement plus puissant mais en perte d’humanité et donc capable de tuer.
Superman revient à Metropolis. Tout le monde le pensait disparu et est ravi de son retour, à commencer par son ami Jimmy Olsen. Mais Superman a changé, et pas que de costume et de pouvoirs, il ne veut plus aider et sauver les humains. Il en a marre de devoir toujours être là pour les aider. Il y voit clair désormais, ce n’est plus son rôle. Jimmy va tenter de le raison et lui prouver que les hommes aiment Superman, peu importe qu’il soit kryptonien ou non.
Efficace mais trop court. La première partie est assez « risible » (Superman qui casse tout partout, se comporte comme une brute et veut juste de la tarte aux pommes…) mais la seconde, le combat pour retrouver son humanité, est réellement touchante. Son échange avec Olsen et la conclusion de Superman à ce sujet est efficace. Bong Dazo dessine ce chapitre, scénarisé par Francis Manapul l’artiste qui dessine la première partie du dixième tome de Justice League (et la série The Flash des New52).

Darkseid War : Lex Luthor #1  – Le Jugement Oméga
Abandonné sur Apokolips mais héritant de la force Oméga, et se vantant d’être le nouvel élu qui sauvera la planète (en se faisant passer pour… Superman !), Luthor affronte plusieurs épreuves en se remémorant son enfance et une rencontre avec l’Homme d’Acier. S’il réussit, il deviendra le Dieu de la planète de Darkseid.
Un chapitre très attendu (la transformation en néo-Dieu dans le tome dix de Justice League n’est pas expliquée et le personnage relégué au second plan) mais qui peine finalement à convaincre. Rien de très surprenant ni de réellement épique, dommage. Même équipe artistique que le précédent numéro, avec un Bong Dazo qui signe des planches plus soignées et un ensemble plus homogène et réussi.

Darkseid War : The Flash #1 – L’éclair de la Mort
Devenu Le Pisteur Noir, Flash est contraint de cohabiter avec la Mort en personne. Ce néo-Dieu et sa faucheuse ont vaincu l’Anti-Monitor, ce qui cause un gros problème moral à Barry Allen. Le bolide écarlate décide alors de s’émanciper du corps du Pisteur Noir et de courir le plus vite possible pour ne plus être en fusion avec lui.
Si l’on sait « d’avance » comment va se terminer ce chapitre, il est judicieux de revenir sur le questionnement intérieur de Barry. On découvre, comme souvent, un homme profondément bon et tâchant de se sortir d’une situation complexe. A ce titre, cela rappelle Flashpoint et l’ensemble est très plaisant. Les planches de Jesus Merino sont à la hauteur de l’histoire de Rob Williams.

Darkseid War : Shazam #1 – Puissance
Quand Darkseid est mort, Shazam, un garçon doté des pouvoirs de six sorciers et qui devient l’homme le plus puissant du monde en disant son nom, se voit désormais confiné dans un voyage plus ou moins onirique, pour recouvrer sa force.
Assez confuse, cette histoire sort totalement du lot ; il faudrait avoir le volume unique consacré à Shazam en tête pour peut-être mieux tout saisir. Le combat magique interne de Shazam ne passionne guère, trop expéditif et manquant de souffle épique. Le scénariste Steve Orlando est un peu trop en roue libre, mais les dessins de Scott Kolins sont toutefois très soignées.

Darkseid War : Green Lantern #1 – Seras-tu mon Dieu ?
Hal Jordan tente de sauver la planète Oa. Combattant les parademons, il devient le Dieu de la Lumière et par conséquent peut faire ce qu’il veut des planètes. Une conversation dans une église lors de la mort de son père et le questionnement du non-agissement de Dieu pour sauver celui-ci refont surface. Green Lantern doit choisir de continuer d’être un Dieu, comme Batman qui communique avec lui, ou bien de rester humain et garder son libre arbitre.
Si le début n’est pas spécialement prenant, en plus de graphismes parfois très sommaires, la dernière partie est nettement plus efficace. La liaison avec Batman, le choix de « jouer » à être Dieu et la situation finale sont plaisantes. Cela permet de comprendre aussi l’assistance de Green Lantern Corps dans le tome 10 de Justice League, même si on n’a pas forcément besoin de lire ce chapitre pour comprendre tous les aboutissements. Tom King l’écrit, il travaille déjà avec brio, sur la série Grayson. Doc Shaner est son complice aux crayons et livre un travail correct mais parfois inachevé (un nombre impressionnant de fonds vides et de cases « simplistes »).

[Critique globale Justice League Univers #2]
Le magazine est de qualité inégale, aucune histoire ne paraît réellement incontournable. Celles sur Batman et Superman s’ancrent bien dans le récit mère (le tome 10 de Justice League), même si elles auraient leur place (surtout celle du Chevalier Noir) dans les séries classiques consacrées à chacun d’entre eux. Les chapitres sur Lex Luthor et Shazam sont globalement décevants et n’apportent finalement aucun ajout narratif intéressant. Ceux consacrés à Flash et Green Lantern sont plaisants mais là aussi pas indispensables. C’est donc une lecture mitigée, complémentant efficacement le dixième et dernier tome de la Justice League mais sans pour autant être nécessaire pour tout comprendre. Dommage, on se rêvait à un « beau livre luxueux » regroupant les tomes neuf et dix ainsi que ce magazine, Urban n’a pas besoin de le faire. En revanche, une version intégrale de La Guerre de Darkseid, dans un format agrandi dans un tome sans numérotation serait particulièrement jouissif pour les lecteurs et collectionneurs !

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[Conclusion de l’ensemble]
Cette suite et fin de La Guerre de Darkseid est à la hauteur des attentes, avec son lot de surprises, de combats épiques et de conclusions satisfaisantes (même s’il y a trop de fins « ouvertes »). Sur l’ensemble de la série (parfaitement résumée avec une belle iconographie au début du livre), Justice League aura déçu par ses débuts (tome 1 et 2), trop « grand public » et « léger » pour certains, puis emprunté un tournant nettement plus intéressant avec la mise en avant d’Aquaman (tome 3). La nouvelle ligue (d’Amérique) était plaisante (tome 4) mais n’a servi qu’à entamer les arcs suivants, à commencer par une passable Guerre des Ligues (tome 5). Celle-ci mériterait une version en librairie avec toutes les séries impactées ainsi que celle qui n’ont pas été publiées en France (quid d’ailleurs de Pandora, La Question et le Phantom Stranger ?), pour vraiment l’apprécier. Elle introduisait surtout le Règne du Mal (tomes 6 et 7) : plutôt abouti, impactant quelques séries à côté et propulsant Lex Luthor dans la ligue. Une poursuite efficacement menée (tome 8) et agréablement conclue (tomes 9 et 10) bouclant ce qui avait été entamé au début du cycle de Geoff John, architecte principal depuis 2011 sur la série. Avait-il « prévu » chaque évènement ? Sans doute pas dans les détails mais dans les grandes lignes directrices oui, indéniablement.

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Ces dix volumes de Justice League ne sont pas d’une parfaite qualité homogène mais ont su séduire un public pas forcément connaisseurs au lancement d’Urban Comics. L’ensemble des artistes qui ont dessiné les chapitres sont talentueux et là-dessus, il y a globalement peu à redire. Si certains tiqueront sur un scénario parfois trop simpliste ou une édition manquant d’éléments important, on se souviendra (aussi bien outre-Atlantique qu’en France) assez longtemps de cette longue série. Convenant aussi bien aux enfants, adolescents et adultes, elle a su allier plus ou moins bien les ingrédients nécessaires à la réussite d’une bonne bande dessinée « grand public ». D’une manière générale, on a envie de tout relire « à la suite », à partir de là, on peut dire que le pari de l’auteur est réussi.

Cinquante chapitres et plusieurs autres issus de séries annexes (Aquaman, La Ligue de Justice d’Amérique, les one-shot des Free Comics Books Day, etc.) au total auront donc été publiés au cours des quatre derniers années pour l’édition française en dix tomes. Cela évitant l’obligation d’aller lire en annexe d’autres séries (même si, à l’inverse, on aurait aimé en voir davantage, lors de La Guerre des Ligues et Le Règne du Mal par exemple). Urban Comics a fait du très bon travail. Il va être intéressant de voir comment la nouvelles série de Justice League (Rebirth) va être accueillie chez nous et avec quelle appelation sera-t-elle éditée (« La Ligue de Justice » au lieu de « Justice League » ?). On peut prévoir sans trop de risque une réédition sous forme d’intégrale pour celle chroniquée ici en tout cas, sous forme de Geoff John présente Justice League, compilant chaque fois deux à trois volumes. Ainsi, le « titre » Justice League pourra être repris pour les nouvelles publications. Mais tout ceci n’est que spéculation, gardons confiance en Urban Comics pour la suite des aventures !

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[À propos]
Publié chez Urban Comics le 17 juin 2016

Scénario : Geoff Johns
Dessin : Jason Fabok (ch. 7, 8, 10 et 11), Francis Manapul (ch. 5 et 6) | Ivan Reis, Oscar Jimenez et Paul Pelletier (ch. 9)
Couleur : Brad Anderson (ch. 7, 8, 10 et 11), Francis Manapul (ch. 5 et 6), Brian Buccellato (ch. 5) et Alex Sinclair (ch. 9)
Lettrage : Stephan Boschat — Studio Makma
Traduction : Edmond Tourriol — Studio Makma

(contient : Justice League #45-50 + Justice League Darkseid War Special #1)

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Justice League Univers Hors-Série #02

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MàJ (21/10/2016) : Une version plus courte et remaniée de cet article est sur le site UMAC – Comics & Pop Culture.

#BonPlan : Dix livres d’Urban Comics, dont la moitié sur Batman, à 9,90€ !

C’est une excellente affaire pour ceux n’ayant aucun comics sur Batman ou d’autres super-héros. Urban propose en effet une opération pour faire découvrir quelques classiques à de nouveaux lecteurs, via son label Urban Premium.

Au programme du côté du Chevalier Noir : Batman Silence en deux tomes, La Cour des Hiboux en deux tomes et The Dark Knight Returns. Sont proposés également les premiers tomes de plusieurs séries issues des NEW52 : Justice League : Aux Origines, Harley Quinn : Complètement Marteau, Flash : de l’avant et Superman : Les Hommes d’Acier (intitulé Genèse dans la collection classique d’Urban) mais aussi, hors NEW52, Superman : Le Dernier Fils (équivalent de Geoff Johns présente Superman – Tome 01  : Le Dernier Fils). De bons points d’entrées donc !

Chaque tome coûte donc 9,90€, est au format cartonné, papier glacé et les dix forment une fresque d’Alex Ross. On les trouve en grandes surfaces et en librairie ou en vente sur Internet. Ils seront disponibles à partir du 17 juin 2016.

Urban Comics Dix Euros

C’est une bonne occasion pour le « grand public » de découvrir quelques histoires cultes de DC Comics. Attention par contre, la numérotation des tomes et la fresque « empêche » les acheteurs plus réguliers d’avoir une collection uniforme s’ils souhaitaient compléter leur bibliothèque avec un ou deux volumes de cette offre. Pour les autres, chaque tome coûtant 9,90€ au lieu de 15€ ou 17,50€ voire 22,50€ (le prix de The Dark Knight Returns par exemple !), c’est une excellente affaire. Idem pour Silence, qui coûte 35€ normalement et qui revient à 19,80€ cette fois !

Acheter sur amazon.fr :
Volume 1 : Batman – Silence (Partie 1/2)
Volume 2 : Batman – Silence (Partie 2/2)
Volume 3 : Superman – Le Dernier Fils
Volume 4 : Justice League – Aux origines
Volume 5 : Batman – The Dark Knight Returns
Volume 6 : Harley Quinn – Complètement Marteau
Volume 7 : Batman – La Cour des Hiboux (Partie 1/2)
Volume 8 : Batman – La Cour des Hiboux (Partie 2/2)
Volume 9 : Superman – Les Hommes d’Acier
Volume 10 : Flash – De l’avant

Selon le site de l’éditeur, cette offre reste limitée à ces dix titres « dans un premier temps » (il n’est donc pas exclut qu’à terme d’autres ouvrages particulièrement accessibles voient le jour ; cela permettrait de poursuivre la fresque qui a un léger côté « inachevée » tout de même).